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Approche hydrogéomorphologique et Modélisation hydraulique en Corse

De Wikhydro


Sommaire

Introduction

Localisation du secteur d'étude

La Direction Départementale des Territoires et de la Mer de Corse du Sud, Service Eau Environnement Forêt, Unité Risques (DDTM 2A / SEEF / UR) a confié au Centre d'Études Techniques de l'Équipement (CETE) Méditerranée une étude visant à qualifier l'aléa « inondation » sur un secteur à enjeux sur les communes de Sarrola-Carcopino, Afa et Ajaccio. Dans un premier, une approche hydrogéomorphologique a permis de définir l'enveloppe de la zone inondable du Cavallu Mortu et de son affluent. Puis une modélisation hydraulique des écoulements a été réalisée en utilisant des données topographiques fournies par un géomètre expert. Les résultats obtenus montrent les secteurs inondables qualifiés avec des hauteurs et de vitesses d'écoulement conduisant à l'aléa. L’approche hydrogéomorphologique permet d’apprécier qualitativement une zone inondable susceptible de se produire dans le cas d'un événement exceptionnel.

L’approche hydrogéomorphologique

La qualification de l'aléa « hydraulique » sur le secteur d'étude a été obtenue en utilisant, dans un premier temps, l'atlas des zones inondables par approche hydrogéomorphologique réalisé par Carex Environnement en 2003. Deux autres études ont été utilisées :

  • 2006, SOGREAH, Évaluation du risque pluvial sur la commune d'Ajaccio – Étude hydraulique sur les bassins versants d'Arbitrone, San Remedio et La Madonuccia – Rapport R1, version 8, Février 2006.
  • 2010, SOGREAH, Ville d'Ajaccio – Etude hydraulique – Aménagement d'une zone commerciale, Quartier de Mezzavia. Dossier d'autorisation au titre du code de l'environnement (articles L214-1 à L214-9) – Rapport technique - Novembre 2010.

L'Atlas des Zones Inondables (AZI) réalisé par Carex Environnement en 2003 définit les zones inondables des cours d'eau à l'échelle du 1/25.000 sur un fond de plan de l'Institut Géographique National (IGN) appelé Scan25. Notre complément d'étude a permis de définir les zones inondables à une échelle plus grande. Le fond de plan utilisé est l'ortho-photographie de l'IGN à une échelle du 1/5.000. Il faut noter que les corrections apportées à l'AZI de Carex ne correspondent qu'au secteur concerné par la présente étude.

Principes et Méthodes

Plaine alluviale.jpg

L’ouvrage « Cartographie des zones inondables. Approche hydrogéomorphologique.1996 - Editions Villes et Territoires - METT- MATE » présente les principes de la cartographie hydrogéomorphologique. Cette méthode est une première phase d’analyse des milieux naturels et anthropisés des vallées. Elle se base sur une approche naturaliste qui permet de mettre en évidence les différents lits des cours d’eau. Elle permet de définir les zones inondables par les crues rares à exceptionnelles. Cette méthode s’appuie sur la photo-interprétation et sur une étude de terrain qui permettent de mettre en évidence les différentes unités géomorphologiques. On distingue alors celles qui appartiennent à la partie active du cours d’eau (zone inondable) et celles qui sont hors de la zone active et donc hors zone inondable (les terrasses, le substratum…) formant l’encaissant. Ces unités sont séparées par des discontinuités matérialisées par des talus plus ou moins bien marqués qui permettent de les délimiter dans l’espace. L'illustration propose une visualisation de la disposition spatiale des différents lits d’un cours d’eau dans la plaine alluviale.

Résultat cartographique

Le CETE Méditerranée a cartographié une partie du Cavallu Mortu et de son affluent en rive droite. Carte hydrogéomorphologique

L’approche hydrologique

Méthodologie

Il n'y a pas de stations hydrométriques sur le bassin versant du Cavallu Mortu. Pour estimer les débits instantanés de période de retour centennale du Cavallu Mortu et de son affluent en rive droite, nous avons utilisé et comparé différentes méthodes/données :

  • données SHYREG débit fournies par la DREAL Corse,
  • études antérieures : l'« étude du risque inondation de la rivière Gravone » (SOGREAH, avril 1996) comporte une analyse hydrologique du bassin versant de la Gravone, et de celui du Cavallu Mortu en particulier,
  • estimation du débit décennal par la méthode Crupédix, la méthode rationnelle, et la formule de transition du Guide Technique de l'Assainissement Routier (SETRA, 2006), couplées à une estimation du rapport Q100/Q10 (de l'ordre de 2,5-3).

