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Bassin d'infiltration (HU)

De Wikhydro

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Traduction anglaise : Infiltration basin, Infiltration pond

Dernière mise à jour : 27/07/2023

Bassin de retenue de surface ou enterré restituant les eaux pluviales par infiltration ; les ouvrages de ce type font partie des solutions alternatives de gestion des eaux pluviales.

Sommaire

Généralités

Principes et variantes

Principes et objectifs

Le principe consiste à stocker provisoirement l'eau, puis à l'évacuer progressivement, en totalité ou en partie, par infiltration. Tous les types de bassins de retenue peuvent être infiltrants : les bassins de surface secs ou en eau comme les bassins enterrés.

Les bassins d'infiltration peuvent remplir (parfois simultanément) un grand nombre de fonctions hydrologiques :

  • lutter contre les inondations à l'aval en diminuant les débits et les volumes écoulés ;
  • limiter les volumes (et les masses de polluants associées) des rejets urbains de temps de pluie, que ce soit par les exutoires pluviaux ou par les déversoirs d'orage ;
  • abattre la charge polluante contenue dans les eaux en permettant la décantation ou la filtration d'une importante partie des matières en suspension et donc d'une partie des polluants ;
  • réhumidifier les sols urbains et recharger la nappe phréatique.

A ces fonctions techniques on associe également souvent d'autres fonctions d'usage visant à valoriser les espaces mobilisés par des usages de loisirs ou d’espace public.

Contextes d'utilisation

Les bassins d'infiltration peuvent être utilisés dans différents contextes :

  • le plus à l'amont possible dans le cadre d'une gestion à la source ; la fonction hydrologique devient alors parfois secondaire, l'espace utilisé ayant d'autres fonctions urbaines ou sociales (figure 1) ; il existe alors une grande ressemblance entre les ouvrages de surface de ce type et les stockages en surface restituant par infiltration ;


Figure 1 : Bassin d'infiltration traité en place publique ; ce type d'aménagement ne pose pas de problèmes majeurs moyennant un minimum de précautions (pas d'inondation trop fréquente ou trop rapide, vidange et séchage rapide, absence de salissures après la crue, etc.) ; crédit photo GRAIE.
  • à l'aval d'un réseau séparatif pluvial de façon à gérer au mieux les rejets vers le milieu naturel (ouvrage centralisé ou "au bout du tuyau") ; la fonction hydrologique est alors plus importante mais l'espace mobilisé peut cependant avoir également d'autres fonctions (figure 2) ;


Figure 2 : Ce bassin d'infiltration est avant tout perçu comme un terrain de football ; pour éviter qu'il ne soit trop souvent inondé, il est alimenté par des drains situés sous la surface ; pour de petites pluies le stockage se fait uniquement dans le substrat et c'est uniquement quelques heures par an en moyenne que la partie aérienne est mobilisée : terrain d'entrainement INSA de Lyon ; Crédit photo projet EauMéliMélo - GRAIE.
  • en position intermédiaire sur les réseaux d’assainissement pluvial, notamment en amont de secteurs pouvant être inondés par débordement des collecteurs, lorsque la capacité d'infiltration est insuffisante et qu'une vidange complémentaire vers le réseau est nécessaire au moins pour les pluies les plus fortes.

Bassin de surface et bassin enterré

La façon la plus simple de construire un bassin d'infiltration consiste à utiliser un bassin de surface se vidant par infiltration. Ce bassin peut être sec (voir Bassin sec (HU)) ou en partie en eau (voir Bassin en eau (HU)).

Il est également possible d'utiliser un bassin enterré, généralement construit en utilisant des structures alvéolaires ultralégères (SAULs) ou un substrat à fort taux de vide. Cette solution présente l'avantage de libérer la surface au sol pour un autre usage (figure 3).


