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Evénement pluvieux (HU) : Différence entre versions

De Wikhydro
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==Comment définir des événement pluvieux indépendants ?==
 
==Comment définir des événement pluvieux indépendants ?==
  
Le découpage d'une série continue de pluies en événements supposés indépendants n'est pas régi par des règles standardisées. Par exemple le choix du critère de séparation ou des temps de début et de fin d'un événement peut être fait selon des règles très diverses.
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Le découpage d'une série continue de pluies en événements supposés indépendants n'est pas régi par des règles standardisées. En particulier le choix du critère de séparation ou des temps de début et de fin d'un événement peut être fait selon des règles très diverses.
  
 
En pratique, deux familles de méthodes sont possibles :
 
En pratique, deux familles de méthodes sont possibles :
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C'est cette deuxième définition que nous allons approfondir dans la suite de cet article.
 
C'est cette deuxième définition que nous allons approfondir dans la suite de cet article.
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<u>Nota</u> : il existe également une troisième famille de méthodes, utilisable par exemple pour les crues, qui consiste à identifier les événements pluvieux non par les propriétés de la pluie, mais par ces conséquences hydrologiques. L'observation d'un hydrogramme de crue permet par exemple d'identifier et de caractériser un événement pluvieux.
  
 
==Méthode pratique de découpage et difficultés==
 
==Méthode pratique de découpage et difficultés==
  
Séparer les événements en fonction de leurs conséquences hydrologiques paraît assez logique mais pose immédiatement un problème de fond. Le temps nécessaire entre la fin de l'événement pluvieux A et le début de l'événement pluvieux B nécessaire pour considérer ces deux événements comme indépendants dépend du temps de réponse du bassin versant et des infrastructures et il peut être important. Par exemple une durée de 4 heures sans pluie sera insuffisante s'il existe des dispositifs de stockage-infiltration susceptibles de se vidanger dans des temps pouvant dépasser 24 heures. A l'opposé, choisir une durée de 24 heures peut conduire à regrouper des événements qui sont de fait indépendants et donc à diminuer artificiellement leur fréquence d'apparition ; par exemple deux orages distincts peuvent se produire deux soirées consécutives. Il n'existe donc pas de méthode universelle de découpage et les règles doivent être définies en fonction des objectifs et du contexte.
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Séparer les événements en fonction de l'indépendance de leurs conséquences hydrologiques paraît assez logique mais pose immédiatement un problème de fond. Les temps caractéristiques des phénomènes hydrologiques sont en effet très variables. Par exemple les phénomènes d'évapotranspiration et d'assèchement des sols après une pluie n'ont pas du tout la même dynamique que le ruissellement.  
  
Une deuxième difficulté est liée à la difficulté de construire des règles pratiques pour définir clairement ce qu'est une période sans pluie, un événement significatif ou pour déterminer les instants de début et de fin d'un événement (voir figure 1). Même avec des règles précises adaptées à l'objectif de l'étude, il restera également souvent une part d'interprétation laissée à l'opérateur. Une série donnée pourra donc être décomposée de plusieurs façons, même si le contexte et les objectifs de l'étude sont bien déterminés.  
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Le problème existe même si l'on ne raisonne que sur les phénomènes générant les crues. Le temps nécessaire entre la fin de l'événement pluvieux A et le début de l'événement pluvieux B nécessaire pour considérer ces deux événements comme indépendants dépend en effet du temps de réponse du bassin versant et des infrastructures et il peut être important. Par exemple une durée de 4 heures sans pluie (valeur souvent utilisée voir les § suivants) sera insuffisante s'il existe des dispositifs de stockage-infiltration susceptibles de se vidanger dans des temps pouvant dépasser 24 heures. A l'opposé, choisir une durée de 24 heures peut conduire à regrouper des événements qui sont de fait indépendants et donc à diminuer artificiellement leur fréquence d'apparition ; par exemple deux orages distincts peuvent se produire deux soirées consécutives. Il n'existe donc pas de méthode universelle de découpage et les règles doivent être définies en fonction des objectifs et du contexte.
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Une deuxième difficulté est liée à la difficulté de construire des règles pratiques pour définir clairement ce qu'est une période sans pluie, un événement significatif, ou pour déterminer les instants de début et de fin d'un événement (voir figure 1). Même avec des règles précises adaptées à l'objectif de l'étude, il restera également souvent une part d'interprétation laissée à l'opérateur (ou, dans le cas d'un découpage automatique, selon la façon dont les règles sont codées). Une série donnée pourra donc être décomposée de plusieurs façons, même si le contexte et les objectifs de l'étude sont bien déterminés.  
  
