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VIGICRUES FLASH (HU) : Différence entre versions

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(11)  Georgakakos, K.P., Analytical results for operational flash flood
 
(11)  Georgakakos, K.P., Analytical results for operational flash flood
guidance, 2006, Journal of Hydrology, 317 (1-2): p. 81-103.  
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guidance, 2006, Journal of Hydrology, 317 (1-2): p. 81-103.
  
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Version du 1 juillet 2020 à 16:29

Dispositif visant à anticiper, suffisamment tôt, pour que les personnes exposées puissent être prévenues, les crues soudaines (se produisant à l’aval de bassins versants dont le temps de réponse est compris entre 2 et 6 heures) ainsi que, dans des circonstances favorables, les crues éclairs (temps de réponse des bassins versants inférieurs à 2 heures).

Ce dispositif a été élaboré par le Service central d’hydrométéorologie et d’appui à la prévision des inondations (SCHAPI) et les Services de prévision des crues (SPC) en relation avec plusieurs partenaires, notamment l’Institut national de recherche et de technologie pour l’Environnement et l’Agriculture (IRSTEA) et Météo-France. Lancé en mars 2017, il ne s’applique pour l’instant que sur une partie du territoire français. Il est basé sur :

·         une évaluation, dans les secteurs où elles sont jugées satisfaisantes, des lames d’eau précipitées par des radars météorologiques et des pluviomètres au sol, qui pourront être complétées, à moyen terme, par une prévision immédiate de la pluie ;

·         l’utilisation de modèles génériques simulant, sur des bassins versants qui ne présentent pas des particularités hydrologiques trop marquées, la transformation de la pluie en débit ruisselé traduit en termes de dépassements de seuils de période de retour statistique ;

·         des messages téléphoniques, SMS et courriels, envoyés simultanément aux préfets et aux maires concernés qui se seront abonnés à ce service gratuit, ainsi qu’à des personnes qu’ils auront désignées.

Ce service est complémentaire du service APIC (Avertissement pour les pluies intenses au niveau des communes) de Météo-France. Les deux services ont un circuit de diffusion commun.

Pourquoi un dispositif spécifique d’anticipation des crues soudaines ?

La prévision des crues et des inondations et la Vigilance «crues » assurée par les Services de l’Etat porte, en 2016, sur plus de 22 000 km de cours d’eau, dont la plupart se situent à l’aval de bassins versants dont le temps de réponse est supérieur à 6 heures, ce qui correspond au champ des méthodes classiques de prévision des crues, s’appuyant notamment sur des stations de mesure hydrométriques placées suffisamment en amont des points de prévision.

Or, les crues soudaines, qui sont souvent les plus meurtrières, même si elles provoquent en général moins de dommages matériels, surviennent pour la plupart sur des cours d’eau non surveillés par l’Etat au titre de la prévision des crues. Elles requièrent un dispositif de surveillance particulier, plus léger et moins spécifique à chaque bassin versant, donc plus approximatif, voire non valide dans certains cas. C’est sur la connaissance de la pluie par les images radar-météorologiques et les pluviomètres en temps réel, ainsi que sur la méthode AÏGA, que le SCHAPI, et les SPC se sont appuyés pour leur anticipation.

La preparation et le lancement du service d’anticipation des crues soudaines, vigicrues flash

La réflexion sur l’anticipation des crues soudaines a été lancée dès 2008, sur la base des résultats encourageants obtenus avec la méthode AÏGA sur un certain nombre de bassins versants, notamment de l’arc méditerranéen.

Suite aux inondations meurtrières dans le secteur de Draguignan dans le Var, les 15 et 16 juin 2010, il a été décidé, dans le cadre du Plan sur les submersions rapides adopté début 2011, d’accélérer le développement d’un service d’anticipation des crues soudaines.

