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Wikibardig:Gestion des digues : La surveillance des digues en situation de crise

De Wikhydro

Sommaire


Cette page est largement issue de l’ouvrage ; « Surveillance, entretien et diagnostic des digues de protection contre les inondations » (Mériaux et al, 2004).

La gestion d’une crue, d’une tempête marine ou d’un événement particulier (séisme, accident nautique, …) implique de la part du gestionnaire d’un système de protection une réflexion préalable sur l’organisation et les moyens à mettre en place pour faire face à ces situations de crise, tant du point de vue de la surveillance des ouvrages que du circuit de transmission de l’information aux autorités compétentes et aux populations, des moyens à mettre en œuvre d’urgence en cas de désordres identifiés, et des dispositions post-événement à prévoir à court ou plus long terme.

Les dispositions spécifiques à la surveillance de l’ouvrage en période de crue, de cycle de grandes marées ou de marée de tempête, ainsi que celles à prendre en cas d’événement particulier, d’anomalie de comportement ou de fonctionnement de l’ouvrage, doivent être précisées dans les consignes écrites de l’ouvrage. Dans le cadre réglementaire en vigueur, ces consignes sont soumises à l’approbation du préfet pour toutes les digues.

Organisation spécifique en situations de crue ou de tempête marine

Importance de l’organisation préalable

Les situations de crise présentant un caractère imprévisible (séisme) ou prévisible uniquement à (très) court terme (crues, tempêtes), il convient de s’y préparer à froid en définissant, le plus précisément possible, l’organisation spécifique à mettre en place. Cette organisation spécifique doit permettre de gérer au mieux, au regard de la sûreté des ouvrages de protection et de la sécurité des personnes et des biens, des situations pouvant conduire à la surverse des ouvrages ou à l’apparition de désordres susceptibles d’entraîner leur rupture.

Les dispositions relatives à cette organisation doivent être synthétisées par le(s) gestionnaire(s), notamment dans la description de l’organisation mise en place pour assurer la surveillance des ouvrages de protection, ainsi que dans les consignes de surveillance en crue. Il n’existe pas de dispositions organisationnelles génériques en situation de crise : chaque disposition est propre à une situation locale, induisant par conséquent de la part du (des) gestionnaire(s) une implication forte dans la définition de ces dispositions. Bien entendu, les différents gestionnaires ont tout intérêt à harmoniser leurs actions en mutualisant leurs moyens, ou de préférence à tendre vers une gestion unique de l’ensemble du système de protection.

Cette organisation spécifique exige une parfaite coordination interne, ou entre les différents gestionnaires, ainsi qu’entre gestionnaire(s) et pouvoirs publics (préfectures, services de l’Etat, collectivités locales).

Le(s) gestionnaire(s) d’un système de protection doit (doivent) clarifier le rôle de chaque intervenant en situation de crise, et en particulier :

  • du ou des responsables en charge de la coordination des actions en situation de crise (autorité fonctionnelle du (des) gestionnaire(s), correspondant du représentant de l’Etat),
  • des équipes en charge de la surveillance des ouvrages (les équipes doivent être identifiées explicitement et, pour chaque équipe, le tronçon de digue à surveiller),
  • en cas de désordres constatés lors de la surveillance, des équipes d’interventions d’urgence (entreprises de travaux publics, services techniques des collectivités territoriales, …).


La surveillance des ouvrages nécessite des moyens humains et matériels conséquents qui peuvent dépasser les moyens propres du gestionnaire. En situation de crise, certains gestionnaires s’appuient sur le personnel des communes protégées par le système de protection. A ce sujet, l’article L2212-2 du Code Général des Collectivités Territoriales attribue au Maire le soin de « prévenir, par des précautions convenables, et de faire cesser, par la distribution des secours nécessaires…. Les inondations, les ruptures de digues… ». L’organisation mise en place doit toutefois intégrer l’absolue nécessité d’assurer la sécurité des intervenants qu’ils relèvent du gestionnaire, d’entreprise de Travaux Publics ou de tiers.