Conclusion

Débits utilisés dans le modèle : hypothèse basse
Débits utilisés dans le modèle : hypothèse haute

La détermination du débit centennal sur un site non jaugé reste très imprécise, en particulier lorsque l'on ne dispose pas non plus de stations hydrométriques proches du secteur étudié, sur des bassins présentant une forte similitude avec le bassin étudié. Pour la suite de l'étude, nous proposons d'utiliser pour le bassin du Cavallu Mortu un débit Qi100 compris entre 78 m3/s et 118 m3/s, valeurs qui nous paraissent raisonnables au vu des calculs effectués précédemment et des études antérieures, et sur lesquelles nous nous baserons pour évaluer les conséquences d'une crue centennale en terme d'aléa hydraulique.

Pour l'affluent du Cavallu Mortu, si l'on applique le rapport Q100/Q10=2,5 au Qi10 obtenu avec la méthode rationnelle, nous obtenons un débit centennal de 27,5 m3/s. Cette valeur est extrêmement élevée, elle correspond à un débit pseudo-spécifique Qps=10,1 m3/s/km1,6, et elle implique que l'affluent contribuerait à hauteur de ¼, voire 1/3, au débit final du Cavallu Mortu. Le bassin de l'affluent se situant à l'aval du bassin du Cavallu Mortu, la pluviométrie que nous avons utilisée dans le calcul de la méthode rationnelle est probablement trop élevée. Par ailleurs, en appliquant la règle du transfert pseudo-spécifique (qps=Q/S0,8) entre le bassin du Cavallu Mortu et celui de son affluent, on obtient un débit centennal compris entre 13 m3/s et 19,5 m3/s. Au final, nous proposons d'utiliser pour le bassin versant de l'affluent un débit Qi100 compris entre 10 m3/s et 20 m3/s.


Le modèle hydraulique sera testé avec 2 scénarios, correspondant à une hypothèse basse et une hypothèse haute.

La modélisation hydraulique

Principes et Méthodes

Nous avons effectué une visite de terrain le 3 décembre 2010 pour appréhender les paramètres nécessaires à la modélisation hydraulique. Elle nous a permis de prendre connaissance de la topographie du secteur d'étude dans le but, d'une part, de déterminer les travaux topographiques nécessaires à la réalisation du modèle, et d'autre part, d'apprécier les conditions d'écoulement en crue du Cavallu Mortu et de son affluent en rive droite. Comme une étude hydraulique demande des travaux topographiques, ils ont été confiés au bureau d'études AGEX (Ajaccio). Sur le Cavallu Mortu, 13 profils en travers et 3 ouvrages ont été levés. Sur l'affluent de Mezzavia, 5 profils en travers et 3 ouvrages ont été levés.

Réseau modélisé et objectifs

Profil en long du Cavallu Mortu
Profil en long de l'affluent du Cavallu Mortu

Le réseau hydraulique modélisé est constitué d'un tronçon du Cavallu Mortu, de l'aval du point de confluence avec le ruisseau de Verdana à l'ouvrage de franchissement de la route au niveau du hameau « Bruno » (linéaire de 791 m) et un tronçon de l'un des affluents en rive droite du Cavallu Mortu, sur un linéaire de 520 m à l'amont de la confluence. Le secteur d'étude est caractérisé par une forte pente. Ainsi, la pente moyenne du lit du Cavallu Mortu à l'aval de l'ouvrage de franchissement du cours d'eau par la RN194 atteint 2,4%. La pente du lit de l'affluent du Cavallu Mortu est encore plus importante, de 2,6% en moyenne sur le tronçon étudié.

La réalisation du modèle hydraulique a pour objectif de préciser, sur le secteur d'étude, l'aléa hydraulique résultant d'une crue d'ordre centennal.