Dans un premier temps il a été décidé de ne mettre en œuvre ce service que pour les bassins versants présentant les caractéristiques suivantes :

·         situés à l’amont ou au-delà du réseau hydrographique surveillé par l’Etat (avec la prévision des crues et la vigilance « crues ») ;

·         bénéficiant d’une couverture radar-météorologique de qualité suffisante ;

·         ayant un temps de réponse supérieur à 2 heures, sauf si les conditions sont assez favorables ;

·         dont les caractéristiques hydrologiques ne sont pas trop particulières (présence de retenues de barrage, ou de zones karstiques au fonctionnement mal connu, etc.).

Il a également été affiché que ce service se faisait au risque d’un taux non négligeable de fausses alertes, la priorité étant d’éviter les évènements manqués.

Le démonstrateur RHYTMME, qui met en œuvre la méthode AÏGA pour les bassins méditerranéens (et qui porte aussi sur d’autres risques naturels dans cette zone), a été testé sur différents événements observés : les inondations de Draguignan de la mi-juin 2010(1), mais également(2) celles de la région de Cannes le 3 octobre 2015, ainsi qu’à plus large échelle, par un re-jeu sur 700 bassins versants à l’amont de stations de mesure hydrométriques réparties sur le territoire métropolitain français : les meilleurs résultats sont obtenus sur le sud de la France (à l’exception de zones montagneuses des Pyrénées, des Alpes et du Jura (du fait des défauts de couverture par des images radarmétéorologiques et de la non-prise en compte de la fonte des neiges)ainsi que sur le massif armoricain ; les moins bons dans l’est, le nord, le bassin parisien et le secteur Poitou-Charentes.

Présenté aux pouvoirs publics et aux partenaires en janvier 2013, le service VIGICRUES FLASH comporte deux volets : 

·         Le premier correspond à un outil unique, largement automatisé, disponible sur l’ensemble des bassins-versants qui seront finalement retenus ; il vise à avertir les gestionnaires de crise, avec un délai d’anticipation en général de l’ordre de 2 et 6 heures, sur la base d’une estimation de la rareté des débits attendus remise à jour toutes les 15 mn. Les préfets et les maires concernés et abonnés, ainsi que les autres responsables qu’ils ont désignés, sont directement destinataires de l’avertissement, en même temps que les SPC et les Services de Météo-France.

·         Le second prendra en compte les enjeux territoriaux de manière plus fine et sollicitera l’expertise des prévisionnistes des SPC. Il sera réservé, au moins au démarrage, à un nombre limité de bassins-versants particulièrement exposés au risque d’inondation.

Deux instances, mises en place en 2014, ont été chargées de suivre ce projet : un comité de pilotage, qui valide les contours du service et fixe le calendrier de déploiement, et un comité des utilisateurs chargé de faire remonter les attentes des acteurs de terrain.

L’année 2015 a été consacrée aux développements de la plateforme de production des avertissements correspondant au premier volet. En 2016, en parallèle, une expérimentation en vraie grandeur a été menée pendant 4 mois sur une centaine de communes-tests.

Le lancement opérationnel (3) (4) a été réalisé en mars 2017, sous le nom de VIGICRUES FLASH et pour près de 13 000 bassins versants situés à l’amont de zones à enjeux d’inondations. Ces bassins versants touchent environ 10 000 communes, et concernent plus de 30 000 km de cours d’eau du territoire métropolitain. Une extension progressive des communes et bassins versants couverts est prévue au cours des années suivantes.

Et la suite ?

Des développements complémentaires, notamment pour préparer le deuxième volet évoqué plus haut, sont en cours de développement et d’évaluation, notamment sur :

·         les améliorations(5) à apporter à la méthode AÏGA et au modèle GRD, notamment au niveau de :

o    la prise en compte des incertitudes pesant sur l’évaluation des lames d’eau précipitée, et de prévision immédiate (pour l’heure qui vient) de la pluie,

o    du dépassement des limites du modèle GRD dans les zones où il est le moins pertinent, ainsi que de l’aménagement d’un fonctionnement infra-horaire ce celui-ci,

·         la prise en compte, autant que possible, d’une évaluation directe et compatible avec une application en temps réel, des impacts des crues soudaines(6), en particulier avec le projet HYDRISQ(7), en s’appuyant sur :

o    des modèles hydrologiques distribués, alimentés par l’observation radar-météorologique des pluies ;

o    une évaluation des risques de coupures des axes routiers(8) ;

o    une estimation des impacts possibles sur les secteurs habités, par un calcul simplifié d’emprises submergées (méthode CARTINO(9) du CEREMA) et un croisement avec les enjeux présents(10) ;

·         l’intégration d’éléments de la méthode américaine Flash flood guidance(11).

