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Le Rhône en 100 questions : 7-04 Quelles sont les espèces introduites ? Où les trouve-t-on ? Présentent-elles une menace ?

De Wikhydro
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Cette page fait partie du deuxième chapitre: "Le fonctionnement du fleuve", de l'ouvrage '"Le Rhône en 100 questions'", une initiative de la ZABR avec l'appui de toute l'équipe du Graie et soutenue par les instances qui ont en charge la gestion du fleuve.







Comme tous les systèmes ouverts, le Rhône a été progressivement colonisé par des espèces introduites volontairement ou involontairement par l’homme. L’ichtyofaune du Rhône compte quinze espèces introduites.

Un écosystème en bonne santé a toutes les chances de pouvoir intégrer de nouvelles espèces. Les impacts éventuels d’introductions s’expriment souvent dans des milieux fortement altérés.


Quelles sont les espèces introduites ?


carassin argente

Les espèces introduites et leur distribution sont répertoriées dans la question 07-01 « Quelles espèces de poissons peuplaient le Rhône au début du XXe siècle ? ». L’introduction de la carpe date de l’époque romaine. Elle se trouve sur tout le linéaire du Rhône.

  • De nombreuses espèces originaires du bassin du Danube ont colonisé le fleuve par les canaux du nordest, comme la grémille en 1860 et le hotu, observé vers 1880 sur le Haut Rhône. Ces deux espèces sont désormais présentes du Léman à la mer.
  • D’autres poissons européens ont été plus ou moins volontairement introduits. Il s’agit du sandre vers 1930, de l’able de Heckelcomme poisson-fourrage dans les étangs de pisciculture et du silure glane. L’able n’est rencontré que très occasionnellement dans le Rhône ; contrairement au silure particulièrement abondant sur le Bas Rhône. Ce dernier, introduit vers 1930 dans le Doubs, en 1975 dans la Saône, capturé en 1987 sur le Bas Rhône, a aujourd’hui colonisé le Haut Rhône jusqu’à Yenne. Il semble encore en phase d’expansion et sa progression vers l’amont n’est probablement pas terminée.
  • De nombreuses introductions sont d’origine nord-américaine.
archigan a grande bouche

 – La truite arc-en-ciel a été introduite vers 1880. Déversée un peu partout dans le Rhône, elle ne s’y reproduit probablement pas.
 – La perche-soleilet le poisson-chat ont été introduits dans le Rhône vers 1920.
 – La gambusie a été introduite à la même époque dans le sud de la France pour lutter contre les moustiques.
 – L’achigan à grande bouche (black-bass), introduit dans les années 1940, est présent sur tout le linéaire du Rhône avec des densités généralement faibles ; il est davantage présent dans le Bas Rhône, dans les secteurs les plus chauds.

  • Des cyprinidés d’origine asiatique sont également présents.

Le carassin argenté et le pseudorasboraont été capturés pour la première fois en 1989 sur le Bas Rhône et en 2003 sur le Haut Rhône. L’introduction du poisson rouge est probablement plus ancienne. Le carassin a certainement été introduit au cours du XVIIIe ou XIXe siècle.

La plupart des espèces introduites dans le Rhône, à l’exception du hotu et de la carpe, colonisent préférentiellement les zones à courant faible ou nul. Néanmoins, les espèces de grande taille, comme le silure ou le sandre, peuvent occuper la plupart des habitats fluviaux. L’enrochement des berges est très favorable aux silures de petite taille, aux perches-soleils et aux poissons-chats.


Quel est l’impact des espèces introduites ?


silure glane
Toute introduction d’espèce dans un milieu présente potentiellement des risques pour l’équilibre de l’écosystème. Ces risques sont principalement liés à :
  • une compétition entre espèces pour les ressources alimentaires, les zones de reproduction ou les abris ;
  • une prédation directe et intensive, comme cela pourrait être le cas pour le silure ;
  • l’introduction d’agents pathogènes susceptibles d’atteindre les autres espèces ;
  • des hybridations préjudiciables avec les espèces autochtones.

Aucune étude sur l’impact réel des introductions dans le Rhône n’a été réalisée jusqu’à présent. Pourtant ce type d’étude serait nécessaire.
Le hotu a été activement détruit au cours des années 1970, car il a été considéré dès son expansion comme potentiellement néfaste pour la reproduction des autres espèces, en particulier de l’ombre commun. Ces pratiques n’ont plus cours aujourd’hui. La question de l’impact se pose, peut-être à tort, plus souvent pour les espèces piscivores comme le sandre et le silure. Des
suivis à long terme d’espèces introduites de longue date, tendent à montrer qu’après une phase d’expansion des populations, les densités se stabilisent sans nécessairement entraîner de régression simultanée d’autres espèces.
Toutefois la prudence s’impose dans des milieux larges et profonds difficiles à étudier.


Ce qu’il faut retenir


Comme ceux des autres cours d’eau, les peuplements piscicoles rhodaniens comptent depuis fort longtemps de nombreuses espèces introduites : quinze actuellement, avec des distributions spatiales variables.
Les milieux lentiques (stagnants ou peu courants) sont, à quelques exceptions près, prioritairement colonisés par ces espèces exotiques.
Les espèces introduites récemment, en particulier le silure, le pseudorasbora et le carassin doré, peuvent avoir un impact sur les populations autochtones, mais cela est loin d’être démontré.
L’altération du milieu favorise le développement des espèces introduites.



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