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Digues de Camargue lors des crues du Rhône de l'hiver 1993-1994-(source: Service Navigation Rhône-Saône)

L’efficacité d’une organisation réside dans les échanges fréquents et réguliers d’informations entre les responsables, en charge de la gestion d’une situation de crise, et les équipes de terrain, en charge de la surveillance en crue. Les modalités de ces échanges doivent être réfléchies et testées « à froid », hors situations de crise.

L’organisation spécifique en situation de crise doit également préciser les dispositions relatives à la transmission d’informations vers les autorités compétentes, en particulier la cellule de crise organisée par le représentant de l’Etat et les communes pour l’alerte et l’évacuation éventuelle des populations ; le Service de Prévision des Crues (SPC) sera informé pour intégration des informations dans ses prévisions.

Afin de faciliter la compréhension de l’organisation mise en place, il est préconisé d’établir un schéma organisationnel de surveillance et d’intervention en situation de crise.

Gestion des organes hydrauliques annexes

Les interventions sur les organes hydrauliques annexes (batardeaux, vannes, …) doivent être soigneusement préparées. Cela commence par l’établissement d’une liste exhaustive de ces ouvrages et du (des) gestionnaire(s) associé(s). Cette liste doit également préciser les caractéristiques de ces ouvrages, leur localisation sur une carte, les lieux de stockage des batardeaux, ... Des exercices périodiques de mise en place ou de manœuvre de ces organes sont à programmer régulièrement hors situation de crise et une vérification spécifique est à prévoir dès le premier niveau d’état de vigilance. L’accessibilité à ces organes hydrauliques quelles que soient les conditions météorologiques doit être vérifiée. Enfin, l’entretien régulier de ces organes est une des conditions de leur efficacité lorsqu’on en aura besoin.

La gestion des organes hydrauliques annexes peut ne pas être de la compétence du gestionnaire des digues. Dans ce cas, il est souhaitable que ce dernier définisse dans une convention avec chaque responsable des organes concernés les missions et les tâches de chaque organisme. Il importe que le gestionnaire des digues contrôle que ces actions sont effectivement réalisées et prévoie de se substituer si nécessaire à l’organisme défaillant dans les situations de crise.

Organisation de l’alerte et de mise en sécurité des personnes

En cas de risque avéré de surverse ou de rupture de digue, l’alerte et la mise en sécurité des populations est, en premier lieu, du ressort des communes. L’efficacité de la mise en œuvre de ces dispositions suppose une parfaite coordination entre le(s) gestionnaire(s) d’un système de protection, et les communes concernées par ce système. Ces dispositions sont notamment décrites dans le Plan Communal de Sauvegarde (PCS). La mise en place d’un PCS est obligatoire dans les communes dotées soit d’un plan de prévention des risques naturels (PPR), soit d’un plan particulier d'intervention (PPI). Pour les autres communes, la mise en place d’un PCS est recommandée. Le PCS détermine, en fonction des risques connus, les mesures immédiates de sauvegarde et de protection des personnes, fixe l’organisation nécessaire à la diffusion de l’alerte et des consignes de sécurité, recense les moyens disponibles et définit la mise en œuvre des mesures d’accompagnement et de soutien de la population. Les dispositions spécifiques en cas de crue, notamment les systèmes d’alerte (par exemple, systèmes d’alerte téléphonique automatique de la population), doivent être établis en concertation entre gestionnaire(s) et communes, et l’autorité préfectorale. Il est par ailleurs nécessaire d’établir le lien entre le(s) PCS et les consignes de surveillance des digues. La consigne doit définir les informations à transmettre aux services identifiés dans le PCS en fonction de différents niveaux de crue atteints ou prévisibles. Dans les cas où plusieurs communes sont concernées ou d’un évènement d’une ampleur exceptionnelle, le préfet prend en charge la sécurité des personnes (plan ORSEC, volet inondation).

Formations et exercices de simulation

Afin de se préparer « à froid » à la gestion de situations de crise, une formation des intervenants (initiale et continue), ainsi que des exercices de simulation de crise, peuvent être mis en œuvre, éventuellement en associant les services en charge de la mise en œuvre du PCS.

