Plomb (HU) : Différence entre versions
(→Toxicité et dangers associés) |
|||
Ligne 3 : | Ligne 3 : | ||
''mot en chantier'' | ''mot en chantier'' | ||
− | <u>Dernière mise à jour</u> : | + | <u>Dernière mise à jour</u> : 12/09/2022 |
− | Métal gris-bleuâtre, malléable, de symbole Pb et de numéro atomique 82, reconnu cancérigène depuis | + | Métal gris-bleuâtre, malléable, de symbole Pb et de numéro atomique 82, reconnu cancérigène depuis 1980, ce qui justifie son classement parmi les [[Métaux lourds (HU)|métaux lourds]]. |
==Nature et différentes formes physico-chimiques== | ==Nature et différentes formes physico-chimiques== | ||
− | Le principal minerai de plomb est la galène qui en contient 96,6% en masse. On l'extrait également à partir d'autres minerais (sulfure de plomb) généralement | + | Le principal minerai de plomb est la galène qui en contient 96,6% en masse. On l'extrait également à partir d'autres minerais (sulfure de plomb) généralement associé à d'autres métaux ([[Zinc (HU)|zinc]], argent, [[Cuivre (HU)|cuivre]]). D'autres variétés communes sont la cérusite (PbCO<sub>3</sub>) et l'anglésite (PbSO<sub>4</sub>). |
− | Le plomb natif est rare et même s'il est relativement répandu dans la croute terrestre, il existe rarement sous forme libre à l'état naturel. Beaucoup des composés que l'on trouve dans l'environnement sont d'origine anthropique et la plupart sont des composés inorganiques. Beaucoup de ces composés sont inscrits dans la nomenclature Reach. En dehors du plomb sous forme métallique, les composés les plus fréquents sont : | + | Le plomb natif est rare et même s'il est relativement répandu dans la croute terrestre, il existe rarement sous forme libre à l'état naturel. Beaucoup des composés que l'on trouve dans l'environnement sont d'origine anthropique et la plupart sont des composés inorganiques. Beaucoup de ces composés sont inscrits dans la nomenclature Reach. En dehors du plomb sous forme métallique, les composés les plus fréquents sont (INERIS, 2015) : |
* le sulfate de plomb tribasique (O<sub>7</sub>Pb<sub>4</sub>S), utilisé en particulier pour la fabrication des peintures ; | * le sulfate de plomb tribasique (O<sub>7</sub>Pb<sub>4</sub>S), utilisé en particulier pour la fabrication des peintures ; | ||
* le monoxyde de plomb (pBO), qui est utilisé dans les batteries ou pour teinter le verre ; | * le monoxyde de plomb (pBO), qui est utilisé dans les batteries ou pour teinter le verre ; | ||
− | * tétraoxysulfate de pentaplomb | + | * le tétraoxysulfate de pentaplomb ; |
− | * phosphonate d’oxyde de plomb | + | * le phosphonate d’oxyde de plomb ; |
− | * dioxobis (stéarato) triplomb | + | * le dioxobis (stéarato) triplomb. |
==Sources et concentrations moyennes== | ==Sources et concentrations moyennes== | ||
Ligne 22 : | Ligne 22 : | ||
===Différentes sources de plomb dans l'environnement=== | ===Différentes sources de plomb dans l'environnement=== | ||
− | Contrairement à beaucoup d'autres métaux, la pollution par le plomb est très ancienne et a commencé | + | Contrairement à beaucoup d'autres métaux, la pollution par le plomb est très ancienne et a commencé 3 000 ans avant notre ère. L'analyse des concentrations dans la glace montrent trois pics d'émissions atmosphériques anciens : l'âge du bronze, l'époque romaine et le moyen âge (Preunkert ''et al.'', 2019) ; voir ''figure 1''. Ces pics ont cependant été largement dépassés du fait de la révolution industrielle (voir ''figure 3'') |
[[File:plomb_concentration_glace.JPG|600px|center|thumb|<center>''<u>Figure 1</u> : Évolutions des concentrations en plomb et en antimoine dans les glaciers du Groenland et dans le glacier du dôme dans les Alpes en ng/g ; <u>Source</u> : Preunkert ''et al.'' (2019).''</center>]] | [[File:plomb_concentration_glace.JPG|600px|center|thumb|<center>''<u>Figure 1</u> : Évolutions des concentrations en plomb et en antimoine dans les glaciers du Groenland et dans le glacier du dôme dans les Alpes en ng/g ; <u>Source</u> : Preunkert ''et al.'' (2019).''</center>]] | ||
