Pluviomètre (HU) : Différence entre versions
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− | * L’étalonnage en intensité en générant des débits constants grâce à un vase de Mariotte. | + | * L’étalonnage en intensité en générant des débits constants grâce à un vase de Mariotte et d'ajutages choisis pour imposer différentes intensités (''figure 10''). |
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− | + | Une vérification régulière (au minimum tous les 3 mois) doit également être réalisée sur le terrain pour garantir la fiabilité des mesures de pluie. Elle consiste à verser lentement un volume d’eau mesuré grâce à une éprouvette étalon, dans l’impluvium du pluviomètre. L’éprouvette doit être certifiée de classe A, fabriquée selon la norme ISO 4788, et être ainsi raccordée aux étalons nationaux pour qualifier l’incertitude sur l’évaluation du volume d’eau servant à la vérification. A titre d’exemple, pour un impluvium de 1000 cm<sup>2</sup> avec une discrétisation à 0,2 mm, le pluviomètre doit mesurer 50 basculements pour un volume de test de 1 litre. Dans les mêmes conditions, il doit mesurer 125 basculements de 0,2 mm pour un impluvium de 400 cm<sup>2</sup> (''figure 11''). | |
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+ | Comme déjà évoqué, il est conseillé de récupérer l'eau évacuée du pluviomètre dans un récipient étanche et de vérifier que le volume ainsi récolté correspond bien au cumul de pluie mesurée (voir ''figure 6''). | ||
====Autres opérations de maintenance et de contrôle==== | ====Autres opérations de maintenance et de contrôle==== | ||
− | Des visites régulières sur site sont également nécessaires pour nettoyer l'appareil et vérifier les différentes parties mécaniques, électriques et électroniques du capteur ; en particulier des objets emportés par le vent ou des fientes d'oiseaux peuvent perturber son fonctionnement, voir totalement le bloquer. | + | Des visites régulières sur site sont également nécessaires pour nettoyer l'appareil et vérifier les différentes parties mécaniques, électriques et électroniques du capteur ; en particulier des objets emportés par le vent, des araignées ou des fientes d'oiseaux peuvent perturber son fonctionnement, voir totalement le bloquer. |
− | Enfin une vérification de bout en bout de la chaîne de mesure, c’est | + | Enfin une vérification de bout en bout de la chaîne de mesure, c’est à dire du pluviomètre au logger et jusqu’au superviseur est aussi une étape importante. Par exemple, il peut arriver qu’un mauvais câblage ou une absence de blindage du câble rendent les informations enregistrées et transmises différentes de celles mesurées par le pluviomètre. |
Il est important de ne pas oublier d’effacer les données simulées lors des vérifications sur le terrain afin de ne pas fausser les séries chronologiques pluviométriques. | Il est important de ne pas oublier d’effacer les données simulées lors des vérifications sur le terrain afin de ne pas fausser les séries chronologiques pluviométriques. |
Version du 7 mai 2025 à 14:42
Traduction anglaise : Rain gage (USA), Rain gauge (RU)
Dernière mise à jour : 07/05/2025
Mot en chantier
Appareil de mesure du cumul des précipitations atmosphériques atteignant le sol.
Principes de base
Le principe de base consiste à capter le flux de précipitations à l'aide d'un réceptacle horizontal de surface connue, puis de mesurer, par enregistrement des basculements d’augets, par pesée ou par jaugeage, la quantité d'eau ainsi recueillie. Destiné avant tout à la mesure de la pluie, il peut être aménagé pour la mesure de la neige (pluviomètre chauffant) mais il est inefficace pour la grêle (les grêlimètres sont de simples plaques de polystyrène que marquent les impacts des grêlons). On distingue :
- le pluviomètre totalisateur (ou journalier) pour lequel la mesure de la quantité d'eau recueillie est réalisée par un opérateur, le cumul mesuré porte donc sur la période séparant deux lectures ;
- le pluviomètre enregistreur qui est doté d'un système automatique de jaugeage permettant de mémoriser de façon discrète ou continue l'évolution du cumul dans le temps, souvent improprement appelé pluviographe.
Éléments d'historique
Il est difficile de situer l'origine exacte du pluviomètre. Différents textes anciens mentionnent des mesures de pluie liées aux activités agricoles de différentes civilisations en Inde au IVème siècle avant J.C., ou bien en Palestine et en Chine au début de l'ère chrétienne (L'Hote, 1991). Le premier pluviomètre connu date de 1441 et a été trouvé en Corée. Il était en bronze.
