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Séparateur à hydrocarbures (HU) : Différence entre versions

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''<u>Traduction anglaise</u> : Oil separator, Oil-water separator, Oil trap, Oil interceptor''
 
''<u>Traduction anglaise</u> : Oil separator, Oil-water separator, Oil trap, Oil interceptor''
  
<u>Date de dernière mise à jour</u> : 20/12/2019
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<u>Date de dernière mise à jour</u> : 16/06/2025
  
Dispositif destiné à intercepter les [[Huile (HU)|huiles]] et les [[Graisse (HU)|graisses]] non dissoutes ni émulsionnées contenues dans le ruissellement urbain. Ces dispositifs sont principalement fondés sur le fait que les huiles et les graisses sont plus légères que l'eau. Dans un écoulement tranquillisé (faible vitesse d'écoulement pour limiter la [[Turbulence (HU)|turbulence]]), les graisses et les huiles non fixées sur des sédiments ont donc tendance à remonter à la surface où il est possible de les arrêter en utilisant une [[Cloison siphoïde (HU)|cloison siphoïde]]. Même si le terme séparateur à hydrocarbure est générique, il est le plus souvent utilisé (comme le terme piège à hydrocarbures) pour désigner des appareils compacts préfabriqués, mis en œuvre pour piéger d’éventuelles pollutions accidentelles sur des zones exposées (parkings en particulier).  
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Dispositif destiné à intercepter les [[Huile (HU)|huiles]] et les [[Graisse (HU)|graisses]], non dissoutes ni émulsionnées, contenues dans un écoulement.  
  
[[File:Siaap_depollueur ep - Copie.jpg|400px|center|thumb|<center>''Séparateur à hydrocarbure en cours de mise en place ; crédit photo SIAAP.''</center>]]
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==Principes de fonctionnement==
  
On utilise plutôt le terme [[Déshuileur (HU)|déshuileur]] pour parler des appareils destinés à piéger les huiles ou les graisses dans les eaux usées, par exemple pour pré-traiter les rejets des restaurants.
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Ces dispositifs sont principalement fondés sur le fait que les huiles et les graisses sont plus légères que l'eau. Dans un écoulement tranquillisé (faible vitesse d'écoulement pour limiter la [[Turbulence (HU)|turbulence]]), les graisses et les huiles non fixées sur des sédiments ont donc tendance à remonter à la surface où il est possible de les arrêter en utilisant une [[Cloison siphoïde (HU)|cloison siphoïde]]. La partie fixée sur les particules peut, pour sa part, être piégée par décantation.
  
La conception des séparateurs repose donc sur une tranquillisation des effluents et un dimensionnement assurant un temps de séjour suffisant pour que les [[Hydrocarbure (HU)|hydrocarbures]] de densité faible remontent en surface et puissent y être piégés grâce à des cloisons siphoïdes. Le perfectionnement des appareils consiste à éviter, grâce à des procédés d’obturation, leur relargage lorsqu’ils seront pleins et/ou soumis à des débits traversiers trop importants. La partie de l’appareil ayant pour objet cette flottation est généralement précédée d’un compartiment dans lequel ont lieu un [[Dégrillage (HU)|dégrillage]] et un [[Débourbeur (HU)|débourbage]] (décantation des sables, voire des [[Matières en suspension / MES (HU)|matières en suspension]] les plus grossières).  
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Même si le terme séparateur à hydrocarbure est générique et indique une fonction, en assainissement, il est le plus souvent utilisé (comme le terme "piège à hydrocarbures") pour désigner des appareils compacts, généralement préfabriqués, mis en œuvre pour piéger d’éventuelles pollutions accidentelles provenant du ruissellement sur des zones exposées (stations-services et parkings en particulier) (''figure 1'').
  
En dehors des surfaces spécifiquement exposées à des ruissellements très chargés en hydrocarbures, il n’y a pas lieu de vouloir dépolluer les eaux de ruissellement vis-à-vis de ce paramètre, mais d’examiner l’intérêt plus global de leur dépollution vis-à-vis de l’ensemble des polluants qui les affectent. Dans ce cas, le dimensionnement des ouvrages doit être basé sur des critères se rapportant à la rétention des matières en suspension.  
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On utilise plutôt les termes de [[Déshuileur (HU)|déshuileur]] ou de [[Bac à graisse (HU)|bac à graisse]] pour parler des appareils destinés à piéger les huiles ou les graisses dans les eaux usées, par exemple pour pré-traiter les rejets des restaurants.
  
