Espèce exotique envahissante / EEE (HU)
Traduction anglaise : Invasive Species
Dernière mise à jour : 20/08/2023
Espèce animale ou végétale introduite volontairement ou involontairement dans un domaine géographique dont elle n’est pas originaire et où elle se développe de façon anarchique en l’absence de prédateur ou de consommateur naturel (figure 1) ; on parle également d'espèce envahissante ou d'espèce invasive.
Nota : On limite parfois les espèces exotiques envahissantes à celles qui ont été introduites par l'Homme (voir le § "Espèce envahissante ou espèce en conquête ?").
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Éléments de vocabulaire
Les scientifiques on longtemps utilisé le terme espèce invasive en s'inspirant du vocabulaire anglo-saxon.
Dangers présentés par les espèces exotiques envahissantes
Les espèces exotiques envahissantes peuvent perturber fortement les nouveaux écosystèmes dans lesquels elles se développent, avec un rôle néfaste sur la biodiversité, les habitats et les espèces locales, mais également sur les services écosystémiques rendus par l'écosystème. Les milieux insulaires sont particulièrement concernés.
Les espèces exotiques envahissantes constituent un danger pour environ un tiers des espèces terrestres et ont contribué à près de la moitié des extinctions connues à l’échelle mondiale. Elles peuvent aussi représenter un risque direct pour l’homme, par exemple être vectrices de pathogènes (moustique tigre), allergisantes (ambroisie) ou avoir un comportement agressif (frelon asiatique). Et encore ne tient-on pas compte des dégâts causés par l'homme (homo sapiens sapiens) qui constitue probablement l'espèce invasive la plus dangereuse pour l'ensemble des écosystèmes de la planète.
Classification des espèces invasives
Toutes les espèces introduites ne sont pas envahissantes, schématiquement 1 espèce sur 1000 le devient (https://www.ecologie.gouv.fr/especes-exotiques-envahissantes). On peut distinguer 3 niveaux de dangerosité (Dutartre et al., 2012):
- les espèces invasives avérées : espèces invasives ayant une dynamique d’extension rapide dans son territoire d’introduction et formant localement des populations denses et bien installées.
- les espèces invasives potentielles : espèces invasives non indigènes ne présentant pas actuellement de caractère invasif avéré dans le territoire considéré mais dont la dynamique, à l’intérieur de ce territoire et/ou dans des régions limitrophes ou climatiquement proches, est telle qu’il existe un risque de la voir devenir à plus ou moins long terme une invasive avérée.
- les espèces à surveiller : espèces non indigènes ne présentant actuellement pas (ou plus) de caractère invasif avéré dans le territoire considéré mais dont la possibilité de développer un caractère invasif existe, compte tenu notamment du caractère invasif de cette plante dans d’autres régions du monde.
Stratégie française de lutte contre les espèces exotiques envahissantes
La France a mis en place différents éléments, en particulier :
- un centre de ressource (http://especes-exotiques-envahissantes.fr/), avec une partie spécifiquement dédiée aux territoires d'Outre-mer, particulièrement vulnérables (https://especes-envahissantes-outremer.fr/enjeux-pour-loutre-mer/) ;
- une stratégie de lutte contre les espèces exotiques envahissantes (https://www.ecologie.gouv.fr/sites/default/files/17039_Strategie-nationale-especes-exotiques-invahissantes.pdf) ;
- un plan d'action (https://www.ecologie.gouv.fr/sites/default/files/20220315_EEE_VDEF.pdf).
Espèce exotiques envahissantes ou espèce en conquête ?
La question de savoir s'il faut ou non limiter le qualificatif "envahissantes" aux espèces introduites du fait d'une action humaine n'est pas une question anodine. Les espèces ont toujours voyagé, ne serait-ce que pour s'adapter aux changements climatiques. Qu'une nouvelle espèce arrive dans un écosystème où elle était absente et le transforme rentre donc la logique d'évolution du vivant. L'Homme en est le meilleur exemple puisqu'il a progressivement conquis (vocabulaire plus positif que celui d'invasion !) tous les continents et s'est adapté à tous les environnements avant de les transformer à son avantage (ou plus exactement en fonction de ses intérêts à court terme).
Le Règlement (UE) n ° 1143/2014 note d'ailleurs : "Certaines espèces migrent naturellement en réponse aux changements dans leur environnement. Elles ne devraient pas être considérées comme des espèces exotiques dans leur nouvel environnement et devraient être exclues du champ d'application du présent règlement. Le présent règlement devrait uniquement porter sur les espèces introduites dans l'Union par suite d'une intervention humaine."
Encore faudrait-il définir clairement ce que signifie "intervention humaine". La réponse est claire en ce qui concerne le maïs ou la pomme de terre, mais par exemple beaucoup plus ambigüe en ce qui concerne le moustique tigre. Même si l'homme a probablement joué un rôle direct en en ramenant certains dans ses bagages, c'est plutôt sont rôle indirect (développement urbain et changement climatique), associé à la capacité d'adaptation de l'insecte qui explique le développement très rapide de son aire de répartition. En ce sens l'invasion peut être vue comme une meilleure capacité d'adaptation à un environnement profondément transformé par l'Homme.
Il est également intéressant de se mettre à la place de l'espèce envahissante, ce qui conduit à parler plutôt de conquête de nouveaux territoires et d'adaptation à de nouveaux environnements, tout comme l'Homme l'a fait au cours des dernières dizaines de milliers d'années. Finalement, c'est peut-être parmi les espèces que nous qualifions aujourd'hui d'envahissantes que se trouvent celles qui demain régneront sur la planète.
Bibliographie :
- Dutartre, A., Mazaubert, E., Poulet, N. (2012) : Bilan des espèces exotiques envahissantes en milieux aquatiques sur le territoire français : essai de bilan en métropole ; Sciences Eaux & Territoires 2012/1 (N° 6), pp 56-63 ; disponible sur : https://www.cairn.info/
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