Le premier pluviomètre "moderne" semble avoir été inventé en 1663 par l'Anglais Christopher Wren (1632-1723) qui l'avait intégré dans son "météographe". Cet appareil enregistrait plusieurs paramètres météorologiques, tels que la température de l'air, la direction du vent et donc, les précipitations. Le pluviomètre lui même était constitué d'un entonnoir récepteur et de trois compartiments qui récupéraient chaque heure à tour de rôle les précipitations. (education.meteofrance.fr).
En Europe des séries de mesures des cumuls mensuels de pluie ont été constituées dès le début du XVIIème siècle, en général dans des villes importantes. Elles sont été obtenues à l'aide de pluviomètres totalisateurs. A titre d'exemple la figure 1 présente une série de cumuls annuels mesurés à Paris.
Ces mesures illustrent, bien sûr, la forte variabilité interannuelle des précipitations sous notre climat (pour une hauteur moyenne sur ces 66 années de 455 mm, l'écart-type est de 100 mm), mais aussi la difficulté de réaliser ce type de mesures. Comparées à une série postérieure (1881-1950) dont la moyenne est de 604 mm, elles apparaissent comme fortement sous-estimées. Il n'est en effet pas possible d'attribuer cette différence de près de 25% à un changement de climat. L'instrument employé à l'époque (un "udomètre" qui est constitué d'un système à réceptacle rectangulaire relié à un réservoir), ainsi que son emplacement, sont sans doute responsables de cette différence. Il est à noter que les écrits de l'époque témoignent déjà d'une connaissance précise des sources d'erreur : déficit de captation, évaporation, etc.
Au début du XXème siècle, le besoin des aménageurs de caractériser les pluies fortes et brèves, notamment pour les applications urbaines, conduit à créer des instruments capables de mesurer des cumuls sur de courtes durées sans recours à un opérateur. Les pluviomètres enregistreurs graphiques (ou pluviographes) sont construits en recourant à une grande diversité de principes et de technologies, d'ailleurs souvent inventés depuis plusieurs siècles. L'eau captée par le réceptacle est soit pesée, soit jaugée. Les formes de pesons sont multiples. Les méthodes de jaugeage utilisent à l'origine des réservoirs à flotteur. A titre d'exemple de ce foisonnement instrumental citons le cas du pluviomètre Jardi, conçu à Barcelone dans les années 1920 pour répondre à un besoin d'hydrologie urbaine. Son principe très raffiné lui permet théoriquement de mesurer les intensités de pluie instantanées (voir figure 2).
Dans la pratique ce pluviomètre fut seulement construit à quelques exemplaires par la société Richard à Paris. Il fonctionne depuis 1927 à l'Observatoire Fabra à Barcelone, mais la complexité de son principe a nécessité des corrections permanentes qui rendent sa série de mesures assez peu fiable.
Avec le temps, une sélection sévère tend à privilégier les systèmes simples et fiables. Selon les pays et les climats cette sélection est orientée par la nature des pluies et par les conditions de température. Le Nord de l'Europe utilise beaucoup les réservoirs à siphon (apparus vers 1930) ou la pesée, les pays méditerranéens privilégient plutôt les systèmes à augets basculeurs (apparus vers 1950 avec les marques Queney et Richard). En France, l'appareil le plus utilisé, car choisi par Météo-France, va être le pluviomètre Précis Mécanique à augets basculeurs qui apparaît dès 1946.
Les années 1980 ont marqué pour ce type de mesure, comme pour beaucoup d'autres en géophysique, la fin de l'époque "horloge mécanique et encre". Les systèmes graphiques d'enregistrement sont remplacés par des systèmes numériques réglés par une horloge à quartz et dotés d'une large mémoire statique. La nécessité pour ces systèmes de lire un signal électrique a curieusement privilégié dans un premier temps la mesure par augets pour laquelle un simple contacteur à mercure (interdit depuis) résolvait facilement la question. Le terme pluviographe devient donc caduc mais demeure très utilisé.
Depuis la fin du du XXème siècle les pluviomètres à augets sont concurrencés par des pluviomètres à pesée, plus précis (en particulier pour les fortes intensités) et plus stables, mais également plus sensibles au vent.
