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Wikibardig:Les chenaux de dérivation : Différence entre versions

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Un chenal (ou canal) de dérivation a pour objectif de diminuer le débit du cours d'eau à son aval. Un tel chenal est le plus souvent alimenté à partir d'un [[WikiBarDig: Les déversoirs de protection des systèmes de digues|déversoir]] sur des [[Wikibardig:Les différents types de digues|digues]] longeant le cours d'eau principal. Généralement ces chenaux doivent pallier une insuffisance locale de débitance du cours d'eau, et se raccordent alors à celui-ci plus en aval ; exemples : le chenal de dérivation de Coursan (11) (voir figure) et le "déchargeoir" de la Bouillie à Blois (41) [de Person, 2001][Degoutte, 2012, p.27].  
 
Un chenal (ou canal) de dérivation a pour objectif de diminuer le débit du cours d'eau à son aval. Un tel chenal est le plus souvent alimenté à partir d'un [[WikiBarDig: Les déversoirs de protection des systèmes de digues|déversoir]] sur des [[Wikibardig:Les différents types de digues|digues]] longeant le cours d'eau principal. Généralement ces chenaux doivent pallier une insuffisance locale de débitance du cours d'eau, et se raccordent alors à celui-ci plus en aval ; exemples : le chenal de dérivation de Coursan (11) (voir figure) et le "déchargeoir" de la Bouillie à Blois (41) [de Person, 2001][Degoutte, 2012, p.27].  
  
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L'aval du Mississippi, aux USA, est entièrement aménagé, essentiellement pour permettre la navigation et protéger la plaine des inondations. Des digues le longent de part et d'autre de manière quasi continue. En son aval, compte tenu des plus faibles pentes, les crues sont plus facilement débordantes et pour éviter des surverses dommageables sur les digues, trois systèmes complémentaires de dérivation ont été construits et améliorés, en lien avec les évolutions morphologiques du fleuve. Le plus en amont, le "Old River Control Structure", complexe de plusieurs chenaux et ouvrages de régulation, gère la dérivation permanente du Mississippi vers l'Atchafalaya. Ce fleuve d'origine récente (milieu du XIXe siècle) résulte d'une translation de méandre du Mississippi vers la Red River et la capture d'une partie de son débit par cette dernière qui a depuis pris dans son aval le nom d'Atchafalaya. Plus en aval, et en amont immédiat de la ville de New Orleans, le déversoir de Bonnet Carré dérive par un chenal une partie des débits de crue vers le lac Pontchartrain, ayant lui même son exutoire ultime dans le golfe du Mexique. Mis en service pour des crues plus élevées, situé entre ces deux dérivations, le Morganza Floodway dérive, également vers l'Atchafalaya une partie du débit du Mississippi. Ces dérivations protègent les digues du Mississippi aval contre les surverses, et en cela protègent d'une part la plaine contre les inondations dues à des brèches, mais aussi le fleuve lui-même contre une capture quasi complète par l'Atchfalaya, ce qui mettrait à mal l'économie de l'État de Louisiane, voire d'une grande partie des USA qui dépendent de cette voie de communication. L'ensemble de ces aménagements permettent de dériver du cours aval du Mississippi plus de la moitié de son débit de crue (voir figure).
 
L'aval du Mississippi, aux USA, est entièrement aménagé, essentiellement pour permettre la navigation et protéger la plaine des inondations. Des digues le longent de part et d'autre de manière quasi continue. En son aval, compte tenu des plus faibles pentes, les crues sont plus facilement débordantes et pour éviter des surverses dommageables sur les digues, trois systèmes complémentaires de dérivation ont été construits et améliorés, en lien avec les évolutions morphologiques du fleuve. Le plus en amont, le "Old River Control Structure", complexe de plusieurs chenaux et ouvrages de régulation, gère la dérivation permanente du Mississippi vers l'Atchafalaya. Ce fleuve d'origine récente (milieu du XIXe siècle) résulte d'une translation de méandre du Mississippi vers la Red River et la capture d'une partie de son débit par cette dernière qui a depuis pris dans son aval le nom d'Atchafalaya. Plus en aval, et en amont immédiat de la ville de New Orleans, le déversoir de Bonnet Carré dérive par un chenal une partie des débits de crue vers le lac Pontchartrain, ayant lui même son exutoire ultime dans le golfe du Mexique. Mis en service pour des crues plus élevées, situé entre ces deux dérivations, le Morganza Floodway dérive, également vers l'Atchafalaya une partie du débit du Mississippi. Ces dérivations protègent les digues du Mississippi aval contre les surverses, et en cela protègent d'une part la plaine contre les inondations dues à des brèches, mais aussi le fleuve lui-même contre une capture quasi complète par l'Atchfalaya, ce qui mettrait à mal l'économie de l'État de Louisiane, voire d'une grande partie des USA qui dépendent de cette voie de communication. L'ensemble de ces aménagements permettent de dériver du cours aval du Mississippi plus de la moitié de son débit de crue (voir figure).
  