  
 
[[File:pluie.JPG|800px|center|thumb|<center>''<u>Figure 1</u> : Dans l'exemple de cette séquence pluvieuse, à quelle heure doit on fixer la fin de l'événement ?''</center>]]
 
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Du fait de ces difficultés, les éléments fournis dans les paragraphes suivants doivent être considérés comme indicatifs et les règles de découpage devront être adaptées à chaque étude.
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Du fait de ces difficultés, les éléments fournis dans les paragraphes suivants doivent être considérés comme indicatifs et les règles de découpage devront être adaptées à chaque étude et si possible faire l'objet d'une [[Sensibilité (étude de) (HU)|étude de sensibilité]].
  
 
===Cas d'une série mesurée sur un seul poste pluviométrique===
 
===Cas d'une série mesurée sur un seul poste pluviométrique===
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Ce cas est le plus simple puisqu'une seule série temporelle est à traiter. Les règles principales doivent porter sur deux questions distinctes mais cependant corrélées :
 
Ce cas est le plus simple puisqu'une seule série temporelle est à traiter. Les règles principales doivent porter sur deux questions distinctes mais cependant corrélées :
 
* quel(s) critère(s) faut-il prendre en compte pour définir un événement significatif à conserver (hauteur minimum de cumul de pluie, intensité maximum supérieure à une durée donnée, etc.) ;
 
* quel(s) critère(s) faut-il prendre en compte pour définir un événement significatif à conserver (hauteur minimum de cumul de pluie, intensité maximum supérieure à une durée donnée, etc.) ;
* quel(s) critère(s) faut-il prendre en compte pour définir une période sans pluie (absence totale de précipitation, hauteur maximum de cumul de pluie, intensité supérieure à une valeur minimum, etc.) ;
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* quel(s) critère(s) faut-il prendre en compte pour définir une période sans pluie suffisante pour séparer deux événements (absence totale de précipitation, hauteur maximum de cumul de pluie, intensité supérieure à une valeur minimum, etc.) ;
  
 
<u>Nota</u> : il est également nécessaire de construire d'autres règles, d'importance moindre, en particulier pour définir les instants de début et de fin de l'événement.
 
<u>Nota</u> : il est également nécessaire de construire d'autres règles, d'importance moindre, en particulier pour définir les instants de début et de fin de l'événement.
  
Selon le contexte et les objectifs de l'étude on pourra s'inspirer de la démarche suivante applicable pour des pluies enregistrées avec un pas de temps de l'ordre de quelques minutes :
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Selon le contexte et les objectifs de l'étude on pourra s'inspirer de la démarche suivante, facilement automatisable, et  applicable pour des pluies enregistrées avec un pas de temps de l'ordre de quelques minutes.
* une période sans pluie se termine  
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**soit lorsque l'on trouve un cumul de pluie au cours des x dernières heures (x de l'ordre de 3h à 12h) supérieur à un seuil (de l'ordre de 0,5 à 2mm) ;
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<u>Étape 1 : Identification des périodes sans pluie et des périodes de pluie</u>
** soit lorsque l'intensité maximum dépasse un seuil paramétrable (de l'ordre de 4 à 8 mm/h) ; commence alors une période de pluie ;
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* une période sans pluie se termine :
* un événement pluvieux commence à la fin e période sans pluie significative est une période séparant deux périodes de pluie continue consécutives ou deux périodes de pluie continue non consécutives à la condition que le cumul de précipitation sur la période ne dépasse pas x (compris entre 0,1 et 1 mm).
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**soit lorsque l'on trouve un cumul de pluie au cours des x dernières heures de la période (x de l'ordre de 1h à 3h) supérieur à un seuil (de l'ordre de 0,5 à 2mm) ;
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** soit lorsque l'intensité maximum sur un pas de temps dépasse un seuil (de l'ordre de 4 à 8 mm/h) ; commence alors une période de pluie ;
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* une période de pluie se termine lorsque l'on trouve une période de x heures (même x que précédemment) au cours de laquelle le cumul de pluie est inférieur à un seuil (de l'ordre de 0,5 à 2mm) et ou aucune intensité sur un pas de temps n'est supérieure à un seuil (de l'ordre de 4 à 8 mm/h).
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<u>Étape 2 : Recherche des périodes sans pluie significatives et regroupement des périodes de pluie</u>
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* les périodes de pluies séparées par une période sans pluie supérieure à p (entre 4 et 20) heures sont considérées comme des événements pluvieux indépendants ;
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* les autres périodes de pluies sont regroupés pour former une seul événement pluvieux.
 