L’intérêt des séparateurs à hydrocarbures préfabriqués compacts pour diminuer la pollution chronique est généralement très réduit (Voir § Efficacité réelle pour piéger les hydrocarbures présents dans les eaux de ruissellement), il n’existe aucune réglementation de portée nationale qui en impose l’usage (Voir § Que dit la réglementation pour les eaux de ruissellement ?) et d’autres solutions plus économique existent (Voir : Y-a-t-il d’autres solutions ?).
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La conception des séparateurs repose donc sur une tranquillisation des effluents et un dimensionnement assurant un temps de séjour suffisant pour que les [[Hydrocarbure (HU)|hydrocarbures]] de densité faible remontent en surface et puissent y être piégés grâce à des cloisons siphoïdes. Le perfectionnement des appareils consiste à éviter, grâce à des procédés d’obturation, leur relargage lorsqu’ils seront pleins et/ou soumis à des débits traversiers trop importants.  
  
Les séparateurs à hydrocarbures préfabriqués compact ne doivent donc être utilisés que de façon exceptionnelle lorsque leur intérêt est justifié, notamment par des risques de pollution accidentelle.  
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La partie de l’appareil ayant pour objet la flottation est généralement précédée d’un compartiment dans lequel ont lieu un [[Dégrillage (HU)|dégrillage]] et un [[Débourbeur (HU)|débourbage]] (décantation des sables, voire des [[Matières en suspension / MES (HU)|matières en suspension]] les plus grossières) (voir ''figure 1'').
  
== Normalisation des appareils ==
 
  
La première génération de séparateurs fait l’objet de deux normes :
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[[File:séparateur_hydrocarbure_grand_reims1.JPG||800px|center|thumb|<center>''<u>Figure 1</u> : Schéma d'un séparateur à hydrocarbure ; <u>Source</u> : [https://eau.grandreims.fr/files/grandreims/Contenu/Documents%20pdf/eau_fiche_hydrocarbures_2018.pdf eau.grandreims.fr].''</center>]]
  
<u>Norme XP P 16-441</u> : Cette norme est « ''applicable aux débourbeurs et séparateurs de liquides légers contenus dans les eaux pluviales ou usées (industrielles, domestiques) à l’exclusion des eaux vannes ; La séparation des éléments est obtenue par gravité et/ou coalescence'' ». Les « ''liquides légers'' » concernés sont les « ''liquides de masse volumique inférieure ou égale à 0,95 g/cm3, pratiquement ou totalement insolubles ou insaponifiables comme les hydrocarbures, le gazole, le fioul domestique et toute huile d’origine minérale, à l’exclusion des huiles et graisses à usage alimentaire ''». La « ''taille nominale'' » des séparateurs correspond « ''approximativement à la valeur numérique du débit maximal, exprimée en litres par seconde ''», traité par l’appareil. Leur efficacité, quantifiée par la concentration résiduelle maximale en liquide léger c, atteinte par l’effluent après traitement, est traduite par la classe à laquelle ils appartiennent :
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== Normalisation des appareils ==
  
* Classe I :  c = 5 mg/L,
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Les normes françaises (XPP16-441, XPP16-440, XPP16-442), qui ont régi les premières générations de séparateurs, sont devenues caduques au 1er mars 2007. Les appareils sont aujourd'hui régi par la norme [https://www.boutique.afnor.org/fr-fr/norme/nf-en-8581-a1/installations-de-separation-de-liquides-legers-par-exemple-hydrocarbures-pa/fa122543/24555?pk_source=bing-ads&pk_medium=cpc&pk_campaign=%5BDSA%5D%20Acquisition&msclkid=ba7c3c52d1a81141262f592323725323&utm_source=bing&utm_medium=cpc&utm_campaign=%5BDSA%5D%20Acquisition&utm_term=%2Fnorme%2F&utm_content=Normes NF EN 858-1], complétée par la [https://www.boutique.afnor.org/fr-fr/norme/xp-p164511-cn/installations-de-separation-de-liquides-legers-par-exemple-hydrocarbures-pa/fa143844/62628 norme XP P16-451-1/CN], qui précise en particulier les performances fonctionnelles attendues ainsi que les méthodes d'essais associées.
* Classe II : c = 100 mg/L.
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« ''Ce classement est déterminé au cours d’un essai réalisé avec de l’eau contenant 5 ml/L de liquide léger de densité égale à 0,85 et pour un débit égal au débit maximal d’effluent'' ». La concentration massique en liquide léger de l’effluent utilisé pour ce test est donc de 4,25 g/L.
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En ce qui concerne spécifiquement les aspects concernant la dépollution, le changement de norme n'a pas eu de conséquences fondamentales. Les appareils sont toujours conçus pour traiter des eaux très chargées en hydrocarbures, comme le montre le tableau de la ''figure 2''. Les eaux en entrée utilisées pour les essais étant elles-mêmes extrêmement concentrées.
  