− | Depuis deux siècles le plomb a en effet beaucoup été utilisé dans de nombreuses applications industrielles : dans les batteries, dans l'industrie du câblage, de la tuyauterie et du bâtiment, comme colorant de peinture, dans la production d'alliages, etc. Il a également beaucoup été utilisé (jusqu'au 1er janvier | + | Depuis deux siècles le plomb a en effet beaucoup été utilisé dans de nombreuses applications industrielles : dans les batteries, dans l'industrie du câblage, de la tuyauterie et du bâtiment, comme colorant de peinture, dans la production d'alliages, etc. Il a également beaucoup été utilisé (jusqu'au 1er janvier 2 000 en Europe) en tant qu'additif antidétonant pour les véhicules à moteur à essence. Cette dernière utilisation a totalement disparu aujourd'hui et toutes les autres utilisations ont également beaucoup diminué. De ce fait les émissions atmosphériques de plomb ont énormément diminué ; par exemple en France elles sont passées de plus de 4 000 tonnes par an en 1990 à moins de 100 tonnes aujourd'hui (''figure 2''). |
[[File:plomb_emission_citepa_2000.JPG|600px|center|thumb|<center>''<u>Figure 2</u> : Évolutions des émissions atmosphériques de plomb en France entre 1990 et 2018 ; <u>Source</u> : [https://www.citepa.org/fr/2020-pb/ www.citepa.org].''</center>]] | [[File:plomb_emission_citepa_2000.JPG|600px|center|thumb|<center>''<u>Figure 2</u> : Évolutions des émissions atmosphériques de plomb en France entre 1990 et 2018 ; <u>Source</u> : [https://www.citepa.org/fr/2020-pb/ www.citepa.org].''</center>]] | ||
− | Cette diminution des émissions se traduit pas une diminution des concentrations dans la glace (''figure 3''). La comparaison entre les ''figures 1 et 3'' permet de noter que les dernières concentrations mesurées sont maintenant du même ordre de grandeur que celles mesurées dans les pics anciens précédents (0,5 ng/g) | + | Cette diminution des émissions se traduit pas une diminution des concentrations dans la glace (''figure 3''). La comparaison entre les ''figures 1 et 3'' permet de noter que les dernières concentrations mesurées sont maintenant du même ordre de grandeur que celles mesurées dans les pics anciens précédents (0,5 ng/g). On est donc très loin d'avoir retrouvé le niveau de contamination naturelle, probablement 10 à 25 fois plus faible. |
Ligne 41 : | Ligne 41 : | ||
* certaines applications industrielles continuent d'utiliser du plomb en Europe (en particulier les batteries automobiles) ; | * certaines applications industrielles continuent d'utiliser du plomb en Europe (en particulier les batteries automobiles) ; | ||
* malgré l'interdiction de commercialisation il reste des stocks de produits contenant du plomb (peintures, piles, tuyaux, etc.) qui ne sont pas nécessairement recyclés ; | * malgré l'interdiction de commercialisation il reste des stocks de produits contenant du plomb (peintures, piles, tuyaux, etc.) qui ne sont pas nécessairement recyclés ; | ||
− | * les réglementations ne sont pas partout aussi restrictives qu'en Europe et le plomb émis dans l'atmosphère se déplace partout sur | + | * les réglementations ne sont pas partout aussi restrictives qu'en Europe et le plomb émis dans l'atmosphère se déplace partout sur la planète comme le montre les carottes de glace du Groenland. |
Ligne 48 : | Ligne 48 : | ||
Lors du projet AMPERE (Coquery ''et al'', 2011 et http://projetamperes.cemagref.fr/), les concentrations en plomb ont été mesurées à l'entrée et à la sortie de 21 stations d'épuration françaises. Les concentrations moyennes trouvées sont extrêmement variables et se situent généralement entre 1 et 10 μg/L en entrée de station (eaux usées brutes) et entre 0,1 et 1 μg/L en sortie de traitement secondaire. Les flux moyens rejetés aux milieux aquatiques ont ainsi été estimés à environ 150 μg/j/habitant, ce qui correspond à une masse annuelle rejetée de l'ordre de 3,4 tonnes pour la France métropolitaine. | Lors du projet AMPERE (Coquery ''et al'', 2011 et http://projetamperes.cemagref.fr/), les concentrations en plomb ont été mesurées à l'entrée et à la sortie de 21 stations d'épuration françaises. Les concentrations moyennes trouvées sont extrêmement variables et se situent généralement entre 1 et 10 μg/L en entrée de station (eaux usées brutes) et entre 0,1 et 1 μg/L en sortie de traitement secondaire. Les flux moyens rejetés aux milieux aquatiques ont ainsi été estimés à environ 150 μg/j/habitant, ce qui correspond à une masse annuelle rejetée de l'ordre de 3,4 tonnes pour la France métropolitaine. | ||
