Des richesses variées suivant les territoires
Ce texte fait parti du chapitre II: biodiversité et espaces protégés. MEDDTL, Commissariat général au développement durable, Références - Environnement littoral et marin, Mai 2011.
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Dans l’océan Indien
Uniquement habitées par des militaires et des météorologistes, les îles éparses, au nombre de cinq, ont une surface totale de 45 km² et disposent de 120 km² de lagons. Ce sont des îles coralliennes hautes et des atolls dont les récifs sont encore bien préservés. Certains milieux comme la forêt sèche ou la mangrove de l’atoll d’Europa sont remarquables. Les îles éparses sont par ailleurs un lieu important de reproduction d’oiseaux marins (sterne fuligineuse, paille-en-queue à brins rouges) et de tortues vertes. Europa est le premier lieu de ponte au monde pour cette espèce.
L’archipel de Mayotte a une superficie totale de près de 400 km² pour plus de 150 000 habitants. Il comprend deux îles principales et de nombreux îlots. Il dispose d’une barrière récifale de près de 200 km dont une partie forme une rare double barrière. Ses côtes découpées comportent par ailleurs plus de 700 ha de mangroves et 100 km² d’herbiers. Avec 1 500 km², c’est le plus grand ensemble récifolagunaire de cette partie de l’océan Indien. À terre, l’archipel montre une grande diversité de milieux primaires relictuels comme les forêts sèches de bord de mer et les forêts humides et d’altitude, la hauteur maximale de l’archipel étant de 660 m. Mayotte est un secteur d’endémisme important pour les mollusques terrestres (41 espèces) ou les insectes. On recense aussi 22 espèces de cétacés, soit 22 % de l’ensemble des espèces, ainsi que le dugong, observé exceptionnellement.
L’île de la Réunion a une superficie de plus de 2 500 km². Elle accueille plus du tiers de la population ultramarine avec 690 000 habitants. Elle est située dans deux points chauds de la biodiversité terrestre et marine. Sa végétation s’étage de la mer à plus
de 3 000 m, sur le piton des neiges, avec de grandes variations de pluviométrie suivant l’altitude et la position sur l’île. 130 types de milieux naturels sont décrits suivant la nomenclature CORINE Biotope. Environ 30 % de la végétation primaire subsiste, principalement en altitude. Beaucoup de forêts littorales ont été détruites pour l’agriculture et l’urbanisation, près de 30 % de la bande 0-500 m des rivages étant artificialisée. On trouve tous les types de forêts, des forêts sèches des côtes sous le vent aux forêts humides et aux fourrés marécageux des versants exposés aux pluies. On note aussi la présence de la végétation des falaises littorales du sud de l’île présentant un grand intérêt écologique (présence d’une plante grasse endémique, la lavangère).
La Réunion comprend environ 500 espèces de plantes à fleurs dont le tiers est endémique. Ce constat est le même pour les papillons et les oiseaux. Parmi la quarantaine d’espèces d’oiseaux présentes initialement sur l’île, il en subsiste 18 dont 8 endémiques comme le pétrel de Barau et le pétrel noir. En mer, les récifs coralliens sont localisés à l’ouest de l’île, sur une longueur de 25 km, soit environ 8 % du périmètre de l’île. Les mangroves sont absentes et les herbiers sont localisés dans quelques secteurs sur le platier récifal ou la baie de la possession, au nord de l’île.
En Atlantique
L’archipel de Guadeloupe – Basse-Terre, Grande-Terre, la Désirade, Marie-Galante et les Saintes a une surface de 1 600 km² et une population de 400 000 habitants. La diversité de ses sols (calcaire ou volcanique sur Basse-Terre) ainsi que les variations d’altitude (jusqu’à 1 467 m à la Soufrière) et de pluviométrie impliquent une grande diversité des milieux. Forêts sèches, mésophiles ou humides, savanes d’altitude, mangroves et forêts marécageuses sont les principaux écosystèmes de grand intérêt biologique recensés. D’après l’UICN, 40 % de ces habitats sont bien conservés sur Basse-Terre où le relief a cantonné l’urbanisation et l’agriculture en bord de mer. Par contre, sur les autres territoires, seulement 5 à 10 % de la végétation primaire subsiste. Les espèces endémiques à la Guadeloupe ou aux petites Antilles13 sont nombreuses. Les plus importantes concernent :
- la flore: 214 espèces endémiques des petites Antilles sont recensées dont 24 endémiques strictes de Guadeloupe ;
- les reptiles : on dénombre 21 espèces indigènes dont 17 endémiques des petites Antilles. Petite Terre a ainsi une importante population d’iguane des petites Antilles (Iguana delicatissima) ;
- les oiseaux : 70 espèces indigènes nichent en Guadeloupe dont 5 endémiques à la Guadeloupe comme le pic de Guadeloupe.
