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Gradex (méthode du) (HU) : Différence entre versions

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La  méthode  du  Gradex a été développée  par  EDF dans les années 1960 (Guillot et Duband, 1967) pour la  sécurité  des  grands  barrage. Elle est utilisée couramment en France, souvent sous des formes dites améliorées; pour l’estimation des débits de fréquence rare.
 
La  méthode  du  Gradex a été développée  par  EDF dans les années 1960 (Guillot et Duband, 1967) pour la  sécurité  des  grands  barrage. Elle est utilisée couramment en France, souvent sous des formes dites améliorées; pour l’estimation des débits de fréquence rare.
  
==Origine et principales hypothèses==
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==Origine et principes de la méthode==
  
Les grands barrages sont dimensionnés pour des crues exceptionnelles (période de retour de plusieurs milliers d'années). On ne dispose généralement pas de séries de mesures débitmétriques suffisamment longues pour évaluer des crues aussi rares. Pour surmonter cette difficulté, la méthode du gradex repose sur trois principes :
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Les grands barrages sont dimensionnés pour des crues exceptionnelles (période de retour de plusieurs milliers d'années). On ne dispose généralement pas de séries de mesures débitmétriques suffisamment longues pour évaluer des crues aussi rares. Pour surmonter cette difficulté, la méthode du gradex met en œuvre sur trois principes complémentaires :
  
 
===Saturation des sols pour les pluies extrêmes===
 
===Saturation des sols pour les pluies extrêmes===
  
L'idée de départ est que lorsque le débit dépasse une certaine valeur (nommée  débit  seuil ou point  pivot, correspondant typiquement à des périodes de retour de 10 à 50 ans), le sol devient totalement saturé et l'excédent de précipitation ruisselle alors intégralement. Tout  accroissement  de  pluie  induit  donc le  même accroissement en débit.
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Le premier principe consiste à considérer que, lorsque le débit dépasse une certaine valeur (nommée  débit  seuil ou point  pivot, correspondant typiquement à des périodes de retour de 10 à 50 ans), le sol devient totalement saturé et l'excédent de précipitation ruisselle alors intégralement. Tout  accroissement  de  pluie  induit  donc le  même accroissement en débit.
  
 
=== Possibilité d'ajustement des valeurs extrêmes par des lois de Gumbel===
 
=== Possibilité d'ajustement des valeurs extrêmes par des lois de Gumbel===
  
Le deuxième principe consiste à ajuster les valeurs extrêmes de pluie et de débit par des lois de type Gumbel. Dans ce cas la relation entre la grandeur à ajuster (pluie ou débit) et le logarithme du logarithme de la fréquence est linéaire. L'application conjointe des deux premiers principes revient à dire que la pente de la droite d'ajustement des  
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Le deuxième principe consiste à ajuster les valeurs extrêmes de pluie et de débit par des lois de type Gumbel. Selon ce modèle la relation entre la grandeur à ajuster (pluie ou débit) et le logarithme du logarithme de la fréquence est linéaire. L'application conjointe des deux premiers principes revient à dire que, dans un repère bilogarithmique, la pente de la droite d'ajustement des valeurs extrêmes de débit par une loi de Gumbel (son gradex) devient parallèle à la pente de la droite d'ajustement des valeurs extrêmes de pluies.
  
 
=== Possibilité de régionaliser les données pluviométriques===
 
=== Possibilité de régionaliser les données pluviométriques===
  
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Le troisième principe consiste à allonger artificiellement la longueur temporelle des séries de pluies en multipliant le nombre de postes de mesures par l'utilisation de postes différents, supposés indépendants, mais situés dans une zone climatique homogène (Voir [[Régionalisation des données (HU)|Régionalisation des données]])
  
,  . La méthode utilise l’information pluviométrique pour extrapoler la distribution de fréquence des débits.
 
  
==Intérêt et limites==
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==Formulation mathématique et différentes variantes==
  
La méthode repose sur un ajustement des lois de distribution des pluies et des débits extrêmes par une relation de Gumbel (droite dans un repère bilogarithmique). On fait l'hypothèse que, passée une certaine valeur de hauteur d'eau précipitée, . La pente de l'ajustement de la loi de distribution des débits classés devient donc parallèle à la loi de distribution des précipitations.
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Depuis sa formulation initiale par Guillot et Duband différentes variantes ont été proposées : Gradex esthétique, Gradex progressif, méthode AGREGEE. (Miquel, 1984)).  
  
Cette méthode est intéressante dans la mesure où l'on dispose de séries de mesures pluviométriques généralement plus longues que les séries de mesures débitmétriques. Ceci est d'autant plus vrai qu'il est possible d'allonger artificiellement la longueur temporelle des séries en multipliant le nombre de postes de mesures en considérant des postes différents, supposés indépendants, mais situés dans une zone climatique homogène (Voir [[Régionalisation des données (HU)|Régionalisation des données]]). Cette méthode est théoriquement utilisable pour des bassins versants de surface quelconque, mais s'applique mieux si la surface est inférieure à quelques milliers de km² (au-delà, il est difficile de définir la pluie). Elle impose une stabilité du type d'occupation des sols, du moins pour les périodes de retour faibles. La méthode du Gradex conduit souvent à une surestimation des débits de crue,
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==Intérêt et limites==
  
==Formulation mathématique et différentes variantes==
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La méthode du gradex s'applique à ds bassins versants de quelques dizaines a plusieurs milliers de km2 à la condition qu'ils reçoivent une pluie spatialement homogène (pour des surfaces plus grandes il est difficile de définir la pluie). Elle impose une stabilité du type d'occupation des sols, du moins pour les périodes de retour faibles.
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La méthode du Gradex conduit souvent à une surestimation des débits de crue,
  
et différentes variantes ont été proposées (Gradex esthétique, Gradex progressif, etc.).
 