La formation des intervenants doit porter sur les problématiques spécifiques à chaque système de protection (en terme de sollicitations, de gestion d’organes hydrauliques annexes, …). Au cours de cette formation doit être présentée explicitement l’organisation du (des) gestionnaire(s) en situations de crise. Une présentation des désordres engendrés par les différentes sollicitations (crues, tempêtes, séismes) doit être effectuée auprès des équipes de terrain en charge de la surveillance en crue (intervenants du ou des gestionnaires, personnels des communes concernées...).

Afin de tester l’organisation spécifique mise en place pour la gestion des situations de crise, il est préconisé d’organiser régulièrement des exercices de simulation de crise. Ces exercices répondent à plusieurs objectifs :

  • mise en œuvre opérationnelle de l’organisation spécifique, afin de tester son efficacité en situation de crise,
  • perfectionnement des pratiques individuelles et collectives de gestion et de communication de crise des différents intervenants,
  • en liaison avec les communes concernées, mise en œuvre opérationnelle des dispositions relatives aux populations protégées prévues dans les Plans Communaux de Sauvegarde (PCS).

Ces exercices doivent permettre de tester l’organisation mise en place pour différents états de vigilances. Afin d’être efficaces, ces exercices doivent mobiliser un maximum d’intervenants impliqués dans la gestion de situations de crises. La fréquence des exercices de simulation est à fixer par le(s) gestionnaire(s). Cette fréquence doit être adaptée au degré de complexité du système de protection, au nombre d’intervenants en situations de crise… Après exécution de l’exercice, une analyse critique de son déroulement doit être effectuée, et une synthèse des enseignements tirés de cet exercice doit être établie.

Etats de vigilance et surveillance en situations de crise

Un système de protection est soumis à différentes sollicitations (crues, tempêtes, séismes), pouvant conduire à l’apparition de désordres. Pour le cas des crues, la probabilité de désordres s’amplifie avec l’augmentation du débit et la durée de la crue. Cette probabilité demeure à la décrue, et jusqu’au ressuyage complet du corps des digues.

Tout désordre non détecté dès le début et traité immédiatement peut s’aggraver rapidement et entraîner la rupture de l’ouvrage. Sauf si la rapidité de l’événement ne permet pas une intervention efficace et, sous réserve de la préservation de la sécurité des surveillants, il est donc essentiel de mettre en place une surveillance linéaire et continue des ouvrages de protection contre les inondations, afin d’observer le comportement de l’ouvrage, de prévenir et de limiter les dégradations éventuelles et d’intervenir en cas d’urgence. Différents niveaux de vigilance doivent être définis, de façon à intervenir de façon graduée selon l’ampleur des sollicitations.

Informations générales en situations de crise, prévision et suivi de l’évolution d’une crue

Les moyens dont dispose(nt) le(s) gestionnaire(s) pour anticiper l’arrivée et le déroulement des crues ou d’événements particuliers prévisibles doivent être décrits dans les consignes écrites.

En ce qui concerne les digues fluviales, le(s) gestionnaire(s) peut (peuvent) s’appuyer sur les informations fournies par les Services de Prévision des Crues (SPC), en charge de l’organisation de la surveillance, de la prévision et de la transmission de l’information sur les crues, pour les cours d’eau surveillés. Les SPC mettent à disposition des autorités publiques et du public des cartes de vigilance et des bulletins d’information associés, établis à raison de deux publications par jour, ou à un rythme plus élevé pouvant atteindre la fréquence horaire en cas d’aggravation. Dès la mise en vigilance jaune, les bulletins contiennent un commentaire général sur la situation hydrométéorologique et l’évolution prévue, une description des conséquences possibles et des conseils de comportement, ainsi qu’une description détaillée de la situation par tronçon en vigilance, une qualification de l’évènement et de son évolution, ainsi que, le cas échéant, des prévisions.

Toutefois, tous les cours d'eau ne sont pas inclus dans le dispositif de la vigilance "crues". Pour les cours d’eau inclus dans ce dispositif, les consignes de surveillance doivent indiquer les moyens de transmission de l’information, du service de prévisions des crues aux services gestionnaires des digues. Des indications sur les temps d’arrivée des crues sont aussi très précieuses. Si le cours d’eau ne dispose pas d’un service de prévision des crues pour les digues fluviales, il convient d’identifier la chaîne minimum d’information, depuis les communiqués de Météo-France, les postes limnigraphiques, jusqu’aux gestionnaires d’ouvrages.

