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Toiture végétalisée (HU)

De Wikhydro

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Traduction anglaise : Green roof, Vegetated roof

Dernière mise à jour : 05/09/2023

Toiture ou terrasse accueillant un système de végétalisation comprenant un drain, un filtre, du substrat (support de culture) et des végétaux ; ce type d'ouvrage permet notamment le stockage temporaire d'une partie des eaux de pluie précipitée et sa restitution au moins en partie par évapotranspiration ; on parle également de toiture verte ou de toiture végétale ; on utilise parfois le sigle TTV (Toiture Terrasse Végétalisée) pour désigner certains types de toitures végétalisées (toitures extensives et semi-intensives, voir § "Principes et variantes").


Figure 1 : Exemple de toiture stockante en partie végétalisée ; Source : GRAIE.

Sommaire

Généralités

Principes et variantes

Tout substrat est constitué de 3 éléments :

  • des grains de matière constituant le substrat proprement dit, plus les racines des plantes ;
  • de l'eau ;
  • de l'air.

L'eau et l'air se partage les espaces libres (porosité) du substrat. Si le substrat est saturé en eau, l'air a totalement disparu.

Le principe de fonctionnement hydrologique d'une toiture végétalisée consiste à stocker l'eau pendant les périodes de pluie en augmentant la teneur en eau du substrat, puis de récupérer cette capacité de stockage pendant les périodes sèches en évapotranspirant l'eau ainsi stockée. L'eau excédentaire qui ne peut pas être stockée dans le substrat est évacuée pendant la pluie, le plus souvent par un dispositif de vidange situé dans la partie basse, dispositif qui peut être régulé ou non et par un trop plein en partie supérieure (voir figure 8). Du fait de la position de la toiture, le plus souvent au-dessus d'un bâtiment (voir nota), l'alimentation se fait généralement de façon directe en interceptant l'eau précipitée. Il est également possible d'alimenter la toiture végétalisée à partir d'éléments de toiture traditionnels situés au-dessus de la partie végétalisée. Il est également possible de ne végétaliser qu'une partie de la toiture.

Nota : le développement de la végétalisation des villes amène à envisager l'installation de toitures végétalisées ailleurs que sur les bâtiments, par exemple au-dessus des trottoirs, des mobiliers urbains (abribus), des parkings de surface, etc.

Les toitures végétalisées ne sont pas obligatoirement planes. Elles peuvent végétalisées même lorsqu’elles ont de la pente. Les Règles professionnelles visent les pentes de 0 à 20 % mais il est possible de végétaliser au-delà si une appréciation technique existe. Cependant, pour que le stockage de l'eau soit efficace, il est préférable que la pente soit faible.

Il existe différents types de toitures végétalisées utilisables pour réguler les débits d'eau pluviale. Trois éléments sont importants pour cette fonction :

  • l'épaisseur du substrat,
  • la présence ou non d'une réserve d'eau sous le substrat (qui n'est pas indispensable à la végétalisation mais présente également de l'intérêt pour la végétation),
  • de la présence ou non d'un dispositif de contrôle du débit évacué.

D'une façon générale, seules les toitures végétalisées avec des substrats épais et/ou une réserve d'eau et/ou équipées d'un limiteur de débit jouent un rôle efficace de contrôle des eaux pluviales, du moins pour les pluies fortes.

Nota : Il est également possible de construire des toitures stockantes qui ne soient pas végétalisées.

Épaisseur du substrat

On classifie souvent les toitures végétalisées en trois familles selon l'épaisseur du substrat et donc du type de végétation que l'on peut y installer (DTU 43.1 et Adivet, 2018 ; voir figures 2, 3, 4)  :

  • Les toitures végétalisées extensives : Ce sont des toitures avec une faible épaisseur de substrat (4 à 12 cm), qui peuvent être plantées de graminées, de mousses, de plantes grasses (toiture sédum), etc. ;
  • Les toitures végétalisées semi-intensives : Leur épaisseur de substrat est comprise entre 12 et 30 cm et elles peuvent recevoir une végétation beaucoup plus diversifiée (y compris de petits arbustes) ;
  • Les toitures végétalisées intensives (on parle également de jardins sur le toit) : Ce sont des toitures pourvues d’un jardin proche de ce que l'on pourrait trouver au niveau du sol ; on peut y planter des arbustes et même des arbres ; l'épaisseur minimum de substrat est de 30 cm, mais peut être très supérieure selon la nature des végétaux.


