Bassin sec (HU)
Traduction anglaise : Dry pond, detention basin
article en chantier
Dernière mise à jour : 04/01/2023
On réserve généralement ce terme aux bassins de retenue de surface destinés à stocker provisoirement l'eau pendant les périodes pluvieuses en étant secs pendant les autres périodes, par opposition aux bassins en eau ; on précise parfois "bassin de retenue sec".
Ces ouvrages font partie des solutions alternatives de gestion des eaux pluviales.
Sommaire |
Généralités
Les bassins secs constituent la forme de bassin de retenue la plus utilisée.
Principes et variantes
Le principe consiste à stocker provisoirement l'eau dans un espace habituellement sec, puis à l'évacuer progressivement, soit vers le milieu naturel, soit vers le réseau aval. La vidange peut se faire en totalité ou en partie par infiltration (on parle alors de bassin d'infiltration).
Les bassins de retenue peuvent remplir (parfois simultanément) un grand nombre de fonctions hydrologiques :
- lutter contre les inondations à l'aval en limitant le débit écoulé au moment où les risques sont les plus forts ;
- limiter les rejets par les déversoirs d'orage et augmenter le volume d'eau renvoyé vers la station d'épuration ;
- abattre la charge polluante contenue dans les eaux en permettant la décantation ou la filtration d'une importante partie des matières en suspension et donc de la plupart des polluants car beaucoup y sont adsorbés au moins en partie ;
- recharger la nappe phréatique (pour les bassins d'infiltration).
A ces fonctions techniques on associe également souvent d'autres fonctions d'usage visant à valoriser les espaces mobilisés par des usages de loisirs ou d’espace public.
Les bassins secs peuvent être utilisés dans différents contextes :
- le plus à l'amont possible dans le cadre d'une gestion à la source ; la fonction hydrologique devient alors parfois secondaire, l'espace inondable ayant d'autres fonctions urbaines ou sociales (figure 1) ; il existe alors une grande ressemblance entre ce type d'ouvrage et les stockages en surface ;
- à l'aval d'un réseau séparatif pluvial de façon à gérer au mieux les rejets vers le milieu naturel (ouvrage centralisé ou "au bout du tuyau") ; la fonction hydrologique est alors plus importante mais l'espace mobilisé peut cependant avoir d'autres fonctions (figure 2) ;
- intégrés au réseau de façon à soulager certaines conduites sous-dimensionnées ou de diminuer le nombre et l'importance des rejets par les déversoirs d'orage ; même si les contraintes urbaines conduisent dans ce cas souvent à construire des bassins enterrés, on arrive parfois à trouver des espaces en surface ; la double fonction est alors très importante du fait du prix du foncier (figure 3).


Historique
Si l'idée de stocker provisoirement les eaux pluviales urbaines a été mise en œuvre par beaucoup de civilisations au cours de l'histoire, cette solution a progressivement été délaissée au milieu du XIXème siècle lors de l'émergence du principe hygiéniste d'évacuation la plus rapide possible des toutes les eaux hors de la ville.
En Europe de l'ouest, les bassins de retenue sont un peu réapparus lors des travaux de reconstruction d'après-guerre, mais souvent de façon provisoire et palliative. Cependant, en France, ce n'est qu’à la fin des années 1960 et au début des années 1970, que ces ouvrages, tout comme les bassins en eau, sont réellement revenus sur le devant de la scène, le plus souvent pour faire face à des problèmes récurrents de débordements des réseaux d'assainissement. C'est surtout L'instruction technique de 1977 qui les a remis à la mode, en particulier en proposant des abaques fondés sur la méthode des volumes pour les dimensionner. Dans le même temps, leur utilisation pour drainer les plates formes routières et autoroutières est devenue presque systématique, dans un premier temps sans réel souci d'intégration (figure 4), puis en soignant de plus en plus leur aspect paysager.
De la même façon les bassins de retenue secs ont souvent été dans un premier temps considérés comme de simples ouvrages techniques consommateurs de fonciers (figure 5).