La réalisation du modèle a été précédée d'une visite de terrain qui a permis :

  • d'apprécier les conditions d'écoulement en crue des cours d'eau, ce qui conditionne les hypothèses simplificatrices utilisées pour la construction du modèle. Ainsi lors de la visite nous avons constaté l'absence de digues ou remblais tout le long des cours d'eau étudiés, l'absence apparente de zones de stockage dans le lit majeur, la dissymétrie de l'ouvrage de franchissement du Cavallu Mortu par la RN 194, avec une ouverture hydraulique plus étroite à l'amont qu'à l'aval, d'où une modélisation du pont à partir du profil amont uniquement et la nature du point de confluence entre la Cavallu Mortu et son affluent : l'affluent se jette dans le Cavallu Mortu via deux buses qui seront probablement submergées en cas de crue. Après submersion, la route qui longe le Cavallu Mortu en rive droite se comporte alors comme un seuil.
  • de déterminer l'emplacement des profils en travers et les relevés d'ouvrages nécessaires à la description des cours d'eau en crue sur le Cavallu Mortu et son affluent,
  • d'évaluer la nature de la surface de l'écoulement en lit mineur et en lit majeur et d'y associer des valeurs de coefficients de frottement par tronçon, tout au long des cours d'eau étudiés. En effet, ne disposant d'aucune donnée sur les crues historiques (débit de crue et repère de crue), le choix du coefficient de frottement (dit coefficient de Strickler) sera effectué à partir de la visite de terrain, et en utilisant des tableaux de valeurs estimatives du coefficient de Strickler en fonction de la nature de la surface d'écoulement. Ce choix, qui ne peut être validé par un calage des hauteurs d'eau issues des résultats du modèle sur des crues historiques, reste toutefois approximatif. Aussi, afin de quantifier les différences de hauteur d'eau qui seraient induites par une erreur d'appréciation du coefficient de Strickler, nous avons effectué une analyse de la sensibilité du modèle à ce coefficient.

En outre, le modèle a été réalisé à l'aide d'une modélisation filaire (ou 1D), ce qui implique des hypothèses simplificatrices : vitesses parallèles à l'axe d'écoulement, une seule cote d'eau par profil en travers... Il est particulièrement délicat de représenter un point de confluence à l'aide de la modélisation 1D. En effet, les hypothèses simplificatrices qui résultent de ce choix technique ne permettent pas une représentation conforme à la réalité physique des phénomènes. On ne peut pas, notamment, représenter des échanges entre lits majeurs des deux biefs avec une modélisation 1D. Pour cette étude, la zone de confluence entre le Cavallu Mortu et son affluent constituant une importante zone d'enjeux, nous porterons une attention particulière aux résultats issus du modèle dans ce secteur, en prenant soin de les interpréter au regard des simplifications effectuées lors de la modélisation.

Mise en œuvre du modèle hydraulique

L'outil de modélisation hydraulique 1D utilisé est Mascaret. Le logiciel, Mascaret version 7.0, est un code de modélisation hydraulique mono-dimensionnelle (1D) à surface libre. Il est développé par le Centre d’Études Techniques Maritimes et Fluviales (CETMEF) et EDF R&D1. La représentation des frottements entre l'eau et le sol s'effectue, dans le modèle, à l'aide d'un coefficient dit coefficient de Strickler. Ce coefficient varie selon que l'on est en lit mineur ou en lit majeur, et peut également varier le long du linéaire étudié, en fonction de la nature du sol et des conditions d'écoulement qui en résultent. Lorsqu'on dispose de données sur les crues historiques, le calage des coefficients de Strickler s'effectue dans le lit mineur dans un premier temps, à partir de données de crues non débordantes. Dans un second temps, l'étalonnage du lit majeur est effectué, en calant le modèle sur des crues historiques plus importantes, mettant à contribution le lit majeur. Pour cette étude, ne disposant d’aucune donnée sur les crues historiques, le choix des coefficients de Strickler s'est effectué à partir de la visite de terrain, simultanément pour les lits mineur et majeur. Ce choix reste toutefois approximatif, l'étalonnage du modèle ne pouvant être réalisé sur la base d'évènements réels.

Les débits utilisés pour modéliser une crue centennale sont issus de l'analyse hydrologique. Ils couvrent une gamme de débits allant de 78 m3/s à 118 m3/s pour le bassin versant du Cavallu Mortu dans son ensemble, et de 10 m3/s à 20 m3/s pour son affluent en rive droite.