Figure 2 : Exemple de toiture végétalisée extensive ; Crédit photo : Patrick Savary.


Figure 3 : Exemple de toiture végétalisée semi-intensive ; Crédit photo : GRAIE.


Figure 4 : Exemple de toiture végétalisée intensive - rue de Paradis, Paris 10e ; Crédit photo : Mustapha Zerriahen.

Dans le cadre du référentiel GreenRoofScore (Adivet, 2023), et notamment pour évaluer les qualités de la toiture en termes de biodiversité, l'association des toitures & façades végétales est plus précise et détaille cinq types de toitures en fonction :

  • de l'épaisseur ;
  • des types de végétation :
  • et également de la surface couverte par un type de végétation donné.

Ces différents types de toitures sont les suivants (figure 5) :

  • "A : Végétation rase à dominante de vivaces succulentes (genre Sédums majoritairement) et de mousses ;
  • B : Végétation rase de vivaces succulentes avec massifs ponctuels de vivaces herbacées, vivaces à bulbes et graminées sur une surface inférieure à 50 % de la surface totale végétalisée ;
  • C : Végétation avec une base de vivaces succulentes et une dominante de vivaces herbacées, vivaces à bulbes et graminées sur une surface supérieure à 50 % de la surface totale végétalisée ;
  • D : Végétation à dominante de vivaces herbacées, vivaces à bulbes et graminées avec massifs ponctuels de vivaces ligneuses et/ou arbustive (hauteur inférieure à 1,5 m) sur une surface supérieure à 20 % de la surface totale végétalisée ;
  • E : Végétation présentant les strates précédentes et une présence significative d'arbres et d'arbustes (hauteur supérieure à 1,5 m à maturité) sur une surface supérieure à 20 % de la surface totale végétalisée".


Figure 5 : Typologie des toitures végétalisées en fonction de l'épaisseur du substrat et du type de végétation ; dessin de Frédéric Madre, publié dans "Landscape and Urban Planning" ; vol. 122 (2014) ; Source : Adivet (2023).

De façon assez logique, la quantité d'eau que l'on peut stocker dans le substrat varie de façon sensiblement linéaire avec l'épaisseur, même si l'on considère parfois qu'une interception efficace des pluies fortes nécessite une épaisseur de substrat minimum de 20 à 25 cm. Le type de végétation joue également un rôle en conditionnant l'évapotranspiration, donc le temps nécessaire pour récupérer la capacité de stockage après une pluie.

Présence ou non d'une réserve d'eau

En termes hydrologiques, un autre élément important est associé à la présence ou non d'une réserve permettant de conserver un volume supplémentaire d'eau. Il s'agit dans ce cas d'un volume mort qui ne peut s'évacuer que par évapotranspiration et qui correspond donc à un volume effectivement intercepté par l'ouvrage.

Une solution possible consiste à placer cette réserve sous la couche de substrat (figure 6). Cette réserve d'eau se remplit alors par percolation à travers le substrat et se vide en remontant par capillarité pendant les périodes sèches venant ainsi ré-humidifier le substrat. Ce type de solution présente en outre l'intérêt de constituer une réserve disponible pour maintenir la végétation pendant les périodes sèches.


Figure 6 : Une réserve d'eau située sous la toiture permet à la fois d'augmenter le volume intercepté et de mettre plus d'eau à la disposition de la végétation ; l'eau remonte dans le substrat par capillarité.

Il existe sur le marché deux grands types de solutions : les systèmes posés sous le substrat et ceux intégrés dans des bacs pré-cultivés qui permettent de mettre en place facilement ce type de solutions, y compris sur une toiture terrasse existante (figure 7).