Progressivement l'idée selon laquelle les espaces réservés pour le stockage de l'eau n'étaient utilisés que très rarement a conduit les concepteurs à leur chercher un autre usage pendant les périodes où ils étaient à sec. Souvent traités comme de simples espaces verts au départ, leurs fonctions urbaines, sociales ou environnementales se sont progressivement élargies (voir les figures 1 à 3).
Fonctions et co-bénéfices
Les bassins de retenue secs peuvent présenter, en plus de leurs fonctions hydrologiques, des intérêts multiples en fonction de leur taille et de leur conception : aspect paysager, aménagement urbain (figure 1), activités de sport ou de loisirs (figures 2 et 3). Ils assurent également un traitement partiel des eaux pluviales qu’ils reçoivent du fait de la décantation d'une partie des matières en suspension et des polluants qui leurs sont liés.
Si une partie de l'eau est infiltrée, ils contribuent à réalimenter la nappe phréatique.
Conception
Conception générale
Cas des ouvrages de gestion à la source
Les problèmes posés par la conception des ouvrages de retenue à la source sont voisins de ceux posés par le stockage en surface du fait des fonctions multiples généralement associées à l'ouvrage. Ce type d'approche nécessite de travailler sur la conception des ouvrages de retenue dès les premières esquisses de plan masse.
La conception du plan masse ne peut donc pas se faire indépendamment de la réflexion sur la gestion des eaux pluviales, ce qui constitue sans doute l'un des principaux freins au développement rapide de cette solution.
Un point particulier consiste à ternir compte du fait que le volume à gérer pour une pluie particulière est très variable selon sa nature (par exemple pluie longue d'hiver ou pluie d'orage courte et très intense) et son importance (hauteur totale précipitée). Il est donc recommandé de concevoir la topographie de la zone de façon à ce que la surface de la zone ennoyée soit dépendante de la sollicitation. Par exemple :
- n'utiliser qu'une surface réduite, peu mobilisée pour d'autres usages et relativement protégé pour les petites pluies (ou les pluies moyennes) ;
- mobiliser la totalité de la surface prévue pour les pluies dimensionnantes (celle qui correspondent au cas le plus défavorable dans le cadre de la réglementation) ;
- solliciter les espaces situés autour de l'ouvrage pour gérer les pluies plus fortes que les pluies dimensionnantes, en évitant les débordements dans les zones à enjeux.
Les contraintes sont cependant moins sévères que dans le cas d'un stockage en surface car le fait de s'autoriser des terrassements plus importants permet de jouer plus facilement sur la topographie ; de même, du fait de sa profondeur souvent plus grande, le bassin peut être alimenté par un réseau souterrain.
Cas des ouvrages centralisés
Dans le cas des ouvrages centralisés, les fonctions hydrologiques sont souvent les plus importantes. De plus la localisation de l'ouvrage comme sa surface sont généralement connues dès le départ. La recherche de multifonctionnalité est donc généralement plus simple à mettre en œuvre. Selon les fonctions annexes choisies les contraintes peuvent cependant être plus ou moins sévères (sécurité des utilisateurs, fréquence et durée de l'indisponibilité de l'espace en cas de pluie, nature du revêtement au fond de l'ouvrage, etc.).
Principes de dimensionnement et choix des dimensions
Le dimensionnement des bassins secs se fait de façon classique et ne pose pas de difficultés particulières. Le choix de la méthode de dimensionnement dépend principalement de trois critères :
- nature du projet (gestion à la source, ouvrage centralisé ou ouvrage intégré au réseau) ;
- enjeux en termes de risque d'inondation ou de de pollution (en général liés à la taille de l'opération) ;
- phase de l'étude (avant-projet, projet détaillé, contrôle de fonctionnement).
Le tableau de la figure 6 propose des éléments de choix de la méthode en fonction de ces critères.
Ce tableau n'est qu'indicatif car d'autres critères peuvent également conditionner le choix : disponibilités des données, temps et moyens accordés à l'étude, disponibilité des outils de calcul, etc.
Pour en savoir plus : Méthodes de dimensionnement des ouvrages de stockage (HU).