Figure 3 : Différentes étapes de construction d'un bassin enterré en SAUL :  ; le géotextile perméable évite la contamination par les fines du sol avoisinant tout en maintenant la perméabilité ; Source : imagesdubtp.iutrs.unistra.fr

Nota : Il existe également des solutions intermédiaires, l’alimentation s'effectuant en souterrain par des drains et le stockage s'effectuant uniquement dans le substrat pour les petites pluies puis venant inonder l'espace en surface pour les pluies plus importantes (figure 1) ; cette solution présente le double avantage :

  • de beaucoup moins salir la surface car, même en cas de débordement, l'eau est filtrée par le substrat, et,
  • de limiter la durée pendant laquelle la surface est ennoyée et donc pendant laquelle les autres usages sont impossibles.

Historique

La technique des bassins d'infiltration a connu quatre générations correspondant à quatre types de fonctionnement différents.

Le premier type de bassins d'infiltration remonte en France aux années 1950. Il s'agissait alors d'utiliser des eaux de ruissellement provenant de zones peu urbanisées et plutôt préservées des épandages agricoles polluants pour recharger les nappes phréatiques servant à l'alimentation en eau destinée à la consommation humaine. Cette fonction très particulière impose une gestion très stricte et très surveillée de ces ouvrages et limite leur utilisation à d'autres fins. Ils sont généralement implantés dans les champs captants. Ce type d'ouvrage ne sera pas traité dans cet article.

La deuxième génération qui date des années 1970 s'est concrétisée par des ouvrages conçus essentiellement pour le stockage et la régulation des eaux pluviales. Associés à un important développement urbain en périphérie des villes, ils ont permis d'ouvrir à l'urbanisation de vastes espaces caractérisés par des sols perméables et l'absence de cours d'eau, ceci sans nécessiter la construction de réseaux étendus. Ces ouvrages ont bénéficié d'un coût de foncier encore réduit et ont souvent utilisé des espaces à réaménager, par exemple d'anciennes gravières dans l'est de l'agglomération lyonnaise. Il s'agit d'ouvrages superficiels à vocation purement technique, souvent de grande taille et dont l'accès est interdit au public.


Figure 4 : Exemple de bassin d'infiltration de deuxième génération : le bassin de l'IUT sur le campus de Lyon la Doua qui fait l'objet d'un suivi dans le cadre de l'OTHU ; Crédit photo projet EauMéliMélo - GRAIE.

L'image négative associée à cette deuxième génération d'ouvrages, la volonté de mieux les intégrer dans le tissu urbain et l'augmentation du coût du foncier ont progressivement conduit les concepteurs à imaginer des bassins plurifonctionnels, capables de servir aussi bien au stockage des eaux pluviales qu'à d'autres usages en particulier de loisirs (jardins, terrains de sport, etc.). Ces bassins présentent de nombreux avantages par rapport aux précédents : bonne intégration à l'aménagement urbain, possibilités de financements multiples des ouvrages, assurance d'une meilleure gestion. Leur taille s'est également progressivement réduite et ils ont été installés de plus en plus à l'amont des aménagements pour contrôler les ruissellements à la source (figure 5).


Figure 5 : Bassin d'infiltration traité en piste de cross : en cas de pluie une partie de l'eau peut s'infiltrer et l’excédent est renvoyé au réseau à débit limité ; dans ce cas les fonctions se complètent car la différenciation des niveaux en fond de bassin favorise l'infiltration en limitant les risques de colmatage ; Métropole du Grand Lyon ; Crédit photo : Bernard Chocat

Si les trois premières générations sont constituées par des ouvrages de surface, la quatrième qui va se développer à partir de la fin du XXème siècle en profitant en particulier du développement des SAULs sera constituée de bassins enterrés. L'intérêt principal d'un ouvrage enterré est bien évidemment de libérer totalement l'espace en surface. L'inconvénient est le caractère souterrain et souvent en grande partie non visitable de l'ouvrage qui limite beaucoup les possibilités de suivi et d'intervention en cas de problème (voir figure 3).

Fonctions et co-bénéfices

Les bassins d'infiltration peuvent présenter, en plus de leurs fonctions hydrologiques, des intérêts multiples en fonction de leur taille et de leur conception : aspect paysager, aménagement urbain (figure 1), activités de sport ou de loisirs (figures 2 et 5). Ils contribuent à réalimenter les sols urbains et la nappe phréatique.

