S'abonner à un flux RSS
 

Le Rhône en 100 questions : 10-09 Vous avez dit « ré-appropriation » du fleuve ?

De Wikhydro
Version du 23 novembre 2012 à 14:25 par Admin60 (discuter | contributions)

(diff) ← Version précédente | Voir la version courante (diff) | Version suivante → (diff)
le rhone en 100 questions multi579
Cette page fait partie du deuxième chapitre: "Le fonctionnement du fleuve", de l'ouvrage '"Le Rhône en 100 questions'", une initiative de la ZABR avec l'appui de toute l'équipe du Graie et soutenue par les instances qui ont en charge la gestion du fleuve.











Redécouverte, reconquête, ré-appropriation… quelques uns des termes relevant depuis vingt ans du vocabulaire rhodanien. Leur est indissociablement liée l’idée selon laquelle après le temps de la rupture, viendrait celui du « retour au fleuve » ou de la restauration d’un lien défait.
À quel phénomène renvoie la construction de ce discours et quels sont les enjeux et les formes de ce mouvement qui touche le Rhône comme nombre de ses congénères ?

Sommaire


D’abord la rupture…


endiguement du rhone au xixe siecle
L’un des effets de l’aménagement systématique des années 1950 à 1980 fut de parachever un lent mouvement de rupture du lien de familiarité des riverains avec le Rhône.
Débuté à partir de 1850 lorsque le chemin de fer prend le pas sur la voie d’eau pour le transport des biens et des personnes, il ne fera que se renforcer au fil des grands travaux de la seconde moitié du XIXe siècle : édification de digues suite aux désastres de la crue de 1856 ; correction du lit du fleuve en vue de favoriser la relance de la navigation à vapeur.
La perspective d’aménager le Rhône du triple point de vue de la production d’électricité, de la navigation et de l’irrigation, portée dès les premières années du xxe siècle par Édouard Herriot et l’ensemble des élus et acteurs économiques de la vallée confirme son changement de statut : de support principal des économies locales riveraines, il doit passer au rang d’outil de développement d’abord du grand Sud-Est, puis, dans le contexte de l’après guerre, de la nation.
Or, c’est durant cette période que se modifie le regard des riverains sur le fleuve : il devient un « voisin gênant » dont on se protége et se détourne. L’occupation au XXe siècle du lit majeur par des usines, autoroutes… ainsi que sa « mise au service de la nation » au travers de la réalisation des missions confiées à la Compagnie Nationale du Rhône (CNR), viendront parachever ce phénomène qui se traduira, dans le discours des « rhodaniens », par l’expression de la perte irrémédiable de ce qui constituait le cadre de leur vie quotidienne.



… puis le temps de la redécouverte


fete du rhone a vienne
La fin du XXe siècle a vu, à la faveur de la montée en puissance du sentiment écologique, l’émergence de nouvelles valeurs associées au Rhône. Le fleuve-patrimoine devient un atout de valorisation des cités riveraines. Élément du décor, il accède à nouveau au statut de vecteur de développement économique, social, culturel… Et l’on redécouvre soudain, à la faveur d’un regard historique souvent, qu’un fleuve n’est pas que de l’eau, mais aussi un espace public, un lieu de sociabilité, et de socialisation, un terrain d’expression de valeurs que l’on souhaite mettre en avant : protection de la nature, solidarité, dynamisme… Cela se traduit par la multiplication d’initiatives visant à permettre de nouvelles fréquentations : sentiers de découverte, zones de loisirs, fêtes et spectacles, berges réaménagées, voies vertes… sont, du Valais à la Méditerranée, autant de modalités d’un retour de ses riverains au fleuve.
À ceci s’ajoute le fait que le fleuve aménagé permet la pratique de nouveaux sports et loisirs (aviron, voile, jet-ski…) qui croisent les plus traditionnels (joutes, barque, pêche…). Ainsi se mettent en place les conditions de formes renouvelées de pratiques et usages du cours d’eau et de ses espaces adjacents, aménagés ou non.


L’amour du Rhône ?


Or, l’un des enjeux majeurs de ce lien qui semble se retisser consiste en l’édification de quelque chose dépassant sa simple fréquentation : l’attachement au Rhône. Nous retrouvons là un des traits marquants des riverains inscrits dans une histoire familiale et personnelle de relation au fleuve : l’expression d’un « amour du Rhône », synonyme de la valeur qu’ils lui accordent.
À l’examen, ce sentiment apparaît aussi, s’il est travaillé, comme la condition du devenir du fleuve. Si l’on veut ne pas avoir à engager, dans le futur, un travail de retour vers le fleuve, signifiant qu’une rupture, un abandon se sont produits, sans doute est-il essentiel aujourd’hui de veiller à ce que le seul usage soit transcendé par un attachement garant d’un respect pour ce bien commun que représente le Rhône.


Ce qu’il faut retenir


L’actuel mouvement de réappropriation tente de répondre à celui de la désaffection progressive dont le Rhône a fait l’objet à partir du XIXe siècle.
Il s’agit aujourd’hui de restaurer une relation, gage d’un avenir où l’ensemble des fonctions sociales et culturelles pourront être assurées.



question précédente |retour au sommaire


Outils personnels