En marge de ces pluviomètres classiques, que l'on peut caractériser par le fait qu'ils captent le flux de précipitations, d'autres types d'instruments non-captants ont été développés en liaison avec les problèmes de télécommunication. Différents principes optiques (atténuation, scintillement) ou acoustiques (mesure de l'énergie des impacts sur une membrane) ont été employés pour mesurer les tailles et/ou la vitesse des gouttes de pluie traversant un volume d’échantillonnage de quelques centaines de cm3. Voir Disdromètre (HU).
Principes de fonctionnement
Nous décrirons d'abord le dispositif captant, commun à tous les pluviomètres, et son utilisation dans le cadre des pluviomètres non enregistreurs, puis les deux types de pluviomètres les plus courants : pluviomètres à augets basculants et pluviomètres à pesée.
Dispositif captant et pluviomètre non enregistreur
Les pluviomètres non enregistreurs ont un mode de fonctionnement tout à fait rudimentaire et essentiellement lié à leur dispositif captant (voir figure 3).
Le flux de précipitation est capté par une bague réceptrice de diamètre donné (en France il est généralement de 22,6 cm ce qui donne une surface réceptrice de 400 cm2, ou de 35,7 cm pour une surface réceptrice de 1000 cm2. L'eau recueillie est déversée dans un réservoir par un entonnoir, ou cône de réception, éventuellement muni d'une grille pour arrêter les impuretés.
Pour mesurer la hauteur de précipitation, l'opérateur utilise une éprouvette graduée qui donne par lecture directe la hauteur du cumul de pluie à condition, bien sûr, que les graduations correspondent bien à la surface réceptrice.
Malgré son côté rudimentaire et sa facilité d'utilisation, cet appareil est soumis à différentes sources d'erreurs significatives. Les deux premières sont des erreurs humaines qui peuvent être évitées si l'opérateur est un peu expérimenté ou si on utilise un appareil enregistreur :
- emploi d'une éprouvette non adaptée ;
- erreur de lecture des graduations.
Les autres erreurs ou incertitudes sont inhérentes au principe de la captation du flux et touchent donc tous les types de pluviomètres (enregistreurs ou non) fonctionnant sur ce principe. Elles seront traitées aux § "Incertitudes de mesure".
Les pluviomètres enregistreurs
Ils ont tous un système de captation identique à celui du pluviomètre non-enregistreur avec parfois des surfaces réceptrices différentes (400 cm2, 1000 cm2 et 2000 cm2). Ils se distinguent en revanche par la méthode de mesure de l'eau captée. Nous décrirons les deux dispositifs les plus courants
Dispositifs à augets basculeurs
La mesure par augets basculeurs a été pendant longtemps la plus répandue en France. Le débit d'eau de pluie captée sert à remplir alternativement deux augets symétriques basculant sous le poids de l'eau qu'ils contiennent (voir figure 4) : il s'agit d'une mesure discrète.
La taille respective des augets et de la bague réceptrice détermine la sensibilité du système. Les augets les plus courants sont réglés pour basculer à 20 grammes. Les basculements se font alors pour 0.1, 0.2, et 0.5 mm de pluie tombée lorsque les bagues réceptrices ont respectivement 20, 10 et 4 dm2. Pour permettre une meilleure sensibilité avec de petites surfaces réceptrices, des systèmes à augets basculant à 2 grammes existent également.
L'avantage majeur de ce système simple et robuste est sa facilité de digitalisation en vue de l'enregistrement ou de la télétransmission de ses mesures. Il suffit de solidariser un contacteur aux augets (figure 5) pour obtenir un signal électrique simple à chaque basculement (n'importe quel dispositif de comptage électronique convient, la conversion analogique-numérique est inutile). Le dispositif d'enregistrement mémorise alors le nombre de basculements pendant une période de temps fixée ou bien l'heure de chaque basculement (ce qui est plus judicieux lorsque l'on s'intéresse aux petits pas de temps).
Le système peut subir des pannes mécaniques (grippage des augets et usure progressive du mécanisme) ou hydrauliques (bouchage du conduit d'alimentation, dépôt d'impuretés dans les augets qui en modifient le point de basculement). Un entretien associé à des vérifications régulières sur le terrain permet de limiter la fréquence et la durée de ces pannes (voir § 4.2).