Les mangroves couvrent 3 000 ha, principalement sur les côtes basses du Grand et du Petit Cul-de-sac Marin. Les récifs coralliens frangeants14 sont nombreux, les récifs barrières sont localisés dans le Grand Cul-de-Sac Marin entre Basse-Terre et Grande-Terre. C’est un site majeur avec une barrière de près de 80 km² et un lagon comprenant plus de 8 000 ha d’herbiers.
La Martinique est une île de 1 100 km² pour 350 000 habitants. Le nord de l’île est plus montagneux avec la Montagne pelée culminant à 1 397 m et plusieurs pitons à plus de 1 000 m. Comme en Guadeloupe, suivant l’altitude et la pluviométrie, alternent forêts sèches, mésophiles ou humides, savanes d’altitude, mangroves et marais. On dénombre 45 plantes endémiques à la Martinique qui concentre aussi la plus grande richesse en espèces arborées des petites Antilles (396 espèces dont 20 % d’endémiques aux petites Antilles). Parmi les espèces indigènes de reptiles, 6 sont endémiques de même que 5 oiseaux comme l’oriole de Martinique, passereau vivant dans les forêts de basse et moyenne altitudes. En mer, alternent herbiers de phanérogames sur 10 000 ha, mangroves sur 2 200 ha (baie de Fort de France, est de l’île) et récifs coralliens (récif frangeant sur les côtes sud et est de l’île, récif barrière sur la côte atlantique, fonds coralliens non bioconstructeurs sur la côte caraïbe). Trois espèces de tortues pondent sur les plages martiniquaises et de nombreux cétacés sont régulièrement observés, cachalots, dauphins et globicéphales.
La Guyane est le plus grand territoire ultramarin après la Terre Adélie avec près de 85 000 km², soit 15 % du territoire métropolitain, pour seulement 150 000 habitants résidant surtout sur la bande côtière. La forêt équatoriale couvre plus de 80 % de la Guyane, avec des particularités le long des très nombreux cours d'eau ou en altitude. C’est l’un des plus importants blocs de forêt primaire dans le monde. En bord de mer, sur des profondeurs variables, alternent des mangroves situées sur la plaine côtière récente, des marais, des savanes et des forêts de palmiers sur de très vastes surfaces. La richesse biologique de la Guyane est importante et le taux d’endémisme parfois élevé. Les connaissances sont encore lacunaires et les chiffres annoncés sont parfois sous-estimés. Tous les ans, de nouvelles espèces pour la science ou pour la Guyane sont recensées. On dénombre à ce jour :
- 5 350 espèces de plantes supérieures, fougères et plantes à fleurs, dont plus de 1 000 espèces de grands arbres
- plus de 700 oiseaux nicheurs contre 526 en métropole. Plus de 200 espèces sont plus ou moins inféodées aux zones humides littorales et le littoral guyanais accueille 38 espèces d’oiseaux de mer (sternes royales et de Cayenne, frégates superbes, mouettes atricilles…) ;
- plus de 400 espèces de poissons d’eau douce dont certainement plusieurs endémiques ;
- 201 mammifères terrestres, dont de nombreuses espèces de chauves-souris ;
- 196 espèces de reptiles.
Cinq espèces de tortues marines pondent sur les plages de Guyane. C’est avec le Gabon, une région majeure de ponte pour la tortue luth. Le lamantin d’Amérique fréquente également les eaux guyanaises.
Saint-Pierre-et-Miquelon est situé nettement plus au nord, à 25 km au sud de Terre-Neuve, à la même latitude que Nantes. Il s’agit d’un archipel de 242 km² composé de trois îles principales : Saint-Pierre au sud accueille l’essentiel de la population estimée à 6 100 habitants en 2007, et les îles de Miquelon et Langlade séparées par un isthme de 12 km de long et comprenant de nombreux marais doux ainsi qu’une importante lagune, le Grand Barachois. L’archipel dispose d’un climat subarctique avec la présence du courant froid du Labrador. Du fait de sa proximité au continent nord-américain, il ne possède aucune espèce endémique. Les îles sont principalement recouvertes par des espaces ouverts (landes et prairies côtières), des zones humides (tourbières et marais) et des surfaces en eau. Les rivages sont surtout rocheux et découpés en dehors de l’isthme et de Miquelon qui présente des plages de galets et de sable. Sa principale richesse est l’avifaune avec le passage de nombreuses espèces d’anatidés et de limicoles entre l’Arctique et l’Amérique du Sud. Le Grand Barachois accueille par ailleurs la plus grande colonie française de phoques gris et de phoques veaux-marins avec plusieurs centaines d’individus.