<u>Norme XP P 16-442</u> : Cette norme concerne les « ''installations de séparation de liquides légers (même définition que celle indiquée dans la norme XP P 16-441) contenus dans les eaux usées d’origine industrielle, et fonctionnant par le procédé de flottation'' ». Elle est « ''applicable aux séparateurs destinés à retenir les hydrocarbures libres, de densité inférieure ou égale à 0,95 présents à l’état liquide dans un effluent (eau usée ou de ruissellement) contaminé, de manière chronique ou temporaire ''». Ils ne sont pas destinés à retenir des particules solides (éventuellement contaminées par des hydrocarbures), qu’elles soient décantables ou non. Leur efficacité est appréciée selon les mêmes critères que ceux énoncés dans la norme XP P 16-441 (Leur efficacité, quantifiée par la « ''classes I et II'' »).
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[[File:séparateur_hydrocarbures_st_nizier.JPG||600px|center|thumb|<center>''<u>Figure 2</u> : Efficacité attendue des séparateurs de liquide léger d'après la norme NF EN 858-1 ; <u>Source</u> : Saint Dizier Environnement (non daté).''</center>]]
  
 
== Efficacité réelle pour piéger les hydrocarbures présents dans les eaux de ruissellement ==
 
== Efficacité réelle pour piéger les hydrocarbures présents dans les eaux de ruissellement ==
  
Il découle des précisions indiquées dans les deux normes précédentes, que ces séparateurs n’ont, pour plusieurs raisons, aucune efficacité en matière de [[Traitement des rejets urbains de temps de pluie (HU)|traitement de la pollution chronique des eaux de ruissellement urbain ]]:
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'''Il découle des précisions indiquées dans les deux normes précédentes, que la plupart des séparateurs n’ont, pour plusieurs raisons logiques, aucune efficacité en matière de [[Maîtrise des rejets urbains de temps de pluie (HU)|traitement de la pollution chronique des eaux de ruissellement urbain]]''' :
 
 
 
 
* Les hydrocarbures entrainés par les eaux de ruissellement urbain sont, au bout de quelques dizaines de mètres de parcours en surface ou dans les conduites, adsorbées sur des particules solides plus denses que l’eau ; leur séparation par flottation n’est donc pas possible. La taille de ces particules reste cependant faible et, par voie de conséquence, leur vitesse de chute est également limitée. Les débits des eaux de ruissellement urbain sont en général trop importants pour que le temps de séjour de l’eau dans l’appareil permette leur décantation.
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* La plupart des hydrocarbures entrainés par les eaux de ruissellement urbain sont, au bout de quelques dizaines de mètres de parcours en surface ou dans les conduites, [[Adsorption (HU)|adsorbés]] sur des particules solides plus denses que l’eau ; leur séparation par flottation n’est donc pas possible, et il est préférable de compter sur leur décantation.
* Les performances qu’offrent les séparateurs à hydrocarbures, c'est-à-dire, au mieux, une concentration de l’effluent traité inférieure à 5 mg/L d’hydrocarbures libres pour les appareils de classe I, ne sont pas adaptées à la qualité des eaux de ruissellement. Les concentrations en hydrocarbures totaux, et donc a fortiori en hydrocarbures libres, observées dans ces dernières sont en effet déjà presque toujours inférieures à 5 mg/L. De plus, l’essai permettant d’établir la classe du séparateur est effectué sur un effluent contenant 4 250 mg/L d’hydrocarbures libres, ce qui n’a absolument rien à voir avec les concentrations observées dans les eaux de ruissellement urbain.
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* La taille de ces particules reste cependant faible et, par voie de conséquence, leur [[Vitesse de chute (HU)|vitesse de chute]] est également limitée ; de plus, les débits des eaux de ruissellement urbain sont en général trop importants pour que le temps de séjour de l’eau dans l’appareil permette leur décantation.
* L’essai mentionné ci-dessus est réalisé avec un liquide léger de densité égale à 0,85 alors que certains hydrocarbures, comme les huiles lubrifiantes par exemple, présentent une densité qui peut être significativement supérieure.
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* '''Les performances qu’offrent les séparateurs à hydrocarbures, c'est-à-dire, au mieux, une concentration de l’effluent traité inférieure à 5 mg/L d’hydrocarbures libres en sortie pour les appareils de classe I, ne sont pas adaptées à la qualité des eaux de ruissellement. Les concentrations en hydrocarbures totaux, et donc a fortiori en hydrocarbures libres, observées dans les eaux de ruissellement sont en effet de l'ordre de 0,2 à 2 mg/L (voir [[Pollution des eaux de ruissellement (HU)]]), c'est à dire très inférieures à 5 mg/L.'''
  