− | Les concentrations en plomb dans les [[Rejet urbain de temps de pluie / RUTP (HU)|rejets urbains de temps de pluie]] varient entre 10 et 35 μg/L dans les eaux pluviales comme dans les eaux unitaire (synthèse des données de Al-Juhaishi, 2018, Becouze-Lareure, 2010, Dembélé, 2010, Dutordoir, 2014, Gromaire, 2012, Moilleron, 2004, Zgheib, 2009). Elles ont beaucoup diminué depuis les premières mesures effectuées dans les années 1990 pour lesquelles les valeurs moyennes observées de concentration étaient généralement comprises entre 90 et 440 μg/L (Chebbo ''et al., 1995). Elles sont cependant encore très importantes et la masse de plomb apportée aux milieux aquatiques par les rejets urbains de temps de pluie est probablement 2 à 3 fois supérieure à celle apportée par les stations d'épuration. Les sources dominantes actuelles dans les eaux de ruissellement sont les dépôts atmosphériques et les toitures. | + | Les concentrations en plomb dans les [[Rejet urbain de temps de pluie / RUTP (HU)|rejets urbains de temps de pluie]] varient entre 10 et 35 μg/L dans les eaux pluviales comme dans les eaux unitaire (synthèse des données de Al-Juhaishi, 2018, Becouze-Lareure, 2010, Dembélé, 2010, Dutordoir, 2014, Gromaire, 2012, Moilleron, 2004, Zgheib, 2009). Elles ont beaucoup diminué depuis les premières mesures effectuées dans les années 1990 pour lesquelles les valeurs moyennes observées de concentration étaient généralement comprises entre 90 et 440 μg/L (Chebbo ''et al.'', 1995). Elles sont cependant encore très importantes et la masse de plomb apportée aux milieux aquatiques par les rejets urbains de temps de pluie est probablement 2 à 3 fois supérieure à celle apportée par les stations d'épuration. Les sources dominantes actuelles dans les eaux de ruissellement sont les dépôts atmosphériques et les toitures (Grommaire, 2012). |
− | Dans tous les cas le plomb est très majoritairement (80 à 90%) fixé sur les particules du fait de la tendance du métal à coprécipiter et à s'adsorber sur les particules solides. Cependant, le plomb insoluble sous sa forme métallique, est, dans beaucoup de cas, seulement faiblement adsorbé sur les matières en suspension et il peut être à nouveau solubilisé sous l'effet de changements mineurs dans les conditions environnementales (par exemple diminution du pH). | + | Dans tous les cas le plomb est très majoritairement (80 à 90%) fixé sur les particules du fait de la tendance du métal à coprécipiter et à s'adsorber sur les particules solides. Cependant, le plomb insoluble sous sa forme métallique, est, dans beaucoup de cas, seulement faiblement adsorbé sur les matières en suspension et il peut être à nouveau solubilisé sous l'effet de changements mineurs dans les conditions environnementales (par exemple diminution du [[PH (HU)|pH]]). |
− | Les quantités contenues dans les boues de station d'épuration sont comprises entre 10 et 100 mg/kg de matières sèche d'après Coquery ''et al.'' (2011), ou égales en moyenne à 40 mg/kg de matière sèche d'après Amorce (2019) ; elles correspondent également à un rejet d'environ 40 tonnes par an, soit 40% environ des émissions atmosphériques. Ces concentrations sont cependant inférieures aux concentrations maximum admissibles pour une valorisation agricole qui sont de 800 mg/kg. Ces fortes concentrations sont probablement en grande partie dues aux apports de temps de pluie, les concentrations dans les eaux pluviales étant beaucoup plus fortes que dans les eaux usées. | + | Les quantités contenues dans les [[Boue (HU)|boues]] de station d'épuration sont comprises entre 10 et 100 mg/kg de matières sèche d'après Coquery ''et al.'' (2011), ou égales en moyenne à 40 mg/kg de matière sèche d'après Amorce (2019) ; elles correspondent également à un rejet d'environ 40 tonnes par an, soit 40% environ des émissions atmosphériques. Ces concentrations sont cependant inférieures aux concentrations maximum admissibles pour une [[Valorisation des boues (HU)|valorisation agricole]] qui sont de 800 mg/kg. Ces fortes concentrations sont probablement en grande partie dues aux apports de temps de pluie, les concentrations dans les eaux pluviales étant beaucoup plus fortes que dans les eaux usées. |
