S'abonner à un flux RSS
 

Restauration écologique (HU)

De Wikhydro

Traduction anglaise : Restoration, Reclamation

Dernière mise à jour : 27/11/2022

Transformation intentionnelle d'un milieu pour y rétablir l'écosystème considéré comme indigène. Le but est de rétablir l’intégrité de la biocénose préexistante en termes de compositions spécifiques et de structure des communautés (figure 1).

Différents types d'actions menés sur les écosystèmes pour améliorer leur qualité

Le terme de restauration écologique est souvent utilisé dans un sens plus large pour décrire des opérations réalisées sur l’environnement dans le but de réparer des dommages, des dysfonctionnements ou d’améliorer l’existant. Cet emploi constitue un abus de langage pour beaucoup d’experts de l’écologie. Il est préférable de de différencier restauration, réhabilitation et réaffectation en fonction de la trajectoire écologique et/ou de la référence écologique qui sont prises comme objectifs de l’intervention.

  • Pour la réaffectation (ou création), l’écosystème préexistant n’est pas pris comme référence (car il est inconnu ou impossible à retrouver). Le but poursuivi est de créer de nouvelles fonctions écologiques ou de nouveaux services écosystémiques qui sont jugés pertinents par les parties prenantes du projet. Les fonctions ou services écologiques visés peuvent être choisis au regard du site de restauration lui-même ou à une échelle plus large (bassin versant, estuaire, baie, etc.).
  • Pour la réhabilitation, on choisit comme référence un état connu et préexistant de l’écosystème, même si la trajectoire naturelle est inconnue ou impossible à reconstituer. On cherche uniquement à retrouver les principales fonctions écologiques de l’état de référence sans nécessairement utiliser la trajectoire tendancielle de l’écosystème de référence.
  • Pour la restauration, c’est l’écosystème préexistant qui est pris comme référence dans toutes ses dimensions, y compris ses dimensions temporelles (structure, composition, dynamique). La trajectoire à suivre pour un retour à un état antérieur est considérée comme connue et réalisable. L’objectif est de permettre à l’écosystème de recommencer à évoluer comme s’il n’avait jamais été perturbé.


Figure 1 : Exemple de restauration écologique : remise d'une rivière dans son lit d'origine ; Source : Chocat et al (2013).

Cas de la restauration au sens strict

Au sens strict, la restauration écologique est "le processus d’assister la régénération des écosystèmes qui ont été dégradés, endommagés ou détruits"». De façon pratique, il ne s'agit pas de restaurer artificiellement un état, mais plutôt de choisir des actions permettant de mettre l’écosystème sur une trajectoire écologique qui va progressivement se rapprocher de celle qu'il aurait eu s'il n'avait pas été perturbé. L'intérêt est assez évident car l'écosystème restauré a plus de chances d'être résilient puisqu'il est a priori le mieux adapté aux conditions locales. Les principes à mettre en œuvre sont également assez simples en apparence. On peut en effet considérer que l'écosystème va "naturellement" se remettre sur sa trajectoire historique si l'on supprime les causes de sa dégradation. La stratégie consiste donc à choisir des actions visant à accélérer ce rétablissement naturel, en commençant bien évidemment par supprimer ces causes elles-mêmes. En réalité les pièges et les difficultés sont nombreux, on peut en citer différents :

  • les déterminants d’un écosystème sont extrêmement diversifié et il n'est pas nécessairement simple de déterminer ceux qui ont pesés sur son endommagement ;
  • un écosystème n'est jamais totalement isolé

La projection intentionnelle d’une trajectoire d’un écosystème vers le futur est nécessairement une probabilité plutôt qu’une certitude. Cependant, une telle démarche lourde et coûteuse peut se justifier dans la mesure où un écosystème restauré a plus de chance d’être résistant, résilient et donc viable qu’un écosystème délaissé et abandonné, ou qu’un système « construit », assemblé sans modèle de référence. La trajectoire sert de base à des objectifs de restauration, ainsi qu’au développement d’un modèle de référence, suivant les réalités contemporaines. De ce point de vue, la restauration écologique est une tentative holistique (globale) qui s’efforce d’embrasser les réalités et les tendances à la fois culturelles et environnementales, dans une perspective écologique, et socio-économique plutôt que purement technique ou d’aménagement.

La restauration tend donc vers le retour d’un écosystème à sa trajectoire historique. De ce fait, les conditions historiques sont un point de départ idéal pour un plan de restauration. Néanmoins, restaurer – stricto sensu – un écosystème historique reste utopique. En effet, les écosystèmes restaurés ne peuvent jamais être des répliques statiques du passé, comme s’ils étaient des tableaux ou des expositions dioramiques dans un musée. Ils sont dynamiques et sujets à des altérations.


Nota : En anglais, on utilisera plutôt restoration pour insister sur l'action elle-même et reclamation pour insister sur le fait que l'action permettra de restaurer des usages.

Pour en savoir plus :

  • Chocat B. (coordonnateur) et groupe de travail ASTEE/SHF (2013) : Ingénierie écologique appliquée aux milieux aquatiques. Pourquoi ? Comment ? ; document ASTEE ; disponible sur www.astee.org
Outils personnels