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Horton (modèle de) (HU) : Différence entre versions

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Modèle empirique de représentation de [[Infiltration (HU)|l'infiltration]]
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<u>Dernière mise à jour</u> : 22/05/2024
sur les sols perméables.
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La modèle de Horton consiste à exprimer la capacité
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Modèle empirique de représentation de [[Infiltration (HU)|l'infiltration]] sur les sols perméables utilisable comme [[Fonction de production et fonction de transfert (HU)|fonction de production]] dans les [[Modèle hydrologique (HU)|modèles hydrologiques]].
d'infiltration normale d'un sol sous la forme suivante :
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==Formulation et utilisation pratique==
  
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La modèle de Horton consiste à exprimer la [[Capacité d’infiltration (HU)|capacité d'infiltration]] d'un sol au temps <math>t</math> sous la forme suivante :
  
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* <math>f_o</math> : capacité d'infiltration maximum du sol (correspondant à un sol sec) (mm/h) ;
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* <math>f_c</math> : capacité d'infiltration du sol saturé (normalement égale à la [[Conductivité hydraulique (HU)|conductivité hydraulique]] du sol) (mm/h);
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* <math>k</math> : constante de temps positive (h<sup>-1</sup> si les temps sont en heures).
  
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Il est important de noter que la saturation du sol ne peut suivre la loi de saturation théorique que si l'intensité de pluie reste en permanence supérieure à la capacité d'infiltration du sol. Dans le cas contraire le sol absorbe toute l'eau précipitée, le taux d'infiltration réel est donc égal à l'intensité de la pluie et le sol se sature moins vite. En général, la courbe d'infiltration théorique est supérieure à l'intensité au début de la pluie, puis elle devient inférieure à cette dernière. La méthode la plus simple pour tenir compte de ce phénomène consiste à décaler la courbe d'infiltration dans le temps, de manière à ce que le ruissellement ne commence que lorsque la hauteur d'eau infiltrée devient égale à la hauteur d'eau précipitée.
fo     :  capacité d'infiltration maximum du
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sol ;
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k      :  constante de temps positive.
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Les valeurs d'infiltration sont généralement exprimées en
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La ''figure 1'' schématise ce principe. Le décalage temporel de la courbe théorique d'infiltration est tel que les volumes grisés situés au-dessus et en dessous de l'hydrogramme soient égaux.
millimètres par heure et les temps en minutes.  
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== Ce modèle est-il fiable ? ==
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Les temps <math>t_0</math> et <math>t_1</math> sont tels que :
  
Ce modèle donne une bonne approximation des courbes
 
d'infiltration dans un sol saturé dans son horizon superficiel, ou dans un sol
 
fortement végétalisé. Elle convient en revanche très mal pour les sols nus et
 
secs où les problèmes d'interface eau/air dans la zone superficielle sont
 
importants.
 
 
Il est important de noter que la saturation du sol ne suit
 
la loi de saturation théorique que si l'intensité de pluie reste en permanence
 
supérieure à la capacité d'infiltration du sol. Dans le cas contraire le sol
 
absorbe toute l'eau précipitée, le taux d'infiltration réel est donc égal à
 
l'intensité de la pluie et le sol se sature moins vite. En général, la courbe
 
d'infiltration théorique est supérieure à l'intensité de l'averse au début de
 
la pluie, puis elle devient inférieure à cette dernière. La méthode la plus
 
simple pour tenir compte de ce phénomène consiste à décaler la courbe d'infiltration
 
dans le temps, de manière à ce que le ruissellement ne commence que lorsque la
 
masse d'eau infiltrée devient égale à la masse d'eau précipitée.
 
 
 
 
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Le décalage temporel de la courbe théorique
 
d'infiltration est tel que les volumes grisés situés au-dessus et en dessous de
 
l'hydrogramme soient égaux.
 
 
Les temps t0 et t1 sont tels
 
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== Comment évaluer les paramètres ? ==
 
 
La principale difficulté consiste à évaluer correctement les
 
paramètres f0, fc et k. Ceux-ci varient beaucoup avec les
 
caractéristiques physiques du sol (porosité), mais aussi avec sa teneur
 
initiale en humidité, sa couverture végétale, la dimension des gouttes de
 
pluie, la température, etc. Ils peuvent être mesurés en laboratoire, in situ
 
(éventuellement sous pluie artificielle), ou estimés à partir de valeurs
 
fournies par la littérature. Dans ce cas, on considère généralement que la
 
valeur de k est comprise entre 0,05 et 0,1 (si les temps sont en minutes). Les
 
valeurs de fc peuvent par exemple être choisies en utilisant les
 
deux tableaux suivants :
 