    
 
    
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<u>Étape 3 : Construction des événements significatifs et choix des dates de début et de fin</u>
En hydrologie urbaine, un intervalle de 4 à 6 heures pendant lesquelles la hauteur totale précipitée reste inférieure à quelques mm est généralement considéré comme suffisant pour assurer l'indépendance des [[Hydrogramme (HU)|hydrogrammes]] produits. Ces chiffres sont bien sûr à adapter en fonction des échelles de temps et d'espace considérées et des caractéristiques du système hydrologique étudié.
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* on élimine les événements pluvieux qui ne dépassent pas un seuil en cumul de hauteur d'eau (à définir selon l'objectif) et ou en intensité moyenne sur 1 ou plusieurs pas de temps (les intensités moyennes sur des durées de 6 à 18 minutes sont souvent les plus significatives)
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* on fixe les dates de début et de fin des événements conservés comme significatifs respectivement comme
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** la date de début de la première période de pluie qui les constitue moins x heures (le même x que précédemment, compris entre 1 et 3h, pour ne pas risquer de perdre le début ou la fin de l'événement) ;
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** la date de fin de la dernière période de pluie qui les constitue plus x heures
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''mot en chantier''
 
  
 
<u>Voir aussi </u> : [[Analyse fréquentielle (HU)|Analyse fréquentielle]], [[Intensité-durée-fréquence / IDF (HU)|Intensité-durée-fréquence (courbes)]], [[Période de retour (HU)|Période de retour]].
 
<u>Voir aussi </u> : [[Analyse fréquentielle (HU)|Analyse fréquentielle]], [[Intensité-durée-fréquence / IDF (HU)|Intensité-durée-fréquence (courbes)]], [[Période de retour (HU)|Période de retour]].

Version du 9 septembre 2021 à 15:19

Traduction anglaise : Rainfall event

Dernière mise à jour : 09/09/2021

Pluie isolable de son contexte.

Le découpage d'une série chronologique continue de pluies en événements indépendants est parfois nécessaire pour faire des études statistiques (par exemple construire des courbes Intensités-durée-fréquence) ou étudier des événements exceptionnels.

Comment définir des événement pluvieux indépendants ?

Le découpage d'une série continue de pluies en événements supposés indépendants n'est pas régi par des règles standardisées. En particulier le choix du critère de séparation ou des temps de début et de fin d'un événement peut être fait selon des règles très diverses.

En pratique, deux familles de méthodes sont possibles :

  • une méthode reposant sur une définition de type météorologique qui associe un événement à une situation météorologique donnée (orage, passage d'une perturbation) ; cette définition est délicate à pratiquer car il n'est pas simple de séparer des situations météorologiques successives, mais elle permet d'intégrer une information plus large ; elle est employée par Météo-France ;
  • une définition empirique, préférée en hydrologie, qui consiste à considérer que deux événements pluvieux sont séparés si les conséquences hydrologiques du premier ne peuvent plus influer sur le suivant.

C'est cette deuxième définition que nous allons approfondir dans la suite de cet article.

Nota : il existe également une troisième famille de méthodes, utilisable par exemple pour les crues, qui consiste à identifier les événements pluvieux non par les propriétés de la pluie, mais par ces conséquences hydrologiques. L'observation d'un hydrogramme de crue permet par exemple d'identifier et de caractériser un événement pluvieux.

Méthode pratique de découpage et difficultés

Séparer les événements en fonction de l'indépendance de leurs conséquences hydrologiques paraît assez logique mais pose immédiatement un problème de fond. Les temps caractéristiques des phénomènes hydrologiques sont en effet très variables. Par exemple les phénomènes d'évapotranspiration et d'assèchement des sols après une pluie n'ont pas du tout la même dynamique que le ruissellement.

