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AIRT : Analyse Intégrée de Résilience Territoriale : présentation du projet

De Wikhydro
Version du 26 novembre 2013 à 15:36 par Jeanmi Tanguy (discuter | contributions)

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Sommaire

Rappel du contexte

De nombreuses catastrophes d’origines naturelles ou humaines jalonnent l’histoire récente de notre pays et il ne se passe pas de semaine sans qu’un nouvel événement dans le monde ne provoque la disparition de personnes et la destruction de biens matériels, entraînant souvent des conséquences économiques tragiques accompagnées de mouvements sociaux (déplacements de populations...). Les acteurs de la prévention, de la sécurité civile et les élus locaux s’emploient à diminuer l’aléa, par des mesures structurelles ou non, ou encore à diminuer les vulnérabilités des zones urbaines, rurales ainsi que les écosystèmes.

La résilience vient compléter ce dispositif en engageant les populations situées dans les territoires à risques, à réagir et à éviter ainsi les dommages, ceci en prenant des mesures de prévention, en profitant éventuellement d’informations de prévision (pour certains risques uniquement), ou en modifiant leur comportement individuel ou collectif.

Il a donc semblé essentiel de travailler sur ce nouveau concept avec les acteurs locaux sur leurs territoires à risque et de lancer en collaboration avec les autres directions générales du ministère, le projet d’analyse intégrée de la résilience territoriale (AIRT). La finalité de la démarche projet est de produire un guide méthodologique territorial co-construit et à destination des acteurs du territoire (services déconcentrés de l’État, collectivités, entreprises publiques et privées, ONG et autres associations, etc.) en vue d’analyser les sources de vulnérabilités et les mécanismes de résilience, afin de leur apporter une aide méthodologique dans la prise en main de leurs problématiques et de trouver des solutions partagées.

Il est souhaité que ce guide soit co-produit avec les partenaires territoriaux et comprenne à côté des concepts et de la méthodologie de base, des exemples, avec méthodologie détaillée, seront présentés.

Ce travail s’appuie sur l’élaboration commune d’une méthode de travail et sur l’analyse de démarches territoriales (catastrophes naturelles ou technologiques subies, ateliers nationaux de la DGALN, travaux de la DGPR, inondation de la région parisienne et sites à risques avérés tels que le risque de rupture de barrage ou de pans de montagne). Le projet fait le choix, dans un premier temps, de ne prendre en compte que les ruptures brutales liées à la survenue d’événements naturels ou technologiques. Son objet est d’anticiper la rupture, d’établir un diagnostic préventif partagé des vulnérabilités et de proposer des pistes d’action afin d’améliorer les capacités de résilience des territoires.

Le concept de résilience

Le monde change : les territoires sont aujourd’hui soumis à des contraintes variées et souvent difficiles à prévoir : sociales, économiques, environnementales qui conduisent les décideurs à anticiper, agir et réagir souvent dans l'urgence. Parmi la palette des approches intégrées mises en œuvre par les acteurs du territoire pour aborder et structurer leurs réflexions stratégiques, la résilience constitue une démarche récente, innovante, intégratrice et fédératrice.

Ce concept donne encore lieu à des points de vue variés et mérite d’être encore travaillé. Nous en donnons ci-après une définition très large, qui devra être précisée au regard d’autres notions comme la robustesse, le développement durable ou l’adaptation.

Une organisation, un territoire est dit résilient s'il est en mesure d'atteindre un état de fonctionnement acceptable lorsqu'il est soumis à un ensemble de sollicitations qui l'obligent à se transformer. La résilience correspond à une démarche intégrée qui couvre l’anticipation, la gestion de crise et la post crise. Ce n'est pas nécessairement une réponse de résistance ou de remise en état face à un événement ponctuel : elle peut s’inscrire dans le cadre d’une transformation progressive due aux forces internes ou externes au système comme l'effet structurant des réseaux intelligents sur un territoire ou la désindustrialisation d'un site. Elle peut également résulter d’une stratégie d’adaptation suite à des sollicitations qui peuvent s'exercer sur le court terme (passage d'une crue exceptionnelle) le moyen terme (déprise urbaine, perte de biodiversité) ou le long terme (rareté des ressources, changement climatique). Le territoire de résilience est en général beaucoup plus vaste que le territoire touché (par exemple la prochaine crue centennale de Paris sera d'ampleur nationale, voire internationale) et tous les acteurs du territoire doivent se sentir concernés, depuis le citoyen, les associations, les entreprises ou les collectivités territoriales.

