Wikibardig:GEMAPI : L’ingénierie écologique
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Définition
L’ingénierie écologique est l’ensemble des connaissances scientifiques, des techniques et des pratiques qui prend en compte les mécanismes écologiques, appliqué à la gestion de ressources, à la conception et à la réalisation d’aménagements ou d’équipements, et qui est propre à assurer la protection de l’environnement (adapté du JORF du 18/08/2015).
Le projet de génie écologique a donc pour objet la préservation et la valorisation de la biodiversité par des actions adaptées (études, travaux, gestion…), dans la durée, sur des écosystèmes ciblés en prenant en compte leurs fonctionnalités, la diversité des habitats naturels, la question des écotypes et l’ensemble des interactions.
Il permet notamment l’entretien ou la reconstitution de milieux naturels, la restauration de milieux dégradés, l’optimisation de la gestion des ressources naturelles, et la réhabilitation de fonctions et services assurés par les écosystèmes.
Au-delà des interventions techniques, l’objet du génie écologique est la préservation du bien commun qu’est l’écosystème dans lequel nous vivons et de la biodiversité qui le constitue, ce qui donne à un projet de génie écologique une dimension sociale forte.
L’ingénierie écologique, en tant qu’ensemble d’actions menées par et/ou pour le vivant, offre un vaste catalogue d’outils techniques à disposition des Solutions fondées sur la Nature (SfN). Parmi ceux-ci, le génie végétal, associé au génie civil, met à disposition des pratiques et des ouvrages adaptés. Il reste primordial de définir des actions SfN à l’échelle du bassin versant en vue de concilier prévention des inondations et restauration de la biodiversité.
Des avantages écologiques
L’ingénierie écologique se définit comme la conception de systèmes durables, en adéquation avec les principes de l’écologie, dont le but est d’intégrer les sociétés humaines dans leur environnement naturel pour un bénéfice commun. L’ingénierie écologique bénéficie à la fois aux habitats naturels et aux populations par des actions de limitation des risques naturels, de préservation de la biodiversité et des sols, de restauration écologique des terres dégradées, de dépollution des sols et des cours d’eau et de gestion des terres naturelles. De tels projets présentent ainsi de réels avantages en termes écologiques, économiques et sociaux, et qui relèvent de différents services écosystémiques.
Du point de vue des ingénieurs, l’élaboration d’un chantier d’ingénierie écologique ou la conception d’un ouvrage de génie végétal fait appel à de nombreux domaines de compétences différents. Cela implique de rassembler différents types d’informations concernant les conditions climatiques et microclimatiques, les paramètres pédologiques et lithologiques, la géomorphologie, les conditions du sol, les données hydrologiques et hydrodynamiques, les conditions phytosociologiques et géotechniques, les programmes d’aménagements paysagers et urbains en cours, enfin les règlementations environnementales et d’urbanisme.
Les structures de génie écologiques peuvent s’insérer dans un projet en complément d’ouvrages de génie civil. Elles mettent en œuvre des compétences issues du génie végétal.
Ces actions s’avèrent souvent même moins coûteuses que des structures de génie civil en termes de construction et de gestion, et s’intègrent mieux dans le paysage. Il faut également prendre en considération les avantages induits par ces projets, qui dépassent leur simple rôle de protection et s’avèrent bien plus multifonctionnels que les projets de génie civil. Ces gains sont évidents pour ce qui est de la biodiversité.

Des problèmes à résoudre
Ces nouvelles actions mettant en œuvre les compétences de génie écologiques rencontrent des problèmes de reconnaissance et de réalisation :
- La disponibilité, la qualité et la traçabilité du matériel végétal adapté au chantier (plants, boutures et semences). Il est nécessaire de préparer les demandes correspondant aux besoins, suffisamment à l’avance, pour que les producteurs puissent s’adapter et fournir le matériel à partir de prélèvements (autorisés) dans le milieu naturel ;
- Manque de repères concernant le choix et le dimensionnement des ouvrages de génie végétal ; résistance et fonction des ouvrages, connaissance et choix des espèces à utiliser ;
- La perte de visibilité de l’ouvrage dans le temps (dissimulé par la nouvelle couverture végétale) est un frein au soutien des élus (perte de la trace des projets réalisés) ;
- L’intégration paysagère des ouvrages dans les grands projets d’aménagement est une contrainte supplémentaire ;
- L’entretien des ouvrages (cout, suivi réglementaire), risque de perte d’efficacité dans le temps (exemple : putréfaction des bois dans le temps) ;
- Certification des compétences ou de système de reconnaissance, absence de formations dédiées.
Rappel des liens accessibles sur cette page :
Références :
Observatoire national sur les effets du changement climatique (ONERC). 2019. Des solutions fondées sur la nature pour s’adapter au changement climatique. Rapport au Premier ministre et au Parlement. La Documentation française, 305 p.
Rey F., Breton V., Poulard C., Breil P., Mériaux P. 2018. Les Solutions fondées sur la nature pour accorder la prévention des inondations avec la gestion intégrée des milieux aquatiques. Sciences, eaux et territoires, n° spécial « GEMAPI : vers une gestion plus intégrée de l'eau et des territoires à l'échelle d'un bassin versant », pp. 36-41.
REY, Freddy ; CROSAZ, Yves ; CASSOTTI, François ; DE MATOS, Manuel , Génie végétal, génie biologique et génie écologique : concepts d’hier et d’aujourd’hui, Revue Science Eaux & Territoires, L'ingénierie écologique au service de l'aménagement du territoire, numéro 16, 2015, p. 4-9, 09/07/2015. Disponible en ligne sur <URL : https://revue-set.fr/article/view/6624, DOI : 10.14758/SET-REVUE.2015.16.02.
UICN France. 2018. Les solutions fondées sur la nature pour lutter contre les changements climatiques et réduire les risques naturels en France. Paris, France, 48 p.
UICN Comité français. 2019. Les Solutions fondées sur la Nature pour les risques liés à l’eau en France. Paris, France, 68 p.
UNEP-AGéBio. 2014. Règles professionnelles : travaux de génie végétal. 32 p.
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Pour plus d'information sur l'auteur : INRAE - UMR RECOVER - Equipe G2DR
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