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Wikibardig:Digues : Risques (aléas et enjeux) liés à la défaillance du système d’endiguement

De Wikhydro

Sommaire


Le risque

Le risque est défini comme : « Mesure d’un danger associant une mesure de l’occurrence d’un événement indésirable et une mesure de ses effets ou conséquences » (Villemeur, 1988). Le risque est donc la confrontation, sur une zone géographique, d’un aléa et d’enjeux vulnérables qui peuvent être humains, économiques ou environnementaux.

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(Source P.Di Maiolo – INRAE - RECOVER)

Le risque peut être décomposé selon les différentes combinaisons des trois composantes que sont la probabilité, l'intensité et la vulnérabilité:

  • Intensité x Vulnérabilité = Gravité des dommages ou conséquences
  • Intensité x Probabilité = Aléa
  • Risque = Intensité x Probabilité x Vulnérabilité = Aléa x Vulnérabilité = Probabilité x Conséquences

Le signe « x » représente une combinaison des différentes composantes.

Le risque est représenté dans la courbe de Farmer selon la gravité et la probabilité de l’événement.

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Risque et système endigué

Pour les territoires protégés par un système endigué, le risque résulte de l'association :

  • de la probabilité de réalisation d’un scénario d’inondation donné (phénomène dangereux avec ou sans rupture de digue),
  • avec la gravité des dommages potentiellement infligés par ce phénomène, aux enjeux présents dans la zone protégée.
Tablea Vocabulaire Risques.jpg

Le vocabulaire du risque dans l’analyse de risque des systèmes de protection (source guide EDD)

L’aléa

L'aléa (mot latin signifiant « coup de dés ») traduit, en un point donné, la probabilité d'occurrence d'un phénomène naturel ou technologique de nature et d'intensité définies. L’aléa est donc l’expression du couple (Probabilité d’occurrence x Intensité des effets).

Il se caractérise par :

  • son type (quoi) ;
  • son intensité (combien) ;
  • son occurrence spatiale (où) ;
  • son occurrence temporelle (quand).


Par exemple, pour un système endigué, l’aléa correspond à l’inondation de la zone protégée, de probabilité et de caractéristiques données (vitesses et hauteurs d’eau, surface, cinétique, durée). Cet aléa résulte d’un événement de sollicitation rare à extrême et de la défaillance ou du dépassement du système endigué. En effet, le risque dépend également de l’ouvrage lui-même de la dégradation de ses fonctions jusqu’à sa rupture.

Plusieurs types d’aléas naturels pouvant induire une perte de performance des ouvrages sont à considérer dans l’analyse de risque d’un système endigué et notamment  :

Les enjeux

Les enjeux peuvent être définis par « Personnes, biens, systèmes, ou autres éléments présents dans les zones de risque et qui sont ainsi soumis à des dommages potentiels » [Stratégie internationale de prévention des catastrophes des Nations Unies (UNISDR), Terminologie pour la prévention des risques de catastrophe, 2009, 34 p.].

Exemples d'enjeux :

  • Les zones noyées par l'ouvrage.
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(Source P.Di Maiolo – INRAE - RECOVER)


Classification des risques

La classification des risques s'effectue en cinq familles (prim-net 2008)

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(Source P.Di Maiolo – INRAE - RECOVER)

Seules les catégories encadrées en rouge font partie des risques majeurs en France.

Deux critères caractérisent le risque majeur :

  • Une faible fréquence : l'homme et la société peuvent être d'autant plus enclins à l'ignorer que les catastrophes sont peu fréquentes,
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Lotissement à Ville après la tempête Xynthia 02/2011 ©R. Duvignau / Reuters
  • Une énorme gravité : nombreuses victimes, dommages importants aux biens et à l'environnement.
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La forêt landaise entre Rion-des-Landes et Escource, après le passage de la tempête Klaus1999 © Philippe Salvat


Notre vulnérabilité face aux risques lié à l’aléa inondation a augmenté depuis quelques décennies principalement à cause des activités humaines :