Le diagnostic territorial : objet de la phase 1 de l’action AIRT

Le domaine des risques constitue un terrain d’observation de première importance. Il est à la fois réduit à une thématique, mais en même temps ouvert sur le court terme et le long terme, porte sur des territoires plus vastes que le territoire impacté, concerne l’ensemble des acteurs locaux et nationaux, met en jeu les politiques publiques. Il est par ailleurs plus facile à observer que d’autres objets comme la ville, car plusieurs catastrophes se produisent fréquemment. Son territoire est en général plus étendu, ce qui permet d’étudier les diverses échelles de résilience. Ainsi nous avons souhaité aller sur le terrain pour voir quels enseignements nous pourrions tirer sur des situations passées. Pour cela, les CETE et le CERTU ont été mandatés par le CGDD sur 4 thèmes :

  1. sites ayant subi des catastrophes naturelles ou technologiques. 7 sites ont été étudiés, soit parce qu’ils avaient été soumis à une catastrophe significative (Somme 2001, AZF 2001, Aquila 2009, Argens 2010), soit qu’ils aient fait l’objet d’une démarche particulière de type exercice de sécurité (Evac’Agglo Grenoble 2010, Evac’Agglo Metz 2011, RESAU2 Drôme – Ardèche 2009). Le rapport du CETE Méditerranée est disponible ici ;
  2. sites sous surveillance d’un risque avéré. C’est le cas de la rupture des pans de falaise de la Séchilienne et de la Clapière (Rhône-Alpes) ou encore les falaises du cap Blanc Nez (Normandie). Le rapport du CETE de Lyon est disponible ici ;
  3. la région parisienne avec la survenue d’une crue de type 1910. L’intérêt d’un tel site est que la dynamique territoriale, qui associe plus de 200 acteurs : services de l’État, collectivités, opérateurs de réseaux, acteurs économiques... et qu’elle est insufflée par la préfecture de Paris. Le rapport du CETE Méditerranée est disponible ici ;
  4. le territoire impacté par la tempête Xynthia en Charente-Maritime. Cette catastrophe récente est source d’enseignements, d’autant plus qu’une équipe pluridisciplinaire (architecte-urbaniste, géographe, économiste) a été mandatée par l’État trois mois après la catastrophe pour réfléchir sur un projet de territoire prenant en compte les risques. Le rapport du CETE de l'Ouest est disponible ici.

Plus de soixante entretiens ont été réalisés sur l’ensemble de ces sites auprès de personnalités diverses : élus, responsables de services techniques de l’État et des collectivités, opérateurs de réseaux, services de protection civile, d’associations, d’entreprises. Ces interviews ont été menés en utilisant le prisme de la résilience et un séminaire de restitution a été organisé le 5 février 2013. Le document de restitution des actes du séminaire élaboré par le CERTU est disponible ici.

Lancement de la phase 2 de l’action AIRT : mandat des groupes de réflexion

Le séminaire a fait ressortir plusieurs thèmes d’intérêt qui ont tourné autour du citoyen, du territoire de résilience et des politiques publiques.
Nous lançons donc la phase 2 de l’action AIRT sur ces bases.
L’objectif de l’action AIRT est d’élaborer un guide méthodologique territorial co-construit à destination des acteurs du territoire. Pour cela, nous avons structuré la phase 2 en deux étapes:

  • une étape de réflexion qui va consister à travailler sur les 3 thèmes identifiés lors du séminaire du 5 février 2013. La finalité de ce travail est d’élaborer la table des matières du guide méthodologique. Ce travail sera mené par les 3 GRéflexion ci-dessus qui font l'objet de fiches descriptives suivantes:

Cette étape se déroulera de septembre à décembre 2013

Objectif des groupes de réflexion : GRéflexion

  • une étape d’élaboration du guide méthodologique. A partir de la table des matières du futur guide méthodologique, les travaux seront répartis en plusieurs groupes de travail : les GTravail, qui auront pour mission de rédiger leur partie.

Pour l’ensemble de ces groupes : GRéflexion et GTravail, le CERTU assurera la cohérence d’ensemble et rédigera le guide méthodologique sous la direction du pilote de l’action AIRT. L’objectif est de finaliser les travaux pour la fin 2014, le guide méthodologique paraîtra début 2015. Le graphique ci-après est donné à titre indicatif.

Planning approximatif Phase 2


Nota : les travaux de ces 3 GRéflexion seront articulés avec l’atelier « résilience » des Assises Nationales des Risques Naturels qui se tiendra les 2 et 3 décembre 2013.


Le créateur de cet article est Jean-Michel Tanguy
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