Efficacité de piégeage des polluants

Les bassins d'infiltration jouent un rôle très important de limitation des rejets de polluants dans les milieux aquatiques. Pour bien évaluer ce rôle il faut comprendre que les concentrations en polluants augmentent au fur et à mesure que le parcours de l'eau dans les réseaux s'allonge (voir Pollution des eaux pluviales (HU)). Intercepter un volume d'eau donné à l'amont permet donc de prévenir le rejet de ce même volume à l'aval, par un exutoire pluvial ou par un déversoir d'orage, avec une concentration beaucoup plus forte en polluant.

Par ailleurs, les bassins d'infiltration jouent eux-mêmes un rôle épurateur (Roux et al., 2015) : ils bloquent une partie des polluants contenus dans l'eau qu'ils infiltrent, soit en surface par décantation, soit dans les couches superficielles du sol par filtration. Les métaux lourds en particulier sont piégés dans les 30 à 40 premiers cm de sol et on retrouve très rapidement des concentrations correspondant au fond géochimique (figure 6).


Figure 6 : Exemple de profils de concentrations pour les principaux polluants dans le sol d'un bassin d'infiltration (site centre routier à Bron) ; Source : Fiche technique OTHU N° 1 ; disponible sur www.graie.org.

"Quelle que soit l'épaisseur de la zone non saturée (2 à 20 m), métaux lourds et hydrocarbures ne sont presque jamais détectés dans les eaux souterraines à l'aplomb des bassins d'infiltration. Par contre, l’infiltration des eaux pluviales enrichit la nappe en carbone organique dissous (COD) et diminue les concentrations en Oxygène dissous (OD)" (OTHU, 2022). L'efficacité de piégeage dépend de l'épaisseur de la zone non saturée entre le fond du bassin et le toit de la nappe (figure 7).


Figure 7 : Différences de concentration en carbone organique dissous (COD) et oxygène dissous (OD) dans la nappe entre les bassins d’infiltration (BI) et les sites de références (REF) pour 2 catégories d’épaisseur de zone non saturée (ZNS). Les traits blancs correspondent à la médiane (50 % des observations) et les points noirs aux valeurs extrêmes (<5 % d’observations) ; les barres représentent les valeurs minimum et maximum de la distribution hors extrêmes et les rectangles délimitent 25 et 75% des observations ; n = nombre de sites ; chaque site est échantillonné à 4 reprises ; Source : OTHU (2022)

Pour que les bassins d'infiltration soient efficaces en termes de piégeage des polluants, différentes précautions doivent être prises au moment de la conception de l'ouvrage ; ces précautions sont explicitées dans le paragraphe suivant.

Conception

Conception générale

Protection de la nappe phréatique

Le point d'attention principal concernant la conception des bassins d’infiltration est le risque de pollution des sols et de la nappe. La profondeur minimum de zone non saturée de 1 mètre entre le fond du bassin et le toit de la nappe, souvent prise comme référence, constitue une moyenne. En pratique l'épaisseur minimum à retenir, par ailleurs pas toujours facile à définir du fait des fluctuations du niveau de la nappe, dépend de plusieurs paramètres, en particulier :

  • le facteur de charge (rapport entre la surface active d'apport et la surface d'infiltration) ;
  • le risque de pollution accidentelle ;
  • la vulnérabilité de la nappe.

Ainsi l'épaisseur nécessaire pourra varier de quelques dizaines de centimètres (facteur de charge inférieure à 5, nappe peu vulnérable, sol filtrant) à plusieurs mètres (facteur de charge dépassant 50, risque d'apports importants en polluants, nappe vulnérable).