 
 
 
 
 
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{| class="wikitable"
 
 
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== Choix des paramètres ==
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La principale difficulté consiste à évaluer correctement les paramètres <math>f_0</math>, <math>f_c</math> et <math>k</math>. Ceux-ci varient beaucoup avec les caractéristiques physiques du sol ([[Porosité (HU)|porosité]], [[Conductivité hydraulique (HU)|conductivité hydraulique]], mais aussi avec sa [[Teneur en eau (HU)|teneur initiale en eau]], sa couverture végétale, la dimension des gouttes de pluie, la température, la pente, etc. Ils peuvent être mesurés en laboratoire, in situ (par des essais de perméabilité ou sous pluie artificielle), calés à partir de mesures pluie-débit ou estimés à partir de valeurs fournies par la littérature.
  
Tableau 1 : Plages de variation de la capacité
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===Choix de ''f<sub>c</sub>''===
limite d'infiltration (paramètre fc de la formule de Horton), en
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fonction de la perméabilité du sol et de la nature de sa couverture (les
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perméabilités sont exprimées en mm/h),
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d'après [Deutsch & al., 1989].
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Les valeurs de <math>f_c</math> peuvent par exemple être choisies en utilisant le tableau de la ''figure 2'' (en mm/h):
  
  
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[[File:Horton_figure1.JPG|800px|center|thumb|<center>''<u>Figure 2</u> : Plages de variation du paramètre <math>f_c</math> en fonction de la nature du sol et du type de couverture végétale.''</center>]]
{| class="wikitable"
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===Choix de ''f<sub>0</sub>''===
  
!style="text-align: center;"| type de sol!!style="text-align: center;"| capacité limite d'infiltration
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La valeur de <math>f_0</math> peut pour sa part être choisie en fonction de <math>f_c</math> en tenant compte en particulier de la pluviosité antécédente.
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* Si le sol est saturé en humidité au début de l'écoulement on peut considérer que <math>f_0</math> est égal à <math>f_c</math> ;
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* Si le sol est sec, on utilise généralement le modèle de Holtan :
  
|-
 
  
|style="text-align: center;"| Terres sableuses||style="text-align: center;"| 15 à 25 mm / h
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<center><math>f_0 = 4.f_c</math></center>
  
|-
 
  
|style="text-align: center;"| Terres lourdes||style="text-align: center;"| 3 à 15 mm / h
+
===Choix de ''k''===
  
|-
+
Le paramètre <math>k</math> décrit la vitesse avec laquelle le sol se sature. Sa valeur dépend principalement de l'épaisseur de terre végétale. Si on exprime le temps en heures, la valeur de <math>k</math> est généralement comprise entre <math>0{,}3</math> et <math>3</math>h<sup>-1</sup>, ce qui correspond à des temps de saturation du sol de quelques heures (voir tableau de la ''figure 3'').
  
|style="text-align: center;"| Terres très argileuses||style="text-align: center;"| 3 mm / h
 
  
|}
+
[[File:horton_tableau.JPG|600px|center|thumb|<center>''<u>Figure 3</u> : Valeur de k en fonction du temps de saturation du sol.''</center>]]
</center>
+
  
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== Intérêt et limites ==
  
Tableau 2 : Exemples de valeurs de capacités
+
Ce modèle donne une bonne approximation des courbes d'infiltration dans un sol humide dans son horizon superficiel, ou dans un sol fortement végétalisé. Elle convient en revanche très mal pour les sols nus et secs où les problèmes d'interface eau/air dans la zone superficielle sont importants. Le principal problème d'utilisation de ce modèle réside dans le choix des paramètres.
limites d'infiltration (paramètre fc de la formule de Horton) en
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fonction du type de sol.
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La valeur de f0 peut pour sa part être choisie en
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<u>Bibliographie</u> :
fonction de fc en tenant compte en particulier de la pluviosité
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* Horton, R.E. (1931) : ''The field, scope, and status of the science of hydrology'' ; Eos, Transactions American Geophysical Union, 1931 - Wiley Online Library
antécédente. Si le sol est saturé en humidité au début de l'écoulement on peut
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considérer que f0 est égal à fc. Pour un sol sec, on
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utilise généralement le modèle de Holtan : f0 = 4. fc.
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[[Catégorie:Dictionnaire DEHUA]]
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[[Catégorie:Dictionnaire_DEHUA]]
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[[Catégorie:Modélisation_de_la_transformation_pluie-débit_(HU)]]

Version actuelle en date du 22 mai 2024 à 15:24

Traduction anglaise : Horton's model

Dernière mise à jour : 22/05/2024

Modèle empirique de représentation de l'infiltration sur les sols perméables utilisable comme fonction de production dans les modèles hydrologiques.

