Restauration écologique (HU)
Traduction anglaise : Restoration, Reclamation
Dernière mise à jour : 22/09/2024
Transformation intentionnelle d'un milieu pour y rétablir l'écosystème considéré comme indigène. Le but est de rétablir l’intégrité de la biocénose préexistante en termes de compositions spécifiques et de structure des communautés (figure 1).
Différents types d'actions menés sur les écosystèmes pour améliorer leur qualité
Le terme de restauration écologique est souvent utilisé dans un sens plus large pour décrire des opérations réalisées sur l’environnement dans le but de réparer des dommages, des dysfonctionnements ou d’améliorer l’existant. Cet emploi constitue un abus de langage pour beaucoup d’experts de l’écologie. Il est préférable de de différencier restauration, réhabilitation et réaffectation en fonction de la trajectoire écologique et/ou de la référence écologique qui sont prises comme objectifs de l’intervention.
- Pour la réaffectation (ou création), l’écosystème préexistant n’est pas pris comme référence (car il est inconnu ou impossible à retrouver). Le but poursuivi est de créer de nouvelles fonctions écologiques ou de nouveaux services écosystémiques qui sont jugés pertinents par les parties prenantes du projet. Les fonctions ou services écologiques visés peuvent être choisis au regard du site de restauration lui-même ou à une échelle plus large (bassin versant, estuaire, baie, etc.).
- Pour la réhabilitation, on choisit comme référence un état connu et préexistant de l’écosystème, même si la trajectoire naturelle est inconnue ou impossible à reconstituer. On cherche uniquement à retrouver les principales fonctions écologiques de l’état de référence sans nécessairement utiliser la trajectoire tendancielle de l’écosystème de référence.
- Pour la restauration, c’est l’écosystème préexistant qui est pris comme référence dans toutes ses dimensions, y compris ses dimensions temporelles (structure, composition, dynamique). La trajectoire à suivre pour un retour à un état antérieur est considérée comme connue et réalisable. L’objectif est de permettre à l’écosystème de recommencer à évoluer comme s’il n’avait jamais été perturbé.
Cas de la restauration au sens strict
Au sens strict, la restauration écologique est "le processus d’assister la régénération des écosystèmes qui ont été dégradés, endommagés ou détruits"» (Society for ecological restoration). De façon pratique, il ne s'agit pas de restaurer artificiellement un état, mais plutôt de choisir des actions permettant de mettre l’écosystème sur une trajectoire écologique qui va progressivement se rapprocher de celle qu'il aurait eu s'il n'avait pas été perturbé.
L'intérêt est assez évident pour deux raisons de nature différente :
- l'écosystème restauré a plus de chances d'être résilient puisqu'il est a priori le mieux adapté aux conditions locales ;
- utiliser une référence "historique" permet également de s'appuyer sur des éléments culturels et de mobiliser positivement les personnes avec qui il interagit.
Les principes à mettre en œuvre sont également assez simples en apparence. On peut en effet considérer que l'écosystème va "naturellement" se remettre sur sa trajectoire historique si l'on supprime les causes de sa dégradation. La stratégie consiste donc à choisir des actions visant à accélérer ce rétablissement naturel, en commençant bien évidemment par supprimer les causes de sa dégradation.
En réalité les pièges et les difficultés sont nombreux, on peut en citer plusieurs :
- les déterminants d’un écosystème sont extrêmement diversifiés et il n'est pas nécessairement simple de retrouver tous ceux qui ont pesés (ou pèsent) sur son endommagement ou ses dysfonctionnements (voir par exemple Facteur limitant (HU)) ;
- un écosystème n'est jamais totalement isolé et agir seulement sur l'écosystème peut ne pas être suffisant si son "environnement", c'est à dire les éléments dont il dépend ou avec lesquels il échange, évolue ; à ce titre le changement climatique à lui seul peut fortement impacter toute tentative de restauration ;
- un écosystème est un système complexe, et une toute petite différence dans l'un seul des facteurs écologiques qui le gouverne peut le mettre sur une trajectoire totalement différente ;
- etc.
Pour l'ensemble de ces raisons, "la projection intentionnelle d’une trajectoire d’un écosystème vers le futur est nécessairement une probabilité plutôt qu’une certitude. (...) Restaurer – stricto sensu – un écosystème historique reste utopique" (Aronson, 2010).
Nota : En anglais, on utilisera plutôt restoration pour insister sur l'action elle-même et reclamation pour insister sur le fait que l'action permettra de restaurer des usages.
Bibliographie :
- Aronson, J. (2010) : Restauration, réhabilitation, réaffectation : ce que cachent les mots ; Espaces naturels ; n°29 ; Le Dossier ; disponible sur http://www.espaces-naturels.info/restauration-rehabilitation-reaffectation-ce-que-cachent-mots.
Pour en savoir plus :
- Chocat B. (coordonnateur) et groupe de travail ASTEE/SHF (2013) : Ingénierie écologique appliquée aux milieux aquatiques. Pourquoi ? Comment ? ; document ASTEE ; disponible sur www.astee.org
- Synthèse du colloque REVER 10 « Restaurer ou reconquérir », organisé par l’association REVER, le Museum national d’Histoire naturelle,
l’Unité mixte de services PatriNat et le Centre de ressources Génie écologique de l’Agence française pour la biodiversité du 19 au 21 mars 2019 à Paris ; disponible sur https://www.genieecologique.fr/sites/default/files/documents/biblio/31840_afb_rencontres_rever10_n64_2.pdf