Wikigeotech:Consignes de compactage
La réalisation d'un ouvrage en terre repose sur une opération essentielle à sa stabilité : le compactage.
Cette opération contribue à réduire les vides présents dans le sol par l'application d'une énergie qui peut être statique, vibratoire, un mixte des deux, ou encore de pétrissage.
Les différents compacteurs présents sur le marché permettent ces trois types d'opération.
L’expérience française en matière de terrassement privilégie l'objectif de densification des sols qui se mesure par la masse volumique in situ. Ceci s'est traduit au cours du temps par la rédaction de documents techniques : La Recommandation des Terrassements Routiers, ou RTR de 1976, actualisé par le guide de réalisation des remblais et des couches de forme appelé GTR[1], de 1992 et réédité en 2000.
La réduction des vides présents dans le sol permet de réduire le risque de tassement dans le temps. Les consignes de compactage de la RTR puis du GTR[1] donnent donc des indications pour que le travail du compacteur soit optimisé dans cet objectif.
Sommaire |
L'objectif de compactage
Selon le type d'ouvrage en terre ou la partie de l'ouvrage en terre qui doit être réalisée, il convient de fixer un objectif de compactage dans les pièces techniques du marché de terrassement. L'atteinte de cet objectif devient contractuel et correspond à une donnée qui doit être mesurée pour pouvoir réceptionner l'ouvrage. Une des façon de vérifier que l'objectif est bien atteint est de réaliser des contrôles par mesures in situ (nucléo-densimètres, pénétromètres dynamiques...) ou par un contrôle du Q/S.
- un objectif q5 : cet objectif est en général fixé pour certaines zones d'enrobage des canalisations enterrées[2].
- un objectif q4 : cet objectif est en général celui que l'on fixe pour les remblais de petite et grande hauteur, les purges, les substitutions, les parties inférieures de remblai de tranchée[3]
- un objectif q3 : généralement demandé pour la réalisation des couches de forme, des remblais contigus aux ouvrages d'art, certaines bêches de pied de remblai, certaines base de remblai de très grande hauteur (>15m).

Tous ces objectifs sont définis en référence à une valeur cible qui est celle obtenue par l'essai Proctor Normal[4]. Cet essai réalisé en laboratoire sur la fraction 0/20 mm du sol (en général) détermine le couple de teneur en eau et masse volumique sèche optimum, tous deux obtenus pour l'énergie de compactage dite normale, soit wOPN (en %) et ρdOPN (en t/m3). L'objectif à obtenir est ensuite vérifié in situ par rapport à deux mesures :
- la mesure de masse volumique moyenne obtenue sur toute la hauteur de la couche compactée ;
- la mesure de masse volumique fond de couche, mesurée sur les 8 cm constitués par la base de la couche.
objectif q5
objectif q4
objectif q3
Les consignes de compactage du GTR[1]
Les consignes de compactage sont basées sur :
- la classification des sols à compacter et leur état hydrique (selon la norme NF P11-300[5]);
- le type de compacteur utilisé et sa classe;
- la vitesse moyenne du compacteur (en km/h);
- l'épaisseur "e" de la couche après compactage (en m) et donc indirectement le volume de matériau mis en œuvre ;
- le nombre de passes n ou d'application de charge N.
Ainsi, en respectant les consignes indiquées dans le GTR[1], on garantit que l'objectif recherché en terme de compactage (q4 ou q3) est atteint pour assurer la stabilité de l'ouvrage en terre ainsi compacté. Les consignes se présentent sous la forme de tableau où sont récapitulées les informations de la manière suivantes :
Modalités | consignes de compactage | Compacteur | commentaires |
---|---|---|---|
code 2 | Q/S | 0,060 | la valeur (en m) constante quel que soit le choix de l'épaisseur |
e | 0,35 | l'épaisseur maximale de la couche en fin de compactage (en m) | |
V | 5,0 | la vitesse maximale dans le cas des vibrants, ou vitesse moyenne pour les autres | |
N | 6 | le nombre minimal d'application de charge | |
Q/L | 300 | le débit théorique par unité de largeur |
Ceci se retrouve pour tous les cas de sol, roches, objectifs et compacteurs possibles, tel que présenté dans la figure ci-dessous :
|
L'ensemble de ces consignes figurent dans l'annexe 4 du fascicule II du GTR[1]. En fonction de la classe du sol (selon NF P11-300[5]), son état hydrique, et l'objectif visé, les consignes évoluent.
A noter que :
- les colonnes colorées où figure un "0" indiquent que le compacteur ne convient pas à obtenir l'objectif fixé. Cela signifie souvent que l'énergie de compactage du compacteur n'est pas suffisante ;
- le produit de la vitesse par l'épaisseur compactée est une constante : $ V x e = cst $ ;
- $ N = e / (Q/S) $ ;
- $ (Q/L) = 1000 x V x (Q/S) $ ;
Références
- ↑ 1,0, 1,1, 1,2, 1,3 et 1,4 Lcpc-Sétra (1992). Guide de réalisation des remblais et des couches de forme. Fascicule I et II.
- ↑ Sétra. 2007. Remblayage des tranchées et réfection des chaussées. Compléments au guide Sétra-LCPC de mai 1994. Note d'information Chaussées Dépendances 117.
- ↑ Sétra. 2012. Construire des remblais contigues aux ouvrages d'art. Murs de soutènement et culées de pont. Note d'information Ouvrages d'Art 34. 19 pages.
- ↑ Afnor. 1999. NF P94-093. Sols : reconnaissance et essais - Détermination des références de compactage d'un matériau - Essai Proctor normal. Essai Proctor modifié.
- ↑ 5,0 et 5,1 Afnor. 1992. NF P11-300. Classification des matériaux utilisables dans la construction des remblais et des couches de forme d'infrastructures routières.