D’autres informations peuvent également être utiles en situations de crises :

  • observations et prévisions météorologiques : Météo France dispose d’un réseau d’observations pluviométriques, produit de l’imagerie satellite et diverses observations météorologiques (températures, vents, impacts de foudre, …), établit deux fois par jour des bulletins de précipitation (BP), précisant les hauteurs d’eau moyennes ponctuelles, observées et prévues à 24h et 48h par secteur géographique ;
  • informations fournies par d’autres gestionnaires (des barrages situés sur le cours d’eau, CRICR pour l’information sur l’état des routes) ;
  • service « Avertissements Précipitations Intenses à l’échelle Communale » (APIC) mis en place depuis fin 2011, à destination des maires, par Météo-France et le Ministère en charge de l’Ecologie, dans le cadre de l’application du Plan de lutte contre les Submersions Rapides : si nécessaire, se renseigner en Préfecture.

Etats de vigilance

Les dispositions spécifiques à la surveillance de l’ouvrage en situations de crise doivent indiquer les différents états de vigilance et de mobilisation du ou des gestionnaires pour la surveillance des ouvrages de protection, les conditions de passage d’un état à l’autre et les règles particulières de surveillance de l’ouvrage par le propriétaire ou l’exploitant pendant chacun de ces états.

Ces états de vigilance sont définis par le(s) gestionnaire(s), qui peut (peuvent) notamment s’appuyer sur une étude de dangers. Les modalités de définitions de ces états de vigilance sont propres à chaque situation locale. La définition des états de vigilance peut notamment faire appel :

  • aux débits mesurés au droit d’une station hydrométrique,
  • au niveau d’eau relevé localement sur une échelle limnimétrique,

Le gestionnaire doit définir le niveau de l’événement au-delà duquel, il n’est plus en mesure d’assurer la surveillance linéaire et continue de ses ouvrages, sans mettre en danger les agents chargés de la surveillance. La surveillance peut, si possible, continuer depuis des lieux de repli sécurisés.

Surveillance visuelle en crue ou lors d’une tempête

Le guide « Surveillance, entretien et diagnostic des digues de protection contre les inondations », édité par Cemagref-Editions [Mériaux et al, 2004] développe les actions à entreprendre en situation de crue pour les digues fluviales. Le présent chapitre s’en inspire grandement.

Justification, principe et spécificités de la méthode (digues fluviales)

Les visites de surveillance en crue ou lors d’une tempête diffèrent des visites de routine, effectuées « à sec ». L'objectif général de ces visites de surveillance est de répertorier, repérer et évaluer les désordres ou présomptions de désordre liés plus ou moins directement à l'état "en charge" de la digue, révélant les zones de faiblesse de l'ouvrage (en complément de celles décelées lors des visites de surveillance à sec) et/ou susceptibles d'en annoncer la rupture prochaine. Ces désordres peuvent résulter des contraintes hydrauliques ou mécaniques externes subies par la digue (charge hydraulique, surverse, courant de rive, vagues, ressauts et turbulences) ou des mécanismes internes déclenchés par la mise en eau (circulations d'eau à travers ou sous le corps de digue, état de saturation, courants hydrauliques, pressions interstitielles).

Surveillance crise Photo 2.jpg
Visite en crue © Raphael Le Boursicaud / Irstea

Le principe de la méthode consiste à parcourir un linéaire de digue en charge, au cours d'une crue du cours d'eau. Le niveau de surveillance est à adapter à l’état de vigilance. Une des difficultés réside dans le fait que le constat de l'un ou l'autre des indices de désordre en crue peut précéder de très peu une rupture plus ou moins soudaine de l'ouvrage.

