Noue (HU)
Traduction anglaise : Swale, Ditch, Water meadow
Mot en chantier
Dernière mise à jour : 13/04/2022
Fossé large et peu profond, généralement végétalisé, susceptible de stocker, et/ou de transporter et/ou d’infiltrer les eaux de pluie en surface ; on parle également de saillie ou de fossé.
Sommaire |
Généralités
Principes et variantes
Du fait de leur multi-fonctionnalité hydrologique (transport de l'eau et/ou stockage provisoire et/ou infiltration), les noues peuvent présenter de multiples modes de fonctionnement. En particulier :
- si la fonction de transport constitue la fonction principale, la noue peut être assimilée à un canal végétalisé ; c'est le rôle traditionnel associé aux fossés en bordure des routes ; dans ce cas la noue fait généralement partie d'un ensemble plus global de dispositifs de gestion des eaux de pluie (souvent en association avec des bassins de retenue ou des stockages en surface) ;
- si au contraire ce sont les fonctions de stockage et d'infiltration qui sont privilégiées, la noue constitue alors un cas particulier de stockage en surface dont elle ne se distingue que par son aspect linéaire.
Il est également possible d'envisager des fonctionnements plus complexes dans lesquels la noue joue à la fois un rôle de transport vers un ouvrage aval tout en favorisant l'infiltration sur la totalité de son parcours.
Dans tous les cas le stockage s'effectue au-dessus du niveau du sol. Il est cependant possible d'associer une noue avec une tranchée dans sa partie basse ; on parle alors de tranchée composée.
L'aspect des noues peut également prendre des formes très diverses. On imagine souvent ces ouvrages comme des dépressions allongées engazonnées (figure 1). Beaucoup d'autres solutions sont possibles. Par exemple il est possible de végétaliser une noue avec des arbustes et de la faire apparaître dans le paysage comme étant au dessus du sol, voire comme une haie (figure 2). Cette solution peut permettre d'augmenter la pente des talus et de diminuer la largeur pour une même section d'écoulement ou de stockage.
Historique
L'idée de gérer les eaux de pluie en surface, que ce soit pour les transporter d'un point à un autre, de les stocker provisoirement ou de des infiltrer est probablement aussi ancienne que la civilisation.
Fonctions et co-bénéfices
En dehors de sa simplicité et de son coût extrêmement réduit, cette solution présente un grand nombre de bénéfices écologiques, environnementaux et paysagers :
- elle permet de conserver sur place une eau précieuse qui va réalimenter les sols et les nappes, prévenir la dessication des sols et le manque d'eau pour la végétation, jouer un rôle bioclimatique appréciable, etc. ;
- en diminuant les longueurs de ruissellement, elle limite les concentrations en polluants et joue un rôle bénéfique pour la protection des milieux aquatiques ;
- en favorisant les espaces verts elle joue un rôle bénéfique dans la renaturation de la ville, à la condition qu'elle s'intègre dans une logique urbaine réelle ; elle permet par exemple de compléter l'approche trame verte et bleue planifiée par une approche ponctuelle fonctionnant par accumulation en "pas japonais" au fur et à mesure des opportunités foncières et des mutations urbaines.
- en mettant en scène la présence, même provisoire, de l'eau, elle offre des opportunités de création de paysages urbains originaux mixant le végétal et le minéral (figure 4).
Ce type de système est souvent utilisé pour la gestion des eaux pluviales en particulier dans les zones d'habitat individuel peu denses.
Conception
Conception générale
Selon la réglementation, le volume d'eau maximum à stocker provisoirement de façon impérative et à restituer ultérieurement (donc celui pour lequel l'ouvrage est dimensionné) peut être très variable (depuis celui correspondant au volume produit par quelques millimètres de pluie jusqu'à celui produit par une pluie de période de retour 10 ou 30 ans).
Quel que ce soit ce volume maximum obligatoire, donc quelle que soit la taille de l'ouvrage, le volume à gérer pour une pluie particulière sera également très variable selon sa nature (par exemple pluie longue d'hiver ou pluie d'orage courte et très intense) et son importance (hauteur totale précipitée). Il est donc recommandé de concevoir la topographie de la zone de façon à ce que la surface de la zone ennoyée soit dépendante de la sollicitation. Par exemple :
- diriger l'eau produite par les petites pluies (ou les pluies moyennes) vers une surface réduite, peu mobilisée pour d'autres usages et relativement protégée ;
- mobiliser la totalité de la surface prévue pour les pluies dimensionnantes (celle qui correspondent au cas le plus défavorable dans le cadre de la réglementation) ;
- solliciter les espaces situés autour de la zone de stockage proprement dite pour gérer les pluies plus fortes que les pluies dimensionnantes, en évitant les débordements dans les zones à enjeux.
Ce type d'approche nécessite de travailler très tôt sur la topographie précise des espaces lors de la conception de l'aménagement. Les modalités pratiques de gestion des eaux pluviales doivent être imaginées dès les premières esquisses de plan masse. Ceci concerne particulièrement :
- la position et la nature des zones qui vont progressivement être en eau selon l'importance de la sollicitation pluvieuse ;
- les lignes d'écoulement qui vont permettre à l'eau de ruisseler depuis les zones actives (produisant du ruissellement) vers les zones de stockage.
La conception du plan masse et du nivellement global de l'opération d'aménagement ne peut donc pas se faire indépendamment de la réflexion sur la gestion de l'eau, ce qui constitue sans doute l'un des principaux freins au développement rapide de cette solution.
Principes de dimensionnement et choix des dimensions
Le principe de fonctionnement repose sur le stockage provisoire de l'eau, les méthodes à mettre en œuvre sont donc celles présentées dans l'article "Méthodes de dimensionnement des ouvrages de stockage (HU)".
Comme les enjeux et les surfaces d'apport sont souvent relativement peu importants pour ce type de solutions et que l'incertitude principale est, de loin, associée (dans le cas d'un ouvrage infiltrant) à la capacité d'infiltration du sol, la méthode des pluies est souvent suffisante pour le dimensionnement. La méthode des volumes, même sous une forme simplifiée, peut également être utilisée si des abaques sont disponibles localement.
En complément la simulation d'une chronique de pluies représentative est très utile pour comprendre combien de fois dans une année, jusqu'à quel niveau, et pendant combien de temps, la surface va être partiellement ou complètement inondée. Une simulation continue est particulièrement importante si on souhaite utiliser l'évapotranspiration, dont la dynamique temporelle est différente de celle de la pluie, pour permettre la récupération d'une partie de la capacité de stockage.
Comme indiqué plus haut l'évaluation correcte de la capacité d'infiltration du sol constitue le point focal d'un dimensionnement correct.
Réalisation / impacts négatifs potentiels et précautions à prendre
Vie de l’ouvrage
Au-delà des difficultés évoquées plus haut portant sur un mauvais usage ou le risque de modification des espaces concernés deux points particuliers de la vie de l'ouvrage doivent être pris en considération :
- la nécessité d'une bonne organisation du chantier évitant en particulier le retour d'engins lourds après la réalisation des terrassements ou le dépôt, à proximité de la zone infiltrante, de matériaux susceptibles de la colmater.
- la nécessité de considérer que la végétation constitue un élément du vivant soumis à un cycle de vie annuel (l'aménagement doit fonctionner en toutes saisons), mais également à un cycle de vieillissement : les végétaux poussent, grandissent, vieillissent et finissent par mourir ; l'entretien et le renouvellement permanent de la végétation constituent donc des conditions importantes à la bonne durabilité de cette solution d'aménagement.