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Le Rhône en 100 questions : 5-08 Quels sont les dommages induits par les inondations du Rhône ?

De Wikhydro
le rhone en 100 questions multi579
Cette page fait partie du deuxième chapitre: "Le fonctionnement du fleuve", de l'ouvrage '"Le Rhône en 100 questions'", une initiative de la ZABR avec l'appui de toute l'équipe du Graie et soutenue par les instances qui ont en charge la gestion du fleuve.









Pour les économistes, les dégâts d’une crue correspondent aux impacts directs et indirects de l’inondation sur les personnes et les biens. Il peut s’agir de désordres physiques (brèche dans une digue, érosions de berges, ponts et barrages détruits…) ou socio-économiques (habitations et activités touchées, interruption d’un réseau technique ou d’activités de production ou de service).
Les dommages en sont l’expression économique qui reste tributaire d’incertitudes concernant les dommages indirects, toujours difficiles à évaluer, et les dommages directs dont une part seulement est indemnisée par les compagnies d’assurance. Par ailleurs, les désordres d’une catastrophe ne peuvent pas tous être caractérisés de manière quantitative ou monétaire si bien que les conséquences doivent aussi être appréhendées sur le plan humain.


Quelle évaluation économique ?


inondation d un terrain agricole 2003
Le calcul des dommages permet de comparer des catastrophes naturelles en rendant compte de l’ampleur physique des phénomènes et de la vulnérabilité des territoires.

Les dommages de la crue du Rhône de 2003 à l’aval de Lyon sont estimés à plus d’un milliard d’euros, dont :

  • plus de la moitié concerne les particuliers (300 millions d’euros pour les biens assurés et 300 millions d’euros pour les biens non assurés) ;
  • 370 millions d’euros de dommages aux entreprises ;
  • 80 millions d’euros de dommages à l’agriculture ;
  • 40 millions d’euros aux infrastructures ;
  • 30 millions aux digues ;
  • 10 millions d’euros aux réseaux et aux équipements.

Si l’on compare les évaluations globales, les inondations de Nîmes en 1988 représentent 610 millions d’euros, la crue de l’Aude de 1999 de l’ordre de 500 millions d’euros, les inondations du Gard de 2002 environ 1,2 milliards d’euros.

Un autre ordre de grandeur apparaît quand on s’intéresse :

  • à la tempête de décembre 1999 qui a entraîné plus de 15 milliards d’euros de dommages ;
  • aux inondations d’Europe Centrale de 2002 : 28 milliards d’euros (dont 16.5 milliards pour la Saxe) ;
  • à l’ouragan Katrina en 2005 au États-Unis : 83,5 milliards d’euros.
inventaires des zones inondables etude 2005

Des populations éprouvées


les peniches habitees rive gauche du rhone a lyon
L’approche économique montre qu’une grande part des dommages concerne les particuliers. Au-delà des chiffres, l’expérience de la catastrophe constitue en effet pour les riverains une épreuve marquée par le dénuement et la perte. L’inondation affecte en premier lieu l’univers domestique par l’intrusion de l’eau et de la boue qui mettent sens dessusdessous les vêtements, les meubles, la nourriture. Un tel chaos provoque un sentiment de pollution et de souillure qui résulte de l’anéantissement de l’ordre domestique (des substances d’ordinaire séparées se retrouvent mêlées).
Le temps de la catastrophe signe aussi une relégation sociale pour les sinistrés qui doivent parfois recourir à des hébergements de fortune ou se trouvent destinataires de dons et d’aides d’urgence. Si la maison individuelle marque, par l’accession à la propriété, l’appartenance sociale de ses occupants aux populations qui ne sont pas dans le besoin, le sinistre de la maison les stigmatise en retour comme des populations en difficulté.
La perte des objets personnels affecte en second lieu la mémoire des sinistrés pour qui la destruction des souvenirs peut provoquer des formes d’amnésie et rend plus difficile la transmission de la biographie familiale aux générations futures.
Les interventions des psychologues ainsi que les enquêtes des sociologues montrent que l’épreuve de la catastrophe ne réside pas seulement dans le sauvetage mais se prolonge lors du retour dans la maison, du nettoyage, du tri de ce qui reste entre objet et déchet, de la réappropriation de l’espace domestique. En ce sens, le traumatisme de l’inondation qui relève autant d’une dimension psychologique que sociale, apparaît comme un dommage qui ne serait quantifiable qu’à travers le temps nécessaire à son apaisement.


Ce qu’il faut retenir


La crue du Rhône de 2003 a provoqué plus d’un milliard d’euros de dégâts, ce qui la situe parmi les inondations les plus dommageables en France. Cependant, comme le montrent des désastres étrangers, cette somme pourrait être bien plus considérable (de l’ordre de six milliards d’euros dans l’agglomération lyonnaise pour une crue forte).
Au-delà des chiffres, les conséquences sociales sur les populations sinistrées doivent être prises en compte.




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