Canal de la Martinière
Quelques éléments d'histoire
Le canal de la Martinière est un canal latéral à la Loire situé en rive sud, s'étendant de la commune du Pellerin en amont à la commune du Carnet en aval.
Avant le 19ème siècle, la Loire transportait des quantités importantes de sédiments ; essentiellement des sables en provenance de l'amont et des vases du fait de son bouchon vaseux. De ce fait, les fonds étaient en perpétuelle évolution et le trafic rendu difficile à cause du déplacement incessant des bancs de sable et de la faible profondeur des chenaux naturels. Les navires, essentiellement des grands voiliers, qui transportaient des passagers et des marchandises à destination de Nantes, ne pouvaient remonter l'estuaire au delà de Paimboeuf, où elles étaient déchargées et acheminées à Nantes à cheval ou en gabares. Ces petites embarcations à fond plat, qui effectuaient le trajet jusqu'à Nantes étaient très chargées dans le but d'optimiser leurs allers-retours, et il n'était pas rare qu'elles chavirent.
Au 18eme siècle, le port de Nantes avait pris un certain essor grâce au commerce avec les Indes et pour ne pas pénaliser le trafic, il fut envisagé de faire remonter de plus gros bateaux le long de l'estuaire, en creusant un chenal de navigation en Loire, stabilisé grâce à des ouvrages déflecteurs. L'importance du transport sédimentaire qui continuait à déposer des sédiments et à former des îles en perpétuelle transformation, empêcha une exploitation rationnelle du chenal de navigation.
Pour assurer la navigation des grands voiliers, on décida de construire un canal latéral parallèle à la Loire en rive sud qui permettait de court-circuiter le secteur aval de l'estuaire le plus mobile. Entrepris en 1862, le canal de la Martinière fut achevé en 1892. Long de 15 kilomètres, il s'étend de la commune du Carnet jusqu'au Pellerin. Grâce à ce canal, le trafic maritime doubla, ce qui permit au port de Nantes de se développer. Pendant ces années du début du 19ème siècle, les bateaux à vapeur se développèrent et remplacèrent petit à petit les grands voiliers peu maniables. Des dragues à vapeur furent ainsi mises en service pour maintenir un chenal stable sur la partie aval de l'estuaire. Ceci diminua largement les temps de remontée des bateaux, alors qu'ils étaient pénalisés par les écluses à l'intérieur du canal de la Martinière. C'est ainsi que 10 ans après sa création, le canal de la Martinière fut abandonné dans sa fonction de canal de navigation. Il devint un cimetière à bateaux, tout d'abord des grands voiliers puis des bateaux à vapeur qui étaient désarmés sur place après la guerre de 14-18. Le canal fut ensuite déclassé comme voie maritime en 1959.
Propriété de l'Union des marais, il constitue l'un des éléments de la gestion de l'hydrosystème du Pays-de-Retz. Il est également mis en valeur par l'Association Culturelle du Canal Maritime de la Basse-Loire (ACCAM) qui participe à sa rénovation et à l'ouverture au public. Il fait partie d'un ensemble écologique plus large, qui comprend les bords de Loire, les réserves du Migron et du Massereau, le canal de la Martinière et le lac de Grand Lieu.
Fonctions du canal dans l'hydrosystème du Pays-de-Retz
Le canal de la Martinière est l'une des pièces maitresses de l'hydrosystème du Pays-de-Retz. Le canal sert également pour les loisirs : pêche à la ligne, canoë, aviron club de voile. Ce qui complique parfois les manœuvres des vannages.En contact direct avec la Loire, il assure un rôle de contrôle des débits entre le fleuve et le lac de Grand-Lieu (voir vidéo ci-dessous au centre). Il sert à respecter un certain nombre de consignes :
- il est impératif que le canal ne fasse pas entrer d'eau saumâtre à l'intérieur de l'hydrosystème ;
- le canal doit permettre d'évacuer en période de crue les importantes quantité d'eau résultant du drainage du bassin versant du lac de Grand-Lieu qui s'étend sur une surface de 140 000 ha ;
- le canal doit permettre d'alimenter en eau douce en provenance de la Loire, les zones humides du Pays-de-Retz lors des étés secs ;
Ainsi, le canal de la Martinière fonctionne dans les deux sens suivant la saison.
WIKHYDRO - Présentation du canal de la... par Wikhydro |
WIKHYDRO - Canal de la Martinière - vannage de... par Wikhydro |
Pour bien comprendre le fonctionnement hydraulique de ce canal, précisons qu'il comprend 3 écluses:
- l'écluse du Carnet (video à gauche ci-dessus) constitue la porte de communication la plus aval avec le fleuve. Elle est constituée de 3 vannes segments, qui permettent d'empêcher les eaux saumâtres en provenance de l'estuaire de rentrer dans le canal. Celles-ci sont donc soit fermées en période estivale (de juin à septembre), soit ouvertes, mais laissant les eaux du canal s'évacuer, en période de fortes pluies (de novembre à mai).
- le vannage de la Martinière, proche du Pellerin (vidéo à droite ci-dessus), est la plus en amont par rapport à la Loire. Elle est constituée de 2 vannes indépendantes: l'une aval en vers l'intérieur du canal et l'autre amont vers l'aval. Ces deux vannes peuvent être manoeuvrées de manière à faire entrer l'eau de Loire par surverse, évitant ainsi aux sédiments vaseux de rentrer et sédimenter dans le canal. Ceci correspond à la période de basses-eaux et à évacuer l'eau du canal par sousverse, combiné à un effet de chasse des sédiments présents dans le canal. Ceci correspond à la période de hautes eaux ;
- les ouvrages des Champs-Neufs se trouvent environ à mi-chemin entre ces deux ouvrages. Ils sont dotés d'un syphon, qui permet une régulation différenciée des eaux entre les marais de Vue et celles du canal lui-même.
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