  • occupation de la zone inondable ;
  • navigabilité des cours d’eau ;
  • urbanisation (imperméabilisation des sols, comblement de fossés,) ;
  • déforestation, dévégétalisation (impact local) ;
  • nouvelles pratiques culturales (le remembrement, l’intensification des activités agricoles …) ;
  • élimination des espaces tampons (zones humides, Zone d’Expansion des Crues (ZEC)...) ;
  • accélération du transit des eaux ;
  • réchauffement climatique….
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Zone humide source : www.zones-humides-jura.com

La politique française de prévention des risques naturels

La politique française de prévention des risques naturels se fonde sur 7 piliers :

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Schéma des 7 piliers de prévention des risques naturels (Source P.Di Maiolo – INRAE)


1- La connaissance des phénomènes, de l’aléa et du risque du territoire.

2- La surveillance et la prévision des phénomènes la vigilance et l’alerte pour informer de façon anticipée un événement, de pouvoir alerter rapidement la population et préparer les dispositions d’urgence.

3- L’information préventive et l’éducation des citoyens : Renseigne sur les caractéristiques des risques et sur la conduite à tenir avant, pendant ou après l’évènement. Cette information relève en premier lieu des maires qui doivent rédiger le Document d’Information Communal sur les Risques Majeurs (DICRIM) qui résume l’ensemble des mesures de sauvegarde engagées pour faire face au risque sur le territoire communal. La préfecture qui doit élaborer le Dossier Départemental des Risques Majeurs (DDRM) qui liste les principaux risques auxquels la population peut être confrontée et les mesures à prendre et des propriétaires ou bailleurs. Le citoyen doit être le premier acteur de sa sécurité.

4- La prise en compte des risques dans l’aménagement, pour éviter d’augmenter les enjeux dans les zones à risque et diminuer la vulnérabilité des zones déjà urbanisées. Les Plans de Prévention des Risques Naturels prévisibles (les PPRN), institués par la loi « Barnier » du 2 février 1995, ont cette vocation. Ils constituent l’instrument essentiel de l’État en matière de prévention des risques naturels. L’objectif de cette procédure est le contrôle du développement dans les zones exposées à un risque. Les PPR sont décidés par les préfets et réalisés par les services déconcentrés de l’État. Ces plans peuvent prescrire diverses mesures, comme des travaux sur les bâtiments existants, des interdictions de construire ou certaines pratiques agricoles.

Après approbation, les PPRN valent servitude d’utilité publique et sont annexés au plan local d’urbanisme (PLU), qui doit s’y conformer. Dès lors, l’aménagement sur une commune ne pourra se faire qu’en prenant en compte ces documents. Cela signifie qu’aucune construction ne pourra être autorisée dans les zones présentant les aléas les plus forts, ou uniquement sous certaines contraintes.

5- La réduction de la vulnérabilité (mitigation), c’est-à-dire l’atténuation des dommages, en réduisant soit l’intensité de certains aléas soit la vulnérabilité des enjeux. Certains de ces travaux peuvent être rendus obligatoires dans un PPR.

6- La préparation de l’organisation des secours, compétence partagée par l’Etat et les collectivités locales. Le maire établit le Plan Communal de Sauvegarde (PCS), le préfet arrête les différents plans de gestion de crise (dispositif ORSEC : Organisation de la Réponse de SEcurité Civile).

7- La prise en compte du retour d’expérience qui doit permettre à travers l’analyse détaillée d’un événement passé de tirer les enseignements utiles pour améliorer la gestion des risques futurs.


Rappel des liens accessibles sur cette page :

Références :

TOURMENT, R., BEULLAC, B., (coord.), 2019, Inondations : analyse de risque des systèmes de protection – Application aux études de dangers. Editions Lavoisier, 2019.

http://www.prim.net/

https://www.gouvernement.fr/risques/risques-naturels

http://www.reperesdecrues.developpement-durable.gouv.fr/

http://www.georisques.gouv.fr/


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