 

L’INTERET POUR LES RESPONSABLES DE SYSTEMES D’ASSAINISSEMENT

Vigicrues Flash, présente, pour les gestionnaires et pour les responsables communaux et communautaites, un intérêt supplémentaire par rapport à la Vigilance « crues », notamment parce que  :

-          ce service concerne aussi des petits cours d’eau qui peuvent perturber le fonctionnement des systèmes d’assainissement ;

-          et son échelle peut permettre de mieux anticiper leurs risques de débordements, comme le Service APIC de Météo-France.

 

Bibliographie

(1)    P. Javelle, J. Demargne, D. Defrance, J. Pansu, P. Arnaud, Evaluating flash flood warnings at ungauged locations using post-event surveys: a case study with the AIGA warning system, 2014, Hydrological Sciences Journal.


(2)    Javelle Pierre, Organde Didier, Demargne Julie, Sant-Martin Clothilde, De Saint-Aubin Céline, Garandeau Léa, Janet Bruno, Setting up a French national flash flood warning system for ungauged catchments based on the AIGA method, 2016, FLOOD risk 2016 3rd European Conference on Flood Risk Management, E3S, Web of Conferences, 7, 1810.

(3)    « Suite aux inondations récentes, Ségolène Royal annonce des mesures pour renforcer la politique de prévention des risques d’inondation » ; Communiqué de presse du 8 juillet 2016.

(4)    « Vigicrues renforcé pour les élus (suite à une réunion de la ministre chargée de l’environnement tenue le 28 novembre 2016) » ; Environnement-Magazine, le 6 décembre 2016, Morgan Boëdec.

(5)    Javelle P., Cantet P., Caséri A., Ecrepont S., Demargne J., Fouchier C., Mériaux P., Organde D., De Saint-Martin C., Arnaud P., Développement de la méthode AIGA pour une meilleure anticipation des crues soudaines, 2014, Journées Techniques « Gestion des risques hydrologiques et des ouvrages fluviaux », 18 et 19 novembre, CEREMA – IFSTTAR.

(6)    Le Bihan Guillaume, Naulin Jean Philippe, Payrastre Olivier, Gaume Eric, Outils de surveillance et prévision des phénomènes de crues soudaines, Vers une évaluation directe des impacts des crues, Poster aux Assises nationales des risques naturels, 2-3 décembre 2013.

(7)    Payrastre O., Pons F., Contenu de l’opération de recherche HYDRISQ, 2014, Journées Techniques « Gestion des risques hydrologiques et des ouvrages fluviaux », 18 et 19 novembre, CEREMA – IFSTTAR.

(8)    Payrastre O., Crues soudaines et coupures de routes : Résultats du projet PreDiFlood, 2014, Journées Techniques « Gestion des risques hydrologiques et des ouvrages fluviaux », 18 et 19 novembre, CEREMA – IFSTTAR ; http://heberge.ifsttar.fr//prediflood/index.php


(9)    Pons F., Bader B., Caruso A., Arnaud P., Leblois E. (2012). “Cartino Project: A French automatized hazard floodmap” ; Simhydro 2012 ; Sophia Antipolis - Nice, 12-14 septembre 2012.

(10)  Le Bihan G., Payrastre O., Gaume E., Pons F., Vers une prevision des impacts des crues soudaines : premiers developpements bases sur la construction de relations debit-impacts, 2014, Journées Techniques « Gestion des risques hydrologiques et des ouvrages fluviaux », 18 et 19 novembre, CEREMA - IFSTTAR

(11)  Georgakakos, K.P., Analytical results for operational flash flood guidance, 2006, Journal of Hydrology, 317 (1-2): p. 81-103.

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