Figure 7 : Exemple de toiture végétalisée réalisée avec des bacs préfabriqués avec réserve d'eau - Amsterdam ; Crédit photo : Bilel Afrit, SIAAP.

Évacuation libre ou régulée

La quantité d'eau que l'on peut stocker dans le substrat pendant la pluie dépend également de la présence ou non d'un dispositif de régulation sur la vidange (figure 8) :

  • Soit l'ouvrage est drainé et l'écoulement est libre sous la couche de substrat. Dans ce cas l’eau va s’infiltrer jusqu'au fond de la couche de substrat et s'évacuer rapidement par gravité vers un exutoire extérieur ; la quantité d'eau stockée ne pourra pas dépasser la teneur en eau à partir de laquelle le drainage dû aux forces de pesanteur devient prépondérant et qui peut être assimilée à la capacité au champ (capacité maximum de rétention d’eau du sol) ; le volume d'eau maximum que l'on peut stocker dans un substrat totalement sec est la Capacité Maximale en Eau dont la détermination fait l'objet d'un protocole de référence (voir par exemple https://www.biodiversiteetbati.fr/Files/Other/Doc%20complementaires/Regles%20professionelles.pdf)
  • Soit l'écoulement est contrôlé par un dispositif spécifique qui limite le débit évacué sous la couche de substrat à une valeur maximum et, dans ce cas, le sol pourra se saturer totalement ; l’écoulement ne dépassera le débit régulé que lorsque le niveau de l’eau atteindra le trop plein. Il est cependant important de veiller à un drainage assez rapide de l'eau à la fin de la pluie pour éviter de faire souffrir la végétation (par excès d’eau) et récupérer rapidement la capacité de stockage. Il est généralement recommandé que la capacité de stockage soit restaurée dans un délai maximum de 24 à 48h (voir Durée en eau (HU)).


Figure 8 : Toitures végétalisées régulées ou non régulées.

Historique

L'article de Wikipédia sur les toitures végétalisées indique que cette technique existe vraisemblablement depuis le Néolithique (12 500 à 8 000 av. J.-C.). Plus mesurée, l'Adivet la fait remonter aux jardins de Babylone, soit quand même à plus de 2600 ans ! (figure 9).


Figure 9 : Les jardins suspendus de Babylone constituent l'exemple le plus connu de l'utilisation généralisée des toitures végétalisées ; Source : Article Wikipédia.

Il est cependant certain que, en Europe, les toitures végétalisées ont été utilisées de façon très régulière, en particulier dans les pays nordiques, au moins depuis le moyen-âge (figure 10), principalement pour leurs qualités isolantes.


Figure 10 : En Scandinavie, les toitures végétalisées ont été utilisées au moins depuis les vikings et constituent l'un des éléments du paysage ; Crédit photo : Philippe Deligny.

Malgré tout, la solution est progressivement devenue marginale dans la plupart des villes. Ce n'est qu'au cours des années 1970, suite à de nombreuses expériences montrant les multiples intérêts bioclimatiques, écologiques, environnementaux et sanitaires des toitures végétalisées (voir par exemple Sabre et Bulteau, 2011) que cette solution a commencé à réapparaître, favorisé par le développement des toits plats. Il a cependant fallu attendre le début des années 2000 pour que le marché se développe réellement (figure 11).


Figure 11 : Évolution du marché de la toiture végétalisée en France ; Source : Adivet (2021).

Aujourd'hui, les toitures végétalisées constituent une solution mature, encouragée par les pouvoirs publics (voir par exemple la loi sur la biodiversité de 2016 ou la loi Climat et Résilience de 2021), et connaît une progression régulière (figure 11). En 2021, 1,6 million de m2 ont été installés en France, principalement (à 95%) sur des bâtiments neufs. Ce chiffre important doit être relativisé car la part de toitures et terrasses végétalisées ne représente encore que 8,5 % des surfaces étanchées neuves (Adivet, 2021).