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Les débits en crue du Mississippi, de ses affluents et des dérivations (Source USACE)
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Les débits en crue du Mississippi, de ses affluents et des dérivations (Source USACE)''
  
 
==Références==
 
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Degoutte G. (coordonnateur), 2012. Les déversoirs sur digues fluviales. (Editions Quae, 184 pages)
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Degoutte G. (coordonnateur), 2012. Les déversoirs sur digues fluviales. Editions Quae, 184 pages.
  
de Person F., 2001. La Loire à Blois, le déchargeoir de la Bouillie en action, ou le contrôle du chemin de l’eau de 1584 à 1907,  (Édition DIREN Centre, 60 p.)
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De Person F., 2001. La Loire à Blois, le déchargeoir de la Bouillie en action, ou le contrôle du chemin de l’eau de 1584 à 1907,  (Édition DIREN Centre, 60 p.)
  
 
Tourment R., Degoutte G., Patouillard, S. - 2015. Digues, canaux de dérivation ou zones d'expansion de crues ?. Géologues, n° 184, p. 20-26
 
Tourment R., Degoutte G., Patouillard, S. - 2015. Digues, canaux de dérivation ou zones d'expansion de crues ?. Géologues, n° 184, p. 20-26
  
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Version du 19 mai 2020 à 15:10

Sommaire

Les chenaux de dérivation

Fonctions et limites

Un chenal (ou canal) de dérivation a pour objectif de diminuer le débit du cours d'eau à son aval. Un tel chenal est le plus souvent alimenté à partir d'un déversoir sur des digues longeant le cours d'eau principal. Généralement ces chenaux doivent pallier une insuffisance locale de débitance du cours d'eau, et se raccordent alors à celui-ci plus en aval ; exemples : le chenal de dérivation de Coursan (11) (voir figure) et le "déchargeoir" de la Bouillie à Blois (41) [de Person, 2001][Degoutte, 2012, p.27].

Image8-systeme de protection.jpg

le chenal de dérivation de Coursan (au Nord de l'Aude). Source Géoportail IGN.

Un chenal de dérivation a pour limite sa section qui va imposer un débit maximum dérivable. Si il est envisageable de dériver des débits correspondant à des crues courantes, on ne peut pas envisager, sauf travaux très importants, par exemple en allant jusqu'à la mer, de dériver des crues exceptionnelles. Dans le cas où on ne peut pas se raccorder au cours d'eau en aval, par exemple pour protéger d'autres enjeux, il faudra trouver un autre exutoire, étang, lac, mer ou autre cours d'eau. C'est le cas du chenal de dérivation du Lez à Lattes qui se jette dans l'Etang du Méjean [Degoutte, 2012, p.28]. Cet exutoire va imposer sa propre limite au niveau d'eau dans le chenal, par l'aval, car il pourra être éventuellement surélevé temporairement par un facteur extérieur (crue propre, surcote, …).

L'exemple du Mississippi aval

L'aval du Mississippi, aux USA, est entièrement aménagé, essentiellement pour permettre la navigation et protéger la plaine des inondations. Des digues le longent de part et d'autre de manière quasi continue. En son aval, compte tenu des plus faibles pentes, les crues sont plus facilement débordantes et pour éviter des surverses dommageables sur les digues, trois systèmes complémentaires de dérivation ont été construits et améliorés, en lien avec les évolutions morphologiques du fleuve. Le plus en amont, le "Old River Control Structure", complexe de plusieurs chenaux et ouvrages de régulation, gère la dérivation permanente du Mississippi vers l'Atchafalaya. Ce fleuve d'origine récente (milieu du XIXe siècle) résulte d'une translation de méandre du Mississippi vers la Red River et la capture d'une partie de son débit par cette dernière qui a depuis pris dans son aval le nom d'Atchafalaya. Plus en aval, et en amont immédiat de la ville de New Orleans, le déversoir de Bonnet Carré dérive par un chenal une partie des débits de crue vers le lac Pontchartrain, ayant lui même son exutoire ultime dans le golfe du Mexique. Mis en service pour des crues plus élevées, situé entre ces deux dérivations, le Morganza Floodway dérive, également vers l'Atchafalaya une partie du débit du Mississippi. Ces dérivations protègent les digues du Mississippi aval contre les surverses, et en cela protègent d'une part la plaine contre les inondations dues à des brèches, mais aussi le fleuve lui-même contre une capture quasi complète par l'Atchfalaya, ce qui mettrait à mal l'économie de l'État de Louisiane, voire d'une grande partie des USA qui dépendent de cette voie de communication. L'ensemble de ces aménagements permettent de dériver du cours aval du Mississippi plus de la moitié de son débit de crue (voir figure).

Image9-systeme de protection.jpg Les débits en crue du Mississippi, de ses affluents et des dérivations (Source USACE)

Références

Degoutte G. (coordonnateur), 2012. Les déversoirs sur digues fluviales. Editions Quae, 184 pages.

De Person F., 2001. La Loire à Blois, le déchargeoir de la Bouillie en action, ou le contrôle du chemin de l’eau de 1584 à 1907, (Édition DIREN Centre, 60 p.)

Tourment R., Degoutte G., Patouillard, S. - 2015. Digues, canaux de dérivation ou zones d'expansion de crues ?. Géologues, n° 184, p. 20-26


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