Dans le Pacifique
Clipperton est un atoll au large du Mexique. Propriété domaniale de l’État, il a une superficie de 6 km² et son lagon est totalement isolé de l’océan. Sa diversité végétale est faible, le lagon est marqué par une eutrophisation progressive par l’apport de guano provoquant une dégradation des coraux et des herbiers. L’atoll accueille la plus grande colonie de fous masqués et plusieurs millions de crabes orange. Hors lagon, plus d’une centaine d’espèces de poissons a été recensée dont 5 ou 6 endémiques.
L’archipel de Wallis et Futuna comprend trois îles principales : Wallis (ou Uvéa), Futuna et Alofi. Il est situé entre les îles Fidji à l’ouest, les îles Samoa à l’est et les îles Tonga au sud-est. Sa superficie est de 140 km² et sa population de 15 000 habitants, l’île d’Alofi étant quasi inhabitée. Les principaux habitats terrestres sont les fourrés et forêts sèches littorales, les forêts denses humides et les zones humides dont les mangroves et les lacs de cratère de l’île d’Uvéa qui couvrent 43 ha. La forêt primaire n’est plus que relictuelle sur cette île alors qu’elle est nettement mieux conservée sur les deux autres. Il y a assez peu d’espèces endémiques. On note 11 espèces d’escargots et 7 plantes supérieures. Parmi les oiseaux, on dénombre 6 sous-espèces endémiques. En mer, le lagon d’Uvéa couvre environ 200 km² comportant de nombreux herbiers et mangroves.
La Polynésie française comprend 118 îles de nature volcanique (34 îles hautes) ou corallienne (84 atolls), d’une superficie d’environ
3 500 km². Le territoire est composé de cinq archipels : l’archipel de la Société, composé des Îles du Vent (Tahiti, Moorea, Tetiaroa...) et des Îles Sous le Vent (notamment Raiatea, Tahaa, Huahine, Bora Bora et Maupiti), l’archipel des Marquises, l’archipel des Tuamotu, l’archipel des Gambier et l’archipel des Australes. Sa population est de 320 000 habitants (Insee, 2009). Les îles hautes ont une succession végétale classique du bord de mer aux sommets. La végétation littorale primaire a généralement été détruite par l’urbanisation, le défrichage et le reboisement. Les espèces exotiques sont par ailleurs nombreuses dans les plaines littorales. Plus haut, se succèdent les forêts humides de moyenne altitude puis les forêts d’altitude les plus riches en espèces endémiques. Sur les îles coralliennes, la végétation est nettement moins diversifiée et a généralement été remplacée par les cocotiers. Du fait de son isolement, le niveau d’endémisme de la Polynésie est élevé. Plus de la moitié de la flore est endémique avec 461 espèces. Certains territoires comme l’archipel de la Société hébergent jusqu’à 250 endémiques. On dénombre aussi 396 mollusques continentaux endémiques ainsi que de très nombreux insectes et oiseaux (28 espèces). En mer, les formations récifales représentent 15 000 km². Tous les types de récifs sont représentés. Ils comptent 176 espèces de coraux, 1 024 espèces de poissons et 1 160 espèces de mollusques d’après le ministère polynésien de l’Environnement.
La Nouvelle-Calédonie a une superficie totale de 18 500 km². Elle est constituée de plusieurs îles dont surtout la Grande Terre, la province des îles Loyauté comprenant trois îles coralliennes (Ouvéa, Lifou et Maré) et l’île aux Pins. La population est estimée à plus de 230 000 habitants, une part importante résidant au sud de la Grande Terre, dans le Grand Nouméa. Les écosystèmes néocalédoniens sont très diversifiés : forêts sèches, forêts humides et maquis de montagne, savanes, vallées karstiques, mangroves et végétation des sols riches en métaux lourds (plantes métalophytes). La forêt dense humide couvre encore le cinquième de la Nouvelle-Calédonie. La forêt sèche primaire n’est plus présente que sur 1 % de sa surface initiale, soit seulement 45 km², et les savanes et les forêts claires secondaires dominent les paysages.
