Le Rhône en 100 questions : 9-08 Forêts alluviales et peupleraies plantées.
Le Guide pour la gestion des forêts alluviales de la moyenne vallée du Rhône, élaboré conjointement par : la Réserve Naturelle de l’Ile de la Platière et le Centre Régional de la Propriété Forestière illustre la volonté de combiner valorisation économique et gestion environnementale des espaces alluviaux.
Sommaire |
Les forêts alluviales, une biodiversité riche mais menacée
La forêt alluviale désigne les formations boisées qui se sont développées spontanément dans les plaines d’inondation des cours d’eau.
La formation et la composition de ces forêts sont étroitement liées au fonctionnement hydrologique du fleuve qui gouverne le déroulement des « successions végétales ». Certaines plantes dites pionnières ont la capacité de s’installer sur les zones d’alluvions nues. Les herbacées stabilisent le sol et par leurs parties aériennes, ralentissent le courant, accélérant le dépôt de sédiments et l’exhaussement du sol.
Elles permettent à des espèces ligneuses dites de bois tendres de s’installer (peuplier, saule…). Ces arbres amplifient à leur tour le phénomène d’exhaussement et sont relayés par d’autres espèces dites de bois durs (chêne, frêne, orme…).
Ainsi, en s’éloignant du cours d’eau, on observe une succession de formations végétales installées sur des terrains de plus en plus élevés et de moins en moins soumis aux inondations. De temps à autre, le milieu est « rajeuni » par les crues et une nouvelle succession démarre. Grâce à cette dynamique, les forêts alluviales sont constituées d’une mosaïque de milieux naturels très différents et constituent ainsi des écosystèmes d’une biodiversité exceptionnelle.
Les forêts alluviales jouent un rôle écologique fondamental. Elles abritent de nombreuses espèces animales et végétales. Elles servent de couloirs de migration pour la faune. En absorbant les nitrates, elles participent à l’épuration des nappes. Elles contribuent à la régulation des crues en ralentissant le courant, en écrêtant l’onde de crue et en servant de réservoirs temporaires pour l’excédent d’eau. Elles participent également à la protection des berges contre l’érosion.
Depuis cinquante ans, le long du Rhône, leur superficie a baissé au profit des cultures et des emprises humaines.
L’aménagement a profondément modifié le fonctionnement hydrologique du fleuve. Les crues plus restreintes et l’abaissement des nappes phréatiques ont limité le rajeunissement du milieu, réduisant la régénération des stades pionniers et des forêts de bois tendres. Plusieurs des peuplements caractéristiques des forêts alluviales figurent désormais dans la liste des habitats européens prioritaires et de nombreuses actions sont engagées pour protéger et restaurer ces écosystèmes menacés.
Les peupleraies cultivées, une valorisation économique des zones alluviales
La populiculture, développée principalement dans les espaces alluviaux, est un modèle de foresterie intensive en Europe. Le peuplier a besoin de sols fertiles et bien alimentés en eau, tout en étant capable de résister à des périodes d’inondation. La France est le premier producteur européen de bois de peuplier en Europe : 250 000 ha de peupleraies produisent annuellement 2,5 à 3 millions de tonnes de bois d’oeuvre, soit 30 % de la production de grumes de feuillus. Le bois de peuplier a des débouchés variés (contreplaqué, emballages, menuiserie intérieure, charpentes légères, etc.).
Les peupleraies plantées sont des boisements monospécifiques (une seule espèce) et monoclonaux. En Europe, la populiculture utilise essentiellement trois espèces et leurs hybrides : Populus nigra, espèce eurasiatique, P. deltoides et P. trichocarpa, espèces nord-américaines ; ce sont principalement des hybrides « euraméricains » entre P. deltoides et P. nigra, ou des hybrides
« interaméricains » entre P. deltoides et P. trichocarpa.
Forêts alluviales et peupleraies : adversaires ou complémentaires ?
Une exploitation adaptée des forêts alluviales permet de protéger ces écosystèmes en favorisant la régénération naturelle des espèces indigènes et en luttant contre certaines espèces invasives comme le robinier ou l’érable negundo.
Ce qu’il faut retenir
Les espaces alluviaux sont composés de forêts alluviales dont la formation et la composition sont liées au fonctionnement hydrologique du fleuve, de peupleraies cultivées.
Il est important de combiner une valorisation économique et une gestion environnementale de ces espaces.
question précédente |retour au sommaire | question suivante