Outre la nature des indices de désordre à plus particulièrement observer, la surveillance visuelle en crue se distingue de la surveillance à sec par plusieurs aspects importants :

  • elle se pratique sous deux formes, d'ailleurs non exclusives l'une de l'autre :
    • examen linéaire d'un plus ou moins large secteur prédéfini dans le but d'y vérifier le fonctionnement critique de la digue et de parfaire la connaissance de l'ouvrage et de ses défauts d'étanchéité ; sur ces linéaires, il convient d’identifier les secteurs ou les points de digue qui feront l’objet d’un examen visuel prioritaire et ce, en fonction de la connaissance que le gestionnaire a de l’état des digues (grâce au diagnostic initial, aux visites techniques approfondies et aux visites de surveillance en période normale) et des enjeux qu’elles protègent ;
    • examen ponctuel d'une zone restreinte et circonscrite de digue où ont été signalés par des témoins - ou sur laquelle on redoute a priori (ex : ouvrage singulier) - des désordres (fuites, surverse, ...) et leurs conséquences.
  • le moment (et la saison) de la visite est imposé par les événements et le délai de préparation est plus ou moins court. En conséquence, si les talus et/ou les abords de la digue sont mal entretenus (végétation), on ne disposera guère de temps pour faire effectuer un débroussaillage préalable (d'où l'intérêt d'assurer un entretien régulier des ouvrages afin de maintenir en toutes circonstances des conditions de visibilité optimales) ;
  • les observations effectuées au titre de la visite en crue peuvent entrer dans un processus de gestion de crise et conditionner des procédures de mise en sécurité de la population exposée ou la mise en œuvre de travaux conservatoires avec des moyens manuels ou mécaniques (ex : obstruction de passage busé, confortements divers, colmatage de brèche). Il est donc nécessaire de couvrir un maximum de linéaire de digue en un minimum de temps, en s'attachant aux points essentiels de la visite, et de disposer, en outre, de moyens de communication rapides ;
  • les évolutions à suivre peuvent être rapides et les informations recueillies doivent être rattachées à une échelle de temps fine (de l'ordre de la minute ou à tout le moins du quart d’heure) ;
  • les opérateurs de terrain sont potentiellement exposés à des risques corporels et des mesures doivent être prises pour assurer leur sécurité.

Tous ces éléments imposent de définir, hors période de crise, les modalités pratiques de mise en œuvre de la surveillance en crue et, si possible, de les tester par des exercices de simulation.

Organisation de la surveillance et moyens de mise en œuvre

L’équipe de terrain est formée de deux agents. En effet, l’intervention en binôme s’avère souhaitable, voire indispensable, pour la sécurité des opérations. Il est recommandé que l’un des agents soit également le gestionnaire courant (responsable des inspections de routine et du contrôle des travaux d’entretien) du secteur de digue concerné.

La longueur du tronçon affecté à une équipe dépendra de trois facteurs :

  • niveau de sécurité du tronçon déterminé par les études de diagnostic réalisées « à sec ». Un tronçon présentant des désordres ou des faiblesses préalablement identifiés devra faire l’objet d’une surveillance plus soutenue ;
  • conditions de l’observation : moyens de circulation sur la digue, état de la végétation ;
  • degré de vulnérabilité des zones protégées par les digues, compte-tenu du risque hydraulique et de l’importance des enjeux (habitat, infrastructures, services publics, cultures à haute valeur ajoutée, …).

On peut considérer en première approche que la longueur d’un tronçon affecté à une équipe donnée devrait se situer entre une dizaine et une vingtaine de kilomètres (ordre de grandeur proposé pour les levées de Loire).

Pour chaque tronçon doit être préparée une fiche récapitulative sur le déroulement des opérations. De façon non-exhaustive, chaque fiche précise :

  • la dénomination et le repérage PK du tronçon à surveiller,
  • une carte du tronçon, avec report des différents accès,
  • des consignes vis-à-vis de l’examen des ouvrages annexes,
  • la mention et les coordonnées PK des points à contrôler en priorité pour une inspection linéaire,
  • un aide-mémoire général sur les désordres à observer,
  • la fréquence de l’opération si on estime qu’elle doit être renouvelée plusieurs fois au cours de la tournée.