La Nouvelle-Calédonie est un territoire majeur de biodiversité au niveau mondial avec un niveau d’endémisme extrêmement élevé.
On dénombre ainsi de très nombreux genres ou espèces endémiques:
- près de 2 500 espèces végétales (plantes à fleur et fougères) soit 75 % de la flore indigène dont le pin colonaire, un araucaria qui a donné son nom à l’île aux pins au sud de la Grande Terre.
- 264 mollusques continentaux endémiques.
- 8 genres d’araignées.
- 17 genres et 197 papillons parmi les 512 espèces recensées à ce jour.
- 82 reptiles sur les 105 espèces terrestres recensées.
- 21 espèces d’oiseaux dont le célèbre cagou quasi incapable de voler et seul représentant au monde de la famille des Rhynochetidae.
La Grande Terre est par ailleurs entourée par une barrière de corail longue de 1 600 km qui délimite un lagon de plus de 20 000 km² et d’une profondeur moyenne comprise entre 25 et 40 m. Elle est parfois formée par un double ou un triple récif barrière et est accompagnée de tous les types de formations coralliennes comme les récifs frangeants, les atolls et les bancs coralliens. La mangrove couvre entre 150 et 200 km². Enfin, au sud de la Grande Terre, les eaux sous juridiction néocalédonienne comportent un archipel de plus d’une dizaine de monts sous-marins situés sur la ride de Norfolk. Des études de l’IRD ont montré une extraordinaire diversité biologique à leur niveau ainsi que des taux d’endémisme très forts entre monts.
Territoires subantarctiques et antarctiques
Les terres australes et antarctiques françaises (Taaf) regroupent plusieurs territoires assez différents. Les îles australes sont situées dans le sud de l’océan Indien. Les îles Kerguelen (7 215 km²) comportent une île principale entourée de 300 îles et îlets. Elle a un littoral très découpé par des baies et des fjords et son altitude maximale est de 1 850 m. L’archipel Crozet (340 km²) comporte 5 îles volcaniques culminant à plus de 1 000 m. Les îles volcaniques d’Amsterdam (58 km²) et de Saint-Paul (8 km²) sont plus au nord et ont un climat plus tempéré. La Terre Adélie, constituée de la calotte glaciaire, forme un secteur angulaire sur le continent Antarctique. Elle a une superficie de 430 000 km². Suivant les saisons, certains territoires sont plus ou moins peuplés, principalement par des équipes de scientifiques. La population des Kerguelen est de 70 à 110 personnes, la Terre Adélie accueille entre 30 et 100 personnes, Amsterdam et Crozet entre 25 à 45.
Les îles Crozet et Kerguelen sont totalement dépourvues d’arbres contrairement à Amsterdam qui était à l’origine recouvert de forêts de phylicas. Ces arbres ont presque disparu à la suite d’incendies et de l’introduction de bovins. La végétation des terres australes est principalement herbacée et sa composition varie suivant l’altitude et l’exposition aux vents. La diversité spécifique est peu importante. On dénombre cependant 24 plantes endémiques, principalement des fougères. On recense par ailleurs de nombreux insectes endémiques (68). La plus grande richesse de ces îles est l’avifaune nicheuse. On dénombre la plus grande diversité d’oiseaux marins nicheurs au monde à Crozet et aux Kerguelen : 33 espèces. Ces îles accueillent une cinquantaine d’espèces, principalement des manchots, des albatros, des puffins et des pétrels dont trois endémiques comme l’albatros d’Amsterdam. L’UICN estime que plus de 50 % de la population de 7 espèces vivent dans les Taaf. La terre Adélie accueille peu d’oiseaux, seulement 9 espèces dont le manchot Adélie et une belle population de pétrels géants.
Plusieurs mammifères marins comme l’éléphant de mer, l’otarie d’Amsterdam et le phoque de Weddel vivent aussi dans les Taaf.
Le phoque crabier, espèce de pinnipèdes la plus commune, peut aussi être vu en terre Adélie. De nombreux cétacés fréquentent aussi les eaux des Taaf, le dauphin de Commerson affectionne les côtes des Kerguelen de même que l’orque qui vient s’y nourrir de jeunes éléphants de mer.
Pour plus d'informations:
Commissariat général au développement durable, Références - Environnement littoral et marin, Mai 2011.