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Cycle du phosphore (HU) : Différence entre versions

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==Concepts généraux==
 
==Concepts généraux==
  
Le phosphore est un élément assez rare sur terre et la matière vivante en contient relativement assez peu. Il est cependant indispensable à toutes les formes de vie, en particulier pour le stockage et le transfert d'énergie (ATP). Le phosphore constitue ainsi l'un des principaux [[Facteur limitant (HU)|facteurs limitants]] du [[Cycle trophique (HU)|cycle trophique]]. Le cycle du phosphore ne possède pas de composante gazeuse et n’affecte pratiquement pas l'atmosphère. Comme sa disponibilité est directement liée à l’altération superficielle des roches, et en l'absence de toute intervention humaine, le cycle du phosphore dans les écosystèmes est essentiellement interne, les sources (apports extérieurs) et les pertes étant très faibles. Cet équilibre a été
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Le phosphore est un élément assez rare sur terre et la matière vivante en contient relativement assez peu. Il est cependant indispensable à toutes les formes de vie, en particulier pour le stockage et le transfert d'énergie (ATP), la fabrication des os et des dents des vertébrés, la synthèse de l'ARN et de l'ADN, etc. Le phosphore constitue ainsi l'un des principaux [[Facteur limitant (HU)|facteurs limitants]] du [[Cycle trophique (HU)|cycle trophique]]. Le cycle du phosphore ne possède pas de composante gazeuse et n’affecte pratiquement pas l'atmosphère ; sa disponibilité est directement liée à l’altération superficielle des roches. De ce fait, dans un écosystème non affecté par l'homme, les sources (apports extérieurs) et les pertes sont très faibles et le cycle du phosphore est pratiquement fermé, avec une constante de temps annuelle (voir [[Cycle trophique (HU)]]). Cet équilibre a été fortement perturbé par l'activité humaine qui a provoqué des changements majeurs dans le cycle global. L'exploitation industrielle de réserves minérales, l'utilisation d'engrais phosphorés, les transferts massifs de biomasse, en particulier entre les villes et les campagnes, ont donné une importance beaucoup plus grande aux échanges entre les écosystèmes terrestres et aquatiques.
  
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==Cycle de base du phosphore==
  
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Le cycle de base schématisé par la ''figure 1'' est le suivant : le phosphore contenu dans la matière organique morte est progressivement minéralisé par des micro-organismes qui simplifient les composés phosphorés jusqu'à les transformer en phosphates solubles (PO<sub>4</sub><sup>3-</sup>). Ces derniers sont très rapidement assimilés et intégrés dans la matière organique vivante. Quelques échanges ont lieu avec des éléments non vivants de l'écosystème : sédimentation, adsoption/désorption sur des suspensions d'argile colloïales mais surtout immobilisation (principalement en lien avec des ions Ca<sup>2+</sup>, Fe<sup>3+</sup>) et relargage (voir § sur la dérégulation du cycle du phosphore).
  
De plus, l’effet limitant du phosphore est perturbé par des apports anthropiques, ce qui peut causer des problèmes environnementaux d’eutrophisation. Les humains ont provoqué des changements majeurs au cycle mondial du phosphore, par l'exploitation industrielle de minéraux phosphorés, et l'utilisation d'engrais phosphorés, ainsi que par l'expédition de nourriture des fermes vers les villes, où elle est perdue sous forme d'effluent.
 
  
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[[File:cycle phosphore.JPG|500px|center|thumb|<center>''Cycle du phosphore : (1) adsorption sur des colloïdes ; (2) : désorption ; (3) : sédimentation ; (4) : consommation ; (5) : mortalité ; (6) : excrétion ; (7) : assimilation ; (8) : minéralisation ; (9) : immobilisation  ; (10) : relargage ; (11) : échanges avec l'extérieur.''</center>]]
  
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==Conséquence de la dérégulation du cycle du phosphore==
  
 
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Le cycle du phosphore est actuellement profondément perturbé, dans beaucoup de milieux aquatiques, par des apports extérieurs massifs en phosphates provenant des engrais et des lessives. Ces apports entraînent une augmentation rapide et importante de la production végétale ([[Hyper-eutrophisation (HU)|hyper-eutrophisation]]). Ce phénomène, d'abord observé sur les lacs est en train de se généraliser à beaucoup de rivières de plaine et prend une dimension préoccupante. Ce problème est d'autant plus inquiétant que le phosphore en excédent peut, lorsque le milieu est bien oxygéné (par exemple en hiver), se combiner à d'autres éléments (fer, calcium) pour former des composés insolubles qui se stockent dans les sédiments (immobilisation). Lorsque le taux d'[[Oxygène dissous / OD (HU)|oxygène dissous]] diminue dans le milieu aquatique (généralement au printemps ou en été), soit du fait de l'augmentation de la température, soit du fait de la respiration algale, soit du fait d'apport en matières oxydables, ces complexes chimiques peuvent se transformer en composés plus solubles et bio-assimilables (relargage). La libération de phosphates par la vase peut ainsi être multipliée par 1000 en période d'[[Anoxie (HU)|anoxie]]. Cette libération rapide va provoquer une augmentation brutale de la production végétale, entraînant une consommation de l'oxygène dissous, ce qui augmente encore la libération des phosphates. Les organismes susceptibles de fixer l'azote gazeux ([[Cyanophycée (HU)|cyanophycées]] en particulier) vont alors se développer de façon explosive provoquant un phénomène désigné sous le nom de [[Fleur d'eau (HU)|fleur d'eau]], souvent extrêmement dévastateur pour le milieu.
 
