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Analyse coût bénéfice / ACB (HU) : Différence entre versions

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''<u>Traduction anglaise </u>: Cost-benefits analysis''
 
''<u>Traduction anglaise </u>: Cost-benefits analysis''
  
L’Analyse coûts-bénéfices(1) est une méthode
 
d’analyse économique visant à évaluer et comparer, en termes monétaires, les
 
bénéfices et les coûts de projets et de plans ou de stratégies, notamment pour
 
la réduction des risques d’inondation. Elle vise à mesurer l’intérêt économique
 
qu’une société dans son ensemble peut avoir, par exemple, à mettre en œuvre des
 
mesures de gestion et de prévention des inondations. Grâce, notamment, à
 
l’évaluation des dommages évités, c’est une des méthodes les plus éclairantes
 
sur l’exposition d’un territoire au risque inondation, et la part sur laquelle
 
on peut agir, même s’il est tout à fait nécessaire(2) d’approfondir
 
les paramètres souvent encore mal cernés auxquels est sensible le calcul de la
 
valeur actuelle nette (VAN), qui établit une balance monétarisée de façon
 
comparable entre coûts et bénéfices, sur une période d'évaluation donnée,
 
l'horizon temporel, anticipés aux différentes périodes, grâce à un taux
 
d'actualisation.
 
  
D’autres approches économiques(3),(4),(5) existent,
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<u>Dernière mise à jour</u> : 8/4/2020
telles que l’analyse coût/efficacité, la méthode d’évaluation contingente, la
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méthode des prix hédoniques, la méthode des choix conjoints.
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<u>Bibliographie</u> :
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Méthode d’analyse économique visant à évaluer et comparer, en termes monétaires, les bénéfices et les coûts d'un projet, d'un plan ou d'une stratégie. Cette méthode a été appliquée notamment pour la réduction des risques d’inondation.
  