Par ailleurs, l'épaisseur n'est pas le seul facteur qui caractérise la capacité du sol à piéger les polluants. D'autres facteurs doivent être pris en compte (Roux et al., 2015) :

  • épaisseur de terre végétale : la matière organique présente dans la terre végétale joue un rôle important dans le piégeage des polluants ;
  • capacité d'infiltration du sol : un sol très sableux avec une forte capacité d'infiltration (supérieure à 5.10-4 m3/s/m2) sera très peu filtrant ;
  • présence de lignes d'écoulement préférentielles : par exemple la présence de bancs de galets avec un pendage important, souvent rencontrés dans les dépôts glaciaires, créé de véritables drains limitant drastiquement les possibilités de filtration.

Dans beaucoup de situations il pourra être utile, voire indispensable, de mettre en place une couche de sol rapporté, de composition adaptée, au fond du bassin.

Les autres points d'attention dépendent du type d'ouvrage.

Cas des ouvrages à la source

Les problèmes posés par la conception des ouvrages d'infiltration à la source sont voisins de ceux posés par les stockages infiltrants en surface du fait des fonctions multiples généralement associées à l'ouvrage. Ce type d'approche nécessite de travailler sur la conception des ouvrages dès les premières esquisses de plan masse.

La conception du plan masse ne peut donc pas se faire indépendamment de la réflexion sur la gestion des eaux pluviales, ce qui constitue sans doute l'un des principaux freins au développement rapide de cette solution.

Un point particulier consiste à tenir compte du fait que le volume à gérer pour une pluie particulière est très variable selon sa nature (par exemple pluie longue d'hiver ou pluie d'orage courte et très intense) et son importance (hauteur totale précipitée). Comme la fréquence et la durée des mises en eau de l'ouvrage constituent des éléments très importants pour mesurer la gêne occasionnée aux autres usages de l'espace, il est recommandé de concevoir la topographie de la zone de façon à ce que l'aire de la zone ennoyée soit dépendante de la sollicitation. Par exemple :

  • n'utiliser qu'une surface réduite, peu mobilisée pour d'autres usages et relativement protégée pour les petites pluies (ou les pluies moyennes) ;
  • mobiliser la totalité de la surface prévue pour les pluies dimensionnantes (celles qui correspondent au cas le plus défavorable dans le cadre de la réglementation) ;
  • solliciter les espaces situés autour de l'ouvrage pour gérer les pluies plus fortes que les pluies dimensionnantes, en évitant les débordements dans les zones à enjeux.

Il est enfin nécessaire de maintenir la capacité d'infiltration du sol, particulièrement dans la partie basse, la plus souvent sollicitée. Celle-ci peut être altérée soit par le colmatage dû aux apports de matériaux pendant les pluies, soit par un tassement dû par exemple au piétinement. Pour ceci il est nécessaire de faire en sorte que l'eau qui parvient dans la zone basse ait préalablement ruisselé sur une longueur importante, si possible à travers une bande tampon enherbée, de façon à ce que l'essentiel des matières en suspension se soient décantées. Il est également utile de faire en sorte de maîtriser les tassements dus au piétinement, par exemple en rendant certaines zones difficiles d'accès (ce qui peut par exemple se faire en mettant en place une végétation arbustive dense) ou en utilisant un revêtement adapté peu sensible au tassement (pavés poreux par exemple).

Cas des ouvrages centralisés

Dans le cas des ouvrages centralisés, les fonctions hydrologiques sont souvent les plus importantes. De plus la localisation de l'ouvrage comme sa surface sont généralement connues dès le départ. La recherche de multifonctionnalité est donc généralement plus simple à mettre en œuvre. Selon les fonctions annexes choisies les contraintes peuvent cependant être plus ou moins sévères (sécurité des utilisateurs, fréquence et durée de l'indisponibilité de l'espace en cas de pluie, nature du revêtement au fond de l'ouvrage, etc.).