Nous avons modélisé le Cavallu Mortu et son affluent à l'aide de deux modèles distincts, un pour chaque cours d'eau. En effet, en modélisation 1D, comme exposé précédemment, la zone de confluence ne peut être représentée de manière conforme à la réalité. Il nous a donc paru plus judicieux d'effectuer tout d'abord un modèle du Cavallu Mortu uniquement, dans lequel la contribution de l'affluent au débit total est représentée par un apport ponctuel de débit. Ensuite, au vu des résultats obtenus à l'aide de ce modèle, nous avons construit le modèle de l'affluent du Cavallu Mortu. Nous avons utilisé la cote d'eau obtenue avec le premier modèle à la hauteur de la confluence et l'avons reportée comme limite aval du modèle de l'affluent.

Les résultats avec un débit Q100 de 78 m3/s

Hauteurs d'eau et cartographie des zones inondables

Ligne d'eau obtenue avec le modèle du Cavallu Mortu
Ligne d'eau obtenue avec le modèle de l'affluent du Cavallu Mortu

En utilisant l'hypothèse « basse » de débit (Q100=78 m3/s), les lignes d'eau obtenues avec les modèles pour le Cavallu Mortu et son affluent sont identifiées sur les Illustrations ci-contre.

Les cartes ci-après présentent les caractéristiques des zones inondables le long du linéaire modélisé, pour des débits de 10 m3/s pour l'affluent du Cavallu Mortu, et de 68 m3/s pour le Cavallu Mortu à l'amont de la confluence. La cartographie a été réalisée sous Mapinfo, sur fond de plan IGN - Orthophoto, à partir des résultats donnés par le modèle. Les cartes ne sont pas issues directement du modèle, puisque celui-ci ne permet d'obtenir des données (hauteurs et vitesses) uniquement au niveau des profils en travers. Entre les profils, nous avons extrapolé les limites de l'aléa, en tenant compte des éléments topographiques donnés par les fonds de plan.

Trois cartes ont ainsi été élaborées :

  • la carte des hauteurs d'eau,
  • la carte des vitesses,
  • la carte de l'aléa.

Analyse des résultats

Carte d'aléa pour un débit de 78 m3/s
Comparaison entre les limites hgm et le modèle
  • Pour le Cavallu Mortu :

Avec un débit de 68 m3/s, le Cavallu Mortu déborde dans le lit majeur tout le long du linéaire modélisé, de façon plus ou moins marquée. Au niveau du pont de la RN 194, le rétrécissement du lit entraîne une hausse de la hauteur d'eau à l'amont du pont (3,10 m de hauteur d'eau), et des vitesses d'écoulement très importantes sous le pont (jusqu’à 4,7 m/s). Le pont n'est toutefois pas mis en charge (i.e. le niveau de l'eau n'atteint pas la voûte). Immédiatement à l'aval du pont, on observe un ressaut hydraulique, c'est-à-dire une zone de turbulence importante. La largeur de la surface inondée atteint alors 66 m, avec un débordement principalement dans le lit majeur en rive gauche. On observe également un débordement en rive droite sur la route située en contrebas.

Les vitesses en lit mineur et en lit majeur sont importantes, ce qui s'explique par la pente marquée du terrain. Les vitesses dans le lit mineur sont supérieures à 1 m/s sur tout le linéaire modélisé, et supérieures à 1,8 m/s sur le tronçon situé à l'aval du pont de la RN. Dans le lit majeur, les vitesses sont supérieures à 1 m/s sur presque tout le linéaire modélisé, elles ne descendent que ponctuellement sous cette limite (à l'amont du pont de la RN 194).

Compte-tenu des vitesses importantes, l'aléa inondation est qualifié de très fort sur la quasi-totalité de la zone inondable.

  • Pour l'affluent du Cavallu Mortu :

Avec un débit de 10 m3/s, on n'observe quasiment pas de débordement dans le lit majeur, à part à l'aval du modèle où les débordements sont dus à la condition de hauteur aval, liée aux résultats obtenus au niveau de la confluence avec le modèle du Cavallu Mortu.

Les vitesses sont importantes (>1 m/s) excepté à l'amont de la buse, où l'on observe un ralentissement de l'écoulement.