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Le cycle de base est le suivant : le phosphore contenu dans la matière organique morte est progressivement minéralisé par des micro-organismes qui simplifient les composés phosphorés jusqu'à les transformer en phosphates solubles (PO<sub>4</sub><sup>3-</sup>). Ces derniers sont très rapidement assimilés et intégrés dans la matière organique vivante.
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Le cycle du phosphore est actuellement profondément perturbé, dans beaucoup de milieux aquatiques, par des apports extérieurs massifs en phosphates provenant des engrais et des lessives. Ces apports entraînent une augmentation rapide et importante de la production végétale ([[Hyper-eutrophisation (HU)|hyper-eutrophisation]]). Ce phénomène, d'abord observé sur les lacs est en train de se généraliser à beaucoup de rivières de plaine et prend une dimension préoccupante. Ce problème est d'autant plus inquiétant que le phosphore en excédent peut, lorsque le milieu est bien oxygéné (par exemple en hiver), se combiner à d'autres éléments (fer, aluminium) pour former des composés insolubles qui se stockent dans les sédiments. Lorsque le taux d'oxygène dissous diminue dans le milieu aquatique (généralement au printemps ou en été), soit du fait de l'augmentation de la température, soit du fait de la respiration algale, soit du fait d'apport en matières oxydables, ces complexes chimiques peuvent se transformer en composés plus solubles et bio-assimilables. La libération de phosphates par la vase peut ainsi être multipliée par 1000 en période d'anoxie. Cette libération rapide va provoquer une augmentation brutale de la production végétale, entraînant une consommation de l'oxygène dissous, ce qui augmente encore la libération des phosphates. Les organismes susceptibles de fixer l'azote gazeux (cyanobactéries en particulier) vont alors se développer de façon explosive provoquant un phénomène désigné sous le nom de [[Fleur d'eau (HU)|fleur d'eau]], souvent extrêmement dévastateur pour le milieu.
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Version du 23 avril 2020 à 12:34

Traduction anglaise : Phosphorus cycle

Le cycle du phosphore représente les différentes transformations que peut subir le phosphore entre ses diverses formes physico-chimiques et organiques.

Concepts généraux

Le phosphore est un élément assez rare sur terre et la matière vivante en contient relativement assez peu. Il est cependant indispensable à toutes les formes de vie, en particulier pour le stockage et le transfert d'énergie (ATP), la fabrication des os et des dents des vertébrés, la synthèse de l'ARN et de l'ADN, etc. Le phosphore constitue ainsi l'un des principaux facteurs limitants du cycle trophique. Le cycle du phosphore ne possède pas de composante gazeuse et n’affecte pratiquement pas l'atmosphère ; sa disponibilité est directement liée à l’altération superficielle des roches. De ce fait, dans un écosystème non affecté par l'homme, les sources (apports extérieurs) et les pertes sont très faibles et le cycle du phosphore est pratiquement fermé, avec une constante de temps annuelle (voir Cycle trophique (HU)). Cet équilibre a été fortement perturbé par l'activité humaine qui a provoqué des changements majeurs dans le cycle global. L'exploitation industrielle de réserves minérales, l'utilisation d'engrais phosphorés, les transferts massifs de biomasse, en particulier entre les villes et les campagnes, ont donné une importance beaucoup plus grande aux échanges entre les écosystèmes terrestres et aquatiques.

Cycle de base du phosphore

Le cycle de base schématisé par la figure 1 est le suivant : le phosphore contenu dans la matière organique morte est progressivement minéralisé par des micro-organismes qui simplifient les composés phosphorés jusqu'à les transformer en phosphates solubles (PO43-). Ces derniers sont très rapidement assimilés et intégrés dans la matière organique vivante. Quelques échanges ont lieu avec des éléments non vivants de l'écosystème : sédimentation, adsoption/désorption sur des suspensions d'argile colloïales mais surtout immobilisation (principalement en lien avec des ions Ca2+, Fe3+) et relargage (voir § sur la dérégulation du cycle du phosphore).


Cycle du phosphore : (1) adsorption sur des colloïdes ; (2) : désorption ; (3) : sédimentation ; (4) : consommation ; (5) : mortalité ; (6) : excrétion ; (7) : assimilation ; (8) : minéralisation ; (9) : immobilisation  ; (10) : relargage ; (11) : échanges avec l'extérieur.

Conséquence de la dérégulation du cycle du phosphore

Le cycle du phosphore est actuellement profondément perturbé, dans beaucoup de milieux aquatiques, par des apports extérieurs massifs en phosphates provenant des engrais et des lessives. Ces apports entraînent une augmentation rapide et importante de la production végétale (hyper-eutrophisation). Ce phénomène, d'abord observé sur les lacs est en train de se généraliser à beaucoup de rivières de plaine et prend une dimension préoccupante. Ce problème est d'autant plus inquiétant que le phosphore en excédent peut, lorsque le milieu est bien oxygéné (par exemple en hiver), se combiner à d'autres éléments (fer, calcium) pour former des composés insolubles qui se stockent dans les sédiments (immobilisation). Lorsque le taux d'oxygène dissous diminue dans le milieu aquatique (généralement au printemps ou en été), soit du fait de l'augmentation de la température, soit du fait de la respiration algale, soit du fait d'apport en matières oxydables, ces complexes chimiques peuvent se transformer en composés plus solubles et bio-assimilables (relargage). La libération de phosphates par la vase peut ainsi être multipliée par 1000 en période d'anoxie. Cette libération rapide va provoquer une augmentation brutale de la production végétale, entraînant une consommation de l'oxygène dissous, ce qui augmente encore la libération des phosphates. Les organismes susceptibles de fixer l'azote gazeux (cyanophycées en particulier) vont alors se développer de façon explosive provoquant un phénomène désigné sous le nom de fleur d'eau, souvent extrêmement dévastateur pour le milieu.

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