Par ailleurs, les toitures végétalisées extensives, moins efficaces en termes de rétention d'eau (et de biodiversité), représentent encore 80% des installations, même si on observe un développement des toitures semi-intensives et extensives. Peiger et Baumann (2018) notent d'ailleurs : "Nous montrons que plus de 80% du marché actuel des toitures végétales extensives en France et dans d’autres pays ne sont pas des solutions pérennes. Ces « systèmes » ou ces marques commerciales ne répondent pas aux critères qualitatifs du maintien ou de l’introduction de la biodiversité sur des espaces artificialisés." Même si cette conclusion est sans doute trop excessive, il est nécessaire d’encourager le marché à être plus qualitatif et plus ambitieux afin de mieux répondre aux différents enjeux (gestion des eaux pluviales, biodiversité, lutte contre l’îlot de chaleur urbain, santé/bien-être, etc.).

La marge de progression reste donc très importante.

Fonctions et cobénéfices

En plus d'une gestion efficace des eaux pluviales, aussi bien en termes de contrôle du ruissellement que d'interception des polluants, les toitures végétalisées présentent de nombreux avantages et ceci dans de nombreux domaines.

Amélioration du confort d'été et de l'isolation des bâtiments

Le substrat joue un rôle d'isolant thermique d'autant plus efficace qu'il est épais. De plus l’ombre des végétaux diminue l'ensoleillement direct sur la toiture limitant ainsi l’absorption de chaleur. Enfin, l'évapotranspiration absorbe d'autant plus de chaleur que la quantité d'eau mise à la disposition des plantes est importante. La conséquence cumulée de ces effets est une température d’air plus basse sur le toit, à proximité immédiate de la végétation, ainsi que dans les locaux situés sous la couverture végétalisée. De façon plus générale les toitures végétalisées améliorent l'isolation thermique (en été et en hiver) ainsi que l'isolation acoustique des bâtiments.

Lutte contre les ilots de chaleur urbains

La diminution de la température de l'air, due en particulier à l'évapotranspiration (ce qui montre l'importance de mettre beaucoup d'eau à la disposition de la végétation), a des effets locaux, à proximité immédiate de la toiture, mais peut également jouer un rôle potentiellement important à l'échelle du quartier voire de la ville si les surfaces végétalisées sont importantes. A titre d'exemple, l’analyse comparative de Aflaki et al. (2017), conclut qu'un verdissement urbain généralisé pourrait conduire à une diminution de la température globale de l'air et de la température radiante moyenne allant respectivement jusqu'à 4 °C et 4,5 °C en période de canicule. Comme les toitures représentent un pourcentage important des surfaces urbaines, leur végétalisation pourrait contribuer significativement à ce gain.

De plus, les effets locaux directs sur les bâtiments améliorent leur confort thermique et réduisent donc le besoin et la consommation des systèmes de climatisation, eux-mêmes producteurs de chaleur ; ils participent donc également ainsi à la lutte contre les îlots de chaleur urbain et plus généralement contre les émissions de gaz à effet de serre.

Rôle positif sur la biodiversité

Les toitures végétalisées accueillent un grand nombre d'organismes. L'étude GROOVES (Barra et Hemminki, 2021) s'est ainsi intéressée à la biodiversité sur 36 toitures végétalisées d'Ile de France. Au total, environ 400 espèces de plantes ont été observées dont 70 % étaient spontanées (véhiculées par le vent ou la faune), y compris des espèces rares (ornithope comprimé - Ornithopus compressus ou ornithope penné - Ornithopus pinnatus).

Concernant la faune, 611 espèces ont été observées sur les toitures étudiées avec une diversité importante de groupes taxonomiques (isopodes, myriapodes, collemboles, coléoptères, orthoptères, hémiptères, arthropodes, hyménoptères et certains coléoptères). Sur le plan environnemental, cette biodiversité contribue en particulier à limiter les risques de développement de moustiques.