==Toxicité et dangers associés== | ==Toxicité et dangers associés== | ||
Ligne 58 : | Ligne 58 : | ||
===Impacts possibles sur la santé=== | ===Impacts possibles sur la santé=== | ||
− | Le plomb a des effets toxiques sur le système nerveux ; il est cancérigène et réprotoxique. Il est particulièrement dangereux pour les enfants chez qui il peut provoquer des troubles de la croissance et du développement intellectuel (saturnisme) ainsi que chez les femmes enceintes [https://solidarites-sante.gouv.fr/sante-et-environnement/batiments/article/effets-du-plomb-sur-la-sante solidarites-sante.gouv.fr]. Chez les adolescents et les adultes, il augmente les risques de maladie rénale chronique et d’hypertension artérielle, altère la qualité du sperme et diminue la fertilité masculine. | + | Le plomb a des effets toxiques sur le système nerveux ; il est [[Cancérigène (HU)|cancérigène]] et [[Réprotoxique (HU)|réprotoxique]]. Il est particulièrement dangereux pour les enfants chez qui il peut provoquer des troubles de la croissance et du développement intellectuel (saturnisme) ainsi que chez les femmes enceintes [https://solidarites-sante.gouv.fr/sante-et-environnement/batiments/article/effets-du-plomb-sur-la-sante solidarites-sante.gouv.fr]. Chez les adolescents et les adultes, il augmente les risques de maladie rénale chronique et d’hypertension artérielle, altère la qualité du sperme et diminue la fertilité masculine. |
La concentration maximum admissible dans les [[Eau destinée à la consommation humaine (HU)|eaux destinées à la consommation humaine]] est fixée à 10 μg/L par [https://www.legifrance.gouv.fr/loda/id/JORFTEXT000000465574/ l'arrêta du 11 janvier 2007.] | La concentration maximum admissible dans les [[Eau destinée à la consommation humaine (HU)|eaux destinées à la consommation humaine]] est fixée à 10 μg/L par [https://www.legifrance.gouv.fr/loda/id/JORFTEXT000000465574/ l'arrêta du 11 janvier 2007.] | ||
Ligne 74 : | Ligne 74 : | ||
<u>Bibliographie </u> : | <u>Bibliographie </u> : | ||
− | |||
* Al-Juhaishi, M.R.D. (2018) : Caractérisation et impact de la pollution dans les rejets urbains par temps de pluie (RUTP) sur des bassins versants de l'agglomération Orléanaise ; Thèse de doctorat, Institut des Sciences de la terre d'Orléans, 210p. | * Al-Juhaishi, M.R.D. (2018) : Caractérisation et impact de la pollution dans les rejets urbains par temps de pluie (RUTP) sur des bassins versants de l'agglomération Orléanaise ; Thèse de doctorat, Institut des Sciences de la terre d'Orléans, 210p. | ||
* Amorce (2019) : Quelles solutions pour valoriser les boues d’épuration ? ; Réf AMORCE EAT05 a ; 45p. ; disponible sur https://amorce.asso.fr/publications/quelles-solutions-pour-valoriser-les-boues-d-epuration-eat05 | * Amorce (2019) : Quelles solutions pour valoriser les boues d’épuration ? ; Réf AMORCE EAT05 a ; 45p. ; disponible sur https://amorce.asso.fr/publications/quelles-solutions-pour-valoriser-les-boues-d-epuration-eat05 | ||
Ligne 82 : | Ligne 81 : | ||
* Chebbo, G., Mouchel, J.M., Saget, A., Gouzailles, M. (1995) : La pollution des rejets urbains par temps de pluie : flux, nature et impacts ; TSM ; n° 11 ; p.796-806 | * Chebbo, G., Mouchel, J.M., Saget, A., Gouzailles, M. (1995) : La pollution des rejets urbains par temps de pluie : flux, nature et impacts ; TSM ; n° 11 ; p.796-806 | ||
* Coquery M., Pomiès M., Martin-Ruel S., Budzinski H., Miège C., Esperanza M., Soulier C., Choubert J.-M.(2011) : Mesurer les micropolluants dans les eaux brutes et traitées - Protocoles et résultats pour l'analyse des concentrations et des flux ; Techniques Sciences et Méthodes, 1/2 : 25-43 ; disponible sur : [http://projetamperes.cemagref.fr/illustrations/25-43-COQUERY.pdf projetamperes.cemagref.fr] | * Coquery M., Pomiès M., Martin-Ruel S., Budzinski H., Miège C., Esperanza M., Soulier C., Choubert J.-M.(2011) : Mesurer les micropolluants dans les eaux brutes et traitées - Protocoles et résultats pour l'analyse des concentrations et des flux ; Techniques Sciences et Méthodes, 1/2 : 25-43 ; disponible sur : [http://projetamperes.cemagref.fr/illustrations/25-43-COQUERY.pdf projetamperes.cemagref.fr] | ||