Les problèmes posés par le risque de stagnation d'eau ou de boue dans les zones les plus basses et les plus souvent sollicitées sont les mêmes que pour les ouvrages d'infiltration à la source. La façon de les aborder peut cependant être différente selon leur taille et les fonctions secondaires qui leurs sont associées. En plus des solutions précédentes plusieurs autres types de solutions peuvent être mises en œuvre, éventuellement de façon coordonnée. Barraud, De Becdelievre, et al. (2009) citent les éléments suivants :

  • limiter les apports en matériaux potentiellement colmatants par un pré-bassin servant de décanteur, fermé au public et correctement dimensionné ;
  • limiter au maximum le facteur de charge (rapport entre la surface active d’apport et la surface d’infiltration) ; 10 paraît être un maximum pour des ouvrages simples, au-delà de 100 un colmatage rapide semble assez inévitable ;
  • éviter les apports permanents d’eaux de temps sec (eaux de refroidissement par exemple) qui favorisent le développement de biofilm et rendent les rejets illicites plus difficiles à détecter ;
  • protéger le fond des bassins par une couche de graviers ou constituée à base d’un autre matériau granulaire de manière à le protéger de la lumière et donc du développement des micro-algues ;
  • végétaliser le bassin avec des espèces ayant un système racinaire peu dense et présentant des racines de gros diamètres (par exemple Melaleuca), à choisir en fonction de la zone climatique où l’on se trouve.

Nota 1 : Un simple engazonnement ne peut prétendre à lutter efficacement contre le colmatage.

Nota 2 : Comme indiqué précédemment une alimentation souterraine par des drains dans un substrat à fort taux de vide de quelques dizaines de centimètres d'épaisseur présente le triple intérêt de réduire le risque de colmatage, de réduire le risque de salissures en surface et de diminuer la durée pendant laquelle l'ouvrage est ennoyé et donc inutilisable pour un autre usage.

Cas des ouvrages enterrés utilisant des SAUL

En dehors de la gêne associée aux travaux, le principal point d’attention concernant ces ouvrages concerne également le risque de colmatage. La question se pose cependant de façon très différente pour les ouvrages enterrés et les ouvrages de surface. "Dans le cas des ouvrages enterrés, les seuls organes susceptibles d’être inspectés et nettoyés se limitent aux drains, aux canaux de diffusion accessibles, aux ouvrages d’injection et de restitution éventuels. Il est donc important de veiller à :

  • ne pas y introduire d’éléments colmatant ou fragilisant, qu’ils soient liquides ou solides, dont la présence risquerait d’affecter la pérennité de l’ouvrage et des fonctions qui lui sont confiées (flottants, effluents fortement chargés en matière en suspension ou en matières organiques, effluents de type industriel, etc.) ;
  • assurer la continuité hydraulique de l’ouvrage." » (Le Nouveau et al., 2011).

Principes de dimensionnement et choix des dimensions

Dimensionnement hydraulique

La difficulté principale posée par le dimensionnement hydraulique des bassins d'infiltration consiste à évaluer correctement la capacité d'infiltration du sol. Ce paramètre est en effet essentiel en termes de dimensionnement puisqu’il détermine le débit de vidange du bassin. C’est également, et de très loin, celui qui est le plus difficile à fixer, ceci pour deux raisons de nature différente :

  • en milieu urbain les sols sont souvent fortement remaniés et la capacité d’infiltration peut être extrêmement variable à quelques mètres de distance, particulièrement pour les ouvrages de surface ;
  • la capacité d’infiltration n’est pas une grandeur constante : elle varie selon la saison (développement des racines, bioturbation du sol, etc.), au cours du temps et de la vie de l’ouvrage (colmatage, développement de la végétation, etc.), et surtout elle est très dépendante du taux de saturation du sol et donc des précipitations antécédentes.

L'article Capacité d’infiltration (HU) détaille la façon de fixer ce paramètre.

Une deuxième difficulté est associée au fait que le débit d'infiltration varie en fonction du remplissage du bassin. Même si l'on néglige le rôle de la charge hydraulique et que l'on fasse l'hypothèse relativement raisonnable d'un débit d'infiltration indépendant de la hauteur d'eau, il reste le fait que la surface d'infiltration varie avec le remplissage, surtout si l'on suit les préconisations qui consistent à ne pas utiliser toute la surface du bassin pour les pluies les plus faibles.