Concernant les plantes, la biodiversité observée sur les toitures est globalement équivalente à celle rencontrée dans les friches et les parcs urbains, mais elle est généralement plus faible concernant les pollinisateurs. De façon logique, la biodiversité est moindre pour les toitures extensives, principalement du fait de leur substrat essentiellement minéral et/ou de faible épaisseur. Sur les toitures intensives ou semi intensives la flore peut atteindre des richesses supérieures à celles retrouvées dans les espaces verts situés au niveau du sol.

Malgré leur caractère discontinu les toitures végétalisées peuvent participer à la trame verte et bleue, en zone urbaine sous la forme de "pas japonais" (Clergeau et al., 2016).

Protection du bâti

Il existe parfois des réticences à la végétalisation des toitures associées à des craintes concernant l'étanchéité. En pratique ces craintes sont totalement injustifiées (GRAIE, 2014). Au contraire, principalement du fait de leur rôle d'isolant thermique et de protection contre le rayonnement UV, les toitures végétalisées protègent les membranes d'étanchéité et prolongent leur durée de vie. Certaines études (voir par exemple : homegrade.brussels) montrent que la durée de vie moyenne de l’étanchéité peut atteindre 30 à 40 ans (contre 15 à 20 ans pour une toiture terrasse traditionnelle).

Amélioration de la qualité de l'air

La végétation a globalement un rôle positif sur la qualité de l'air en piégeant différents gaz (ozone, COVs, CO2 , etc.) et en produisant de l'oxygène. Il est cependant nécessaire d'éviter les espèces potentiellement allergisantes.

Aspect esthétique et rôle social

Les êtres humains ont besoin de nature et de verdure (notion de biophilie), et les toitures végétalisées peuvent donc améliorer le confort de la vie en ville. Il est cependant nécessaire pour ceci que les toitures soient accessibles, ou au minimum visibles. Certaines collectivités, telles que le Conseil départemental de Seine-Saint-Denis, déploient des outils de priorisation, à l’échelle du territoire, de l’implémentation de surfaces végétalisées (au sol ou en toiture) en fonction de la réelle "présence de vert" locale (De Gouvello et al.).

Les toitures végétalisées peuvent également créer du lien social dès lors qu’elles sont accessibles, par exemple en mettant en œuvre des potagers en toiture.

Synergie avec d'autres solutions écologiques

La principale synergie est sans doute celle entre les toitures végétalisées et la mise en place de panneaux photovoltaïques (toitures dites biosolaires ; voir projet PROOF du Cerema), en effet :

  • la toiture végétalisée tend à rafraîchir les panneaux, améliorant leur efficacité ;
  • les panneaux apportent quant à eux des zones d’ombre diversifiant les habitats de la toiture végétalisée, ce qui est favorable à une biodiversité mieux équilibrée (Peiger et Baumann, 2018).


Le référentiel GreenRoofScore (Adivet, 2023) propose une méthode pour évaluer globalement l'ensemble de ces performances.

Conception

Conception générale

La décision de mettre en œuvre une toiture végétalisée avec une fonction de gestion du ruissellement résulte d'un double choix :

  • mettre en œuvre une toiture végétalisée ;
  • mettre en œuvre une toiture stockante.

Il est en effet parfaitement possible de concevoir une toiture végétalisée qui ne joue qu'un rôle très réduit en termes de limitation du ruissellement ou une toiture stockante destinée à contrôler le ruissellement sans être végétalisée.

Formulé de façon plus positive, au vu des co-bénéfices détaillés plus haut, il est nécessaire :

  • chaque fois que l'on souhaite utiliser une toiture stockante pour contrôler le ruissellement, de s'interroger sur les bénéfices complémentaires que l'on peut obtenir en la végétalisant ;
  • chaque fois que l'on souhaite mettre en place une toiture végétalisée, de s'interroger sur les bénéfices complémentaires qu'il y aurait à lui confier une mission supplémentaire de contrôle du ruissellement.