(3)    Cahier des
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==Principe de la méthode==
charges pour les Programmes d’action de prévention des inondations, appel à
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projets de février 2011 (l’annexe 4 porte sur les exigences pour réaliser une
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ACB), Ministère de l’Ecologie, du développement durable, du logement et des
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transports.
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(4)    Sensibilité
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La méthode vise à mesurer l’intérêt économique qu’une société dans son ensemble peut avoir, par exemple, à mettre en œuvre des mesures de gestion et de prévention des inondations. Elle consiste à monétiser la totalité des coûts (notion de coût global) associés à différentes stratégies possibles de prévention des risques et à comparer ces coûts aux bénéfices attendus, calculés en fonction des dommages évités et éventuellement des bénéfices directs ou indirects induits. La balance entre ces deux termes est supposée permettre de choisir la stratégie la plus efficace.
d'une analyse coût-bénéfice – Enseignements pour l'évaluation des projets
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d'atténuation des inondations, Frédéric Grelot, Jean-Stéphane Bailly, Céline
+
Blanc, Katrin Erdlenbruch, Patrice Mériaux, Nathalie Saint-Geours, Rémy
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Tourment, Ingénieries Eau-Agriculture-Territoires, n° spécial, p ;95-108.<br\>
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<u>Voir</u> : [http://katrin.erdlenbruch.free.fr/GrelotEtal_Sensibilite.pdf http://katrin.erdlenbruch.free.fr/GrelotEtal_Sensibilite.pdf]
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(5)    Synthèse des
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Cette méthode peut être illustrée simplement par l'exemple du calcul optimum du volume d'un barrage écrêteur de crue (voir ''figure 1'').
évaluations socio-économiques, collection Études et synthèse, 2007, Ministère
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de l’Ecologie, du développement durable, du logement et des transports
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(6)    Evaluation de la
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[[File:rcb.JPG|400px|center|thumb|<center>''Exemple de recherche du niveau optimum de protection que doit offrir un barrage.''</center>]]
pertinence des mesures de gestion du risque d'inondation, Manuel des pratiques
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existantes en France, Centre européen de prévention des risques d’inondation (CEPRI),
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juin 2008
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(7)    Evaluation de la
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* Le coût du barrage (en vert) augmente naturellement avec le volume de la retenue. Des considérations assez simples sur le cout des digues de barrages permettent de considérer que l'augmentation du cout est plus rapide que l'augmentation du volume stocké (le coût du m<sup>3</sup> stocké augmente avec le volume de la retenue), on obtient donc la courbe rouge sur le coût de l'ouvrage.
pertinence des mesures de gestion du risque d'inondation, Manuel des pratiques
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* Le coût des dégâts (ou plus exactement l'espérance mathématiques du coût des dégâts car les crues constituent des événements aléatoires que l'on ne peut estimer que de façon statistique) (en bleu) décroît logiquement lorsque le niveau de protection augmente. La courbe tendant asymptotiquement vers zéro.
existantes en Europe, Centre européen de prévention des risques d’inondation (CEPRI),
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* Le coût global (en rouge), somme du coût du barrage et du coût des dégâts passe donc par un minimum qui permet de déterminer le dimensionnement optimum du barrage.
2009
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Ces coûts sont calculés sur une durée arbitraire, mais longue (ordre de grandeur du siècle).
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==Risque de mauvaise utilisation de la méthode==
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Cette méthode en apparence très rigoureuse repose en fait sur différentes hypothèses et en particulier deux qui sont très difficiles à vérifier :
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* hypothèse 1 : tout est monétisable, y compris les aspects sociologiques ou psychologiques associées à une inondation et on est capable d'évaluer ces différents coûts dans un futur relativement lointain ;
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* hypothèse 2 : la vulnérabilité de la zone exposée protégée en partie par l'ouvrage sera la même quel que soit le niveau de protection offert par celui-ci.
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La première hypothèse est manifestement d'autant plus fausse que la durée d'analyse est longue. Par exemple qui peut dire comment la société évaluera le coût d'une vie humaine dans 501 ou dans 100 ans?
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L'expérience montre également que la seconde hypothèse est généralement fausse. L'ouvrage donne une fausse impression de sécurité en contrôlant les crues pendant une longue période, ce qui conduit de façon presque inéluctable à un relâchement des contraintes et à une forte augmentation de la vulnérabilité dans la zone exposée. Le jour où une crue plus forte excède la capacité de l'ouvrage les dégâts sont considérablement plus forts que ceux envisagés au moment du projet.
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Pour ces raisons cette méthode est très délicate à manipuler. La méthode dire de Rationalisation des choix budgétaires (RCB) qui reposait sur des principes voisins a d'ailleurs été "officiellement" abandonnée dans les années 1980.
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==En guise de conclusions==
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Il n'en demeure pas moins que la méthode ACB, comme d'ailleurs d’autres approches économiques, telles que l’analyse coût/efficacité, la méthode d’évaluation contingente, la méthode des prix hédoniques, la méthode des choix conjoints, etc. (voir Ledoux ''et al'', 2007) permettent d'éclairer les choix sur l’exposition d’un territoire au risque inondation, et de réfléchir à la part sur laquelle on peut agir. Les méthodes de ce type sont donc très utiles. Le tout est de ne pas vouloir leur faire dire plus que ce qu'elles sont capables de dire et surtout de ne pas les instrumentaliser pour justifier des choix qui ne peuvent être que politiques.
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<u>Pour en savoir plus</u> :
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* Ledoux, B., Hubert, G., Reliant, C., Grelot, F. (2007) : [http://www.side.developpement-durable.gouv.fr/search.aspx?DETAIL_MODE=true&QUERY=sys_base:SYRACUSE%20AND%20InfodocIdentifier_exact:IFD_REFDOC_0511455#/Detail/(query:(Id:0,Index:1,NBResults:1,Page:0,PageRange:3,ResultSize:-1,SearchQuery:(InitialSearch:!t,Page:0,QueryString:'sys_base:SYRACUSE%20AND%20InfodocIdentifier_exact:IFD_REFDOC_0511455',ResultSize:-1,ScenarioCode:DEFAULT,SearchContext:0,SearchLabel:''))) Synthèse des évaluations socio-économiques des instruments de prévention des inondations : série études 07-E04].
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* CGDD (2018) : [http://www.nouvelle-aquitaine.developpement-durable.gouv.fr/IMG/pdf/guide_methodologique_amc_2018.pdf Analyse multicritère des projets de prévention des inondations : Guide méthodologique 2018 ]
  
 
[[Catégorie:Dictionnaire_DEHUA]]
 
[[Catégorie:Dictionnaire_DEHUA]]

Version du 8 avril 2020 à 15:57

Traduction anglaise : Cost-benefits analysis


Dernière mise à jour : 8/4/2020

Méthode d’analyse économique visant à évaluer et comparer, en termes monétaires, les bénéfices et les coûts d'un projet, d'un plan ou d'une stratégie. Cette méthode a été appliquée notamment pour la réduction des risques d’inondation.