Une précaution particulièrement utile consiste à collecter la totalité de l'eau de pluie captée en installant un réservoir en aval des augets, que l'on jauge par simple pesée à l'occasion de chaque visite de contrôle ; cette précaution permet de vérifier que le nombre total de basculements enregistrés correspond bien au cumul d'eau recueillie (voir figure 6).
Il faut enfin remarquer que la nature discrète de ce principe de mesure (on comptabilise des quanta de 0,1 mm, 0,2 mm, voire 0,5 mm) peut constituer une gêne au regard de certains objectifs :
- la détection des débuts et des fins d'averse est approximative car, au delà du temps nécessaire au mouillage du cône de réception, il faut attendre le remplissage du premier auget ou la vidange du dernier (qui peut se faire lors de la pluie suivante !) ;
- la description des faibles intensités est médiocre.
Dispositif à pesée
Le système alternatif au pluviomètre à augets qui se développe le plus, est le pluviomètre à pesée. Son principe est très simple et consiste à mesurer en continu le poids du réservoir de mesure, généralement à l'aide d'une jauge de contrainte. La variation instantanée de ce poids est directement proportionnelle à l'intensité de pluie. Le volume du réservoir étant limité, un dispositif de siphonnage automatique permet de le vidanger régulièrement.
L'avantage essentiel de ce système est la continuité de la mesure. Le débit entrant dans le réservoir est déterminé par simple différence entre deux mesures successives avec la résolution temporelle souhaitée par l'utilisateur, laquelle peut être très faible.
En dehors des pannes mécaniques ou hydrauliques (détérioration du système de pesée, bouchage ou gel du siphon de vidange) les principaux défauts de ce dispositif sont :
- la perte de mesure au moment de la vidange du réservoir (mais les réservoirs actuels sont suffisamment grands pour que cette difficulté ne soit pas réellement bloquante) ;
- la forme cylindrique du réservoir qui offre une prise au vent plus importante et augmente les turbulences.
Comparaison des deux dispositifs
La figure 7, extraite de GRAIE (2009) fournit une synthèse des avantages et inconvénients des différents dispositifs.
Problèmes pratiques
Les principaux problèmes pratiques posés par les pluviomètres en ville sont liés au choix de leur site d'implantation et à leur maintenance.
Le site d'implantation
Les critères d'implantation d'un pluviomètre font l'objet d'une note technique détaillée de classification des sites de mesure produite par Météo France (Leroy et Lèches, 2014). Ces recommandations portent principalement sur (voir figure 8) :
- la hauteur d'installation du pluviomètre : 1 mètre au-dessus du terrain naturel ;
- le choix du terrain : de préférence plat et enherbé ;
- l'absence d'obstacle à proximité du pluviomètre : une règle empirique est de ne pas situer un pluviomètre à moins de deux fois la hauteur des obstacles qui l'entourent.
De plus, comme pour tout instrument de mesure installé sur le terrain, un certain nombre de considérations pratiques guident également le choix d'un site : alimentation électrique, câblage téléphonique, accord du propriétaire, protection contre le vandalisme, etc.
En ville, satisfaire l'ensemble de ces contraintes est généralement impossible, ce qui conduit à choisir des sites quelques fois discutables comme les toits d'immeubles (figure 9). Il n'existe malheureusement pas d'analyse précise des erreurs de mesures commises dans ce genre de situation par rapport à une mesure réalisée à 1 m du sol. Il n'existe d'ailleurs pas non plus de données claire pour savoir, dans le contexte de l'hydrologie urbaine, quelle est l'implantation la plus représentative pour mesurer les pluies générant les ruissellements urbains.
Étalonnage et maintenance d’un poste pluviométrique
Étalonnage initial et vérification
Ce travail est particulièrement nécessaire pour les appareils à augets.
L’étalonnage initial d’un pluviomètre est généralement réalisé en atelier et comporte deux phases :
- L’étalonnage statique par tarage des augets, en général pour un poids de 20 g, soit 20 cL, mesurés à l’aide d’une pipette de laboratoire certifiée et raccordée aux étalons nationaux ;
- L’étalonnage en intensité en générant des débits constants grâce à un vase de Mariotte et d'ajutages choisis pour imposer différentes intensités (figure 10).
