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Izzard (modèle de) (HU) : Différence entre versions

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(créé en 1946) de représentation de la transformation [[Pluie nette (HU)|pluie
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nette]] - débit à l'exutoire d'un [[Bassin versant (HU)|bassin
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[[Modèle empirique  (HU)|Modèle empirique]] proposé par Izzard (1946) pour représenter la transformation [[Pluie nette (HU)|pluie nette]] - débit à l'exutoire d'un [[Bassin versant (HU)|bassin versant]].  
versant]] [Izzard, 1946].  
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== Hypothèses et formulation ==
 
== Hypothèses et formulation ==
  
Le modèle d'Izzard est fondé sur les éléments
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Le modèle d'Izzard consiste à construire un [[Hydrogramme unitaire synthétique (HU)|hydrogramme unitaire synthétique]] en s'appuyant sur les éléments suivants :
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* L'indépendance entre la [[Fonction de production et fonction de transfert (HU)|fonction de transfert]] et la pluie à l'origine du ruissellement (linéarité du phénomène). Cette hypothèse permet de déduire l'existence d'un [[Hydrogramme (HU)|hydrogramme]] sans dimension représentant la réponse du bassin versant à une pluie unitaire constante. Cet hydrogramme sans dimension utilise des variables normées pour les débits et les temps. Les normes sont respectivement le débit à l'équilibre : Qeq et le temps d'équilibre : teq. Le temps d'équilibre est défini arbitrairement comme le temps au bout duquel le débit observé devient égal à 97% du débit d'équilibre :
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* L'indépendance entre la [[Fonction de production et fonction de transfert (HU)|fonction de transfert]] et la pluie à l'origine du ruissellement (linéarité du phénomène). Cette hypothèse permet de déduire l'existence d'un [[Hydrogramme (HU)|hydrogramme]] sans dimension représentant la réponse du bassin versant à une pluie unitaire constante. Cet hydrogramme sans dimension utilise des variables normées pour les débits et les temps. Les normes sont respectivement le débit à l'équilibre : <math>Q_{eq}</math> et le temps d'équilibre : <math>t_{eq}</math> (''figure 1'').
  
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Le temps d'équilibre est défini arbitrairement comme le temps au bout duquel le débit observé devient égal à 97% du débit d'équilibre :
  
  
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[[File:izzard1.JPG|600px|center|thumb|<center>''<u>Figure 1</u> : Hydrogramme sans dimension de Izzard ; <u>Source</u> :  Deutsch ''et al'' (1989)].</center>'']]
  
  
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* L'existence de relations empiriques entre les deux grandeurs de base (<math>Q_{eq}</math> et <math>t_{eq}</math>), le stockage superficiel instantané (<math>D_e</math>), l'intensité moyenne de pluie nette (<math>i_n</math>) et les données caractérisant le bassin versant :
  
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<center>Hydrogramme sans dimension de Izzard d'après [Deutsch
 
& al., 1989]</center>
 
  
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<center><math>t_{eq}=2.\frac{D_e}{60}.Q_{eq}</math></center>
  
  
  
* L'existence de relations empiriques entre les deux grandeurs de base (Qeq et teq), le stockage superficiel instantané (De), l'intensité moyenne de pluie nette (in) et les données caractérisant le bassin versant :
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Avec :
 
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* <math>c</math> : paramètre représentant le coefficient de rugosité et fonction de la nature du revêtement ;
 
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* <math>I</math> : pente de la surface (m/m) ;
 
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* <math>i_n</math> : intensité de pluie nette constante (mm/h) ;  
 
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* <math>t{eq}</math> : temps (mn).
 
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Avec :
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* c : paramètre fonction de la nature du revêtement ;
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* I : pente de la surface (m /m) ;
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* in : intensité de pluie nette constante (mm /h) ;  
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* L : longueur du ruissellement (m) ;
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* Qeq : débit (m3 /s /m) ;
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[[File:Izzard3.JPG|600px|center|thumb|<center>''<u>Figure 2</u> : Valeurs à attribuer au coefficient de rugosité <math>c</math> de la formule de Izzard en fonction de la nature de la surface d'écoulement ; <u>Source</u> :  Deutsch ''et al.'', (1989)''</center>]]
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Valeurs à attribuer au coefficient de rugosité c de la
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formule de Izzard en fonction de la nature de la surface d'écoulement, d'après
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[Deutsch & al., 1989]
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== Utilisation pratique ==
 