La fiche récapitulative mentionnera également les documents et les matériels à emporter par l’équipe de surveillance (en s’assurant que le(s) gestionnaire(s) en dispose(nt) d’un nombre d’exemplaires suffisant). Les moyens techniques mis à disposition des équipes de surveillance sont ceux utilisés en période normale, auxquels viennent s’ajouter, de façon non-exhaustive :

  • des moyens de communications : poste radio analogique, téléphone mobile (l’utilisation de téléphones mobiles n’est pas forcément appropriée dans des situations de crise où les réseaux risquent d’être saturés, par ailleurs, une identification préalable des zones non couvertes par des moyens de communication est souhaitable),
  • un véhicule, afin de parcourir un maximum de linéaire de digue en un minimum de temps (la circulation d’un véhicule sur les digues est toutefois conditionnée par les conditions hydrométéorologiques et de sécurité),
  • des gilets de sauvetage,
  • des lampes de poche et des piles de rechange, pour les visites effectuées en période nocturne.

Les consignes de surveillance sont élaborées dans un souci de sécurité des intervenants notamment en situation de crue et d’efficacité des communications et prises de décision. Ces consignes sont mises à jour régulièrement, en particulier pour prendre en compte les évolutions des conditions d’accès aux ouvrages (voirie, nouvelles constructions…).

Les points à observer et informations à répertorier

Les points à observer sont indiqués pour les digues fluviales en remblai dans le tableau ci-dessus, selon les mécanismes de rupture redoutés et pour les trois différentes parties d'ouvrage à examiner.

Si la digue est équipée de dispositifs d'auscultation à lecture simple, piézomètres notamment, il convient, si possible, de procéder au relevé des mesures, tout au moins pour les instruments qui sont accessibles sans danger.

Pour le repérage des informations, l’utilisation d’un récepteur GPS portable est particulièrement intéressante, car rapide (y compris en conditions nocturnes), si toutefois une couverture forestière dense n’empêche pas la réception du signal GPS.

Enfin, la prise de vue photographique des désordres les plus importants est intéressante si elle peut être effectuée avec un appareil numérique dans le but de disposer de clichés immédiatement exploitables.

Modalités de report et de restitution des informations

Il semble difficile d'imposer une saisie en fiche directement sur le terrain, tout au moins lors de l'intervention en état de vigilance forte. Dans un souci de rapidité, il convient de saisir les informations dans un carnet de notes sous la forme la plus simple, avec au minimum pour chaque observation : une référence PK (ou un « waypoint » GPS), un élément de repérage transversal même sommaire (ex : bas - milieu - haut du talus côté Val), une description succincte assortie d'un croquis éventuel, la référence des photos prises et la mention de l'heure (en plus de la date du jour). On recommande l’utilisation d’un dictaphone qui permet d’enregistrer rapidement toutes les données listées ci-dessus.

Dans tous les cas, une fois la situation de crise passée, les notes de terrain et/ou les enregistrements, issus de la surveillance en crue, devront être exploités par le service gestionnaire afin de compléter la connaissance de la digue : il est recommandé, à ce titre, de conduire une visite de surveillance post-événement) destinée à valider les observations en crue (vérification/amélioration du repérage) et à apprécier les dernières évolutions des désordres.

Sécurité des intervenants et interruption de la surveillance

La sécurité des intervenants devra être une préoccupation constante dans l’élaboration des consignes écrites. Des équipements particuliers de sécurité et de communication sont à prévoir, notamment gilets de sauvetage et talkies-walkies (l’utilisation de téléphone mobiles n’est pas forcément appropriée dans des situations de crise où les réseaux risquent d’être saturés).

Si une équipe de surveillance est confrontée à une situation de mise en danger, il convient alors d’interrompre la surveillance . Il conviendra dans ce cas d’avertir le responsable en charge de la coordination des actions en situation de crise.


Références :

MERIAUX P., ROYET R. et FOLTON C. (2004). Surveillance, entretien et diagnostic des digues de protection contre les inondations, Cemagref éditions, 134 p. + annexes.

Ministère de l’écologie, du développement durable et de l’énergie (MEDDE), 2015. Référentiel technique digues maritimes et fluviales, 190 p. Le téléchargement est disponible ici.



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