Eau pluviale (HU)
Traduction anglaise : Storm water
Dernière mise à jour : 03/02/2022
Eau résultant des précipitations atmosphériques reçues par la ville et gérée par un système d’assainissement.
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Complexité de la notion d'eau pluviale
Cette définition simple recouvre en réalité un concept extrêmement complexe. Elle est en effet très générale et le terme "eau pluviale" peut désigner des natures d'eau très différentes les unes des autres. Ceci explique en partie que les discours sur la pollution de l’eau pluviale sont aussi variés.
Eau de pluie, eau pluviale et eau de ruissellement
Les définitions retenues par le CGEDD (Roche et al, 2017) proposent une première opposition, de type essentiellement réglementaire, entre les eaux pluviales et les eaux de ruissellement :
« Les eaux pluviales, en milieux urbain et péri-urbain, sont définies comme la partie des eaux issues de précipitations dont l’écoulement est pris en charge par des dispositifs dédiés (infiltration, transfert, stockage, etc.). Elles sont en interaction permanente avec les eaux souterraines et les autres réseaux.
Les eaux de ruissellement sont définies non pas à partir d’un processus physique d’écoulement sur une surface mais comme la partie de l’écoulement qui n’est pas « gérée » par un dispositif dédié. ».
Sur un plan plus phénoménologique, les eaux pluviales passent par plusieurs étapes.
Il y a d’abord l’eau de pluie qui provient de l’atmosphère et qui, lorsqu’elle atteint les toits ou le sol, s’est chargée en polluants au contact des aérosols ou parce que les gouttes de pluie ont dissous des molécules gazeuses. Seule une partie de cette eau de pluie va devenir une eau pluviale au sens de la définition précédente, l’autre partie restant stockée en surface, s’évaporant ou ne s'écoulant pas vers un dispositif d'assainissement. Si son statut d'eau pluviale, au sens de la définition du CGEDD, ne va plus changer, sa qualité va progressivement se modifier. En ruisselant sur le sol en direction d’un système d’assainissement elle va lessiver et éroder les surfaces urbaines et ainsi va progressivement se charger en nouveaux polluants. La charge en polluants des eaux pluviales sera donc différente de celle de l’eau de pluie et sera d'autant plus importante que le trajet qu'elle aura parcourue lui aura permis de se contaminer.
Nota : La définition du CGEDD concernant les eaux de ruissellement est ambigüe et ne fait pas l’unanimité. Une eau de pluie qui ruisselle sur une surface urbaine en direction d'un système d'assainissement a en effet la même qualité que celle qui s'écoule vers un exutoire ne faisant pas partie du système d'assainissement. Elle peut donc très légitimement être également appelée "eau de ruissellement". Pour éviter toute ambiguïté, nous avons évité d'utiliser ce mot dans cet article. Voir Eau de ruissellement (HU).
Eau pluviale et eau unitaire
Dans un système classique d’assainissement par réseau, l’eau pluviale va assez rapidement être collectée, d’abord par un réseau de surface de fossés et de caniveaux, puis dans un réseau souterrain de conduites. Déjà contaminée par les polluants présents sur les surfaces urbaines elle va continuer à l'être par les dépôts qui se sont constitués dans les différents ouvrages pendant la période sèche précédente. Sa qualité va donc continuer à se dégrader au fur et à mesure qu’elle va progresser dans le réseau.
De plus, il existe très peu de réseaux séparatifs pluviaux stricts. Dans la plupart des cas, cette eau va donc très vite se mélanger avec des eaux usées et passer du statut d’eau pluviale à celui d’eau unitaire ou d’eau résiduaire.
Eau pluviale et eau d'infiltration
Ce statut précaire est encore aggravé par deux facteurs :
- une partie de l’eau de pluie qui s’infiltre dans le sol des villes, et qui ne constitue pas au sens strict une eau pluviale, va quand même finir par rejoindre le système d’assainissement ; il s’agit des eaux parasites d’infiltration, dont la qualité pourra être meilleure que celle de l’eau de pluie elle-même du fait du rôle de filtre ou d’interception des particules solides que joue le sol. Ces eaux parasites d’infiltration se distinguent théoriquement des eaux pluviales par le fait qu’elles mettent beaucoup plus de temps à rejoindre le système d’assainissement. En pratique, les deux composantes ne sont pas toujours aussi faciles à séparer ;
- les systèmes alternatifs de gestion des eaux pluviales privilégient la gestion locale de l’eau de pluie. Il devient donc de plus en plus difficile de faire la différence entre l’eau qui s’infiltre dans un ouvrage d’assainissement comme une noue (et qui constitue, au sens du CGEDD, une eau pluviale), et celle qui s’infiltre "naturellement" dans la pelouse juste à côté de la noue.
L’utilisation de la terminologie d’eaux pluviales nécessite donc beaucoup de précaution, en particulier lorsque l’on parle de leur pollution : voir Pollution des eaux pluviales (HU).
Bibliographie :
- Roche, P.-A., Velluet, R., Aujollet, Y., Helary, J.L., Le Nouveau, N. (2017) Gestion des eaux pluviales : 10 ans pour relever le défi, Rapport Technique Conseil Générale de l’Environnement et du Développement Durable (CGEDD). Disponible sur : https://cgedd.documentation.developpement-durable.gouv.fr/documents/Affaires-0008967/010159-01_rapport-publie_tome1_synthese_diagnostic-
propositions.pdf;jsessionid=68117E81D8E689F3BF6A01719FF00537