Une vérification régulière (au minimum tous les 3 mois) doit également être réalisée sur le terrain pour garantir la fiabilité des mesures de pluie. Elle consiste à verser lentement un volume d’eau mesuré grâce à une éprouvette étalon, dans l’impluvium du pluviomètre. L’éprouvette doit être certifiée de classe A, fabriquée selon la norme ISO 4788, et être ainsi raccordée aux étalons nationaux pour qualifier l’incertitude sur l’évaluation du volume d’eau servant à la vérification. A titre d’exemple, pour un impluvium de 1000 cm2 avec une discrétisation à 0,2 mm, le pluviomètre doit mesurer 50 basculements pour un volume de test de 1 litre. Dans les mêmes conditions, il doit mesurer 125 basculements de 0,2 mm pour un impluvium de 400 cm2 (figure 11).
Comme déjà évoqué, il est conseillé de récupérer l'eau évacuée du pluviomètre dans un récipient étanche et de vérifier que le volume ainsi récolté correspond bien au cumul de pluie mesurée (voir figure 6).
Autres opérations de maintenance et de contrôle
Des visites régulières sur site sont également nécessaires pour nettoyer l'appareil et vérifier les différentes parties mécaniques, électriques et électroniques du capteur ; en particulier des objets emportés par le vent, des araignées ou des fientes d'oiseaux peuvent perturber son fonctionnement, voir totalement le bloquer.
Enfin une vérification de bout en bout de la chaîne de mesure, c’est à dire du pluviomètre au logger et jusqu’au superviseur est aussi une étape importante. Par exemple, il peut arriver qu’un mauvais câblage ou une absence de blindage du câble rendent les informations enregistrées et transmises différentes de celles mesurées par le pluviomètre.
Il est important de ne pas oublier d’effacer les données simulées lors des vérifications sur le terrain afin de ne pas fausser les séries chronologiques pluviométriques.
La centralisation des données en temps réel par télétransmission ne remplace pas ce type de visite car la détection des pannes par analyse des mesures est très aléatoire. La fréquence de visite au site est un paramètre déterminant du coût de maintenance d'un pluviomètre.
Comme tout instrument de mesure le pluviomètre nécessite d’être suivi grâce à une fiche de vie dans laquelle sont consignées toutes les actions de maintenance, d’étalonnage et de vérification.
Évaluation et gestion des incertitudes de mesure
En plus des incertitudes déjà évoquées et propres à chaque technologie, d'autres sont inhérentes au principe de la captation ponctuelle du flux et touchent donc tous les types de pluviomètres.
Incertitudes liées à la pluie
Les observations des cellules orageuses mesurées par radar météorologique au km2 toutes les 5 minutes montrent que la pluie est un phénomène discontinu dans l’espace. Une simple mesure ponctuelle, sur une surface de quelques centaines de cm2 constitue donc un échantillon extrêmement réduit du phénomène étudié qui est distribué sur plusieurs dizaines ou centaines de km2. Utiliser un réseau de plusieurs pluviomètres améliore sensiblement cet échantillonnage, mais la densité des postes est rarement suffisante pour réellement réduire l'incertitude.
Incertitudes liées à l’environnement du pluviomètre
Comme indiqué plus haut, les incertitudes de mesure de la pluie sont aussi liées à l’environnement dans lequel sont implantés les pluviomètres : Le site doit être, d'après les recommandations de l'Organisation Météorologique Mondiale, une zone nivelée et bien découverte et la surface de captation doit se situer dans un plan horizontal à 1 mètre au-dessus du sol. Ces conditions sont très difficiles à respecter en milieu urbain où se pose la question du niveau de référence : est-ce au niveau des toitures sur lesquelles s’effectue une grande part du ruissellement, ou au niveau du sol ?
Incertitudes associées aux pertes dues au vent
En présence de vent, le pluviomètre constitue un obstacle à la circulation de l'air, générateur d'un sillage turbulent. Le flux de précipitation est donc perturbé au voisinage de la bague réceptrice. Les caractéristiques du sillage, et donc la perturbation apportée à la mesure, vont dépendre :
- de la vitesse du vent (voir figure 11),
- de la forme du pluviomètre et de sa taille : elles sont réduites par le profilage du cône (les appareils cylindriques sont plus sensibles au vent) ;
- des conditions locales de la circulation de l'air et donc du site où le pluviomètre est installé (hauteur de l'appareil, géométrie des environs, relief, végétation, constructions).