− | |||
* Dembélé, A. (2010) : MES, DCO et polluants prioritaires des rejets urbains de temps de pluie : mesure et modélisation des flux événementiels, Thèse de doctorat, INSA Lyon, DEEP. | * Dembélé, A. (2010) : MES, DCO et polluants prioritaires des rejets urbains de temps de pluie : mesure et modélisation des flux événementiels, Thèse de doctorat, INSA Lyon, DEEP. | ||
− | |||
* Dutordoir, S. (2014) : Bilan des flux de métaux, carbone organique et nutriments contenus dans une rivière alpine : part des rejets urbains de l‘agglomération de Grenoble et apports amont (Isère et Drac). | * Dutordoir, S. (2014) : Bilan des flux de métaux, carbone organique et nutriments contenus dans une rivière alpine : part des rejets urbains de l‘agglomération de Grenoble et apports amont (Isère et Drac). | ||
* EEA (2022) : ''Industrial pollutant releases to water in Europe'' ; disponible sur :[https://www.eea.europa.eu/ims/industrial-pollutant-releases-to-water www.eea.europa.eu]. | * EEA (2022) : ''Industrial pollutant releases to water in Europe'' ; disponible sur :[https://www.eea.europa.eu/ims/industrial-pollutant-releases-to-water www.eea.europa.eu]. | ||
Ligne 94 : | Ligne 91 : | ||
* Pistocchi, A., Dorati, C., Aloe, A., Ginebreda, A., Marcé, R. (2019) : ''River pollution by priority chemical substances under the Water Framework Directive: A provisional pan-European assessment'' ; Sci Total Environ. ; 2019 Apr 20; 662 ; pp 434–445. ; disponible sur [https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC6391594/ www.ncbi.nlm.nih.gov] | * Pistocchi, A., Dorati, C., Aloe, A., Ginebreda, A., Marcé, R. (2019) : ''River pollution by priority chemical substances under the Water Framework Directive: A provisional pan-European assessment'' ; Sci Total Environ. ; 2019 Apr 20; 662 ; pp 434–445. ; disponible sur [https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC6391594/ www.ncbi.nlm.nih.gov] | ||
* Preunkert, S., McConnell, J.R., Hoffmann, H., Legrand, M., Wilson, A.I., Eckhardt, S., Stohl, A., Chellman, N.J., Arienzo, M.M., Friedrich, R. (2019) : ''Lead and Antimony in Basal Ice From Col du Dome (French Alps) Dated With Radiocarbon: A Record of Pollution During Antiquity'' ; Geophysical Research Letters, American Geophysical Union, 2019, 46 (9), pp.4953-4961 ; 10.1029/2019GL082641 ; hal-02410052 ; disponible sur : [https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-02410052/document hal.archives-ouvertes.fr]* Zgheib, S. (2009) : Flux et sources des polluants prioritaires dans les eaux urbaines en lien avec l’usage du territoire. Thèse de doctorat, LEESU, Université Paris-Est, 349 p. | * Preunkert, S., McConnell, J.R., Hoffmann, H., Legrand, M., Wilson, A.I., Eckhardt, S., Stohl, A., Chellman, N.J., Arienzo, M.M., Friedrich, R. (2019) : ''Lead and Antimony in Basal Ice From Col du Dome (French Alps) Dated With Radiocarbon: A Record of Pollution During Antiquity'' ; Geophysical Research Letters, American Geophysical Union, 2019, 46 (9), pp.4953-4961 ; 10.1029/2019GL082641 ; hal-02410052 ; disponible sur : [https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-02410052/document hal.archives-ouvertes.fr]* Zgheib, S. (2009) : Flux et sources des polluants prioritaires dans les eaux urbaines en lien avec l’usage du territoire. Thèse de doctorat, LEESU, Université Paris-Est, 349 p. | ||
− | |||
<u>Pour en savoir plus</u> : | <u>Pour en savoir plus</u> : |
Version du 13 septembre 2022 à 13:17
Traduction anglaise : Lead
mot en chantier
Dernière mise à jour : 12/09/2022
Métal gris-bleuâtre, malléable, de symbole Pb et de numéro atomique 82, reconnu cancérigène depuis 1980, ce qui justifie son classement parmi les métaux lourds.
Sommaire |
Nature et différentes formes physico-chimiques
Le principal minerai de plomb est la galène qui en contient 96,6% en masse. On l'extrait également à partir d'autres minerais (sulfure de plomb) généralement associé à d'autres métaux (zinc, argent, cuivre). D'autres variétés communes sont la cérusite (PbCO3) et l'anglésite (PbSO4).