Au vu de ces différentes contraintes deux conclusions apparemment contradictoires peuvent être tirées :

  • au vu de l'incertitude sur le principal paramètre, il est inutile de mettre en œuvre une méthode de dimensionnement sophistiquée et la méthode des pluies est tout à fait suffisante ;
  • au vu de la variabilité du principal paramètre, seule une simulation continue (voir Méthodes de dimensionnement des ouvrages de stockage (HU)) avec une série chronologique de pluies peut permettre d'approcher le fonctionnement de l'ouvrage.

Chacune de ces deux conclusions porte une partie de la vérité et le choix dépend essentiellement des enjeux (importance de l'opération et risques potentiels en cas de dysfonctionnement). Une simulation continue est cependant conseillée chaque fois que les moyens associés à l'étude le permettent, mais elle n'est justifiée que si l'on se donne les moyens de paramétrer correctement le modèle, c'est à dire d'évaluer correctement la capacité d'infiltration et la façon dont elle est susceptible d'évoluer en fonction du temps et des circonstances.

Dimensionnement en vue de limiter les volumes et les masses de polluants rejetés

La plupart de pluies sont de faible intensité et produisent des hauteurs précipitées peu importantes. Un bassin d'infiltration peut ainsi être conçu pour intercepter une partie significative du volume annuel produit sans avoir l'ambition ou la capacité (par exemple si le sol est très peu perméable et/ou que la surface disponible est très faible) de jouer un rôle important pour les pluies les plus fortes.

Dans ce cas l'objectif n'est pas de dimensionner l'ouvrage pour faire face à une pluie de période de retour rare, mais de le dimensionner pour intercepter une part du volume annuel, ce que l'on traduit généralement par la capacité à intercepter une hauteur de pluie donnée de p millimètres. Toutes les pluies inférieures à cette hauteur seront entièrement infiltrées ; pour les pluies plus fortes seuls les $ p $ premiers millimètres seront effectivement gérés.

Réalisation / impacts négatifs potentiels et précautions à prendre

La réalisation de ce type d'ouvrage commence à être bien maîtrisée par beaucoup d'entreprises et ne posent généralement pas de difficultés particulières. Quelques précautions sont cependant à prendre pour éviter le tassement et la déformation du sol au moment de la fin des travaux.

Plusieurs aspects négatifs sont souvent évoqués :

  • le risque de noyade qui pourrait être associé à une montée brutale des eaux ne permettant pas aux personnes présentes d'évacuer le site ; en réalité ce risque n'existe que pour les ouvrages de surface et reste minime, même pour les ouvrages ouverts au public, en prenant quelques précautions simples :
    • informer sur la nature de l'ouvrage et le risque de présence d'eau ;
    • prévoir des pentes de talus suffisamment faibles ou des issues avec des escaliers suffisamment rapprochées pour permettre une évacuation rapide ;
    • éviter une montée de l'eau trop rapide en ajustant le débit maximum incident en fonction de la surface de l'ouvrage ;
    • positionner les sorties les plus logiques à l'opposé de l'arrivée de l'eau et jouer sur la pente du fond pour que la surface ennoyée augmente progressivement depuis le point d'arrivée vers les sorties ;
    • rendre inaccessibles au public, avec une information claire, les ouvrages techniques d’alimentation ou de vidange qui peuvent présenter des profondeurs d’eau importantes et dont les parois sont verticales ou très pentue
    • éventuellement associer un avertisseur sonore ou lumineux indiquant l'imminence de l'arrivée d'eau.
  • le risque de prolifération de moustiques, également souvent cité, est en pratique très faible à la condition que l'ouvrage soit bien conçu, bien construit et bien géré ; il est en particulier très important de bien prendre en compte les risques de colmatage pour éviter que certaines parties de l'ouvrage ne restent en eau pendant des périodes trop longues (3 à 4 jours consécutifs en eau sont nécessaires pour l'éclosion des larves) ; certaines des précautions prises pour limiter les risques de colmatage (recouvrir le fond du bassin de graviers, alimenter le bassin par des drains souterrains), sont également très efficaces pour éviter la présence de flaques utilisables pour les pontes.
  • le risque de pollution de la nappe est également minime, en particulier pour les ouvrages amont, à condition de respecter les règles présentées dans le § "Protection de la nappe phréatique".