Ces appareils sont donc à réserver aux eaux fortement chargées en hydrocarbures libres, c'est-à-dire à des effluents pouvant résulter du rinçage de surfaces très fortement contaminées en hydrocarbures, ou de l’entraînement d’hydrocarbures déversés de façon accidentelle puis entraînés vers un réseau. Les effluents issus d’aires sur lesquelles ont lieu des activités de remplissage ou de distribution d’hydrocarbures, sont, par exemple concernées par de tels procédés de traitement, comme l’indique dans son article 19, l’arrêté ministériel n°261 bis du 26 janvier 1983 applicable aux liquides inflammables issus d’installations de remplissage ou de distribution de débit maximum supérieur à 1 m3/h mais inférieur à ou égal à 20 m3/h : « ''L’aire de distribution ou de remplissage de liquides inflammables doit être étanche aux produits susceptibles d’y être répandus et conçue de manière à permettre le drainage de ceux-ci. Les liquides ainsi collectés devront, avant leur rejet dans le milieu naturel, être traités au moyen d’un décanteur séparateur de liquides légers muni d’un dispositif d’obturation automatique. Ce décanteur séparateur sera conçu et dimensionné de façon à évacuer un débit minimal de 45 l/h par mètre carré de l’aire considérée sans entraînement de liquides inflammables'' ». L’article. 21b ajoute : « ''Les rejets provenant de l’aire de distribution ou de remplissage présenteront une concentration inférieure à 20 mg/L (norme NF T 90-203), concentration obtenue par tout moyen de décantation-séparation physique ''».
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Ces considérations théoriques sont confirmées par toutes les études expérimentales effectuées sur ce type de dispositif et dont on trouvera une synthèse dans Brelle (2005).
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Ces appareils sont donc à réserver strictement aux eaux fortement chargées en hydrocarbures libres, c'est-à-dire à des effluents pouvant résulter du rinçage de surfaces très fortement contaminées en hydrocarbures, ou de l’entraînement d’hydrocarbures déversés de façon accidentelle puis entraînés vers un réseau. Les effluents issus d’aires sur lesquelles ont lieu des activités de remplissage ou de distribution d’hydrocarbures, sont, par exemple concernés par de tels procédés de traitement, comme l’indique dans son article 19, l’[https://aida.ineris.fr/reglementation/arrete-type-rubrique-ndeg-261-bis-liquides-inflammables-installations-remplissage arrêté ministériel n°261 bis du 26 janvier 1983] applicable aux liquides inflammables issus d’installations de remplissage ou de distribution de débit, maximum supérieur à 1 m3/h mais inférieur à ou égal à 20 m3/h : « ''L’aire de distribution ou de remplissage de liquides inflammables doit être étanche aux produits susceptibles d’y être répandus et conçue de manière à permettre le drainage de ceux-ci. Les liquides ainsi collectés devront, avant leur rejet dans le milieu naturel, '''être traités au moyen d’un décanteur séparateur de liquides légers muni d’un dispositif d’obturation automatique'''. Ce décanteur séparateur sera conçu et dimensionné de façon à évacuer un débit minimal de 45 l/h par mètre carré de l’aire considérée sans entraînement de liquides inflammables'' ». L’article 21b ajoute : « ''Les rejets provenant de l’aire de distribution ou de remplissage présenteront une concentration inférieure à 20 mg/L (norme NF T 90-203), concentration obtenue par tout moyen de décantation-séparation physique ''».
  
