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L'urbanisation des zones côtières

De Wikhydro
Version du 4 juin 2013 à 14:16 par Iméne Benyoucef (discuter | contributions)

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Sommaire

Pourquoi surveiller l'accès à la propriété sur les côtes ?

La densité de population est un indicateur de la pression anthropique sur les territoires et des besoins induits en ressources naturelles, logements, infrastructures de transport et services publics. Pour les besoins des politiques d'aménagement, il est important de pouvoir déterminer si cette pression anthropique s'applique dans un cadre plus général sur une région géographique étendue ou si elle est concentrée sur la zone côtière. La demande immobilière croissante se situe en effet souvent dans des espaces où les ressources et le patrimoine naturels doivent être protégés.

L'indicateur utilisé dans cet article est l'un des 6 indicateurs proposés pour mesurer l'efficacité des politiques menées dans le but d'atteindre le premier objectif de la recommandation européenne sur l'implémentation de la GIZC : le contrôle approprié du développement des côtes.

La population des zones côtières

Vue d'ensemble

Densité de population en Europe (source : EEA)
Population des zones côtières en Europe

Le graphe ci-contre indique pour chaque état côtier d'Europe la proportion de la population totale qui habite en zone côtière. Pour établir ce graphique, la zone côtière a été définie comme l'entité administrative de niveau 3[1] qui présente une façade maritime.

Dans la plupart des pays européens, la population est particulièrement dense dans les zones côtières. Selon ce critère, les pays peuvent être classés en différents groupes :

  • les pays à densité de population élevée et qui présentent une bande littorale particulièrement étendue (qui comprennent les pays insulaires), où plus de 70% de la population vit sur les côtes. Parmi ceux-ci se trouvent Malte, le Danemark, Chypre ;
  • les pays à densité de population moyenne à élevée et une population très concentrée sur les zones côtières, comme l'Espagne et la Grèce ;
  • les pays dont la longueur de côte est importante et où la population est particulièrement dense sur les côtes, mais où la densité de population moyenne reste moyenne, comme c'est le cas dans la plupart des pays d'Europe du Nord et l'Irlande ;
  • les pays à densité de population moyenne à élevée et qui présentent une certaine croissance des zones côtières, sans toutefois que celle-ci ne soit trop marquée par rapport aux valeurs moyennes. C'est le cas de la Belgique et des Pays-Bas. La France pourrait être rattachée à ce groupe, mais elle présente aussi quelques caractéristiques de pays du deuxième groupe ;
  • les pays dont les régions côtières sont peu étendues mais densément peuplées. Ce sont essentiellement la Lituanie et la Roumanie, qui ne représentent toutefois qu'une faible part de la population européenne totale.

Le Royaume-Uni reste une exception dans le sens où il ne peut être rattaché à aucun de ces groupes. Il s'agit d'un pays insulaire avec une côte très étendue et une forte densité de population. Néanmoins, la densité de population n'est pas particulièrement importante au niveau des côtes.

La structure de la population s'explique largement par les conditions géographiques et climatiques qui rendent les régions côtières plus ou moins attractives. Les facteurs économiques tels que la localisation des ports et des chenaux de navigation ont aussi une importance non négligeable.

Considérations locales

Evolution de la proportion de la population située dans une entité administrative de niveau 5 (NUTS 5) côtière

Une analyse de la situation à Malte par exemple montre que l'évolution de la population à l'échelle de l'entité administrative de niveau 3 ne correspond pas forcément à la réalité à une plus petite échelle. En comparant les densités de population en 1967 et 1995, on peut en effet constater que la population est globalement en croissance, mais que les zones côtières ne subissent pas un développement trop rapide puisque c'est surtout autour de la capitale La Valette qu'elle se concentre. Le diagramme ci-contre tend même à montrer que la population côtière a en réalité diminué en proportion de plus de 9% depuis 1967. Cela ne doit cependant pas faire oublier que la densité de population moyenne dans le pays est très importante et en constante augmentation.

Evolution de la densité de population sur les côtes de Catalogne (NUTS 5)

En Espagne, la situation est l'exact opposé, comme le montre l'exemple du diagramme ci-contre, pour la province de Catalogne. La densité de population le long des côtes est très supérieure à la densité de population dans les terres intérieures, de 8 à 10 fois plus. En outre, cette densité est en augmentation depuis 1996.

Dans la région de Poméranie en Pologne, la proportion de la population habitant en zone côtière est relativement constante au moins depuis 1994. Les fluctuations n'excèdent pas 1%, sans véritable tendance générale.

