S'abonner à un flux RSS
 

Le Rhône en 100 questions : 2-08 L’eau salée de la mer remonte-t-elle dans le fleuve ?

De Wikhydro
le rhone en 100 questions multi579
Cette page fait partie du deuxième chapitre: "Le fonctionnement du fleuve", de l'ouvrage '"Le Rhône en 100 questions'", une initiative de la ZABR avec l'appui de toute l'équipe du Graie et soutenue par les instances qui ont en charge la gestion du fleuve.







Sommaire

L’eau salée de la mer remonte-t-elle dans le fleuve ?


On appelle « coin salé », « langue salée » ou encore « biseau salé » le phénomène d’intrusion d’eau marine dans le lit d’un fleuve, ce nom évoquant la forme de la masse d’eau salée.
L’eau salée a une densité supérieure à l’eau douce et s’insinue comme un coin sous celle-ci lorsqu’elle remonte en « rampant » dans le lit du fleuve. Elle remplit les fosses appelées aussi mouilles puis continue sa remontée en franchissant le seuil suivant.

Le phénomène inverse au biseau salé est l’auréole : c’est l’eau douce qui flotte sur l’eau salée au large de  l’embouchure du fleuve.

le mecanisme du coin sale a l embouchure du rhone
On parle de l’intrusion de l’eau salée, mais physiquement c’est l’eau du fleuve qui repousse l’eau salée. En effet, si le débit du fleuve était nul, l’eau de mer occuperait toute la partie du lit du Rhône jusqu’à la hauteur du niveau de la mer et elle remonterait jusqu’à Beaucaire.


Quels sont les facteurs qui façonnent le coin salé ?


Le facteur principal est le débit du fleuve : sa faiblesse favorise la remontée du coin salé. Ont ensuite une influence significative :

  • la durée des bas débits du fleuve : si la baisse du débit est trop courte, le phénomène n’a pas le temps d’atteindre son extension maximale ;
  • la direction et l’intensité du vent : le vent du nord favorise la remontée du coin salé car il augmente la vitesse de l’eau en surface et, à débit égal, la réduit en profondeur ;
  • le niveau de la mer, qui évolue avec la pression atmosphérique ;
  • l’amplitude des marées.


Jusqu’où remonte le coin salé et pour quels débits ?


La Compagnie Nationale du Rhône (CNR) s’est intéressée depuis la fin des années 1960 à ce phénomène sur le Grand Rhône. On dispose donc d’un bon nombre d’observations.
Compte tenu de l’influence d’autres paramètres, il faut considérer les informations qui suivent avec prudence, mais on peut retenir les ordres de grandeur.

  •  Il faut que le débit du Rhône mesuré à Beaucaire descende au-dessous de 1 300 m3/s pour voir le coin salé amorcer sa remontée.
  •  Il remonte jusqu’au Sambuc (PK 303
  • environ) pour des débits entre 600 et 800 m3/s.
  •  Il remonte jusqu’au seuil de Thibert (PK 299 environ) pour des débits entre 400 et 600 m3/s.
  •  Il remonte jusqu’au seuil de Terrin (PK 294 environ) pour des débits entre 300 et 600 m3/s.
La mer étant au PK 330, on voit ainsi que l’eau salée peut remonter sur 35 km dans le lit du Rhône. Pour situer la fréquence des débits qui ont été cités, il faut rappeler que l’étiage à Beaucaire (débit dépassé 355 jours/an) est de 580 m3/s et le débit moyen de 1 700 m3/s.
le grand rhone et la station de mesure de salinite


Où était le coin salé lors des étiages de 2005 et 2007 ?


Dans le cadre de l’approfondissement du chenal de navigation à travers le seuil de Terrin, un affleurement rocheux qui prolonge la Crau d’Arles, la CNR a installé à l’extrémité aval et à mi-longueur du seuil deux stations de mesure de la salinité. Pour la première fois depuis leur mise en service en 1992, ces stations ont mesuré l’arrivée de l’eau salée au mois d’août 2005. Le seuil de Terrin a été franchi pour un débit moyen journalier minimal de 406 m3/s le 15 août (période de retour supérieure à dix ans). Entre octobre et novembre 2007, le soin salé est resté 3 semaines sur le seuil sans le franchir (débit moyen journalier minimal de 370 m3/s le
11 novembre).


Comment mesure-t-on le coin salé ?


 La mesure sur une verticale de la salinité de l’eau (on la mesure d’après la conductivité électrique) montre que l’interface eau douce-eau salée est nette.
La salinité de l’eau marine est d’environ 33,5 g/l. On passe de 0 à 33,5 g/l sur 2 m de hauteur et de 8 g/l à 32 g/l sur 50 cm. Il est plus rapide, depuis une embarcation équipée d’un échosondeur, d’émettre des ultrasons qui sont réfléchis par l’interface entre l’eau salée et l’eau douce. On peut ainsi remonter le fleuve et connaître la profondeur du coin salé sur tout son linéaire.
detection du coin sale par exploitation de l echo d ultrasons

Ce qu’il faut retenir


On appelle coin salé, la masse d’eau de mer plus dense qui se trouve au fond du lit du fleuve au voisinage de l’embouchure. Son avancée varie essentiellement en fonction du débit du fleuve : à l’étiage le coin remonte.
En août 2005, le coin salé est remonté de 35 km en amont de l’embouchure du Grand- Rhône.




question précédente | retour au sommaire | question suivante


Outils personnels