 
== Que dit la réglementation pour les eaux de ruissellement ? ==
 
== Que dit la réglementation pour les eaux de ruissellement ? ==
  
En dehors de la législation relative aux [[Installation classée pour la protection de l’environnement / ICPE (HU)|installations classées pour la protection de l’environnement]] (ICPE) cité ci-dessus, aucun texte de portée nationale n’impose le traitement systématique des eaux de ruissellement, et donc a fortiori vis-à-vis des hydrocarbures. Cependant, malgré l’inefficacité totale des séparateurs de liquides légers, de nombreuses collectivités ont imposé dans leur règlement d’assainissement ou bien dans des documents d’urbanisme, la mise en place de séparateurs à l’aval de certaines surfaces urbaines imperméabilisées comme les parkings (y compris quelquefois pour des parkings de 5 places !). Les contraintes imposées par ces règlements contribuent à augmenter les coûts, interdisent parfois certaines solutions techniques et n’apportent strictement aucun bénéfice environnemental. Ils devraient donc être systématiquement modifiés.
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En dehors de la législation relative aux [[Installation classée pour la protection de l’environnement / ICPE (HU)|installations classées pour la protection de l’environnement]] (ICPE) cité ci-dessus, aucun texte de portée nationale n’impose le traitement systématique des eaux de ruissellement, et donc a fortiori leur traitement vis-à-vis des hydrocarbures. Cependant, malgré l’inefficacité totale des séparateurs de liquides légers, de nombreuses collectivités ont imposé dans leur règlement d’assainissement ou bien dans des documents d’urbanisme, la mise en place de séparateurs à l’aval de certaines surfaces urbaines imperméabilisées comme les parkings (y compris quelquefois pour des parkings de 5 places !). De la même façon, certains services en charge de la police de l’eau les préconisent dans les dossiers Loi sur l’eau.
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'''Les contraintes imposées par ces règlements contribuent à augmenter les coûts, interdisent parfois certaines solutions techniques plus efficaces et n’apportent strictement aucun bénéfice environnemental. Ces réglements devraient donc être systématiquement modifiés''' (''figure 3'').
  
 
== Y-a-t-il d’autres solutions ? ==
 
== Y-a-t-il d’autres solutions ? ==
  
La mise en évidence au début des années 1990 que les hydrocarbures, comme de nombreux autres [[Micropolluant (HU)|micropolluants]], sont en grande partie liés dans les eaux de ruissellement urbain, aux matières en suspension, a conduit à développer une nouvelle génération de séparateurs à hydrocarbures fondée sur le principe de la décantation : les [[Séparateur particulaire (HU)|séparateurs particulaires]]. Leur conception repose par exemple sur une structure de [[Décanteur lamellaire (HU)|décanteur lamellaire]], sous laquelle se déposent sous forme de boues, les matières en suspension interceptées, ainsi que les hydrocarbures et autres micro-poulluants qui y sont fixés. Il peut également s’agir de simples bassins de décantation. Ces dispositifs peuvent être efficaces à conditions d’être correctement dimensionnés (ce qui imposent souvent des dimensions très supérieures à celles habituellement retenues) et correctement entretenus (ce qui nécessite de les curer très régulièrement). Leur installation peut être justifiée en cas de rejets fortement pollués et d’un milieu très vulnérable.
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La mise en évidence au début des années 1990 que les hydrocarbures, comme de nombreux autres [[Micropolluant (HU)|micropolluants]], sont en partie liés, dans les eaux de ruissellement urbain, aux matières en suspension, a conduit à développer une nouvelle génération de séparateurs fondée sur le principe de la décantation. Leur conception repose généralement sur une structure de [[Décanteur lamellaire (HU)|décanteur lamellaire]], sous laquelle se déposent sous forme de boues, les matières en suspension interceptées, ainsi que les hydrocarbures et autres micropolluants qui y sont fixés. Il peut également s’agir de simples bassins de décantation. Ces dispositifs peuvent être efficaces à condition d’être correctement dimensionnés (ce qui imposent souvent des dimensions très supérieures à celles habituellement retenues) et correctement entretenus (ce qui nécessite de les curer très régulièrement). Leur installation peut être justifiée en cas de rejets fortement pollués et d’un milieu très vulnérable (''figure 3'').
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[[File:encadré_separateur_hydrocarbures.JPG||800px|center|thumb|<center>''<u>Figure 3</u> : Avis de l'Agence de l'eau Seine-Normandie sur les séparateurs à hydrocarbures ; <u>Source</u> : Grommaire ''et al'', 2013.''</center>]]
  