== Utilisation pratique ==
  
Le modèle d’Izzard peut fournir un [[Hydrogramme (HU)|hydrogramme]] complet
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Le modèle d’Izzard peut fournir un [[Hydrogramme (HU)|hydrogramme]] complet à l'exutoire correspondant à un [[Hyétogramme (HU)|hyétogramme]] quelconque. Il suffit de décomposer le hyétogramme en pas de temps d'intensité constante et d'appliquer la méthode à chacune des averses élémentaires d'intensité constante ainsi obtenues. La réponse à l'entrée complète sera obtenue en sommant les réponses à chacune des entrées élémentaires (principe de superposition des solutions). Cette technique nécessite cependant d'associer à l'hydrogramme sans dimension qui ne représente que la montée en débit, une fonction permettant de représenter la décrue correspondant à chaque pluie élémentaire. Cette fonction se calcule de la façon suivante : à la fin de chaque période de pluie élémentaire, il reste sur le sol un stock <math>D_0</math>, due à cette pluie élémentaire, égal au volume précipité moins le volume écoulé. Durant la période de décrue de l'hydrogramme élémentaire, il existe une relation empirique entre le débit à l'instant <math>t_r</math> (temps écoulé depuis la fin de la pluie élémentaire d'intensité constante) et le débit <math>Q_d</math> à la fin de cet instant :
à l'exutoire correspondant à un [[Hyétogramme (HU)|hyétogramme]]
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quelconque. Il suffit de décomposer le hyétogramme en pas de temps d'intensité
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constante et d'appliquer la méthode à chacune des averses élémentaires
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d'intensité constante ainsi obtenues. La réponse à l'entrée complète sera
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obtenue en sommant les réponses à chacune des entrées élémentaires (principe de
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superposition des solutions). Cette technique nécessite cependant d'associer à
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Durant la période de décrue de l'hydrogramme élémentaire, il existe une
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Avec :
  
  
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== Intérêt et limites ==
  
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Élaboré à l'origine pour représenter le [[Ruissellement urbain (HU)|ruissellement]] sur des aéroports, ce modèle s'applique bien à l'étude du ruissellement sur des bassins versants ayant une largeur sensiblement constante comme les routes ou les autoroutes. Il a d'ailleurs été à l'origine de la méthode des temps d'équilibre utilisée en France pour l'assainissement des autoroutes. D'une façon plus générale, il convient bien à des écoulements sur des éléments plans homogènes, de pente relativement faible (moins de 4%). En revanche, son application à des bassins versants urbains de surface supérieure à quelques  hectares, fortement équipés en ouvrages souterrains d'assainissement, est à proscrire.
 
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== Intérêt et limites ==
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Elaboré à l'origine pour représenter le [[Ruissellement urbain (HU)|ruissellement]] sur
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<u>Bibliographie</u> :
des aéroports, ce modèle s'applique bien à l'étude du ruissellement sur des
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* Izzard, C.G. (1946) : ''Hydraulics of runoff from developed surfaces'' ; ''proceedings of the 26th annual meeting'' ; ''highway Research Board'', Vol. 26 ; pp. 129-146 ; 1946
routes ou des autoroutes. Il a d'ailleurs été à l'origine de la « méthode
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des temps d'équilibre » utilisée en France
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pour l'assainissement des autoroutes. D'une façon plus générale, il convient
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bien à des écoulements sur des éléments plans homogènes, de pente relativement
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faible (moins de 4%). En revanche, son application à des bassins versants
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urbains de surface supérieure à quelques hectares, fortement équipés en
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ouvrages souterrains d'assainissement, est à proscrire.
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<u>Pour en savoir plus</u> : [Deutsch et al.,
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<u>Pour en savoir plus</u> :  
1989: Groupe de Travail du STU animé par Deutsch J.C. ; « Mémento
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* Deutsch ''et al.'' (1989) : Groupe de Travail du STU animé par Deutsch J.C. ; Mémento sur l'évacuation des eaux pluviales ; La documentation française ; Paris ; 349 p. ; 1989.
sur l'évacuation des eaux pluviales » ; La documentation
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française ; Paris ; 349 p. ; 1989.
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[[Catégorie:Dictionnaire_DEHUA]]
 
[[Catégorie:Dictionnaire_DEHUA]]
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[[Catégorie:Modélisation_de_la_transformation_pluie-débit_(HU)]]

Version actuelle en date du 23 mai 2024 à 10:35

Traduction anglaise : Izzard's model

Dernière mise à jour : 23/05/2024

Modèle empirique proposé par Izzard (1946) pour représenter la transformation pluie nette - débit à l'exutoire d'un bassin versant.