Comme il n'y a pas de débordement en lit majeur (excepté dans la zone de confluence), la zone d'aléa inondation se limite au lit mineur, où elle est qualifiée de très forte compte-tenu des vitesses observées.

Pour le Cavallu Mortu, et de manière encore plus prononcée pour son affluent, on constate que les limites hydrogéomorphologiques ne sont pas atteintes.

Les résultats avec un débit Q100 de 118 m3/s

Hauteurs d'eau et cartographie des zones inondables

Ligne d'eau obtenue avec le modèle du Cavallu Mortu pour un débit de 118 m3/s

Avec l'hypothèse d'un débit plus élevé (118 m3/s à l'exutoire du bassin versant du Cavallu Mortu), on observe une modification de la ligne d'eau. La hauteur d'eau obtenue pour le Cavallu Mortu est représentée avec la ligne d'eau obtenue avec Q=78 m3/s sur le même graphique ci-contre afin de pouvoir comparer les résultats :

Pour l'affluent du Cavallu Mortu, avec un débit de 20 m3/s, la buse est en charge, et on observe un exhaussement de la hauteur d'eau à l'amont de la buse. Une partie du débit passe alors dans le lit majeur au-dessus de la buse, et inonde notamment la station service en rive droite. Comme expliqué précédemment, le modèle mascaret ne permet pas de calculer la cote de l'eau au-dessus de la buse, mais on peut cependant l'estimer avec un modèle simplifié représentant le lit majeur uniquement. Le débordement apparaît dès lors que le débit dépasse 11 m3/s, donc pour un débit de 20 m3/s, on peut estimer qu'un débit de 9 m3/s passe dans le lit majeur. Les cartes ci-après ont été réalisées selon la même méthodologie que pour Q=78 m3/s (Cartographie réalisée sous Mapinfo, sur fond de plan IGN-Orthophoto, à partir des cotes d'eau issues du modèle), et également en prenant en compte l'estimation du débordement en lit majeur de l'affluent au niveau de la buse.

Analyse des résultats

Carte d'aléa pour un débit de 118 m3/s
Comparaison entre les limites hgm et le modèle
  • Pour le Cavallu Mortu :

Avec un débit de 118 m3/s, le Cavallu Mortu déborde dans le lit majeur tout le long du linéaire modélisé, de façon plus marquée qu'avec un débit de 78 m3/s.. Au niveau du pont de la RN 194, le rétrécissement du lit entraîne une hausse de la hauteur d'eau à l'amont du pont (4 m de hauteur d'eau), et des vitesses d'écoulement très importantes sous le pont (jusqu’à 6 m/s). Le pont n'est toutefois pas mis en charge (i.e. le niveau de l'eau n'atteint pas la voûte). Immédiatement à l'aval du pont, on observe un ressaut hydraulique, c'est-à-dire une zone de turbulence importante. La largeur de la surface inondée atteint alors 80 m, avec un débordement principalement dans le lit majeur en rive gauche. On observe également un débordement en rive droite sur la route située en contrebas. Les vitesses en lit mineur et en lit majeur sont importantes, ce qui s'explique par la pente marquée du terrain. Les vitesses dans le lit mineur sont supérieures à 1 m/s sur tout le linéaire modélisé, et supérieures à 1,6 m/s sur le tronçon situé à l'aval du pont de la RN. Dans le lit majeur, les vitesses sont supérieures à 1 m/s sur presque tout le linéaire modélisé, elles ne descendent que localement sous cette limite, à l'amont du pont de la RN 194. Ces vitesses importantes entraînent un classement de l'aléa inondation en zone d'aléa très fort.


  • Pour l'affluent du Cavallu Mortu :

Avec un débit de 20 m3/s, on observe un débordement en lit majeur à l'amont de la buse. Au niveau de la station service service, la hauteur d'eau est d'environ 30 cm, sur une largeur de 50 m. Les vitesses sont importantes (>1 m/s), excepté localement à l'amont de la buse, entraînant une classification de l'aléa inondation en zone d'aléa très fort, notamment en lit majeur au niveau de la station service et de la zone de confluence.