 
== En conclusion ==
 
== En conclusion ==
  
En dehors des surfaces spécifiquement exposées à des ruissellements très chargés en hydrocarbures, il n’y donc pas lieu de vouloir notamment dépolluer les eaux de ruissellement vis-à-vis du paramètre hydrocarbures, mais d’examiner l’intérêt plus global de leur dépollution vis-à-vis de l’ensemble des polluants qui les affectent. Dans ce cas, le dimensionnement des ouvrages doit être basé sur des critères se rapportant à la rétention des matières en suspension.l’intérêt plus global de leur dépollution vis-à-vis de l’ensemble des polluants qui les affectent. Dans ce cas, le dimensionnement des ouvrages doit être basé sur des critères se rapportant à la rétention des matières en suspension.
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En dehors des surfaces spécifiquement exposées à des ruissellements chroniques ou accidentels très chargés en hydrocarbures (comme par exemple des aires de distribution de stations services), il n’y pas lieu de vouloir dépolluer spécifiquement les eaux de ruissellement vis-à-vis de ce paramètre, mais d’examiner l’intérêt plus global de leur dépollution vis-à-vis de l’ensemble des polluants qui les affectent. Dans ce cas, le dimensionnement des ouvrages doit être basé sur des critères se rapportant principalement à la rétention des matières en suspension.
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Dans ce cadre, l’intérêt des séparateurs à hydrocarbures préfabriqués compacts pour diminuer la pollution chronique est généralement très réduit ; de plus il n’existe aucune réglementation de portée nationale qui en impose l’usage et d’autres solutions plus économiques existent (''figure 2'').
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'''Les séparateurs à hydrocarbures préfabriqués compact ne doivent donc être utilisés que de façon exceptionnelle lorsque leur intérêt est justifié, notamment par des risques de pollution accidentelle'''.  
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<u>Bibliographie</u> :
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* Brelle, P. (2005) : Synthèse des données sur l'efficacité réelle des séparateurs à hydrocarbures ; Synthèse technique ENGREF - INSA Lyon ; 16p. ; disponible sur [http://www2.agroparistech.fr/IMG/pdf/brelle.pdf www2.agroparistech.fr]
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* Grommaire, M.C., Veiga, L., Grimaldi, M., Aires, N. (2013) : Outils de bonne gestion des eaux de ruissellement ; Agence de l'eau Seine-Normandie ; 64p. ; disponible sur [http://www.eau-seine-normandie.fr/sites/public_file/docutheque/2017-03/Document_d_orientation_bonne_gestion.pdf www.eau-seine-normandie.fr]
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* Saint Dizier Environnement (non daté) : Memento du séparateur à hydrocarbures ; 22 p. ; disponible sur https://www.graie.org/graie/graiedoc/reseaux/Racco/racc-biblio-memento-SaintDizierEnvironnement-separateurshydrocarbures-avr15.pdf
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<u>Pour en savoir plus</u> :
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* [https://www.graie.org/graie/graiedoc/doc_telech/actesyntheses/RDV/RDV11hydrocarburessupports.pdf www.graie.org/graie]
  
<u>Pour en savoir plus</u> : https://www.graie.org/graie/graiedoc/doc_telech/actesyntheses/RDV/RDV11hydrocarburessupports.pdf
 
  
<u>Voir aussi</u> : [[Rejet urbain de temps de pluie / RUTP (HU)|Rejets urbains de temps de pluie]], [[Traitement des rejets urbains de temps de pluie (HU)|Traitement des rejets urbains de temps de pluie]].
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<u>Voir aussi</u> : [[Rejet urbain de temps de pluie / RUTP (HU)|Rejets urbains de temps de pluie]], [[Maîtrise des rejets urbains de temps de pluie (HU)]].
  
 
[[Catégorie:Dictionnaire_DEHUA]]
 
[[Catégorie:Dictionnaire_DEHUA]]
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[[Catégorie:Ouvrages_de_dégrillage,_dessablage_et_déshuilage_(HU)]]
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[[Catégorie:Traitement_des_rejets_urbains_de_temps_de_pluie_(HU)]]

Version actuelle en date du 26 juin 2025 à 09:40

Logo eurydice.jpgLogo OFB soutien financier.png

Traduction anglaise : Oil separator, Oil-water separator, Oil trap, Oil interceptor

Date de dernière mise à jour : 16/06/2025

Dispositif destiné à intercepter les huiles et les graisses, non dissoutes ni émulsionnées, contenues dans un écoulement.

Sommaire

[modifier] Principes de fonctionnement

Ces dispositifs sont principalement fondés sur le fait que les huiles et les graisses sont plus légères que l'eau. Dans un écoulement tranquillisé (faible vitesse d'écoulement pour limiter la turbulence), les graisses et les huiles non fixées sur des sédiments ont donc tendance à remonter à la surface où il est possible de les arrêter en utilisant une cloison siphoïde. La partie fixée sur les particules peut, pour sa part, être piégée par décantation.