Sommaire

[modifier] Formulation et utilisation pratique

La modèle de Horton consiste à exprimer la capacité d'infiltration d'un sol au temps $ t $ sous la forme suivante :


$ f(t) = f_c+(f_0-f_c).e^{-k.t} $


Avec :

  • $ f_o $ : capacité d'infiltration maximum du sol (correspondant à un sol sec) (mm/h) ;
  • $ f_c $ : capacité d'infiltration du sol saturé (normalement égale à la conductivité hydraulique du sol) (mm/h);
  • $ k $ : constante de temps positive (h-1 si les temps sont en heures).

Il est important de noter que la saturation du sol ne peut suivre la loi de saturation théorique que si l'intensité de pluie reste en permanence supérieure à la capacité d'infiltration du sol. Dans le cas contraire le sol absorbe toute l'eau précipitée, le taux d'infiltration réel est donc égal à l'intensité de la pluie et le sol se sature moins vite. En général, la courbe d'infiltration théorique est supérieure à l'intensité au début de la pluie, puis elle devient inférieure à cette dernière. La méthode la plus simple pour tenir compte de ce phénomène consiste à décaler la courbe d'infiltration dans le temps, de manière à ce que le ruissellement ne commence que lorsque la hauteur d'eau infiltrée devient égale à la hauteur d'eau précipitée.


Figure 1 : Principe du décalage de la courbe d'infiltration.

La figure 1 schématise ce principe. Le décalage temporel de la courbe théorique d'infiltration est tel que les volumes grisés situés au-dessus et en dessous de l'hydrogramme soient égaux.

Les temps $ t_0 $ et $ t_1 $ sont tels que :


$ \int_0^{t_0}i(t).dt=\int_0^{t_1-t_0}f(t).dt $


et


$ i(t_1)=f(t_1-t_0) $


[modifier] Choix des paramètres

La principale difficulté consiste à évaluer correctement les paramètres $ f_0 $, $ f_c $ et $ k $. Ceux-ci varient beaucoup avec les caractéristiques physiques du sol (porosité, conductivité hydraulique, mais aussi avec sa teneur initiale en eau, sa couverture végétale, la dimension des gouttes de pluie, la température, la pente, etc. Ils peuvent être mesurés en laboratoire, in situ (par des essais de perméabilité ou sous pluie artificielle), calés à partir de mesures pluie-débit ou estimés à partir de valeurs fournies par la littérature.

[modifier] Choix de fc

Les valeurs de $ f_c $ peuvent par exemple être choisies en utilisant le tableau de la figure 2 (en mm/h):


Figure 2 : Plages de variation du paramètre $ f_c $ en fonction de la nature du sol et du type de couverture végétale.

[modifier] Choix de f0

La valeur de $ f_0 $ peut pour sa part être choisie en fonction de $ f_c $ en tenant compte en particulier de la pluviosité antécédente.

  • Si le sol est saturé en humidité au début de l'écoulement on peut considérer que $ f_0 $ est égal à $ f_c $ ;
  • Si le sol est sec, on utilise généralement le modèle de Holtan :


$ f_0 = 4.f_c $


[modifier] Choix de k

Le paramètre $ k $ décrit la vitesse avec laquelle le sol se sature. Sa valeur dépend principalement de l'épaisseur de terre végétale. Si on exprime le temps en heures, la valeur de $ k $ est généralement comprise entre $ 0{,}3 $ et $ 3 $h-1, ce qui correspond à des temps de saturation du sol de quelques heures (voir tableau de la figure 3).


Figure 3 : Valeur de k en fonction du temps de saturation du sol.

[modifier] Intérêt et limites

Ce modèle donne une bonne approximation des courbes d'infiltration dans un sol humide dans son horizon superficiel, ou dans un sol fortement végétalisé. Elle convient en revanche très mal pour les sols nus et secs où les problèmes d'interface eau/air dans la zone superficielle sont importants. Le principal problème d'utilisation de ce modèle réside dans le choix des paramètres.

Bibliographie :

  • Horton, R.E. (1931) : The field, scope, and status of the science of hydrology ; Eos, Transactions American Geophysical Union, 1931 - Wiley Online Library
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