Le problème existe même si l'on ne raisonne que sur les phénomènes générant les crues. Le temps nécessaire entre la fin de l'événement pluvieux A et le début de l'événement pluvieux B nécessaire pour considérer ces deux événements comme indépendants dépend en effet du temps de réponse du bassin versant et des infrastructures et il peut être important. Par exemple une durée de 4 heures sans pluie (valeur souvent utilisée voir les § suivants) sera insuffisante s'il existe des dispositifs de stockage-infiltration susceptibles de se vidanger dans des temps pouvant dépasser 24 heures. A l'opposé, choisir une durée de 24 heures peut conduire à regrouper des événements qui sont de fait indépendants et donc à diminuer artificiellement leur fréquence d'apparition ; par exemple deux orages distincts peuvent se produire deux soirées consécutives. Il n'existe donc pas de méthode universelle de découpage et les règles doivent être définies en fonction des objectifs et du contexte.

Une deuxième difficulté est liée à la difficulté de construire des règles pratiques pour définir clairement ce qu'est une période sans pluie, un événement significatif, ou pour déterminer les instants de début et de fin d'un événement (voir figure 1). Même avec des règles précises adaptées à l'objectif de l'étude, il restera également souvent une part d'interprétation laissée à l'opérateur (ou, dans le cas d'un découpage automatique, selon la façon dont les règles sont codées). Une série donnée pourra donc être décomposée de plusieurs façons, même si le contexte et les objectifs de l'étude sont bien déterminés.


Figure 1 : Dans l'exemple de cette séquence pluvieuse, à quelle heure doit on fixer la fin de l'événement ?

Du fait de ces difficultés, les éléments fournis dans les paragraphes suivants doivent être considérés comme indicatifs et les règles de découpage devront être adaptées à chaque étude et si possible faire l'objet d'une étude de sensibilité.

Cas d'une série mesurée sur un seul poste pluviométrique

Ce cas est le plus simple puisqu'une seule série temporelle est à traiter. Les règles principales doivent porter sur deux questions distinctes mais cependant corrélées :

  • quel(s) critère(s) faut-il prendre en compte pour définir un événement significatif à conserver (hauteur minimum de cumul de pluie, intensité maximum supérieure à une durée donnée, etc.) ;
  • quel(s) critère(s) faut-il prendre en compte pour définir une période sans pluie suffisante pour séparer deux événements (absence totale de précipitation, hauteur maximum de cumul de pluie, intensité supérieure à une valeur minimum, etc.) ;

Nota : il est également nécessaire de construire d'autres règles, d'importance moindre, en particulier pour définir les instants de début et de fin de l'événement.

Selon le contexte et les objectifs de l'étude on pourra s'inspirer de la démarche suivante, facilement automatisable, et applicable pour des pluies enregistrées avec un pas de temps de l'ordre de quelques minutes.

Étape 1 : Identification des périodes sans pluie et des périodes de pluie

  • une période sans pluie se termine :
    • soit lorsque l'on trouve un cumul de pluie au cours des x dernières heures de la période (x de l'ordre de 1h à 3h) supérieur à un seuil (de l'ordre de 0,5 à 2mm) ;
    • soit lorsque l'intensité maximum sur un pas de temps dépasse un seuil (de l'ordre de 4 à 8 mm/h) ; commence alors une période de pluie ;
  • une période de pluie se termine lorsque l'on trouve une période de x heures (même x que précédemment) au cours de laquelle le cumul de pluie est inférieur à un seuil (de l'ordre de 0,5 à 2mm) et ou aucune intensité sur un pas de temps n'est supérieure à un seuil (de l'ordre de 4 à 8 mm/h).

Étape 2 : Recherche des périodes sans pluie significatives et regroupement des périodes de pluie

  • les périodes de pluies séparées par une période sans pluie supérieure à p (entre 4 et 20) heures sont considérées comme des événements pluvieux indépendants ;
  • les autres périodes de pluies sont regroupés pour former une seul événement pluvieux.

Étape 3 : Construction des événements significatifs et choix des dates de début et de fin

  • on élimine les événements pluvieux qui ne dépassent pas un seuil en cumul de hauteur d'eau (à définir selon l'objectif) et ou en intensité moyenne sur 1 ou plusieurs pas de temps (les intensités moyennes sur des durées de 6 à 18 minutes sont souvent les plus significatives)
  • on fixe les dates de début et de fin des événements conservés comme significatifs respectivement comme
    • la date de début de la première période de pluie qui les constitue moins x heures (le même x que précédemment, compris entre 1 et 3h, pour ne pas risquer de perdre le début ou la fin de l'événement) ;
    • la date de fin de la dernière période de pluie qui les constitue plus x heures


Voir aussi  : Analyse fréquentielle, Intensité-durée-fréquence (courbes), Période de retour.

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