Même si le terme séparateur à hydrocarbure est générique et indique une fonction, en assainissement, il est le plus souvent utilisé (comme le terme "piège à hydrocarbures") pour désigner des appareils compacts, généralement préfabriqués, mis en œuvre pour piéger d’éventuelles pollutions accidentelles provenant du ruissellement sur des zones exposées (stations-services et parkings en particulier) (figure 1).

On utilise plutôt les termes de déshuileur ou de bac à graisse pour parler des appareils destinés à piéger les huiles ou les graisses dans les eaux usées, par exemple pour pré-traiter les rejets des restaurants.

La conception des séparateurs repose donc sur une tranquillisation des effluents et un dimensionnement assurant un temps de séjour suffisant pour que les hydrocarbures de densité faible remontent en surface et puissent y être piégés grâce à des cloisons siphoïdes. Le perfectionnement des appareils consiste à éviter, grâce à des procédés d’obturation, leur relargage lorsqu’ils seront pleins et/ou soumis à des débits traversiers trop importants.

La partie de l’appareil ayant pour objet la flottation est généralement précédée d’un compartiment dans lequel ont lieu un dégrillage et un débourbage (décantation des sables, voire des matières en suspension les plus grossières) (voir figure 1).


Figure 1 : Schéma d'un séparateur à hydrocarbure ; Source : eau.grandreims.fr.

[modifier] Normalisation des appareils

Les normes françaises (XPP16-441, XPP16-440, XPP16-442), qui ont régi les premières générations de séparateurs, sont devenues caduques au 1er mars 2007. Les appareils sont aujourd'hui régi par la norme NF EN 858-1, complétée par la norme XP P16-451-1/CN, qui précise en particulier les performances fonctionnelles attendues ainsi que les méthodes d'essais associées.

En ce qui concerne spécifiquement les aspects concernant la dépollution, le changement de norme n'a pas eu de conséquences fondamentales. Les appareils sont toujours conçus pour traiter des eaux très chargées en hydrocarbures, comme le montre le tableau de la figure 2. Les eaux en entrée utilisées pour les essais étant elles-mêmes extrêmement concentrées.


Figure 2 : Efficacité attendue des séparateurs de liquide léger d'après la norme NF EN 858-1 ; Source : Saint Dizier Environnement (non daté).

[modifier] Efficacité réelle pour piéger les hydrocarbures présents dans les eaux de ruissellement

Il découle des précisions indiquées dans les deux normes précédentes, que la plupart des séparateurs n’ont, pour plusieurs raisons logiques, aucune efficacité en matière de traitement de la pollution chronique des eaux de ruissellement urbain :  

  • La plupart des hydrocarbures entrainés par les eaux de ruissellement urbain sont, au bout de quelques dizaines de mètres de parcours en surface ou dans les conduites, adsorbés sur des particules solides plus denses que l’eau ; leur séparation par flottation n’est donc pas possible, et il est préférable de compter sur leur décantation.
  • La taille de ces particules reste cependant faible et, par voie de conséquence, leur vitesse de chute est également limitée ; de plus, les débits des eaux de ruissellement urbain sont en général trop importants pour que le temps de séjour de l’eau dans l’appareil permette leur décantation.
  • Les performances qu’offrent les séparateurs à hydrocarbures, c'est-à-dire, au mieux, une concentration de l’effluent traité inférieure à 5 mg/L d’hydrocarbures libres en sortie pour les appareils de classe I, ne sont pas adaptées à la qualité des eaux de ruissellement. Les concentrations en hydrocarbures totaux, et donc a fortiori en hydrocarbures libres, observées dans les eaux de ruissellement sont en effet de l'ordre de 0,2 à 2 mg/L (voir Pollution des eaux de ruissellement (HU)), c'est à dire très inférieures à 5 mg/L.

Ces considérations théoriques sont confirmées par toutes les études expérimentales effectuées sur ce type de dispositif et dont on trouvera une synthèse dans Brelle (2005).