Principe de la méthode

La méthode vise à mesurer l’intérêt économique qu’une société dans son ensemble peut avoir, par exemple, à mettre en œuvre des mesures de gestion et de prévention des inondations. Elle consiste à monétiser la totalité des coûts (notion de coût global) associés à différentes stratégies possibles de prévention des risques et à comparer ces coûts aux bénéfices attendus, calculés en fonction des dommages évités et éventuellement des bénéfices directs ou indirects induits. La balance entre ces deux termes est supposée permettre de choisir la stratégie la plus efficace.

Cette méthode peut être illustrée simplement par l'exemple du calcul optimum du volume d'un barrage écrêteur de crue (voir figure 1).

Exemple de recherche du niveau optimum de protection que doit offrir un barrage.
  • Le coût du barrage (en vert) augmente naturellement avec le volume de la retenue. Des considérations assez simples sur le cout des digues de barrages permettent de considérer que l'augmentation du cout est plus rapide que l'augmentation du volume stocké (le coût du m3 stocké augmente avec le volume de la retenue), on obtient donc la courbe rouge sur le coût de l'ouvrage.
  • Le coût des dégâts (ou plus exactement l'espérance mathématiques du coût des dégâts car les crues constituent des événements aléatoires que l'on ne peut estimer que de façon statistique) (en bleu) décroît logiquement lorsque le niveau de protection augmente. La courbe tendant asymptotiquement vers zéro.
  • Le coût global (en rouge), somme du coût du barrage et du coût des dégâts passe donc par un minimum qui permet de déterminer le dimensionnement optimum du barrage.

Ces coûts sont calculés sur une durée arbitraire, mais longue (ordre de grandeur du siècle).

Risque de mauvaise utilisation de la méthode

Cette méthode en apparence très rigoureuse repose en fait sur différentes hypothèses et en particulier deux qui sont très difficiles à vérifier :

  • hypothèse 1 : tout est monétisable, y compris les aspects sociologiques ou psychologiques associées à une inondation et on est capable d'évaluer ces différents coûts dans un futur relativement lointain ;
  • hypothèse 2 : la vulnérabilité de la zone exposée protégée en partie par l'ouvrage sera la même quel que soit le niveau de protection offert par celui-ci.

La première hypothèse est manifestement d'autant plus fausse que la durée d'analyse est longue. Par exemple qui peut dire comment la société évaluera le coût d'une vie humaine dans 501 ou dans 100 ans?

L'expérience montre également que la seconde hypothèse est généralement fausse. L'ouvrage donne une fausse impression de sécurité en contrôlant les crues pendant une longue période, ce qui conduit de façon presque inéluctable à un relâchement des contraintes et à une forte augmentation de la vulnérabilité dans la zone exposée. Le jour où une crue plus forte excède la capacité de l'ouvrage les dégâts sont considérablement plus forts que ceux envisagés au moment du projet.

Pour ces raisons cette méthode est très délicate à manipuler. La méthode dire de Rationalisation des choix budgétaires (RCB) qui reposait sur des principes voisins a d'ailleurs été "officiellement" abandonnée dans les années 1980.

En guise de conclusions

Il n'en demeure pas moins que la méthode ACB, comme d'ailleurs d’autres approches économiques, telles que l’analyse coût/efficacité, la méthode d’évaluation contingente, la méthode des prix hédoniques, la méthode des choix conjoints, etc. (voir Ledoux et al, 2007) permettent d'éclairer les choix sur l’exposition d’un territoire au risque inondation, et de réfléchir à la part sur laquelle on peut agir. Les méthodes de ce type sont donc très utiles. Le tout est de ne pas vouloir leur faire dire plus que ce qu'elles sont capables de dire et surtout de ne pas les instrumentaliser pour justifier des choix qui ne peuvent être que politiques.

Pour en savoir plus :

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