Le plomb natif est rare et même s'il est relativement répandu dans la croute terrestre, il existe rarement sous forme libre à l'état naturel. Beaucoup des composés que l'on trouve dans l'environnement sont d'origine anthropique et la plupart sont des composés inorganiques. Beaucoup de ces composés sont inscrits dans la nomenclature Reach. En dehors du plomb sous forme métallique, les composés les plus fréquents sont (INERIS, 2015) :
- le sulfate de plomb tribasique (O7Pb4S), utilisé en particulier pour la fabrication des peintures ;
- le monoxyde de plomb (pBO), qui est utilisé dans les batteries ou pour teinter le verre ;
- le tétraoxysulfate de pentaplomb ;
- le phosphonate d’oxyde de plomb ;
- le dioxobis (stéarato) triplomb.
Sources et concentrations moyennes
Différentes sources de plomb dans l'environnement
Contrairement à beaucoup d'autres métaux, la pollution par le plomb est très ancienne et a commencé 3 000 ans avant notre ère. L'analyse des concentrations dans la glace montrent trois pics d'émissions atmosphériques anciens : l'âge du bronze, l'époque romaine et le moyen âge (Preunkert et al., 2019) ; voir figure 1. Ces pics ont cependant été largement dépassés du fait de la révolution industrielle (voir figure 3)
Depuis deux siècles le plomb a en effet beaucoup été utilisé dans de nombreuses applications industrielles : dans les batteries, dans l'industrie du câblage, de la tuyauterie et du bâtiment, comme colorant de peinture, dans la production d'alliages, etc. Il a également beaucoup été utilisé (jusqu'au 1er janvier 2 000 en Europe) en tant qu'additif antidétonant pour les véhicules à moteur à essence. Cette dernière utilisation a totalement disparu aujourd'hui et toutes les autres utilisations ont également beaucoup diminué. De ce fait les émissions atmosphériques de plomb ont énormément diminué ; par exemple en France elles sont passées de plus de 4 000 tonnes par an en 1990 à moins de 100 tonnes aujourd'hui (figure 2).
Cette diminution des émissions se traduit pas une diminution des concentrations dans la glace (figure 3). La comparaison entre les figures 1 et 3 permet de noter que les dernières concentrations mesurées sont maintenant du même ordre de grandeur que celles mesurées dans les pics anciens précédents (0,5 ng/g). On est donc très loin d'avoir retrouvé le niveau de contamination naturelle, probablement 10 à 25 fois plus faible.
Plusieurs causes sont responsables de cette pollution résiduelle :
- certaines applications industrielles continuent d'utiliser du plomb en Europe (en particulier les batteries automobiles) ;
- malgré l'interdiction de commercialisation il reste des stocks de produits contenant du plomb (peintures, piles, tuyaux, etc.) qui ne sont pas nécessairement recyclés ;
- les réglementations ne sont pas partout aussi restrictives qu'en Europe et le plomb émis dans l'atmosphère se déplace partout sur la planète comme le montre les carottes de glace du Groenland.
Contribution des rejets d'assainissement
Lors du projet AMPERE (Coquery et al, 2011 et http://projetamperes.cemagref.fr/), les concentrations en plomb ont été mesurées à l'entrée et à la sortie de 21 stations d'épuration françaises. Les concentrations moyennes trouvées sont extrêmement variables et se situent généralement entre 1 et 10 μg/L en entrée de station (eaux usées brutes) et entre 0,1 et 1 μg/L en sortie de traitement secondaire. Les flux moyens rejetés aux milieux aquatiques ont ainsi été estimés à environ 150 μg/j/habitant, ce qui correspond à une masse annuelle rejetée de l'ordre de 3,4 tonnes pour la France métropolitaine.
Les concentrations en plomb dans les rejets urbains de temps de pluie varient entre 10 et 35 μg/L dans les eaux pluviales comme dans les eaux unitaire (synthèse des données de Al-Juhaishi, 2018, Becouze-Lareure, 2010, Dembélé, 2010, Dutordoir, 2014, Gromaire, 2012, Moilleron, 2004, Zgheib, 2009). Elles ont beaucoup diminué depuis les premières mesures effectuées dans les années 1990 pour lesquelles les valeurs moyennes observées de concentration étaient généralement comprises entre 90 et 440 μg/L (Chebbo et al., 1995). Elles sont cependant encore très importantes et la masse de plomb apportée aux milieux aquatiques par les rejets urbains de temps de pluie est probablement 2 à 3 fois supérieure à celle apportée par les stations d'épuration. Les sources dominantes actuelles dans les eaux de ruissellement sont les dépôts atmosphériques et les toitures (Grommaire, 2012).
Dans tous les cas le plomb est très majoritairement (80 à 90%) fixé sur les particules du fait de la tendance du métal à coprécipiter et à s'adsorber sur les particules solides. Cependant, le plomb insoluble sous sa forme métallique, est, dans beaucoup de cas, seulement faiblement adsorbé sur les matières en suspension et il peut être à nouveau solubilisé sous l'effet de changements mineurs dans les conditions environnementales (par exemple diminution du pH).