Ces appareils sont donc à réserver strictement aux eaux fortement chargées en hydrocarbures libres, c'est-à-dire à des effluents pouvant résulter du rinçage de surfaces très fortement contaminées en hydrocarbures, ou de l’entraînement d’hydrocarbures déversés de façon accidentelle puis entraînés vers un réseau. Les effluents issus d’aires sur lesquelles ont lieu des activités de remplissage ou de distribution d’hydrocarbures, sont, par exemple concernés par de tels procédés de traitement, comme l’indique dans son article 19, l’arrêté ministériel n°261 bis du 26 janvier 1983 applicable aux liquides inflammables issus d’installations de remplissage ou de distribution de débit, maximum supérieur à 1 m3/h mais inférieur à ou égal à 20 m3/h : « L’aire de distribution ou de remplissage de liquides inflammables doit être étanche aux produits susceptibles d’y être répandus et conçue de manière à permettre le drainage de ceux-ci. Les liquides ainsi collectés devront, avant leur rejet dans le milieu naturel, être traités au moyen d’un décanteur séparateur de liquides légers muni d’un dispositif d’obturation automatique. Ce décanteur séparateur sera conçu et dimensionné de façon à évacuer un débit minimal de 45 l/h par mètre carré de l’aire considérée sans entraînement de liquides inflammables ». L’article 21b ajoute : « Les rejets provenant de l’aire de distribution ou de remplissage présenteront une concentration inférieure à 20 mg/L (norme NF T 90-203), concentration obtenue par tout moyen de décantation-séparation physique ».

[modifier] Que dit la réglementation pour les eaux de ruissellement ?

En dehors de la législation relative aux installations classées pour la protection de l’environnement (ICPE) cité ci-dessus, aucun texte de portée nationale n’impose le traitement systématique des eaux de ruissellement, et donc a fortiori leur traitement vis-à-vis des hydrocarbures. Cependant, malgré l’inefficacité totale des séparateurs de liquides légers, de nombreuses collectivités ont imposé dans leur règlement d’assainissement ou bien dans des documents d’urbanisme, la mise en place de séparateurs à l’aval de certaines surfaces urbaines imperméabilisées comme les parkings (y compris quelquefois pour des parkings de 5 places !). De la même façon, certains services en charge de la police de l’eau les préconisent dans les dossiers Loi sur l’eau.

Les contraintes imposées par ces règlements contribuent à augmenter les coûts, interdisent parfois certaines solutions techniques plus efficaces et n’apportent strictement aucun bénéfice environnemental. Ces réglements devraient donc être systématiquement modifiés (figure 3).

[modifier] Y-a-t-il d’autres solutions ?

La mise en évidence au début des années 1990 que les hydrocarbures, comme de nombreux autres micropolluants, sont en partie liés, dans les eaux de ruissellement urbain, aux matières en suspension, a conduit à développer une nouvelle génération de séparateurs fondée sur le principe de la décantation. Leur conception repose généralement sur une structure de décanteur lamellaire, sous laquelle se déposent sous forme de boues, les matières en suspension interceptées, ainsi que les hydrocarbures et autres micropolluants qui y sont fixés. Il peut également s’agir de simples bassins de décantation. Ces dispositifs peuvent être efficaces à condition d’être correctement dimensionnés (ce qui imposent souvent des dimensions très supérieures à celles habituellement retenues) et correctement entretenus (ce qui nécessite de les curer très régulièrement). Leur installation peut être justifiée en cas de rejets fortement pollués et d’un milieu très vulnérable (figure 3).


Figure 3 : Avis de l'Agence de l'eau Seine-Normandie sur les séparateurs à hydrocarbures ; Source : Grommaire et al, 2013.

[modifier] En conclusion

En dehors des surfaces spécifiquement exposées à des ruissellements chroniques ou accidentels très chargés en hydrocarbures (comme par exemple des aires de distribution de stations services), il n’y pas lieu de vouloir dépolluer spécifiquement les eaux de ruissellement vis-à-vis de ce paramètre, mais d’examiner l’intérêt plus global de leur dépollution vis-à-vis de l’ensemble des polluants qui les affectent. Dans ce cas, le dimensionnement des ouvrages doit être basé sur des critères se rapportant principalement à la rétention des matières en suspension.

Dans ce cadre, l’intérêt des séparateurs à hydrocarbures préfabriqués compacts pour diminuer la pollution chronique est généralement très réduit ; de plus il n’existe aucune réglementation de portée nationale qui en impose l’usage et d’autres solutions plus économiques existent (figure 2).

Les séparateurs à hydrocarbures préfabriqués compact ne doivent donc être utilisés que de façon exceptionnelle lorsque leur intérêt est justifié, notamment par des risques de pollution accidentelle.

Bibliographie :

Pour en savoir plus :


Voir aussi : Rejets urbains de temps de pluie, Maîtrise des rejets urbains de temps de pluie (HU).

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