Evolution de la densité de population sur les côtes de Lituanie

La situation de la Lituanie, un autre pays voisin de la mer Baltique, est à la fois différente de celle de la Pologne voisine et des pays méditerranéens. Les parts de la population vivant dans les zones côtières et dans les régions intérieures sont similaires à celles de la Pologne, mais contrairement à la Pologne, la population émigre vers l'intérieur des terres. Une diminution de la population peut être constatée dans l'ensemble du pays, mais cette diminution est plus marquée dans les zones côtières. Ce phénomène est dû à la prévalence du taux de mortalité sur le taux de natalité pendant les 15 dernières années ; plus tard l'émigration (en particulier celle des travailleurs) contribue à l'amplifier.

Des études plus approfondies ont été menées pour identifier les caractéristiques des territoires responsables de ces évolutions. La tendance est largement déterminée par l'évolution des villes côtières. La capitale Riga concentre le tiers de la population et la moitié de l'économie. Les territoires ruraux et les villes suivent cette tendance bien que la situation ne soit pas dramatique.

La Flandre représente le quatrième groupe de territoires mentionné plus haut. Les procédés sont similaires à ceux décrits dans le Sud. La densité de population y est toutefois plus importante dans les zones côtières et augmente plus rapidement : de 510 habitants/km² en 1990 à 526 habitants/km² en 2000. Ces chiffres doivent être comparés à ceux des régions intérieures : de 246 habitants/km² en 1990 à 254 habitants/km² en 2000. La situation est typique pour la Flandre et le Nord Pas-de-Calais où la densité de population côtière est 2 à 6,5 fois supérieure à celle des régions intérieures.

Politique de gestion pour une côte durable

La recommandation européenne pour la gestion intégrée des zones côtières demande aux régions de "contrôler de façon appropriée le développement futur des zones côtières". L'extension urbaine constitue la principale source d'inquiétude sur l'état de la côte en Europe. Si la vie sur la côte doit être maintenue comme une combinaison saine de fonctions sociales et économiques, celle-ci doit se fonder sur une politique d'aménagement du territoire structurée qui prend en considération les stratégies locales de planification. Ainsi par exemple, les outils de réglementation en Ecosse tentent de répondre à ces problématiques en définissant de façon distincte l'utilisation du territoire pour des résidences secondaires : cette stratégie prend en compte le fait que le développement des résidences secondaires dans des villes côtières menace le droit d'accès au logement pour les populations locales.

L'utilisation de l'espace pour les besoins de l'immobilier et du transport s'est faite principalement aux dépens des terres agricoles et, dans une moindre mesure, des aires semi-naturelles telles que les forêts et les prairies. L'urbanisation croissante des territoires, qui s'accompagne des nuisances sonores, de pollutions atmosphériques, de congestion dans les transports et d'une pression supplémentaire pour l'installation de nouvelles infrastructures, nuit au potentiel touristique des régions. Les politiques liées à la gestion des ressources et à l'aménagement spatial sont généralement du ressort des autorités locales. Bien que des règles de subsidiarité s'appliquent (un principe qui soutient la prise de décision locale dans ce cas) et rendent les états et les régions responsables de la planification spatiale, la plupart des politiques européennes ont un effet direct ou indirect sur le développement des côtes.

Là où le développement urbain sur la côte est justifié, les opportunités de réutilisation d'espaces et de bâtiments désertés doivent être considérées en priorité. Elles permettent en effet :

  • de préserver les espaces verts ;
  • de réduire la pression sur les zones les plus sensibles de la côte ;
  • de contribuer à la régénération du patrimoine naturel.

Néanmoins, il n'est pas toujours possible de réutiliser les espaces vacants. Dans certaines régions, le potentiel de recyclage des terres est très faible voire nul, ou les sites sont trop petits. Peut-être aussi sont-ils localisés à proximité d'autres structures dont l'activité est incompatible avec leur destination.

  1. L'entité administrative est ici définie selon la classification normalisée européenne NUTS. L'entité de niveau 3 correspond par exemple aux départements en France, aux arrondissements en Allemagne, ou aux provinces en Espagne, et plus généralement à une entité administrative dont la population est comprise entre 150.000 et 800.000 habitants.

Conclusions

- Quels que soient le pays et sa densité de population, les Européens tendent en général à s'installer à proximité des zones côtières
- Un examen plus détaillé des processus migratoires montre que la structure de la population et son évolution varient suivant les pays, même autour d'une même mer

Références

  • Deduce : projet européen sur le développement durable des zones côtières


Le créateur de cet article est François Hissel
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