Le Rhône en 100 questions : 8-06 Quelles sont les menaces qui pèsent sur les eaux souterraines ?
La raréfaction des eaux souterraines n’est pas encore à l’ordre du jour sous nos latitudes. Cependant, on observe de plus en plus souvent de manière récurrente ou chronique une baisse du niveau des nappes phréatiques surtout lorsqu’elles sont surexploitées et que leurs conditions de recharge sont modifiées.
Ces modifications peuvent être causées par une baisse du niveau d’un cours d’eau réalimentant la nappe, une période de sécheresse prolongée diminuant les apports de pluie efficace et prolongeant la période d’étiage, des extractions abusives de matériaux dans les nappes alluviales.
Les changements climatiques attendus devraient aussi avoir une influence sur les conditions de recharge des nappes à partir des rivières, notamment dans les têtes de bassins versants (fonte et recul des glaciers). Enfin, l’augmentation de l’évapotranspiration potentielle et réelle va nécessiter davantage d’eau pour les cultures et pourrait également contribuer à la diminution de la ressource en eau souterraine.
Les alluvions caillouteuses sans sol ni limon, typiques des nappes alluviales, présentent un risque maximal pour toutes les substances.
Au contraire une couverture de sol et limon non saturée retarde une pollution par les hydrocarbures ou des métaux (ayant tendance à se fixer sur les argiles et les matières organiques), mais cette protection ne fonctionne pas pour d’autres polluants tels que les organo-halogénés ou des électrolytes anioniques qui ne se fixent pas. Le risque de pollution de la nappe par les berges d’un cours d’eau pollué est très limité si elles sont colmatées ou imperméabilisées.
La qualité en danger
Les eaux souterraines représentent une ressource précieuse mais fragile de par les nombreux risques de pollution ou de modifications des niveaux (voir questions 08-02 à 08-05). La vulnérabilité des aquifères varie en fonction du type de pollution et de la nature du sol au-dessus de l’aquifère quand il existe.
La vulnérabilité des aquifères aux pollutions s’analyse en deux composantes.
- La vulnérabilité intrinsèque correspond aux caractéristiques du milieu naturel qui détermine la sensibilité des eaux souterraines à la pollution. Elle peut être définie selon plusieurs critères :
– critères de surface : topographie, pédologie ;
– critères propres à la zone non-saturée : profondeur de nappe, battement ou hydromorphie, perméabilité verticale, structure ;
– critères propres à la zone saturée : type de nappe, structure, épaisseur, paramètres hydrodynamiques, relations nappes-cours d’eau, recharge.
- La vulnérabilité spécifique « définit la vulnérabilité à un polluant ou à un groupe de polluants » et prend en compte les spécificités des polluants en relation avec la vulnérabilité intrinsèque.
Il faut distinguer dans les risques de pollution les pollutions diffuses et les pollutions ponctuelles dans le temps et l’espace, qui peuvent être accidentelles. Les premières se font à grande échelle (apports agricoles, retombées atmosphériques) ou peuvent être dues à des teneurs inhabituelles en éléments chimiques présentes dans les sols d’une région.
Les secondes sont plutôt liées à des dysfonctionnements d’installations industrielles ou au transport de matières dangereuses pouvant provoquer des rejets toxiques dans le milieu naturel. Le sabotage volontaire de captages n’est pas un risque à exclure mais il reste heureusement très marginal.
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Il faut protéger les captages d’eau souterraine
Les nappes alluviales sont d’une grande vulnérabilité (absence de protection, faible profondeur, risque de propagation rapide de la pollution des cours d’eau) et il faut donc protéger les captages qui y sont faits. Les périmètres de protection définis par la réglementation (avec trois niveaux : immédiate, rapprochée et éloignée) constituent des outils de protection s’ils sont correctement
dimensionnés et si les prescriptions et servitudes associées sont respectées.
Actuellement tous les captages ne sont pas protégés par les trois périmètres réglementaires et en particulier le périmètre de protection rapproché qui doit prendre en compte la nature géologique de l’aquifère. Le périmètre immédiat concerne la parcelle cadastrale sur laquelle sont construits les ouvrages. Le périmètre éloigné correspond en général aux limites du bassin versant ou du sous-bassin versant dans lequel se situe le captage.
Ce qu’il faut retenir
Les menaces qui pèsent sur les eaux souterraines de la nappe du Rhône concernent plus la qualité de ces eaux que la quantité disponible.
Le maintien de cette qualité doit passer par une concertation entre gestionnaires et usagers de la ressource en eau.
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