Les quantités contenues dans les boues de station d'épuration sont comprises entre 10 et 100 mg/kg de matières sèche d'après Coquery et al. (2011), ou égales en moyenne à 40 mg/kg de matière sèche d'après Amorce (2019) ; elles correspondent également à un rejet d'environ 40 tonnes par an, soit 40% environ des émissions atmosphériques. Ces concentrations sont cependant inférieures aux concentrations maximum admissibles pour une valorisation agricole qui sont de 800 mg/kg. Ces fortes concentrations sont probablement en grande partie dues aux apports de temps de pluie, les concentrations dans les eaux pluviales étant beaucoup plus fortes que dans les eaux usées.
Toxicité et dangers associés
Impacts possibles sur la santé
Le plomb a des effets toxiques sur le système nerveux ; il est cancérigène et réprotoxique. Il est particulièrement dangereux pour les enfants chez qui il peut provoquer des troubles de la croissance et du développement intellectuel (saturnisme) ainsi que chez les femmes enceintes solidarites-sante.gouv.fr. Chez les adolescents et les adultes, il augmente les risques de maladie rénale chronique et d’hypertension artérielle, altère la qualité du sperme et diminue la fertilité masculine.
La concentration maximum admissible dans les eaux destinées à la consommation humaine est fixée à 10 μg/L par l'arrêta du 11 janvier 2007.
Impacts possibles sur les milieux aquatiques
Une fois que le plomb particulaire est incorporé dans les sédiments des milieux récepteurs, il peut également évoluer chimiquement ou biologiquement pour former des composés organométalliques potentiellement biodisponibles et toxiques pour les organismes aquatiques. Les alkyls de plomb sont plus toxiques que le plomb inorganique. Ils s'accumulent dans un certain nombre de tissus tels que les érythrocytes, le foie et les reins. Le plomb inhibe le système enzymatique responsable de la formation d'hémique dans la moelle osseuse et de la reconstitution du calcium dans les os. Le plomb est susceptible de s'accumuler dans la chaine alimentaire. Il est responsable du saturnisme. Sous certaines formes physico-chimiques, il peut être toxique pour la plupart des vertébrés, ceci à partir de concentrations très faibles (0,1 mg/L.). Les méthodes normalisées de mesure des concentrations en plomb dans les eaux sont décrites dans les normes NF T 90-112 et NF T 90-119.
Les premiers effets écotoxiques semblent se manifester à une concentration de l'ordre de μg/L sur certains invertébrés (Ineris, 2018). Les valeurs de concentrations sans effet observé (NOEC pour No Observable Effect Concentration), de concentration maximale admissible (MAC pour Maximum Admissible Concentration) et de normes de qualité environnementales (NQE) sont données dans le tableau de la figure 5 pour les eaux douces et marines.
Bibliographie :
- Al-Juhaishi, M.R.D. (2018) : Caractérisation et impact de la pollution dans les rejets urbains par temps de pluie (RUTP) sur des bassins versants de l'agglomération Orléanaise ; Thèse de doctorat, Institut des Sciences de la terre d'Orléans, 210p.
- Amorce (2019) : Quelles solutions pour valoriser les boues d’épuration ? ; Réf AMORCE EAT05 a ; 45p. ; disponible sur https://amorce.asso.fr/publications/quelles-solutions-pour-valoriser-les-boues-d-epuration-eat05
- Becouze-Lareure, C. (2010) : Caractérisation et estimation des flux de substances prioritaires dans les rejets urbains par temps de pluie sur deux bassins versants expérimentaux. Thèse de doctorat, INSA-Lyon, laboratoire DEEP, 298 p.
- Blanquet, J.P., Bonnomet, V., Coquery, M., Gaudillot, A., Gondelle, F., Houeix, N., Le Goff, F., Magaud, H., Meunier, L., Sanchez, W. (2004) : Devenir et comportement des métaux dans l'eau : biodisponibilité et modèles BLM ; rapport technique INERIS ; 87p. ; disponible sur www.ineris.fr
- Boutron, C. ; Rosman K. ; Barbante, C. ; Bolshov, M ; Adams, F. ; Hong, S ; Ferrari, C (2004) : L'archivage des activités humaines par les neiges et glaces polaires : le cas du plomb ; Comptes Rendus Géoscience Volume 336, n° 10 pages 847-867 (juillet 2004)
- Chebbo, G., Mouchel, J.M., Saget, A., Gouzailles, M. (1995) : La pollution des rejets urbains par temps de pluie : flux, nature et impacts ; TSM ; n° 11 ; p.796-806
- Coquery M., Pomiès M., Martin-Ruel S., Budzinski H., Miège C., Esperanza M., Soulier C., Choubert J.-M.(2011) : Mesurer les micropolluants dans les eaux brutes et traitées - Protocoles et résultats pour l'analyse des concentrations et des flux ; Techniques Sciences et Méthodes, 1/2 : 25-43 ; disponible sur : projetamperes.cemagref.fr
- Dembélé, A. (2010) : MES, DCO et polluants prioritaires des rejets urbains de temps de pluie : mesure et modélisation des flux événementiels, Thèse de doctorat, INSA Lyon, DEEP.
