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B.16 - Prévision de la limite pluie-neige

De Wikhydro

Définition et observation

Les prévisionnistes de Météo-France définissent la limite Pluie – Neige (LPN) par l’altitude à partir de laquelle la neige peut tenir au sol (Fig. 1). Il ne s’agit pas de l’altitude à laquelle les flocons sont majoritaires dans les précipitations, située généralement environ 100 m au-dessous.


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Dans une première approche elle se situe généralement, en cas d'atmosphère saturée[1], entre 100 m et 300 m au-dessous de l'isotherme[2] 0 °C selon la stabilité (pluies stratiformes) ou l'instabilité (pluies convectives) de la masse d'air (fiche B.01).

Les météorologistes français utilisent la technique du radio-sondage[3] prévu par leurs modèles météorologiques pour estimer la limite pluie neige.

Types de situation où la limite Pluie – Neige est plus basse

La limite Pluie – Neige peut cependant être bien plus éloignée de l’isotherme 0 °C dans certaines situations, notamment dans des masses d’air non saturé en eau. Lors du passage de gouttes dans un air non saturé, celui-ci va se refroidir nettement du fait de l'énergie dépensée pour évaporer ces gouttes d'eau (ce refroidissement est nettement plus efficace qu'une simple montée en altitude).

La limite Pluie – Neige sera alors nettement plus basse dans les 2 situations suivantes :

  • air très instable avec pluies fortes ;
  • des zones froides et relativement sèches subissant de façon prolongée des précipitations conséquentes. Cette situation correspond à des pellicules froides souvent rencontrées dans les vallées de montagne, bloquées par l’orographie au vu de la direction du vent : l’air « chaud » glisse par-dessus la pellicule froide (au moins dans un premier temps). Cela peut également se retrouver en plaine, après une longue période anticyclonique d’hiver qui a permis l’installation d’une pellicule froide.

Dans ces conditions la limite Pluie – Neige peut se retrouver 500 m, voire plus, en dessous de l'isotherme 0 °C.

Exemple 1. La première situation se rencontre par exemple en Corse et Pyrénées avec des traînes actives (présence de cumulonimbus) se bloquant sur le relief.

Exemple 2. On observe assez régulièrement une pellicule froide en vallée du Rhône et dans le Bassin Aquitain alimentée par un petit vent de nord ou nord-ouest en surface lors d'une remontée pluvieuse de sud (dépression en Méditerranée entre Golfe du Lion et Corse) pouvant amener une forte isothermie vers les Corbières ou le Vaucluse.

Capacité des modèles météorologiques à simuler la limite Pluie – Neige

Les modèles hydrostatiques de grande échelle (Arpège, ECMWF, fiche B.13) surestiment fortement les limites Pluie – Neige dans le deuxième cas décrits dans le paragraphe précédent et gère moyennement le refroidissement par l'évaporation des pluies. Ils peuvent présenter également des sur-estimations dans les occlusions.

Les modèles non-hydrostatiques (AROME...), par leur échelle spatio-temporelle fine détaillant mieux les grandes vallées alpines et leur capacité à simuler les phénomènes convectifs importants (convection profonde) appréhendent mieux le phénomène.

En pratique, il est conseillé de vérifier la cohérence de la limite Pluie – Neige, issue de Symposium via LAMEDO, avec l’estimation de l’isotherme 0 °C dans les bulletins de Météo-France. Il faut également tenir compte d’une incertitude d’au moins 200 m pour tenir compte de à la variation spatiale de la limite Pluie – Neige (selon l’orientation de la vallée et du versant considérés).

Exemple 3. Dans les bulletins de précipitation (BP) reçus par le SPC Allier, les altitudes de la limite Pluie – Neige sont souvent prévues à 100 ou 200 m près.


Voir également

Fiche B.01 – Précipitations stratiformes et convectives

Fiche B.13 – Prévisions numériques de précipitation

Fiche B.15 – Prévision de la température


Pour aller plus loin

  • Les contacts avec les centres de prévision régionaux de Météo-France (CMIR)
  • Module spécialisé en météorologie : étude de cas
  • Fiche synthétique Météo-France élaborée par DIRSE/CE (P.Villé et L.Beauvais)



  1. Une atmosphère est dite saturée quand l'humidité relative est de 100 %. En général il y a alors une grande épaisseur de nuages tout au long de la verticale (cas général dans un front).
  2. Isotherme: surface d'égale température.
  3. Profil de température et d'humidité sur une verticale au-dessus d'un point.
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