Les limites hydrogéomorphologiques sont atteintes en rive gauche pour le Cavallu Mortu sur quasiment tout le linéaire modélisé. Pour son affluent, on constate aussi que les limites hydrogéomorphologiques ne sont pas atteintes.

Conclusion

Cette étude a été menée à la demande de la Direction Départementale des Territoires et de la Mer de Corse du Sud, Service Eau Environnement Forêt / Risques dans le but de répondre à un cas particulier. Il se situe à la limite de quatre communes Ajaccio, Afa, Alata et Sarrola-Carcopino. L'objectif était de définir le caractère inondable du secteur se trouvant sur le cours d'eau Cavallu Mortu au niveau de son affluent en rive droite. Pour répondre à cette demande, nous avons dans un premier temps recherché les formes naturelles inondables du cours d'eau. Pour cela, nous avons défini, à l'aide de la méthode hydrogéomorphologique, la plaine alluviale fonctionnelle de ce cours d'eau et de son affluent. Dans un second temps, nous avons réalisé une modélisation hydraulique basée sur approche hydrologique et des données topographiques qui nous ont été fournies par le bureau d'études Agex. Les modélisations réalisées ont permis de mettre en évidence plusieurs scenarii de débordement que ce soit pour le Cavallu Mortu ou son affluent. Pour le Cavallu Mortu (débit de 68 m3/s en amont de la confluence et 78 m3/s à l'aval), le lit majeur est partiellement inondé et on observe un débordement sur le linéaire modélisé. Au niveau du pont de la RN 194, l'ouvrage d'art provoque une augmentation de la hauteur d'eau à l'amont ainsi qu'une augmentation des vitesses d'écoulement sous l'ouvrage. Aucun débordement n'est observé pour un débit de 10 m3/s de l'affluent du Cavallu Mortu. Pour le Cavallu Mortu et son affluent les limites hydrogéomorphologiques ne sont pas atteintes. Pour un débit aval de 118 m3/s, le Cavallu Mortu déborde aussi dans son lit majeur et la largeur de la zone inondée peut atteindre 80 m en aval du pont de la RN194. Les vitesses en lit mineur et en lit majeur sont aussi importantes. Pour l'affluent du Cavallu Mortu, il y a un débordement en lit majeur à l'amont de la buse pour un débit de 20 m3/s. Les limites hydrogéomorphologiques sont atteintes en rive gauche pour le Cavallu Mortu alors que ce n'est pas le cas pour son affluent. Par contre, si la buse est encombrée, la hauteur d'eau en lit majeur augmente faiblement et les limites hydrogéomorphologiques ne sont pas atteintes.

Les résultats obtenus permettent de définir l'inondabilité sur le secteur d'étude. L'approche hydrogéomorphologique, méthode naturaliste, ne fournit qu'une enveloppe de la zone inondable atteinte par une crue exceptionnelle alors que la modélisation hydraulique fournit des hauteurs d'eau et des vitesses d'eau suivant plusieurs scenarii. Compte-tenu des vitesses importantes, la qualification des aléas (croisement entre hauteur et vitesse) ne présente qu'un aléa très fort sur la quasi-totalité des secteurs étudiés.

Sources

  • 2012, Esposito C. - Approche hydrogéomorphologique et Modélisation hydraulique du « Cavallu Mortu » sur les communes de Sarrola-Carcopino, Afa et Ajaccio - Rapport d'étude CETE Méditerranée - ETU 3965
  • 2010, Etude hydraulique – Aménagement d'une zone commerciale, Quartier de Mezzavia. Dossier d'autorisation au titre du code de l'environnement (articles L214-1 à L214-9) – Rapport technique – SOGREAH / Ville d'Ajaccio
  • 2008, Étude des bassins à risques « Mouvements de terrain » et « Inondation » - CETE Méditerranée.
  • 2006, Évaluation du risque pluvial sur la commune d'Ajaccio – Étude hydraulique sur les bassins versants d'Arbitrone, San Remedio et La Madonuccia – Rapport R1, version 8, SOGREAH
  • 2003, Atlas de Zone Inondable pour le département Corse-du-Sud (Corse) – Carex.
  • 1999, Plan de prévention des risques naturels (PPR) – Risques d'inondation – Guide méthodologique, MATE, METL, La Documentation française, Paris.





Le créateur de cet article est Christophe Esposito
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