Une toiture végétalisée est constituée de deux couches principales ayant des fonctions différentes et séparés par un élément filtrant (géotextile)(figure 12) :

  • un complexe d'étanchéité (pare-vapeur, isolant thermique et revêtement d'étanchéité proprement dite) ;
  • un complexe de culture constitué d'une couche drainante, du substrat proprement dit et des végétaux.


Figure 12 : Schéma type d'une toiture végétalisée ; Source : Adivet (2018).

On trouvera dans le DTU 43.1 et dans le guide "Règles professionnelles pour la conception et la réalisation des terrasses et toitures végétalisées" (Adivet, 2018), l'ensemble des règles et éléments techniques nécessaires à la conception générale des toitures végétalisées. Un résumé des caractéristiques des différents types de toiture est fourni dans le tableau de la figure 13.


Figure 13 : Principales caractéristiques des différents types de toiture végétalisée ; Source : Adivet (2018).

Principes de dimensionnement et choix des dimensions

On ne traitera ici que du dimensionnement hydrologique, sachant que l'épaisseur du substrat dépend également de la nature des végétaux que l'on souhaite planter et que la limite technique est souvent imposée par la résistance mécanique du bâtiment (particulièrement pour les bâtiments existants).

On trouvera une analyse complète du fonctionnement hydrologique des toitures végétalisées dans De Gouvello et al (non daté).

Du fait de leur mode de restitution, le dimensionnement des toitures végétalisées pose des problèmes spécifiques. Le temps caractéristique nécessaire pour la restitution par évapotranspiration (quelques jours ou quelques semaines) est en effet beaucoup plus long que celui du remplissage (typiquement quelques heures). De plus, la vitesse avec laquelle l'eau va s'évacuer n'est pas constante mais dépend des conditions climatiques (principalement ETP) et du développement de la végétation. Par ailleurs, le volume que l'on peut stocker dans le substrat (ou dans la réserve s'il en existe une) dépend du volume d'eau présent au début de l'événement pluvieux.

Le volume que l'on peut stocker pour un événement pluvieux particulier donné dépend donc des conditions climatiques (pluviométrie et ETP) qui ont prévalu dans les jours et les semaines précédentes. Il est extrêmement difficile, voire impossible, de lui associer a priori une probabilité d’occurrence car les différents événements qui le déterminent sont caractérisés par plusieurs variables aléatoires qui, sans être fortement liées ne sont cependant pas totalement indépendantes.

L'approche à utiliser est donc obligatoirement de nature statistique et dépend des objectifs de protection choisis (voir Méthodes de dimensionnement des ouvrages de stockage (HU)).

  • S'il s'agit d'évaluer le volume annuel intercepté, des méthodes relativement robustes peuvent être trouvées ;
  • En revanche, s'il s'agit de dimensionner l'ouvrage pour faire face à un événement de fréquence rare :
    • un calcul simple est impossible dans le cas des ouvrages drainés et il est préférable de prévoir un mode de gestion complémentaire, le volume potentiellement disponible dans le substrat apportant alors une sécurité supplémentaire ;
    • un calcul simple sécuritaire est cependant possible dans le cas des ouvrages régulés en considérant qu'au début de l'événement pluvieux la teneur en eau est égale à la capacité au champ.

Les outils et méthodes disponibles de dimensionnement sont présentées dans l'article Méthodes de dimensionnement des ouvrages de stockage restituant par évapotranspiration (HU).

Différents logiciels permettent de simuler de façon efficace le fonctionnement ds toitures végétalisées. Il peut s'agir d'outils généraux comme URBIS, ou de logiciels spécifiquement conçus pour cet usage. On peut en particulier utiliser l'outil Faveur (https://faveur.cerema.fr/public/home), développé par le CEREMA, qui vise à évaluer les performances des toitures végétalisées en matière de gestion des flux hydrologiques (De Gouvello et al.).

Réalisation / impacts négatifs potentiels et précautions à prendre

Le point essentiel consiste à assurer la réussite et le maintien en bon état de la végétalisation. Il est souvent judicieux de privilégier des plantes vivaces et indigènes résistantes aux températures extrêmes et à la sécheresse. La mise en place (par semis, plantations ou rouleaux pré-cultivés) est une période cruciale qui doit être gérée par des professionnels.

