Bactérie (réductrice) du soufre (HU)
Traduction anglaise : Sulphur (reducing) bacteria
Dernière mise à jour : 28/06/2025
Bactéries capables de réduire les sulfates dans des conditions anaérobies ; on parle également de bactéries sulfato-réductrices (BSR).
Dangers dus à la présence de ces bactéries
Lorsque les conditions deviennent anaérobies dans les dépôts des systèmes d'assainissement (par exemple dans une conduite de refoulement), différentes espèces de bactéries capables de réduire les sulfates sont susceptibles de se développer (principalement espèces Desulfovibrio et Desulfotomaculum). Le danger dû à la présence de ces bactéries, ou plus exactement aux conditions qui permettent leur développement est double : danger pour les personnels et danger pour les ouvrages.
- Dans un premier temps la réduction du soufre provoque un dégagement de sulfure d'hydrogène (H2S), très toxique à forte dose et donc extrêmement dangereux pour les personnels d'exploitation. Ce gaz, légèrement acide, est absorbé dans l'eau de condensation qui se rassemble sur l'intrados de l'égout ou sur les murs latéraux.
- Dans un second temps le sulfure d'hydrogène contenu dans cette eau de condensation est oxydé par les bactéries du soufre (qui peuvent tolérer des niveaux de pH de 1) en utilisant l'oxygène atmosphérique. On obtient alors de l'acide sulfurique concentré ($ H_2SO_4 $). L'acide sulfurique réagit avec la chaux contenue dans le béton pour former du sulfate de calcium ($ CaSO_4 $), produit qui n'a pas de résistance mécanique. La structure est donc graduellement affaiblie ce qui peut conduire à la ruine de l'ouvrage.
Autres nuisances
A faible concentration, le sulfure d’hydrogène est caractérisé par son odeur nauséabonde de type "œuf pourri". Ces émanations peuvent incommoder les habitants et passants se trouvant à proximité d’un système d’assainissement où se situent des conditions de production d’$ H_2S $ (voir Nuisance olfactive (HU)).
Par ailleurs, ces conditions sont aussi favorables au développement de micro-organismes filamenteux (Thiothrix, Beggiatoa, etc.), susceptibles de nuire au bon fonctionnement des stations d’épuration.
Moyens de lutte
Les moyens de lutte utilisable sont à la fois préventifs et curatifs :
- limiter au maximum l'envasement des ouvrages d'assainissement (voir Gestion de l'ensablement) ; il s'agit sans doute de la mesure la plus efficace, du moins dans les systèmes fonctionnant à surface libre ;
- améliorer la ventilation de façon à diminuer la réduction des sulfates, extraire le sulfure d'hydrogène et diminuer la condensation (Sadowski, 2012) ;
- traiter les eaux préventivement dans les zones à risque :
- par oxygénation pour prévenir la fermentation,
- par injection de sels métalliques pour précipiter les sulfures,
- par injection de nitrate de calcium qui agit comme donneur d’oxygène et permet ainsi d’éviter les conditions anaérobies ;
- équiper le personnel d'intervention du matériel adéquat (en particulier détecteur de gaz et masque) ;
- utiliser des matériaux résistant à la corrosion tels que le PVC, le PRV ou le grès (argile vitrifiée).
Nota : Quand des métaux lourds sont présents dans un dépôt où des bactéries capables de réduire les sulfates sont en activité, le sulfure réagit avec eux pour produire des sels insolubles. La coloration noire souvent associée aux dépôts anaérobies est due en grande partie à la formation des sulfures ferreux.
Bibliographie :
- Dalberti, E., Volle, A., Renard, P. (1989) : Étude comparative des différentes méthodes de lutte contre la formation de l’hydrogène sulfuré dans le collecteur syndical de collecte et de transport des effluents du Sivom des communes du canton de Villefranche-sur-Mer ; TSM n° 2 ; pp.81-91 ; disponible sur documentation.departement06.fr
Pour en savoir plus :
- Sadowski, A.G.(2012) : La problématique H2S : dispositions préventives et curatives ; TSM n°1/2 ; pp 37-49 ; disponible sur astee-tsm.fr