Le Rhône en 100 questions : 2-11 Quel est l’impact du changement climatique sur l’hydrologie dans le bassin du Rhône ?
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Le contexte
Le réchauffement climatique est considéré comme avéré par la communauté scientifique. Les changements les plus nets concernent la température de l’air, qui a augmenté sur les terres émergées de l’Hémisphère Nord d’environ 0,35 °C/décade sur la période 1979-2005.
La France montre des évolutions plus prononcées encore. Si la pluviométrie annuelle a augmenté en France au cours du xxe siècle, excepté sur le pourtour méditerranéen, l’évolution des pluies extrêmes n’est pas suffisamment marquée pour mettre en cause leur stationnarité. Les projections futures du climat annoncées par les modèles de circulation générales restent incertaines. L’augmentation des températures et les évolutions de la pluviométrie, récentes ou futures, auraient dû ou devraient se répercuter sur les régimes hydrologiques.
Un regard sur le passé
Une analyse des débits menée à l’échelle nationale conclut à l’absence d’évolution générale significative sur les quarante dernières années, les changements détectés n’étant pas en nombre suffisant pour rejeter l’hypothèse qu’ils soient dus au hasard.
Mais des changements locaux existent. En région alpine, les étiages d’hiver sont moins sévères du fait d’une fonte nivale plus précoce, et les écoulements d’origine glaciaires en hausse dans les Alpes du Nord.
Sur le Rhône proprement dit, des ruptures dans le régime hydrologique peuvent être identifiées. Les plus anciennes semblent imputables aux actions humaines. Les autres, plus nombreuses, se concentrent autour de 1940 et de 1970. En matière de crues, la
période 1940-1970 serait une phase de relative accalmie. Les années post 1970 seraient plus riches en épisodes de crue à l’image de la fin du xixe siècle avant l’aménagement du fleuve. Sur un tel système, où le débit est naturellement complexe et perturbé par la gestion humaine, il est difficile d’isoler la part éventuellement due à l’évolution du climat.
Un regard sur le futur
Dans les années 1999-2004, climatologues, hydrologues et biologistes se sont réunis afin d’examiner le devenir du Rhône face au changement climatique annoncé (programme Gestion Impacts du Changement Climatique – GICC Rhône).
Deux représentations numériques du fonctionnement naturel du bassin ont été testées en reconstitution du passé. Des séries temporelles futures ont ensuite été élaborées sur la base de six scénarios de circulation générale désagrégées à l’échelle du Rhône selon la méthode dite « des perturbations », la seule réellement disponible alors. Les climats résultant présentent une hausse de la température de l’air entre 1 °C et 3 °C, une évolution incertaine des précipitations en hiver (entre +10 et –10 % selon le scénario) et une baisse de la pluviométrie en été (-5 %) par rapport au présent.
Plusieurs inconnues demeurent. Elles concernent l’évolution de l’occupation du sol, de la végétation, des activités humaines qui se modifieront, sans qu’on sache actuellement de quelle manière. Il ne semble pas que les incertitudes de modélisation hydrologique soient les plus importantes. L’incertitude qui pèse est celle de l’évolution climatique, puis celle liée aux stratégies
d’adaptation.
Le changement climatique sera d’un ordre de grandeur suffisant pour provoquer des changements sensibles dans l’économie naturelle de l’eau. Ceci suggère de ne pas accroître notre dépendance vis-à-vis du Rhône.
Ce qu’il faut retenir
Il est difficile d’apprécier en quoi l’évolution du climat a modifié le système rhodanien. Mais d’ores et déjà, des constats peuvent être faits pour le futur. La réduction du manteau neigeux, la fonte des neiges plus précoce et les phénomènes d’évaporation accentués
provoqueront une modification des rapports de chaque acteur économique avec le fleuve notamment pendant les étiages du Rhône, même si à ce jour, des chiffres fiables ne peuvent être établis.
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