Vie de l’ouvrage

Ce point concerne spécifiquement les ouvrages de surface, les ouvrages construits à partir de SAUL ne nécessitant à priori aucun entretien (à part le nettoyage régulier des organes d'entrée et de prétraitement).

Comme pour les autres bassins de retenue, les problèmes posés par l'évolution du fonctionnement du bassin d'infiltration en fonction du temps sont différents selon que l'ouvrage a un statut public ou privé.

Dans le cas des ouvrages publics, il est indispensable qu'un organisme soit clairement chargé de l'entretien et de l'exploitation. Cette condition n'est pas toujours simple à remplir du fait de la multifonctionnalité souvent recherchée pour les bassins d'infiltration. Un exemple souvent mis en avant est celui où le bassin d'infiltration est traité comme un parc public. Cette situation entraîne souvent des difficultés entre le service en charge des espaces verts, qui reste généralement de compétence communale, et le service en charge de la gestion des eaux pluviales pour lequel la supra-communalité est de plus en plus souvent la règle. La façon la plus efficace de régler cette difficulté consiste à désigner le service qui sera chargé de l'entretien dès les phases initiales du projet et de travailler avec lui sur la conception du projet afin que l'ouvrage puisse être exploité facilement avec les personnels et les matériels dont il dispose. La question du financement des opérations d'entretien est également importante et doit aussi être réglée le plus vite possible dans le processus de conception.

Dans le cas des ouvrages situés sur le domaine privé, la seule solution réellement efficace consiste à faire en sorte que la fonction urbaine ou sociale de l'ouvrage soit perçue comme la fonction principale de façon à ce que l'espace soit réellement utilisé, et donc entretenu, pour les usages correspondant à cette fonction. Le risque est alors que la présence trop fréquente et/ou trop durable d'eau ou de boue n'apparaisse comme une nuisance gênant les usages habituels de l'espace. L'expérience montre que ce risque existe pour les ouvrages mal conçus ou mal réalisés. La qualité de la conception et du suivi de réalisation est donc indispensable pour le limiter. Comme déjà indiqué plus haut, l'entretien de l'ouvrage doit être le même (ou le plus voisin possible) que l'entretien courant d'un espace ayant les mêmes fonctions urbaines mais n'ayant pas de fonction hydrologique.

Un point particulier concerne les opérations de réhabilitation, parfois nécessaires pour prévenir ou diminuer le colmatage. Toute opération d’enlèvement des sédiments et de terrassement doit être contrôlée de manière à ne pas enfouir les couches colmatées et les dépôts pollués. De plus, les engins de terrassement doivent être choisis et utilisés de façon à minimiser le compactage du sol.

Bibliographie :

  • Le Nouveau, N. (coord) et groupe de travail (2011) : Les structures alvéolaires ultra-légères (SAUL) pour la gestion des eaux pluviales ; guide technique IFSTTAR ; 170p. ; disponible sur www.ifsttar.fr
  • OTHU (2022) : Auto-épuration par les bassins d’infiltration ; fiche technique OTHU n°10 ; 2p. ; disponible sur http://www.graie.org/othu/index.htm
  • Roux, G. (coord), Goutaland, D., Winiarski, T., Le Drean, C. (2015) : Les ouvrages d’infiltration ; la fonction filtration : recommandations à l’usage des gestionnaires ; Programme GESSOL ; Document GRAIE/OTHU ; 38p. ; disponible sur www.graie.org

Pour en savoir plus :

  • Barraud, S., De Becdelievre, L., groupe de travail Ecopluie (2009) : L'infiltration en questions : Recommandations pour la faisabilité la conception et la gestion des ouvrages d’infiltration des eaux pluviales en milieu urbain ; rapport programme Ecopluie ; ANR PRECODD ; 63p. ; disponible sur www.graie.org
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