Différents autres risques sont parfois évoqués concernant la mise en place des toitures végétalisées.

Risques de malfaçons, en particulier au niveau de de l'étanchéité

Nous avons déjà noté précédemment que les toitures végétalisées jouaient un rôle positif en termes de protection de l'étanchéité. Il est cependant vrai qu'une intervention ultérieure nécessite l'enlèvement du substrat, ce qui complique la détection et la correction d'une éventuelle malfaçon. Pour éviter ce risque, il est nécessaire de faire appel à des entreprises compétentes, maîtrisant parfaitement la technique (voir par exemple le site de l'Adivet). Le choix des espèces végétales, en particulier en lien avec le développement de leurs racines, doit être effectué avec soin, en lien avec l’épaisseur de substrat et la nature de l'étanchéité pour éviter des perforations de cette dernière.

Obligation d'un point d'eau en toiture

L'obligation d'un point d'eau en toiture (au plus distant de 30 m de tout végétal) qui permet d'assurer l'arrosage de la végétation, en particulier au moment de la plantation et de la période de confortement, mais également en période de sécheresse, peut entraîner des risques de fuite ou de gel. Il est donc nécessaire de prévoir un dispositif de bonne qualité, protégé du gel et bien réalisé.

Risque d'incendie

Un tapis végétal trop sec et/ou un substrat trop organique ou trop léger peuvent être inflammables et constituer des vecteurs d'incendie ; cet élément doit être pris en compte dans le choix du substrat (épaisseur et densité, pourcentage de matière minérale). Une réserve d'eau et/ou un dispositif d'arrosage permettent de maintenir le substrat humide (ce qui est également très positif pour la végétation) et diminuent le risque.

Vie de l’ouvrage

Comme tout jardin, une toiture végétalisée s'entretient. 2 à 3 passages par an dans le cas d'une végétalisation extensive et 3 à 6 passages par an dans le cas d'une végétalisation semi-intensive sont conseillés. Dans le cas d’une terrasse jardin ou d'un potager urbain en toiture, l'entretien doit bien évidemment être beaucoup plus fréquent.

Le risque principal à prendre en compte et le risque de sécheresse, de plus en plus présent avec le changement climatique. Une conception bien faite limite ce risque mais la prise en compte des besoins en arrosage est indispensable. Ces besoins dépendent en effet du type du climat et des conditions météorologiques, mais également de la végétation, de l'épaisseur du substrat et de la présence ou non d'une réserve en eau. Selon les cas, un arrosage régulier peut-être nécessaire. Dans tous les cas, en l'absence prolongée de pluie (3 semaines), un contrôle spécifique est nécessaire.

Le contrôle régulier des dispositifs d'évacuation de l'eau est également à prévoir ; deux passages sont préconisés :

  • à l'automne pour éliminer les résidus végétaux (feuilles mortes) susceptibles de les obstruer ou de gêner leur fonctionnement ;
  • au début de l'été, avant la période des orages, pour s'assurer qu'ils seront capables de faire face à de fortes intensités de pluie.

Une visite de contrôle est également nécessaire après les gros orages.

Le dispositif d'arrosage doit également être vidangé avant l’hiver et remis en route en s’assurant que rien n’est bouché au printemps.

Bibliographie :

Pour en savoir plus :

  • De Gouvello, B., Berthier, E., Chauveau, J., Gromaire, M.C., Lamprea, K., Nohra, Y., Ramier, D., Seidl, M., Versini, P.A. (non daté) : TVGEP : conception des Toitures Végétalisées pour la Gestion des Eaux Pluviales urbaines ; rapport final du projet RGCU 2009 ; 316p. ; disponible sur https://faveur.cerema.fr
  • Le site de l'ADIVET, rubrique ressource, contient un grand nombre de documents pour la plupart téléchargeable gratuitement : https://www.adivet.net/ressources/bibliographie

Voir aussi : Toiture stockante

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