- Dutordoir, S. (2014) : Bilan des flux de métaux, carbone organique et nutriments contenus dans une rivière alpine : part des rejets urbains de l‘agglomération de Grenoble et apports amont (Isère et Drac).
- EEA (2022) : Industrial pollutant releases to water in Europe ; disponible sur :www.eea.europa.eu.
- Gasperi, J., Sebastian, C., Ruban, V., Delamain, M., Percot, S., Wiest, L., Mirande, C., Caupos, E., Demare, D., Diallo Kessoo, M., Saad, M., Schwartz, J.J., Dubois, P, Fratta, C. Wolff, H., Moilleron, R., Chebbo, G., Cren, C., Millet, M., Barraud, S., Gromaire, M.C. (2014) : Micropollutants in urban stormwater: occurrence, concentrations, and atmospheric contributions for a wide range of contaminants in three French catchments ; Environ Sci Pollut Res. ; DOI 10.1007/s11356-013-2396-0
- Gromaire, M.-C. (2012) : Contribution à l’étude des sources et flux de contaminants dans les eaux pluviales urbaines. Mémoire HDR, Université Paris Est, 107p.
- Legrand, M., McConnell, J. R., Lestel, L., Preunkert, S., Arienzo, M., Chellman, N. J., Stohl, A., and Eckhardt, S.(2020) : Cadmium pollution from zinc-smelters up to four-fold higher than expected in western Europe in the 1980s as revealed by alpine ice ; Geophysical Research Letters ; disponible sur : https://doi.org/10.1029/2020GL087537
- Masoner, J.R., Kolpin, D.W., Cozzarelli, I.M., Barber, L.B., Burden, D.S., Foreman, W.T., Forshay, K.J., Furlong, E.T., Groves, J.F., Hladik, M.L., Hopton, M.E., Jaeschke, J.B., Keefe, S.H., Krabbenhoft, D.P., Lowrance, R., Romanok, K.M., Rus, D.L., Selbig, W.R., Williams, B.H., Bradley, B.M. (2019) : Urban Stormwater: An Overlooked Pathway of Extensive Mixed Contaminants to Surface and Groundwaters in the United States ; Environ Sci Technol. 2019 Sep 3; 53(17): 10070–10081. ; disponible sur www.ncbi.nlm.nih.gov
- Kristensen, P., Whalley, C., Nery, F., Chritiansen, T. (2018) : 2018 EEA European water assessment ; EEA technical report ; 91p. ; disponible sur www.researchgate.net
- Pistocchi, A., Dorati, C., Aloe, A., Ginebreda, A., Marcé, R. (2019) : River pollution by priority chemical substances under the Water Framework Directive: A provisional pan-European assessment ; Sci Total Environ. ; 2019 Apr 20; 662 ; pp 434–445. ; disponible sur www.ncbi.nlm.nih.gov
- Preunkert, S., McConnell, J.R., Hoffmann, H., Legrand, M., Wilson, A.I., Eckhardt, S., Stohl, A., Chellman, N.J., Arienzo, M.M., Friedrich, R. (2019) : Lead and Antimony in Basal Ice From Col du Dome (French Alps) Dated With Radiocarbon: A Record of Pollution During Antiquity ; Geophysical Research Letters, American Geophysical Union, 2019, 46 (9), pp.4953-4961 ; 10.1029/2019GL082641 ; hal-02410052 ; disponible sur : hal.archives-ouvertes.fr* Zgheib, S. (2009) : Flux et sources des polluants prioritaires dans les eaux urbaines en lien avec l’usage du territoire. Thèse de doctorat, LEESU, Université Paris-Est, 349 p.
Pour en savoir plus :
- Amara, A., Bisson, M., Hulot, C., Marescaux, N. (2016) : Le plomb et ses dérivées inorganiques ; fiche de données toxicologiques et environnementales ; INERIS ; 71p. ; disponible sur le Portail substances chimiques de l'INERIS.
- INERIS (2015) : Données technico-économiques sur les substances chimiques en France : Plomb, INERIS –DRC-15-136881-10941A, 92 p. disponible sur http://rsde.ineris.fr/ ou http://www.ineris.fr/substances/fr/
- https://substances.ineris.fr/fr/substance/1154