Sommaire

[modifier] Hypothèses et formulation

Le modèle d'Izzard consiste à construire un hydrogramme unitaire synthétique en s'appuyant sur les éléments suivants :

  • L'indépendance entre la fonction de transfert et la pluie à l'origine du ruissellement (linéarité du phénomène). Cette hypothèse permet de déduire l'existence d'un hydrogramme sans dimension représentant la réponse du bassin versant à une pluie unitaire constante. Cet hydrogramme sans dimension utilise des variables normées pour les débits et les temps. Les normes sont respectivement le débit à l'équilibre : $ Q_{eq} $ et le temps d'équilibre : $ t_{eq} $ (figure 1).

Le temps d'équilibre est défini arbitrairement comme le temps au bout duquel le débit observé devient égal à 97% du débit d'équilibre :


$ Qt_{eq}= 0{,}97.Q_{eq} $


Figure 1 : Hydrogramme sans dimension de Izzard ; Source : Deutsch et al (1989)].


  • L'existence de relations empiriques entre les deux grandeurs de base ($ Q_{eq} $ et $ t_{eq} $), le stockage superficiel instantané ($ D_e $), l'intensité moyenne de pluie nette ($ i_n $) et les données caractérisant le bassin versant :


$ t_{eq}=2.\frac{D_e}{60}.Q_{eq} $


$ D_e=4{,}39.10^{-3}.(2{,}76.10^{-5}.i_n+c).L^{3/4}.i_n^{1/3}.I^{-1/3} $


$ Q_{eq}=2{,}778.10^{-7}.i_n.L $


Avec :

  • $ c $ : paramètre représentant le coefficient de rugosité et fonction de la nature du revêtement ;
  • $ D_e $ : volume stocké par unité de largeur (m3/m) ;
  • $ I $ : pente de la surface (m/m) ;
  • $ i_n $ : intensité de pluie nette constante (mm/h) ;
  • $ L $ : longueur du ruissellement (m) ;
  • $ Q_{eq} $ : débit (m3/s/m) ;
  • $ t{eq} $ : temps (mn).

[modifier] Choix des paramètres

Le tableau de la figure 2 donne quelques indications pour le choix de $ c $


Figure 2 : Valeurs à attribuer au coefficient de rugosité $ c $ de la formule de Izzard en fonction de la nature de la surface d'écoulement ; Source : Deutsch et al., (1989)

[modifier] Utilisation pratique

Le modèle d’Izzard peut fournir un hydrogramme complet à l'exutoire correspondant à un hyétogramme quelconque. Il suffit de décomposer le hyétogramme en pas de temps d'intensité constante et d'appliquer la méthode à chacune des averses élémentaires d'intensité constante ainsi obtenues. La réponse à l'entrée complète sera obtenue en sommant les réponses à chacune des entrées élémentaires (principe de superposition des solutions). Cette technique nécessite cependant d'associer à l'hydrogramme sans dimension qui ne représente que la montée en débit, une fonction permettant de représenter la décrue correspondant à chaque pluie élémentaire. Cette fonction se calcule de la façon suivante : à la fin de chaque période de pluie élémentaire, il reste sur le sol un stock $ D_0 $, due à cette pluie élémentaire, égal au volume précipité moins le volume écoulé. Durant la période de décrue de l'hydrogramme élémentaire, il existe une relation empirique entre le débit à l'instant $ t_r $ (temps écoulé depuis la fin de la pluie élémentaire d'intensité constante) et le débit $ Q_d $ à la fin de cet instant :


$ t_r=\frac{0{,}5.D_0.(r^{-2/3}-1)}{60.Q_{eq}} $


Avec :


$ r=\frac{Q_d}{Q_{eq}} $


[modifier] Intérêt et limites

Élaboré à l'origine pour représenter le ruissellement sur des aéroports, ce modèle s'applique bien à l'étude du ruissellement sur des bassins versants ayant une largeur sensiblement constante comme les routes ou les autoroutes. Il a d'ailleurs été à l'origine de la méthode des temps d'équilibre utilisée en France pour l'assainissement des autoroutes. D'une façon plus générale, il convient bien à des écoulements sur des éléments plans homogènes, de pente relativement faible (moins de 4%). En revanche, son application à des bassins versants urbains de surface supérieure à quelques hectares, fortement équipés en ouvrages souterrains d'assainissement, est à proscrire.

Bibliographie :

  • Izzard, C.G. (1946) : Hydraulics of runoff from developed surfaces ; proceedings of the 26th annual meeting ; highway Research Board, Vol. 26 ; pp. 129-146 ; 1946

Pour en savoir plus :

  • Deutsch et al. (1989) : Groupe de Travail du STU animé par Deutsch J.C. ; Mémento sur l'évacuation des eaux pluviales ; La documentation française ; Paris ; 349 p. ; 1989.
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