  
 
==Utilisation en hydrologie urbaine==
 
==Utilisation en hydrologie urbaine==
  
 
Cette méthode n'a pas fait l'objet d'utilisations importantes en hydrologie urbaine.
 
Cette méthode n'a pas fait l'objet d'utilisations importantes en hydrologie urbaine.
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<u>Bibliographie</u> :
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* Guillot, P et Duband, D (1967) : La méthode du gradex pour le calcul de la probabilité des crues à partir des pluies ; IASH, pub. n°84
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* Miquel, J. (1984) : Guide pratique d'estimation des probabilité de crues ; Eyrolles, 1984.
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<u>Pour en savoir plus</u> :
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* Bouvard et Garros-Berthet (animateurs) (1994) : Les crues de projet des barrages : méthode du gradex ; rapport de synthèse préparé par le groupe de travail "crues de projet" du comité français des grands barrages ; bul. CFGB N°2, 1994 ; téléchargeable sur http://www.hydrologie.org/BIB/Gradex/Gradex.pdf
  
 
[[Catégorie:Modélisation_de_la_transformation_pluie-débit_(HU)]]
 
[[Catégorie:Modélisation_de_la_transformation_pluie-débit_(HU)]]

Version du 2 mars 2020 à 10:53

Traduction anglaise : Gradex method

Dernière mise à jour : 29/2/2020

Méthode permettant le calcul des débits de crue correspondant à des périodes de retour rares et extrêmes (typiquement de $ 100 $ à $ 10\ 000 $ ans).

La méthode du Gradex a été développée par EDF dans les années 1960 (Guillot et Duband, 1967) pour la sécurité des grands barrage. Elle est utilisée couramment en France, souvent sous des formes dites améliorées; pour l’estimation des débits de fréquence rare.

Sommaire

Origine et principes de la méthode

Les grands barrages sont dimensionnés pour des crues exceptionnelles (période de retour de plusieurs milliers d'années). On ne dispose généralement pas de séries de mesures débitmétriques suffisamment longues pour évaluer des crues aussi rares. Pour surmonter cette difficulté, la méthode du gradex met en œuvre sur trois principes complémentaires :

Saturation des sols pour les pluies extrêmes

Le premier principe consiste à considérer que, lorsque le débit dépasse une certaine valeur (nommée débit seuil ou point pivot, correspondant typiquement à des périodes de retour de 10 à 50 ans), le sol devient totalement saturé et l'excédent de précipitation ruisselle alors intégralement. Tout accroissement de pluie induit donc le même accroissement en débit.

Possibilité d'ajustement des valeurs extrêmes par des lois de Gumbel

Le deuxième principe consiste à ajuster les valeurs extrêmes de pluie et de débit par des lois de type Gumbel. Selon ce modèle la relation entre la grandeur à ajuster (pluie ou débit) et le logarithme du logarithme de la fréquence est linéaire. L'application conjointe des deux premiers principes revient à dire que, dans un repère bilogarithmique, la pente de la droite d'ajustement des valeurs extrêmes de débit par une loi de Gumbel (son gradex) devient parallèle à la pente de la droite d'ajustement des valeurs extrêmes de pluies.

Possibilité de régionaliser les données pluviométriques

Le troisième principe consiste à allonger artificiellement la longueur temporelle des séries de pluies en multipliant le nombre de postes de mesures par l'utilisation de postes différents, supposés indépendants, mais situés dans une zone climatique homogène (Voir Régionalisation des données)


Formulation mathématique et différentes variantes

Depuis sa formulation initiale par Guillot et Duband différentes variantes ont été proposées : Gradex esthétique, Gradex progressif, méthode AGREGEE. (Miquel, 1984)).

Intérêt et limites

La méthode du gradex s'applique à ds bassins versants de quelques dizaines a plusieurs milliers de km2 à la condition qu'ils reçoivent une pluie spatialement homogène (pour des surfaces plus grandes il est difficile de définir la pluie). Elle impose une stabilité du type d'occupation des sols, du moins pour les périodes de retour faibles.

La méthode du Gradex conduit souvent à une surestimation des débits de crue,


Utilisation en hydrologie urbaine

Cette méthode n'a pas fait l'objet d'utilisations importantes en hydrologie urbaine.


Bibliographie :

  • Guillot, P et Duband, D (1967) : La méthode du gradex pour le calcul de la probabilité des crues à partir des pluies ; IASH, pub. n°84
  • Miquel, J. (1984) : Guide pratique d'estimation des probabilité de crues ; Eyrolles, 1984.

Pour en savoir plus :

  • Bouvard et Garros-Berthet (animateurs) (1994) : Les crues de projet des barrages : méthode du gradex ; rapport de synthèse préparé par le groupe de travail "crues de projet" du comité français des grands barrages ; bul. CFGB N°2, 1994 ; téléchargeable sur http://www.hydrologie.org/BIB/Gradex/Gradex.pdf
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