Wikibardig:Gestion des digues : L'entretien des digues
Sommaire |
Justification de l’entretien de la digue
Quelle que soit sa forme juridique (Collectivité locale, Association Syndicale, personnes privées, etc…), l'organisme qui est le propriétaire (ou le gestionnaire) des digues est pleinement responsable, des dommages qui peuvent être occasionnés par l'ouvrage et en particulier, le cas échéant, par sa rupture. Les modalités d’entretien et de vérification de toute digue et de ses organes associés (vannes, ouvrages traversants, …) font partie des éléments à décrire dans les consignes écrites de surveillance et d’entretien de l’ouvrage.
Au-delà des considérations de responsabilité et de réglementation, l'objectif de maintenir les ouvrages en bon état justifie à lui seul l'entretien régulier. Il permet en effet de freiner le vieillissement et donc d'augmenter la longévité de l’ouvrage. Des petits travaux réguliers, par exemple sur la végétation ou vis-à-vis des animaux fouisseurs, peuvent éviter des interventions lourdes de réhabilitation. Enfin, le bon entretien des ouvrages (notamment, dégagement de la végétation, maintenance des voies de service) permet leur surveillance dans de bonnes conditions.
Principes généraux.
L'entretien des digues repose sur les axes suivants :
- la pratique régulière de la surveillance visuelle des ouvrages, de routine et postérieure aux crues ;
- le contrôle de la végétation sur la digue elle-même, et si nécessaire sur ses abords ;
- la lutte contre les dégâts des animaux fouisseurs ;
- l'entretien des parties d'ouvrage et parafouilles en maçonneries, gabions, éléments métalliques, etc. ;
- la formation et l’expérience des agents.
Ne sont pas traités dans cette page les actions à mener en cas de déformation anormale du remblai tels que les affaissements, fontis, glissements…. Ce sont des pathologies dont on recherchera au préalable les origines pour établir un projet de réhabilitation même s’il est très localisé. Il ne faut pas traiter les symptômes sans faire de diagnostic, c’est en particulier le cas de fontis consécutifs à un problème d’érosion interne.
Il est recommandé de disposer d’au moins une piste de service et, si elle n’existe pas, d’en aménager une. Cette piste a plusieurs fonctions :
- elle permet une circulation aisée, ce qui améliore l’efficacité de la surveillance ;
- elle facilite l’entretien des talus qui peut alors se faire par des moyens mécaniques et en diminue donc le coût ;
- elle permet, en cas d’indice de désordres pouvant conduire à une brèche, l’approvisionnement de matériaux (enrochements) pour faire un comblement de fortune et éviter la brèche ou limiter son agrandissement.
La chaussée de cette piste doit bien sûr être dimensionnée pour supporter le trafic qu’elle aura à subir, y compris donc un trafic de camions sur un corps de digue partiellement saturé.
La localisation idéale de cette piste est sur la crête de digue. Cependant, si le couronnement de la digue est trop étroit, la piste de service peut être localisée sur une risberme, voire en pied de talus côté val. Pour les digues neuves ou objet d’un confortement il est idéal de prévoir trois pistes de services en parallèles : une en crête et deux en pied.
La piste de service doit être régulièrement entretenue de façon à garantir sa viabilité. Cet entretien consiste essentiellement à combler les ornières, à maintenir un profil présentant un dévers vers l’extérieur pour faciliter l’évacuation des eaux de pluies et à éviter des points bas de concentration des eaux susceptibles de conduire à des zones d’érosion potentielle.
Pour faciliter le repérage de toutes les observations lors des visites de surveillance et de tous les travaux d’entretien et de réparation, il est souhaitable de disposer d’un repérage par des bornes implantées en bordure de la crête de digue.
La végétation
Objectifs et principes
Le contrôle régulier de la végétation répond à un triple objectif :
- maintenir des conditions de parfaite visibilité des talus et des pieds de digue (afin de faciliter les visites de surveillance visuelle et d'en garantir la qualité) ;
- éviter le développement de racines (d'arbres ou d'arbustes) dans les corps de digue qui, d'une part, aggrave le risque de renard hydraulique (par le biais des conduits créés par le dépérissement des racines) et, d'autre part, déforme ou démantèle (par action mécanique) les maçonneries de pierres éventuellement présentes en surface, telles que les revêtements perreyés ;
- éviter la présence des arbres qui, lors de leur chute par l’action de l’eau ou du vent, peuvent emporter une partie de la digue ;
- dissuader les animaux fouisseurs d'élire domicile dans la digue, en troublant leur quiétude par le passage régulier des engins et par la suppression des zones de couvert, donc d'abri potentiel.
Sur la crête, les talus de la digue ainsi que sur une bande d’au moins 5 m de part et d'autre des pieds de talus, le principe est double :
- le maintien d'un couvert herbacé le plus ras possible ;
- l'éradication de toute végétation ligneuse (sauf cas particulier de l'existence de gros arbres déjà installés où une étude spécifique est nécessaire).
Ces principes doivent être mis en œuvre dans le respect des contraintes foncières et environnementales locales qui peuvent constituer des situations compliquées relevant d’une approche spécifique.
Références :
Ministère de l’écologie, du développement durable et de l’énergie (MEDDE), 2015. Référentiel technique digues maritimes et fluviales, 190 p. Le téléchargement est disponible ici.
TOURMENT, R., BEULLAC, B., (coord.), 2019, Inondations : analyse de risque des systèmes de protection – Application aux études de dangers. Editions Lavoisier, 2019.
Pour revenir au menu « Visite guidée »
Pour plus d'information sur l'auteur : Irstea - UR RECOVER - Equipe G2DR
Note : d'autres personnes peuvent avoir contribué au contenu de cet article, [Consultez l'historique]. |