(Rodda, 1967) estime annuellement à 7% le déficit de captation d'un pluviomètre placé à 30,5 cm de hauteur (norme anglaise de 1 pied, la norme française est de 1 m) par rapport à un pluviomètre enterré dans un puits, de manière à ce que la surface de captation affleure le sol. (Lavabre, 1988) montre d'après une année d'observation avec 6 pluviomètres que la hauteur du pluviomètre (voir figure 5) et la forme de son carter conduisent à des écarts de mesure statistiquement significatifs. Une étude de la Royal Meteorological Society Canadienne (citée par Chocat et al., 1997 et Bertrand Krajewski et al., 2008) montre que le vent provoque un déficit de captation qui varie de 10 % environ pour une vitesse de 10 à 20 km/h jusqu’à 50 % pour une vitesse de 40 à 90 km/h. Le vent peut également entraîner une sous-estimation des précipitations en raison de l’évaporation qu’il provoque (Morineau, 1993).
Notons que peu d'expériences de ce type ont été publiées pour des pas de temps plus courts et sur d’autres sites (singulièrement en site urbain - implantation dans des rues ou sur des toits par exemple).
Par ailleurs, le vent est aussi susceptible de créer des vibrations du pluviomètre, lesquelles peuvent provoquer des basculements intempestifs dans le cas des appareils à augets et des contraintes supplémentaires sur les pluviomètres à pesée, conduisant à bruiter la mesure.
L’enregistrement concomitant de la vitesse du vent par anémomètre constitue un complément utile pour évaluer l’ordre de grandeur de l’incertitude sur la valeur de la pluie mesurée, ou tout au moins pour attribuer un indice de qualité aux données pluviométriques.
Incertitudes associées aux pertes dues à un défaut d'horizontalité de la surface de captation
La surface de captation doit être horizontale. Les erreurs commises sont cependant faibles (respectivement 0,4% - 1,5% et 6% pour des angles d'inclinaison de l'appareil de 5°, 10° et 20°) et cette erreur peut facilement être évitée.
Incertitudes associées aux pertes dues aux éclaboussures
Sous l'effet de leur vitesse, certaines gouttes d'eau rejaillissent en partie à l'extérieur de la bague réceptrice en atteignant le cône de réception et échappent ainsi en partie à la mesure. Le déficit de captation résultant de ce phénomène d'éclaboussement est fonction de la taille des gouttes qui dépend elle même de l'intensité de pluie. Il est sans doute généralement inférieur à 1%.
Incertitudes associées aux pertes dues au mouillage du cône de réception
En début de période pluvieuse, une fraction de la pluie reçue va servir à mouiller la surface du cône de réception sans rejoindre le réservoir de mesure. Le déficit résultant du mouillage est de l'ordre de 0,5%. D'autre part une fraction de l'eau reçue par le pluviomètre est également perdue par évaporation au niveau du cône de réception mais aussi au niveau du réservoir de mesure. Cette perte dépend des conditions de température et d'humidité. Elle est aussi de l'ordre de 0,5%.
Voir aussi :B.02 - Pluie : observations de précipitation ponctuelles au sol.
Bibliographie :
- Chocat, B. (coord.) et Association Eurydice (1997) : Encyclopédie de l’hydrologie urbaine et de l’assainissement ; éditions Tec et Doc ; Lavoisier ; Paris.
- Dettwiller, J. (1980) : Un météorologiste oublié ; La Météor., VI ; pp 99-111.
- GRAIE (2009) : Fiche Technique n°3 : Mesurage de la pluie par des pluviomètres ; disponible sur : http://www.graie.org/graie/graiedoc/reseaux/autosurv/FT3_pluviov3.pdf.
- Lavabre, J. (1988) : Métrologie des pluies : précision des mesures pluviographiques ; Journée de la Société Hydrotechnique de France, 24 mars 1988 ; Paris.
- Leroy, M., Lèches, G. (2014) : Note technique N° 35B ; Classification d’un site ; DSO ; Météo France. Disponible sur http://ccrom.meteo.fr/ccrom/IMG/pdf/NT035B_V_Nov_2014-3.pdf.
- L'Hote, Y. (1991) : Historique de la mesure des pluies ; In : Les données pluviométriques anciennes, Meteo-France/SETIM ; Paris ; pp 9-12.
- Rodda, J.C (1967) : The rainfall measurement problem ; Proceedings of the Geochemistry, Precipitation, Evaporation, Soil-moisture, Hydrometry, Bern, CH ; In : AIHS ; pp. 215-231.